"Résiste" : une comédie musicale millimétrée alliant modernité et nostalgie (CRITIQUE)
Par
Jonathan HAMARD
| Rédacteur
Avec la comédie musicale "Résiste", France Gall parvient à faire revivre son répertoire et celui de Michel Berger durant deux heures d'un show millimétré et résolument moderne.
Crédits photo : Site officiel
Sur le papier, la comédie musicale "Résiste" est alléchante. Un projet initié par France Gall, dirigé avec Bruck Dawit et dont la mise en scène est signée Ladislas Chollat, des chorégraphies de Marion Motin (Christine and the Queens, Stromae), un décor fabriqué par la société Artefact ("Adam & Eve", Mylène Farmer, "Dracula")... De grands noms au service d'un vrai défi : comment réussir à créer un spectacle cohérent autour du répertoire populaire de Michel Berger ? A l'inverse des comédies musicales classiques, ce n'est plus le thème qui définit les chansons et le rythme des péripéties ici. Tout l'enjeu résidait donc à faire cohabiter avec fluidité des monuments de la chanson française, écrits à des diverses étapes de la vie du défunt chanteur, dans un récit totalement inédit.
Une vraie cohésion entre tous les artistes
En filigrane, France Gall raconte à sa petite fille l'histoire d'une jeune femme prénommée Maggie, déchirée entre ses envies d'aventure qu'elle garde au fond d'elle, son attachement à ses proches et son quotidien rythmé par la faillite du club familial. Le livret réserve peu de surprises - l'amour et la liberté étant abordés de manière consensuelle -, mais l'histoire tient debout et accompagne des chansons qu'on apprécie réentendre. Les nouvelles orchestrations de "Ella elle l'a", "Résiste", "Ça balance pas mal à Paris" ou encore "Si maman si" sont modernes mais ne trahissent pas l'uvre de Michel Berger. L'audace vient plutôt de la mise en scène et des chorégraphies alambiquées. Le jeu des acteurs, les déplacements du décor et la gestuelle originale rappelant celles de Christine et Stromae donnent beaucoup d'amplitude et de profondeur à chaque tableau. En clair : deux yeux ne suffisent pas !
Pas de gros nom au casting et c'est tant mieux. La troupe de danseurs, comédiens et chanteurs, jeunes, parfois inconnus, forme une bande enthousiaste à laquelle on s'identifie facilement. A ce petit jeu, l'intrépide Mandoline, au coeur volage et vagabond, et l'incandescent Tennessee sortent du lot. C'est la talentueuse Elodie Martelet, demie-finaliste de "The Voice" saison 3, qui campe avec passion la première. De la fougue et du plaisir : voilà donc l'impression générale qui se dégage sur la scène du Palais des Sports de Paris, où le musical est actuellement en résidence avant une tournée en province. "Résiste" est un spectacle qui met du baume au cur et séduit par sa fraîcheur, par toute l'énergie se dégageant de chaque tableau quand les moments plus calmes n'inspirent pas un sentiment de quiétude ("Un dimanche au bord de l'eau").
Regardez la nouvelle bande annonce de la comédie musicale "Résiste" :
Le show est homogène, riche visuellement et musicalement parlant. Chanteurs, musiciens et danseurs forment un ensemble très uni et ordonné, qui vit à chaque instant y compris hors de l'action principale. Quelques passages sont toutefois plus remarquables que d'autres, notamment la fin de la première partie où "La groupie du pianiste" fait bondir le public, la séquence au ralenti sur "Quelques mots d'amour", et "Les accidents d'amour", émouvant.