Kendji Girac : "Avec cet album, j'ai voulu prouver que les gitans ne sont pas méchants"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Quatre mois après sa victoire dans "The Voice", Kendji Girac publie son premier album éponyme. Détendu et souriant, l'interprète de "Color Gitano" a répondu aux questions de Pure Charts sur ce tourbillon, la folie de ses fans, le fait de savoir dire non, ses rêves de duo et même son deuxième album !
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Avec du recul, comment expliques-tu ta victoire dans "The Voice" ? Qu'est-ce que tu avais de plus que les autres ?
Qu'est-ce que j'avais de plus que les autres ? Je ne sais pas. Peut-être un style de musique différent, et un peu plus le public avec moi grâce à cette différence. Mais mes adversaires étaient très forts, je suis très fier d'eux car ce sont de très bons chanteurs aussi. J'ai toujours eu le doute de me dire que je pouvais perdre car Maximilien j'adore sa voix, Amir aussi, et Wesley c'est un phénomène. Jamais je n'ai été sûr de moi, jamais je ne suis arrivé sur le plateau en me disant "Je sors gagnant". Si c'est moi, c'est bien. Quand Nikos a annoncé mon nom, je n'ai pas réagi, J'étais persuadé que c'était Maximilien qui allait gagner. Mais bon je ne me suis pas trompé puisqu'il est arrivé deuxième. Il a une vraie signature.

Et tu savais, en te présentant à "The Voice", que cette différence, ce style gypsy, allait pouvoir t'emmener loin ?
Je sais que je me suis inscrit à "The Voice" en me disant dans ma tête que ça pouvait peut-être faire la différence. Je voulais m'en sortir avec mon style et voir comment le public allait réagir.

Tout est allé très vite pour toi : la victoire, le studio, la tournée…
C'était infernal. J'ai travaillé vraiment beaucoup beaucoup. Même avant la finale, j'allais en studio la journée, et surtout pendant la tournée pendant presque deux mois. Quand on avait deux jours de repos, les autres se reposaient mais moi j'étais en studio pour faire l'album. (Sourire)

Stéphan Rizon et Yoann Fréget ont mis trop de temps à sortir leur album
Tu ne t'es pas dit que ça allait un peu trop vite parfois ?
Si, c'est allé vite. Mais heureusement qu'on a sorti cet album vite parce que je pense que Stéphan Rizon ou Yoann Fréget, ce sont de très bons chanteurs, mais ils ont mis trop de temps pour sortir leur album. Enfin, je crois que c'est pour ça qu'ils ont eu des difficultés à marcher. Avec Universal, on s'est dit qu'on pouvait essayer de sortir l'album aussi vite et voir comment ça se passe. Et là je vois que tout marche bien, mais on a très vite travaillé aussi.

Mais travailler vite, c'est travailler bien ?
Forcément, non. Quand on travaille trop vite, on ne prend pas le temps de faire toutes ces chansons. Je ne sais pas comment on a fait ! On a peut-être travaillé vite mais on a réussi à s'en sortir, à faire de bonnes chansons. Comme mon single "Color Gitano", il est assez efficace, il est à 8 millions de vues sur YouTube. Et ça même si on a travaillé vite. Alors... (Sourire)

Regardez le clip de "Color Gitano" :



Tu l'imaginais comment musicalement ce premier album ?
Disons que je n'avais jamais imaginé faire un album de ce style-là. C'est nouveau pour moi. Et c'est mon premier album, c'est la première fois que je chantais dans un studio. Je me suis dit au début "C'est vrai que ce n'est pas moi", mais on reconnait le style gypsy derrière. Je suis fier de cet album. Il n'y a pas que mon style dedans, mais ce n'est pas parce que je suis gitan que je dois chanter que du flamenco. On a mélangé ça avec de la pop. Personne n'a essayé ça. Finalement, c'est ce que je voulais. Je ne veux pas qu'il y ait que ma communauté qui me suive, je serais très déçu. J'ai fait cet album pour attirer tout le monde.

Je pense déjà au deuxième album
Tu voulais parler de quoi sur ce premier album ? Tu avais un message à faire passer ?
Avant tout, je suis gitan et je voulais prouver que les gitans ne sont pas que méchants. Je parle à ceux qui nous mettent tous dans le même sac. Ils se trompent. Je veux qu'on reconnaisse mes origines sur ce premier album. Maintenant, il me manque juste à imaginer des projets pour le deuxième album.

