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Gabrielle Aplin : "Des artistes à qui on donne des titres, c'est assez superficiel"

Elle n'a que 20 ans, a déjà signé son premier numéro un outre-Manche avec sa reprise envoûtante de "The Power of Love" de Frankie Goes to Hollywood et espère rencontrer le succès dans toute l'Europe en 2013. Gabrielle Aplin, qui a percé grâce à ses vidéos sur YouTube et qui a déjà plus de 200 concerts à son actif, dévoilera son premier album éponyme en France le 13 mai et sera sur la scène du Nouveau Casino de Paris le 13 avril. L'occasion de rencontrer la nouvelle sensation pop/folk, qui évoque sa nouvelle notoriété, la drogue (elle n'aime pas ça !), l'alcool (qui la rend malade), les artistes qui n'écrivent pas leur musique et le succès de son titre enregistré pour une pub.
Crédits photo : EMI
Propos recueillis par Charles Decant.

Tu n'as que 20 ans, et tu fais déjà de la musique depuis un petit moment !
Oui, ça fait quatre ans environ.

Comment tout ça a-t-il commencé ?
J'ai commencé à jouer quand j'avais onze ou douze ans, et ensuite j'ai commencé à mettre en ligne mes prestations. C'est de là que tout est parti. J'ai commencé à faire des concerts quand j'avais 17 ans, j'ai sorti des titres, puis j'ai continué et j'ai signé avec EMI/Parlophone l'an dernier.

Quand tu as commencé à mettre ces vidéos en ligne sur YouTube, comme des centaines de milliers d'autres, tu t'es immédiatement dit que ça allait marcher et que ça allait devenir ton métier ?
Je ne pensais pas que YouTube serait le point de départ de tout. Pour moi, c'était un truc que je faisais à côté, et qui éventuellement pourrait m'ouvrir quelques portes. Mais ça s'est passé comme ça. Après, je n'ai jamais eu de but défini, j'ai juste fait mon petit bonhomme de chemin et j'ai saisi toutes les opportunités qu'on m'a données.

Dans ce milieu, tout est en "TBC"
Et aujourd'hui, le succès commence vraiment, tu fais ta promo à travers le monde, tu te retrouves même sur la terrasse d'un grand hôtel parisien pour défendre ton premier album ! C'est comme ça que tu pensais que les choses allaient se dérouler ?
C'est dingue, c'est vrai ! En fait, tout est arrivé petit à petit, je n'avais pas imaginé dans ma tête exactement comment tout ça allait se passer. Et puis ça se fait vraiment à la dernière minute, j'ai appris que je venais à Paris il y a quelques jours seulement. Dans ce milieu, j'ai vite appris que tout était en TBC - "to be confirmed", ndlr -, il faut vraiment faire les choses au jour le jour.

Oui... Ton single "Please Don't Say You Love Me" est entré sixième des charts anglais, mais s'il était entré en 58ème place, par exemple, pas sûr que ce voyage promo aurait été maintenu... !
C'est vrai, peut-être ! J'espère qu'il aurait quand même eu lieu... (Rires)

Mais heureusement, tout s'est bien passé et te voilà...
Oui, voilà ! Ouf ! (Rires)

Découvrez le clip de "Please Don't Say You Love Me" de Gabrielle Aplin :



Maintenant que tu as une petite notoriété, est-ce que tu crains d'avoir un peu de mal à garder les pieds sur terre ?
Non, je ne pense pas. Pas encore en tout cas... Je suis assez normale comme fille, et je fais des choses normales. Tant que je continue à agir de la sorte, je pense que je ne changerai pas.

Mais beaucoup artistes, et surtout des jeunes artistes, passent par cette phase. Il y a l'alcool, la drogue, parfois ça se termine de manière assez dramatique. Est-ce que ce sont des choses que tu gardes dans un coin de ta tête en te disant "Ne perds pas les pédales" ?
Non, pas du tout ! Je n'aime pas vraiment la drogue, donc on est tranquille de ce côté-là. Je n'aime pas l'idée de me mettre un truc dans le nez ou d'avaler une pilule. Je n'aime pas ça, donc je ne le fais pas. Je ne bois pas non plus beaucoup... Dès que je bois beaucoup, je suis malade alors... Je ne m'inquiète pas en fait. Et puis quand on fait une vraie tournée, même si certains perdent les pédales dans ce contexte-là, moi je suis très sérieuse, j'essaie de bien manger, de ne pas boire quand je monte sur scène. Je m'occupe beaucoup de moi.

Tu vas donc être une star responsable et raisonnable !
J'espère, oui ! Et le groupe avec lequel je suis en tournée, ils n'ont jamais bu et ils sont tous très calmes. Ils sont une bonne influence pour moi...

Et tes parents, ils sont inquiets ?
Non ! Ils sont tellement tranquilles, ils vivent dans une ferme dans le Wilshire, ils vivent leur vie. Ils ne sont pas très impressionnés par tout ça. Je suis à Paris, ils vont juste me dire "Envoie-nous un SMS quand tu rentres !".

Quand j'ai signé, je savais ce que je voulais et le label savait ce qu'il signait
L'album est terminé ?
Oui, depuis quelques semaines. L'album est attendu fin avril, début mai, dans ces eaux-là. C'est une progression de ce que j'ai déjà proposé en fait, il y a quelques titres que j'avais déjà sortis et que j'ai réenregistrés, mais la plupart des chansons sont nouvelles, elles ont pour beaucoup été écrites ces douze derniers mois. C'est dans le même style que ce que je faisais avant, mais cette fois j'ai travaillé avec le label donc j'ai eu plus de moyens, on a pu enregistrer des sections de cordes, travailler avec un orchestre, ce genre de choses. Tout ça, je n'y avais pas accès avant.

