Crédits photo : Montage Pure Charts
Louise Attaque | "Anomalie"
Sur la défensive. "A plus tard crocodile", le titre de leur dernier album, sonnait comme une douce promesse : celle de se retrouver un jour. Onze ans plus tard,
Louise Attaque signe un retour synonyme de changements. Sans son batteur historique, sous la houlette d'un jeune producteur britannique (Oliver Som), le groupe phare de la fin des années 90, emmené par Gaëtan Roussel, s'aventure sur des terrains plus pop et moins rock. Plus formatées et consensuelles qu'à l'accoutumée, ces dix nouvelles chansons adoptent aussi un ton plus sombre. Fatalité existentielle ("La chute"), désillusions, fuite du temps ("Chaque jour reste le nôtre"), âge d'or perdu... La joyeuse bande de quadras entre en psychanalyse. Bonjour la déprime ? Non et heureusement. Si les textes sont parfois (voire souvent) moroses, le groupe n'a rien perdu de son sens de la mélodie. Son violon virevoltant transperce ça et là et agit comme une piqûre de rappel :
Louise Attaque maîtrise ses instruments, et la musicalité qui s'en échappe. Tous les titres ne font pas mouche mais une poignée de pépites est là pour raviver la flamme.
YR
Ça ressemble à l'exutoire de quadras nostalgiques
A écouter : "L'anomalie", "Il n'y avait que toi", "Chaque jour reste le nôtre" et surtout "L'insouciance", une ballade sublime
A zapper : "Avec le temps", trop braillarde
Yanis | "L'heure bleue" (EP)
Blues sentimental. Soif d'idéal ? Cinq titres, c'est à la fois trop peu et bien assez pour prendre la pleine mesure du talent de Yanis. Anciennement connu sous le nom de Sliimy, le caméléon français fait sa mue sous son vrai prénom. Les chansons pop acidulée, c'est fini ! Yanis fait preuve d'une maturité passionnante sur cet EP mélancolique construit avec une précision chirurgicale, où chacune des notes prend le temps de déployer ses ailes. C'est beau, très beau même, et superbement exécuté. De son timbre profond, qu'il module du grave à l'aigu, le chanteur y parle d'amour et de désir, nous faisant pénétrer dans ses pensées les plus intimes. Aussi bien à l'aise dans la ballade langoureuse ("Y&I") que dans le tube immédiat ("Hypnotized"), le Stéphanois dégage une élégance rare qu'on effleure du bout des tympans. Son projet, synthétique dans la forme, sensible dans le fond, est un vrai tremplin vers un avenir qu'on devine radieux. Et bien plus encore.
YR
Ça ressemble à une plongée dans un univers onirique
A écouter : l'aérien
"The Run" et la machine à danser "Hypnotized"
A zapper : "Aura", piste un peu trop brouillonne pour atteindre sa cible
Lissie | "My Wild West"
California gurl. Pour son troisième album "My Wild West", Lissie a eu envie de faire une déclaration d'amour passionnelle à la Californie, qu'elle a pourtant dû quitter pour retourner dans le Midwest, où elle a grandi. Plus sage, le coeur brisé mais prête à ne prendre que le meilleur ("Go For A Walk"), la chanteuse américaine nous embarque avec elle dans son retour aux sources, au son de ses chansons bouillonnantes, entre une fougue insolente et une bonne dose de nostalgie. Toujours avec cette énergie mêlant folk, rock, pop et country, la digne descendante de Janis Joplin se livre à coeur ouvert ("Hollywood"), lève le poing, la rage au ventre, dans l'hymne féministe "Daughters" et touche en plein coeur en se souvenant de sa tante décédée sur le bouleversant "Sun Keeps Risin'" ou "Ojai", piste finale acoustique et onirique. Avec une simplicité et une honnêteté désarmantes, Lissie, armée de son timbre écorché et son sens imparable de la mélodie, vise toujours juste.
JG
Ça ressemble à la bande son d'un road trip introspectif
A écouter : "Don't You Give Up On Me", tube pop qui s'ignore, "Wild West", crescendo et exaltant, et
"Hero"
A zapper : Aucune