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Vigon Bamy Jay : "C'est le début d'une très longue aventure"

Cette année, Vigon Bamy Jay débarque en France. Un nouveau groupe ? Oui, mais avec plusieurs décennies d'expérience dans la musique. Que ce soit Vigon et Eric Bamy et leurs cinquante ans de carrière ou le plus jeune Jay, ex-membre des Poetic Lover, ce trio atypique s'est formé pour reprendre les plus grands classiques du rhythm and blues. Ils sont donc "Les Soul Men" sur leur premier album paru le 25 mars dernier. Pure Charts a rencontré les trois amis pour en savoir plus sur cette collaboration et leur vision de la musique d'aujourd'hui, eux qui ont connu celle d'hier.
Crédits photo : pochette de l'album "Les Soulmen"
Propos recueillis par Charles Decant.

Pour commencer, comment vous êtes-vous retrouvé tous les trois sur cet album ?
Jay : Vigon est un chanteur que je connais depuis longtemps, on se croise souvent sur des festivals, c'est un ami. Il m'a appelé un jour pour dire que ce serait bien de monter un groupe. Il m'a dit qu'il y avait déjà Eric Bamy sur le projet. On s'est tous rencontrés, puis humainement ça a fonctionné et les choses en ont découlé, ça s'est fait très naturellement. Une maison de disque nous a proposé de travailler sur un projet d'album soul, et nous sommes là aujourd'hui, tout se passe très bien, on est super heureux. Pour résumer, c'est de la faute de Vigon ! (Rires)

On a côtoyé Aretha Franklin et Jimi Hendrix
C'est un hasard que la rencontre ait coïncidé avec la proposition de la maison de disques ?
Jay : On parle de hasard mais ce qui est étrange ce que les choses se passent tellement bien qu'on se demande si ce n'est pas le destin qui parle de lui-même. J'ai travaillé avec beaucoup de personnes, je sais que c'est important de trouver une bonne alchimie, et là, l'album s'est fait en un mois à peine, c'est un bonheur.
Eric Bamy : On s'aperçoit aussi que tout le monde nous dit qu'ils attendaient ça.

Vigon et Eric, vous vous connaissez depuis longtemps ?
Vigon : Plus de quarante ans. On faisait des tournées dans toute la France.
Eric Bamy : Dans les années 60, on était des chanteurs au Bus Palladium, au Golf Drouot, à la Locomotive. On faisait déjà du rhythm and blues à l'époque et toutes les stars américaines qui faisaient les Musicorama de l'époque passaient dans ces salles. Vigon a d'ailleurs fait la première partie d'Otis Redding, rien que ça ! (Rires) Les Rolling Stones, Aretha Franklin, Jimi Hendrix... ce sont des gens qu'on a côtoyés quand on était adolescents. Ils venaient à Paris tenter leur chance et nous demandaient les restaurants les moins chers. On en a tellement à raconter, il faudrait un livre !

Et vous n'avez jamais pensé à former un duo ?
Eric Bamy : On a toujours voulu. Mais ensuite la vie nous a séparés. Vigon est parti très longtemps chanter au Maroc, où il est comme Johnny Hallyday en France. Puis, aujourd'hui, nos vies se sont recroisées.

Cette idée d'album vous a été suggérée par la maison de disques ?
Eric Bamy : Oui, quand ils ont su qu'on était ensemble, ils nous on proposé cet album, puis ensuite, il a fallu choisir les chansons et leur production.

Certains choix de chansons étaient-ils importants pour vous individuellement ?
Jay : Il y en avait tellement !
Eric Bamy : Tellement qu'on aurait pu faire dix albums ! Mais il y a eu une telle alchimie entre nous que le choix des chansons et notre interprétation se sont fait naturellement. Ca n'a pas été laborieux. On n'a aucun mérite puisqu'on s'entend bien, on vit la même chose, on a la même passion. Il y a des chansons qu'on interprète parfois seul, mais pour la plupart ensemble et on a chacun pris notre place de façon naturelle.

