Streaming : la guerre éclate entre les plateformes à cause des exclusivités

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
La rivalité est plus vive que jamais entre les différents acteurs du streaming. Spotify comme Deezer voient d'un mauvais oeil les exclusivités lancées par TIDAL (Beyoncé, Rihanna...) ou Apple Music (Taylor Swift, Frank Ocean...). Le PDG d'Universal Music Group dénonce même "une conspiration".
Crédits photo : Montage Pure Charts
Les exclusivités d'albums proposées par les plateformes de streaming, comme "Lemonade" de Beyoncé sur TIDAL ou "Blond" de Frank Ocean sur Apple Music, provoquent la colère des concurrents du secteur. D'ailleurs, le disque de Frank Ocean a été téléchargé illégalement 754.000 fois dans le monde en une semaine selon Music Business Worldwide, à cause de ce contrat d'exclusivité qui a frustré bon nombre de consommateurs. Il est vrai que, de Drake à Kanye West en passant par Rihanna ou Taylor Swift, tous les plus grands artistes négocient désormais à prix d'or des exclusivités totales ou temporaires avec les différentes plateformes. Mais les acteurs de la musique en ligne ne comptent pas se laisser faire. D'autant qu'Amazon compte bien se tailler une part du gâteau en proposant deux offres agressives dès le mois de septembre : l'une à 9,99 euros par mois et une autre "low cost" à 5 euros par mois. Le groupe négocierait en ce moment des contrats avec les maisons de disques d'après le Financial Times.

"Une conspiration entre Apple Music et l'industrie"


Pour rappel, en France, plus de 22 millions d'internautes utilisent les plateformes de streaming, et 12,8 milliards de titres ont été écoutés durant le premier semestre 2016, soit plus de 71% par rapport à la même période en 2015. Le chiffre d'affaires lié au streaming, en constante augmentation, représente d'ailleurs 36% du marché de la musique en France. Alors forcément, puisque ces exclusivités se multiplient, les dents grincent face au manque à gagner. « Il y a une conspiration entre Apple Music et l'industrie pour changer les règles du jeu et forcer les gens à s'abonner en cachant les contenus derrière des murs. Honte à tous ceux qui financent Apple et arnaquent les fans » aurait déclaré Lucian Grainge, le PDG d'Universal Music Group - qui a décidé de ne pas pratiquer d'exclusivités - dans un email interne à ses équipes, comme le rapporte le Figaro.

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Pour le moment, Spotify reste le leader du marché de la musique en ligne avec plus de 100 millions d'utilisateurs, mais seulement 30% d'abonnés (32 millions). Lancé il y a un an, Apple Music arrive deuxième avec 15 millions d'abonnés payants. De son côté, Tidal, la plateforme de Jay-Z, annonce avoir séduit plus de 4 millions d'abonnés. Et Deezer dans tout ça ? Alors qu'il vient de s'implanter aux États-Unis, le service de streaming made in France, qui revendique 6,3 millions d'abonnés payants, a publié un communiqué dans lequel il se prononce contre les exclusivités.

« Nous voulons offrir à nos utilisateurs la meilleure expérience possible, et soutenir les artistes en proposant un service de streaming juste et légal. Nous pensons que ces exclusivités compromettent souvent ces deux points en encourageant le piratage et en bloquant les utilisateurs dans des services qu'ils ne désirent pas. Alors que ces exclusivités procurent un bénéfice à court terme au service, ils posent finalement plus de limites aux musiciens et créent des barrières entre les artistes et leurs fans » est-il indiqué.

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