Tu y penses déjà ?
Oui, j'essaie. Je vais essayer de me rapprocher un peu plus de mon style et aussi m'éloigner complètement de mon style. Je veux tout tester. Puisque je peux... Ça a toujours été mon truc de prendre des chansons et de les faire à ma façon. Je pense qu'il y aura plus de compositions de moi, je pense à la funk, au rap, à la dance. On va essayer de mélanger tout ça.

Tu n'as pas peur de déstabiliser ton public ?
Non, je ne pense pas. La preuve, tout le monde pensait que comme je suis gitan je ne ferais que du flamenco. Je leur ai prouvé qu'ils avait tort. J'ai mélangé la pop et le flamenco, et ça marche bien. J'ai bien réfléchi, c'est ce que je voulais, ça se vend très bien, tout le monde apprécie. Je vois les messages sur les réseaux sociaux.

J'ai dit non à des chansons qui ne me correspondaient pas
Et ça t'agace parfois qu'on te présente encore comme "Kendji le gitan de "The Voice"" ?
On ne me présente plus comme "Kendji le gitan" mais comme "Kendji Girac". J'ai beaucoup parlé de ça dans mes interviews, après c'est comme partout, il y a des bons et des mauvais. J'en ai assez parlé, maintenant c'est bon, j'ai réussi à mettre les points sur les i.

Il y a des choses qu'on t'a proposées et qui ne te plaisaient pas donc tu as dit non ?
Oui, j'ai dit non à quelques chansons parce qu'elles ne me correspondaient pas. Pourtant j'avais posé ma voix, c'était sûr. Il y a beaucoup de chansons qu'on devait mettre mais quand je les ai réécoutées, je me suis dit "Non, ce n'est pas du tout mon style". On ne me reconnaissait pas. Les gens se seraient demandé pourquoi. C'était trop éloigné de moi, il n'y avait plus la touche gypsy derrière, il n'y avait plus rien. C'est à partir de ce moment que j'ai donné des thèmes aux auteurs pour que ça me ressemble. Ça s'est passé un peu mieux après.

D'ailleurs, il y a le titre "Cool" qui montre une autre facette de ta personnalité. C'était voulu ?
"Andalouse" et "Cool", c'est moi qui ai demandé ces deux-titres. C'est fun, dance, de la musique jeune. C'est pour faire découvrir mon côté jeune, j'ai 18 ans, je suis un jeune comme tout le monde.

J'aimerais faire un duo avec Mika, Maître Gims ou Christophe Maé
Tu avais dit que tu rêvais d'enregistrer un duo avec MIKA sur l'album. Ça n'a pas pu se faire ?
Si, ça aurait pu se faire. Mais là c'était mon moment. Je devais sortir mon album. C'était réfléchi. Sur un premier album, je ne pense pas que c'était nécessaire. C'est vrai que j'aurais voulu. Peut-être sur le deuxième album... J'aimerais bien faire un duo Maître Gims ou Christophe Maé. J'ai parlé au frère de Maitre Gims l'autre fois, il m'a dit qu'il m'aimait beaucoup, qu'il avait aimé ma façon de reprendre "Bella". Maintenant que je le dis en interview, s'il me lit...

Tu lances un appel !
Oui ! (Rires) Après, quand je travaillerai sur le deuxième album, j'aurai une certaine importance dans le monde de la musique, peut-être que je pourrais aller demander aux artistes...

Tu as un titre préféré sur l'album ?
Vu que c'est mon premier album, mes premières musiques enregistrées de ma vie, je suis amoureux de toutes les chansons. Jamais je n'avais fait ça avant. Quand j'écoute mes titres, je me dis "Ce sont mes musiques !". C'est incroyable !

Tu as pu faire écouter ton album aux coachs de "The Voice" pour avoir leur avis ?
Non, je n'ai pas eu cette possibilité encore. Mais je pense que ça va se faire bientôt vu qu'on va se recroiser sur des promos cet hiver. Ce sera très important d'avoir leur avis. J'ai besoin de conseils. Je ne connais pas ce monde de la musique, je suis parti de chez moi vivre à Paris. Tout est nouveau pour moi.

