Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard.
Pour ce spectacle, on retrouve sur scène trois des comédiens/chanteurs de la troupe de "Salut les Copains". Comment t'es-tu greffée au projet ? Est-ce que ça a été aussi simple d'intégrer un noyau dur déjà formé ?
Ça s'est très bien passé ! Pour deux raisons. D'abord, parce que je connais très bien les artistes de la troupe de "Salut les Copains". Il y avait même ma meilleure amie Marie Facundo dedans. Je venais souvent boire des coups à la sortie des Folies Bergère. Donc on était déjà assez proche. De Vincent également parce que j'avais déjà travaillé avec lui auparavant. Je connaissais aussi Fanny, Flo, pour nos fiestas... Donc ça a été très facile de rentrer dans leur petit univers et d'apporter le mien. Et puis, je connaissais Stéphane Jarny, avec qui je rêvais de travailler depuis un moment. Pareil pour Agnès Boury.
Du coup, le projet a été bâti en amont de ton arrivée ?
La particularité des spectacles de Stéphane, c'est qu'une partie du livret est écrite en amont et l'autre partie en fonction des personnes choisies pour le cast. J'avais bien entendu dire que mon nom avait été évoqué dès le début de l'écriture du livret. Ils pensaient à moi, mais pas seulement. J'ai donc décidé de participer aux auditions. A la fin, quand nous n'étions plus que trois pour décrocher le rôle de Lucie, ça s'est fait assez naturellement.
Est-ce qu'à un moment donné, l'équipe ne s'est pas dit que vous étiez en train de refaire quelque chose qui avait déjà été fait, que "D.I.S.C.O." ne pouvait pas être qu'une simple transposition de "Salut les Copains" à une autre époque ? Et donc, in fine, proposer un spectacle déjà vu...
La sensation que j'en ai, de l'intérieur mais aussi d'un point de vue extérieur, parce que j'ai vécu "Salut les Copains" en tant que spectatrice, c'est qu'il y a effectivement des choses qui ont marché dans "Salut les Copains" et qui sont reprises pour "D.I.S.C.O.". Pourquoi les codes qui ont fonctionné une fois ne pourraient pas être repris ? Je pense qu'il y a effectivement eu une volonté de réécrire une histoire avec des personnages attachants, et qui chantent des chansons qui donnent envie de se lever. Mais c'est ce qui fait la force de ces deux spectacles, qui à mon goût ne se ressemblent pas tant que ça. Ce n'est pas du tout la même esthétique. Le répertoire musical est lui aussi différent, tout comme les personnages et l'histoire. Vincent jouait le rôle d'une idole, là il joue le rôle d'une femme. Fanny jouait le rôle d'une étudiante qui voulait devenir professeure de latin et se retrouve maintenant meneuse de revue.
L'écriture et la mise en scène du spectacle ont très certainement dû se faire sur un temps relativement court puisque "Salut les Copains" s'est terminé cette année ?
Oui. Je crois me souvenir avoir passé les auditions au mois de mai. Et l'équipe était finalisée en juin. Tout a été très rapide. On a travaillé d'arrache-pied. Un mois et demi pour monter une création, c'est très court. Mais on a pu prendre de l'avance en recevant les livrets avant de commencer les répétitions. On a également travaillé les chansons avec Nathalie Dupuis avant le début des répétitions aussi. Quand on est arrivé, on a pu se concentrer sur les chorégraphies, sur les scènes de comédie. Et puis, on est nombreux à avoir déjà travaillé dans des comédies musicales. Donc je pense qu'il y a des choses qui avancent un peu plus vite. Même si encore une fois, on en a quand même bavé.
Plus que sur d'autres comédies musicales, "D.I.S.C.O.", ce n'est pas seulement être chanteur, c'est aussi être comédien et danseur...