Découvrez le clip "Feelings" de Vigon Bamy Jay :



On assiste à une panoplie d'albums de reprises en ce moment, vous n'aviez pas peur de vous faire taper dessus en reprenant des classiques vous aussi ? Le fait de vous retrouver ne vous a pas donné envie de faire des chansons originales ?
Eric Bamy : Bien sûr que c'est toujours super d'avoir sa propre chanson. J'avais un peu peur au début mais ce qu'on voulait, peut-être de façon puérile ou un petit peu prétentieuse, c'est essayer de rendre hommage à tous les gens qu'on a côtoyés, ces monstres de la musique black américaine comme Otis Redding ou Ray Charles. C'est un album de reprises, mais on s'est aperçu que beaucoup de gens ne se posent pas la question dans ce sens-là. Ils écoutent une chanson, ils l'aiment ou ils la jettent, que ce soit une originale ou une reprise. C'est le public qui a la parole.
Jay : Derrière ce projet et à travers Eric et Vigon, la différence ici est qu'ils ont côtoyé ces personnes-là, c'est un vrai hommage à des gens qu'ils ont connus, et je trouve ça énorme. C'est ça qui m'a plu dans ce projet.
Vigon : Quand je fais de la scène, on me demande de faire des reprises, et je dit que je ne sais faire que ça !

C'est le début d'une très longue aventure
Dans l'avenir, vous pensez continuer votre carrière en groupe et peut-être même faire par la suite des chansons originales, ou s'agissait-il seulement d'une rencontre sur un seul disque ?
Jay : On est comme des jumeaux, je pense que c'est le début d'une très longue aventure. Après c'est le public qui décide, nous on est prêts et des albums, on peut en faire !
Eric Bamy : L'album, c'est notre bébé. On est lié autour de ça, tout ce qu'on veut, c'est que ça continue.

Vous avez une grande expérience de la musique et de la scène. Quelle vision avez-vous sur le marché du disque en crise aujourd'hui ?
Eric Bamy : Pour ma part, je n'en ai aucune.
Jay : Je pense qu'on est un peu comme des enfants. Quand j'ai commencé à chanter, c'était pour le plaisir. On ne se pose pas trop cette question. On a la chance d'être bien encadré, d'avoir une maison de disques qui nous aime et nous appuie énormément, ainsi qu'un bel album. On a déjà beaucoup de chance, les gens nous soutiennent et on a une date au Bataclan le 18 juin. Ce qu'on veut, c'est être sur scène, on ne pense pas aux ventes.

Et en tant que fan de musique des années 60, quel regard portez-vous sur la nouvelle façon de consommer et d'apprécier la musique en France ?
Eric Bamy : Le monde est devenu difficile car avant pour se faire repérer, il suffisait de passer devant une maison de disque avec notre magnéto. C'est plus difficile aujourd'hui. Que ce soit plus difficile de vendre des disques est la conséquence de tout ça.
Jay : Je crois aussi qu'il y a un facteur chance. Des artistes avec du talent, il y en a beaucoup, et qui galèrent. On a eu la chance d'avoir des personnes qui ont cru en nous, c'est le destin. Cette question m'attriste car on a des amis autour de nous qui ont du talent, mais qui n'arrivent pas à percer.
Vigon : On a la chance de pouvoir se produire devant le public. C'est grâce à la scène et au public qu'on a pu tenir jusqu'à maintenant. Malgré tout ce qu'on a déjà fait sur scène, on attend le 18 juin comme des petits jeunes qui débutent.

Dans l'album, vous avez choisi de reprendre des classiques. Vous pensez que la musique d'aujourd'hui sera reprise dans cinquante ou soixante ans ?
Eric Bamy : Je pense que oui et d'une façon générale, on ne peut jamais prédire de l'avenir. Dans les années 40, je ne suis pas sûr qu'on disait que Charles Aznavour serait encore là. C'est pareil pour Johnny Hallyday, les gens disaient qu'il ne tiendrait qu'une semaine, et il est pourtant toujours là aujourd'hui. On ne peut pas présager de l'avenir, c'est ce qui fait aussi le charme et l'essence de ce métier. Un artiste, c'est un funambule, un jour il peut faire une chute.