Justement, tu as 18 ans, tu arrives à Paris, tu enchaînes les projets, loin de ta famille. Comment tu vis tout ça ?
C'est un changement très important, on ne comprend pas ce qu'il se passe. (Rires) Je ne suis jamais parti plus d'un mois de chez mes parents ! Ils me soutiennent un peu, ils ont déménagé dans le 78, ils me suivent. C'est très important. Si je n'ai pas ma famille derrière moi, je n'ai plus de forces.



Malgré tout ce tourbillon, est-ce que tu dis parfois qu'il est possible que ton album ne marche pas ?
C'est possible, c'est sûr. Ça fait peur. Mais j'ai vu que j'ai un public qui me suit beaucoup, très fier de moi. Je compte sur eux. Ils m'ont suivi jusqu'à maintenant, j'espère pas qu'ils ne vont pas me lâcher maintenant. (Rires)

Tu l'as dit, tu es très suivi par tes fans. Il y a même des mouvements de foules quand tu es en promo ou en séance de dédicaces...
Ah ouais ! (Sourire)

Le problème de mes fans ? Ils veulent tous me toucher
Tu ne te dis pas que c'est un peu trop pour un début ?
Si, parce que quand la sécurité parle, ça ne marche pas. Quand c'est moi qui leur parle, ils m'écoutent, ils se calment. Le problème de mes fans, c'est qu'ils veulent tous me toucher, s'approcher, me parler. Chaque personne, dans sa tête, pense que je suis à elle. Je pense qu'ils n'ont pas encore compris ça. Moi j'aime tout le monde mais je ne peux pas être là pour une personne simplement. Parfois il y a 200 ou 300 personnes pour une promo, si je fais une photo, je suis obligé de faire les 200. Moi ça me touche, ça ne me dérange pas. Je vois que ça marche, qu'ils me suivent beaucoup. Parfois je leur envoie des messages en leur disant que j'aime bien quand mes fans sont tranquilles, plus discrets. Je pense qu'ils vont comprendre.

Si jamais tu n'étais pas chanteur, quel métier ferais-tu ?
J'aurais continué mon métier d'élagueur. Et aussi je faisais de la peinture car quand on est élagueur, l'été la sève monte dans les arbres et on ne peut plus couper les arbres. Sinon, ça les fait mourir. Et faire mourir un arbre, ce n'est pas très gentil.

Ça te manque ?
Oui, ça me manque un peu. Le travail manuel... Je reprendrai pour le plaisir. Le jour où j'aurais une maison ou un terrain, je prendrai plaisir à le faire moi-même ! (Rires)

Dans "Cool", tu parles de ta rencontre avec Eva Longoria...
Oui ! Du jour au lendemain, je me retrouve à chanter une chanson pour Eva Longoria, c'est un peu fou !

Quand on écoute le titre "Andalouse", on se dit que tu aurais pu lui chanter, qu'il a été écrit pour elle...
Euh, ouais, mais elle est mariée ! Je n'ai pas envie de me faire taper sur les doigts ! (Rires) Non mais je suis en plein dans une bulle, je n'en suis pas encore sorti. Tous les jours, je me promène dans la rue comme avant, sauf qu'il y a des fans qui courent derrière ! C'est un beau changement. (Sourire)

Je ne veux pas attraper la grosse tête
Et avec tout cet engouement autour de toi, tu te dis que tu pourrais prendre la grosse tête ?
Non ! Le seul but que j'ai, c'est que je ne veux pas attraper la grosse tête. Par exemple, mon garde du corps ne va pas tenir ma guitare. Je le faisais avant, je continuerai à le faire. J'aime bien porter mes affaires, je ne vais pas oublier mes habitudes d'avant. Ce sont des petits détails qui font que ça aide à rester le même.

Si on t'avait proposé de participer à une comédie musicale, comme c'est le cas pour Maximilien, tu aurais dit oui ?
Si je n'avais pas eu mon album à faire, oui c'est sûr. Mais là, comme je suis occupé, je la ferai peut-être plus tard.

Et tu pourrais participer à "Danse avec les stars" en tant que candidat ?
Ouf, c'est difficile là ! (Il est gêné) Danser... J'aime bien mais je n'ai jamais pris de cours de danse. Pour l'instant, c'est non ! (Rires)
Suivez toute l'actualité de Kendji sur son site internet et sa page Facebook.

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