Justement, tu travaillais seule avant, puis tu as pu collaborer avec la maison de disques après avoir signé ton contrat. Y a-t-il eu des échanges, des choses qu'ils t'ont suggérées... ?
Oui ! J'étais très ouverte à l'idée de faire des expérimentations, mais comme j'ai signé avec le label très tard, j'avais déjà fait toutes les expérimentations de mon côté, toute seule. Donc quand j'ai signé, je savais ce que je voulais, avec quels producteurs je voulais bosser, avec qui j'aimais écrire... Mon album était plus ou moins prêt. Et le label savait aussi ce qu'ils signaient, donc j'ai eu beaucoup de liberté.

Ta musique est assez rafraîchissante face à l'avalanche de dance et de musique très produite de ces dernières années. Comment tu te situes dans la scène musicale actuelle ?
J'ai fait ce que j'avais envie de faire et ce que j'aime faire, en fait. Il y a quelques titres sur l'album qui sont plus produits, mais dans le sens où il y a un orchestre, c'est plus rock, pas dance. Je pense que la musique va et vient en vagues, et en ce moment il y a une vague d'auteurs-compositeurs qui débarque. Je crois que la scène pop, dance, ce n'était qu'un cycle et ça reviendra dans 5 ou 10 ans.

Un album dance ? Pas pour moi !
Et si ça revient, tu serais ouverte à l'idée, dans dix ans, de faire un album dance ?
Pas pour moi, non, mais peut-être participer à un titre de quelqu'un d'autre. Faire un titre avec Calvin Harris, par exemple. Je suis ouverte à cette idée !

C'est toi qui as enregistré la plupart des instruments pour l'album, c'est ça ?
Oui, voilà. J'ai enregistré presque tout, j'ai fait la batterie sur "Please Don't Say You Love Me", mais il y avait certains titres où il y avait beaucoup de percussions et je ne pouvais pas les faire moi-même. Donc on a fait appel à un batteur. Et évidemment, je n'ai pas fait l'orchestre à moi toute seule ! Mais j'ai fait les arrangements et réécrit quelques trucs.

Tu as percé grâce à YouTube et aujourd'hui, il y a énormément de personnes qui utilisent YouTube pour repérer les futurs talents, y compris pour des émissions comme "The X Factor". On t'a contactée ?
Non... On m'a contactée pour des plus petites choses, mais pas pour "The X Factor". Je ne me suis jamais vraiment posé la question de savoir si j'y participerais parce que j'avais toujours autre chose à faire, des choses qui se débloquaient. Peut-être que si je n'avais pas eu accès à YouTube ou que je n'avais pas eu toutes ces opportunités, j'y aurais réfléchi...

Depuis quelques temps, l'émission essaie de se rendre plus crédible, elle s'ouvre à de vrais musiciens, comme Lucy Spraggan ou James Arthur l'an dernier...
Oui, c'est vrai ! Et je pense que c'est une bonne chose pour eux, parce que les gens se sont sans doute lassés de tout ce qui en est sorti.

Des artistes à qui on donne des titres et qui les chante, c'est assez superficiel
Et qu'est-ce que tu penses du terme "crédible", justement. Ca existe, un artiste crédible ? C'est quoi ?
Oui, je pense que la plupart des artistes sont crédibles, ça dépend simplement de quel type de musique tu aimes. Il y a évidemment des artistes à qui on donne des titres et qui les chantent, et tout ça est assez superficiel. Mais c'est une tendance, et certains aiment ça. Moi, ce n'est pas mon cas.

Les Etats-Unis sont sur ta feuille de route ? En ce moment, les Anglais y rencontrent pas mal de succès...
Peut-être ! Il y a d'abord l'Australie, le Royaume-Uni, l'Europe... Les Etats-Unis arriveront, je l'espère, au moment opportun. Mais je ne veux pas en faire trop en même temps !

Tu avais un album tout prêt mais ton premier single a en fait été une reprise du titre "The Power of Love" de Frankie Goes to Hollywood, que tu as enregistrée pour une pub...
En fait, une agence a contacté de nombreuses auteures-compositrices pour qu'elles reprennent ce titre. Et je ne figurais pas sur la liste. Mais deux jours avant la deadline, l'agence m'a appelée et m'a demandé si j'avais envie de tenter ma chance, même s'il ne restait que deux jours. Donc je me suis dit "OK, pourquoi pas ?", je suis entrée en studio, on a fait une prise et je l'ai rendue le lendemain matin à 9h. Et ils l'ont gardée ! C'était très inattendu !

Découvrez le clip de "The Power of Love" de Gabrielle Aplin :



Le fait que le titre soit une reprise, toi qui écris tes propres titres, et que ce soit pour une pub, ça ne t'a pas posé de problème ?
Non... Si c'était pour une autre pub, je me serais peut-être posé la question, mais c'est pour la marque John Lewis, c'est crédible, justement. C'est toujours très bien fait, la pub est très jolie, et quand j'ai vu la vidéo, j'ai eu envie de le faire. Du coup, on a dû décaler la sortie du premier single, "Please Don't Say You Love Me". Je n'avais pas envie de la décaler mais je savais que le titre serait dans l'ombre de "The Power of Love", et je ne voulais pas qu'un titre qui n'était pas tout à fait à moi fasse de l'ombre à un titre vraiment à moi. Donc j'ai préféré attendre. Et je suis ravie de l'avoir fait !

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