Vous dites qu'il est difficile de se faire repérer par les maisons de disques à notre époque et vous avez tous les trois eu recours à la télé dans vos carrières. Le petit écran, c'est le dernier recours aujourd'hui ?
Eric Bamy : Non, aujourd'hui il y a internet qui révèle des artistes. A chaque fois qu'il y a un nouveau média, il y a des artistes qui correspondent. Eddy Mitchell n'aurait pas existé sans le 45 tours, Michael Jackson n'aurait pas fait "Thriller" sans le CD tout comme Bing Crosby avec le microsillon. Ça a toujours été comme ça, les 33 tours correspondent aux Beatles et Pink Floyd.
Jay : Et puis, aujourd'hui la concurrence est plus rude. J'ai l'impression qu'aujourd'hui, tout le monde danse, ou chante, c'est devenu une mode. A l'époque, quand on chantait acapella avec les Poetic Lover, on était des princes pour les filles, maintenant, tu te manges une tarte !

La popularité et le succès, ce n'est pas la même chose
Beaucoup de gens se mettent à chanter car la société d'aujourd'hui place la célébrité comme symbole de réussite. Il y a toujours des passionnés, mais d'autres chantent juste pour devenir célèbres...
Jay : Si tu ne chantes pas avec tes tripes et que tu penses aux strass et paillettes, ça ne fonctionnera pas, ce n'est pas possible. Tu ne peux pas mentir au public, il voit si tu bluffes ou pas et surtout en France. Le public français s'attache aux histoires, c'est qui a fait le succès de mon groupe avec notre passé de chanteurs de garage.
Eric Bamy : Les gens qui chantent pour être célèbres doivent faire attention parce que ça ne correspond pas à un talent mais une mode et dans la durée, ça ne fonctionne pas. Quand on s'adapte à une mode, c'est le meilleur moyen d'être démodé. Aujourd'hui, on confond le succès et la popularité. Ce n'est pas la même chose. La popularité, c'est dix fois plus fort que le succès. Claude François est populaire, ça marche encore. Etre populaire, c'est valable pour tout le monde, pour un président de la République et ça se vérifie dans les tous les milieux.

Vous pensez que c'est encore possible aujourd'hui d'avoir ce type de popularité avec justement internet et les toutes les rumeurs qui peuvent ternir l'image des artistes ?
Eric Bamy : Absolument. Yannick Noah, les gens l'aiment. Puis les gens ne sont pas dupes. Tout ça marche dans les grandes villes, mais les gens qui vivent en province se foutent des rumeurs et du web. Ce qu'ils veulent, ce sont des gens qui les fasse rêver.
Vigon : Moi par exemple, ça fait cinquante ans que je tourne partout et je n'étais pas populaire. Il a suffi que je chante trois chansons dans une émission, et les gens me téléphonaient. Pourtant, je n'ai pas pu montrer ce que je savais faire, je n'avais pas le choix, j'ai suivi. Je trouve que ce n'est pas normal mais en cinquante ans, je n'ai pas fait 5% de ce que m'a apporté cette émission en un mois.

Dans "The Voice", je n'ai pas pu montrer ce que je savais faire
Aujourd'hui, c'est l'occasion pour vous Vigon, de montrer ce que vous faites vraiment ?
Vigon : Oui. Je veux leur montrer ça sur scène, avec mes amis Eric et Jay. C'est la scène qui nous a nourris jusqu'à maintenant. Je n'ai jamais vendu de disques, peut être 20.000 dans ma vie, mais j'ai toujours fait de la scène, même à la retraite.
Eric Bamy : C'est dans ce sens-là que je disais que la popularité est importante. Si ça fait autant de temps que Vigon tourne, c'est que les gens l'aime bien.

Votre succès donne un peu d'espoir dans une industrie du disque très jeuniste non ?
Eric Bamy : Oui, mais l'industrie a ses raisons aussi. Le phénomène est le même qu'avant. Du temps des yéyés c'était pareil, on allait chercher les mômes. Georges Guétary, Luis Mariano, Dario Moreno ont vite été remplacés par Sheila ou Frank Alamo. Et dans cette soixantaine de nouveaux artistes, il n'en reste plus que trois aujourd'hui. A Londres, dans les années 60, il y avait un groupe tous les deux mois qui sortait et pourtant on se souvient seulement des Beatles et des Rolling Stones.
Pour plus d'infos, rendez-vous sur le site officiel et la page Facebook de Vigon Bamy Jay.
Ecoutez l'album "Les soulmen" de Vigon Bamy Jay sur Pure Charts !

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