C'est ça que je trouve super intéressant ! On chante, on danse, on joue la comédie... Tout ça dans le contexte d'une histoire... C'est ça qui rend le challenge prenant. Moi, j'ai commencé dans la chanson. Mais pour certains rôles, j'ai dû prendre des cours de comédie. C'est là que j'ai appris à aimer un autre domaine artistique. Aujourd'hui, j'aime autant jouer la comédie que chanter.
Est-ce que "D.I.S.C.O.", dans le contexte actuel, a un sens, une portée autre que musicale ?
Je pense que oui. On le voit dans tous les arts en ce moment. Le disco, ça explose ! On n'a jamais vu autant de vestes à paillettes dans les boutiques.
Daft Punk vient de sortir un album disco aussi. Parce qu'on est dans une période de crise, justement, c'est le moment d'avoir envie de musiques qui donnent envie de faire la fête. On vient voir "D.I.S.C.O." pour oublier son quotidien pendant 2h30.
J'imagine que la finalité de ce spectacle, c'est de faire lever les spectateurs...
Tout à fait. Pour l'instant, ça se lève tous les soirs. C'est presque jouissif pour nous. Et quoi qu'on en pense, je peux te dire que chaque soir, on est dans l'expectative en se demandant si les gens vont vraiment danser dans la salle. Ce spectacle-là est fait pour ça. Cette musique invite à la fête, à l'ambiance. Le plus beau compliment que je puisse entendre à la fin d'une représentation, c'est : «
Merci, maintenant on a trop envie d'aller faire la fête ! »
(sourire).
Crédits photo : Bertrand Vacarisas
Comment qualifierais-tu le personnage de Lucie ? En tant que femme, tu te retrouves en elle ?
Je n'ai pas eu beaucoup de personnages de femme à incarner jusqu'à présent. J'ai eu beaucoup de personnages de fille et d'adolescente... Pour moi, Lucie, c'est une vraie femme comme je l'entends. D'ailleurs, le premier titre que je chante, de Nicole Croisille, "Une femme avec toi", me permet de rentrer pleinement dans la peau de ce personnage-là. Si je devais dire un mot pour la qualifier, ce serait "amoureuse". C'est une femme qui croque la vie à pleines dents. Ce qui m'a donné l'envie de défendre ce personnage, c'est que certes elle a ce côté candide, mais elle est sympathique, souriante et aussi sensuelle. Là, je n'évolue pas que dans le registre comique. Elle est touchante aussi. Je la voulais attachante. J'ai voulu m'attacher à elle.
Il y a deux autres personnages qui interpellent dans ce spectacle, comme Candy et Estelle. Doit-on voir dans l'union de vos trois personnages le destin de trois femmes totalement différentes et marquées par une même époque, dans une société en pleine mutation ?
Absolument ! C'est la première fois que les femmes osaient chanter leur plaisir. Il y avait des chansons où on pouvait entendre des gémissements de femme. C'est le début de la sexualité affichée des femmes. Le disco, c'est une histoire de nanas et de cow-boys homosexuels. Je pense que ce spectacle n'arrive pas à ce moment-là de ma vie par hasard. Moi-même je suis un peu une femme-enfant. Du coup, Lucie est un personnage qui m'aide à m'affirmer en tant que femme.
Si tu devais citer quelques titres de disco que tu apprécies particulièrement, lesquels seraient-ils ?
"It's Raining Men", parce que je trouve que c'est très représentatif de cette époque-là. Et puis "Last Dance" et "Do You Know". En français, j'aime aussi beaucoup Nicole Croisille.
Et l'après "D.I.S.C.O." pour toi, c'est quoi ? Quels sont tes projets ?
Pour l'instant, je suis occupée à plein temps avec ce spectacle. Après Paris, on part en province. Et puis peut-être un retour à Paris par la suite... Je travaille aussi sur des projets personnels. Je monte un groupe de filles qui s'appelle Les Coquettes avec Marie Facundo et Juliette du "Soldat Rose". Et puis, peut-être un disque de musique pop l'année prochaine...