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The Bewitched Hands : "Le succès de Yuksek nous a donné des ailes"

Formé en 2007, le groupe The Bewitched Hands revient en cette fin d'année avec un deuxième album intitulé "Vampiric Way", une sorte de pop psychédélique créée à l'unisson, puisque chacun de ses membres a participé, à sa façon, à l'écriture des nouveaux morceaux. Evoquant les quotas en radio, la faible exposition qui leur est accordée et la scène musicale rémoise, le chanteur Sébastien Adam se confie sur "Vampiric Way". Rencontre.
Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard

Pure Charts : Sur votre premier album, vous chantiez uniquement en anglais. Vous l'avez réédité en ajoutant une piste enregistrée en français. Ce n'était qu'une parenthèse puisque votre nouvel opus est une nouvelle fois intégralement enregistré dans la langue de Shakespeare. Vous briguez une carrière internationale ?
Sébastien Adam : On reste effectivement dans la continuité du premier album. Nous avons souhaité continuer d'écrire nos chansons en anglais pour ce disque et je crois que ce sera toujours comme ça. En fait, je dirais même que ce n'est pas vraiment un choix. Ça a toujours été comme ça, même à mes débuts quand j'étais adolescent dans mes premiers groupes. On ne chantait qu'en anglais. Tout simplement parce que les groupes qui nous ont donné envie de faire de la musique, ceux qu'on écoutait tous, chantaient en anglais. Notre musique sonne mieux en anglais de toute façon. C'est vrai, on a écrit un titre en français qui est "Sur le quai", tout simplement parce que dans ce cas-là précis, il sonnait mieux en français. C'est une question de feeling. C'est la musique qui décide finalement.

Ce qui fait l'intérêt du groupe, c'est que tout le monde puisse participer
La porte n'est donc pas fermée à ce que vous chantiez un jour de nouveau en français ?
Non. Mais elle n'est fermée à aucune autre langue non plus. Un jour on chantera peut-être en allemand. On n'exclut rien.

Votre nouvel album s'intitule "Vampiric Way". Pourquoi ce titre qui sonne très Halloween ?
Quand on a réuni les douze morceaux de l'album, a cherchait des mots qui puissent coller au mieux à l'ambiance de l'album. On est tombé d'accord sur ce nom-là, qui est également le titre de l'une des chansons. Il collait parfaitement avec la pochette de l'album qu'on voulait et à l'ambiance qu'on souhaitait créer autour de ce disque. Le clip du single "Thank You, Goodbye, It's Over" avec les fantômes est lui aussi totalement raccord avec ce titre.

Il y a comme un côté macabre sur ce disque. Il y a tout l'aspect visuel, vous venez d'en parler, mais également dans les sonorités : le synthé et les choeurs font penser à plusieurs bandes originales de film, comme "Dracula" ou "Frankenstein".
C'est vrai qu'il y a un côté sombre, mais toujours très fun. On ne tombe pas dans la dépression, au contraire ! Cet album n'est pas triste. Il est même relativement joyeux. En ce qui concerne les choeurs, c'est le résultat d'un groupe nombreux. On est quand même beaucoup à chanter. Finalement, l'emploi des choeurs est comme sur le premier album le moyen de faire chanter tout le monde. C'est vrai que cet effet de résonance donne l'impression de chanter dans un endroit sacré.

Regardez le clip "Thank You, Goodbye, It's Over" des Bewitched Hands :
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Vous êtes six à chanter. Comment organise-t-on une équipe aussi nombreuse pour l'écriture et l'enregistrement des chansons ?
C'est déjà beaucoup plus simple depuis que nous ne sommes plus que six puisque nous étions auparavant douze. Nous avons tous les six connus d'autres groupes avant et même écrit de la musique. On connait très bien les mécanismes. On sait comment fonctionne un groupe. Chacun sait se faire une place et écouter les autres quand ils apportent une idée. Celui qui a écrit le morceau va en quelque sorte être le chef. C'est lui qui va guider l'équipe sur ce morceau. Ça ne veut pas dire que les autres ne vont rien faire dessus. Mais ils vont tout simplement être un peu plus en retrait. Il n'y a pas de problèmes d’ego finalement.

La pop, c'est quelque chose de très large
N'y a-t-il pas quand même un membre du groupe qui se détache malgré tout ?
Ça dépend des périodes en fait. Il y a des moments où c'est l'un d'entre nous, ou même un binôme, qui va plus écrire. Ensuite, ce sera au tour d'un autre. On fait comme des rotations, si je puis dire. Mais ce n'est pas volontaire. C'est selon l'inspiration de chacun. L'aspect collectif prime de toute façon sur le reste. On le privilégie le plus possible. Ce qui fait l'intérêt du groupe, c'est que tout le monde puisse participer. C'est ce qui fait la richesse des albums de Bewitched !

Si l'on devait néanmoins écouter un seul morceau de votre nouvel album. Lequel serait-il ?
Ah... (sourire) C'est très difficile de répondre car il y a sur cet album des morceaux totalement différents. Si je prends par exemple les morceaux "Vampiric Way" ou "Modern Dance", ce sont deux titres totalement différents qu'on appréciera selon l'humeur du moment. Si je devais faire mon top 3 de "Vampiric Way", ce serait "Westminster", "Thank You, Goodbye, It's Over" et "Let Me".

Prochainement, le label Columbia va publier une compilation "Education française". Vous serez dessus aux côtés de Juveniles, Woodkid, Lou Doillon. Le label présente cette compil comme rassemblant la scène pop française émergente. Qu'est-ce que la pop française ? Existe-t-il vraiment une scène pop française ?
Je ne sais pas ce qu'est la pop française. Parce que si on prend des groupes qui ont vingt ans et d'autres qui sont plus récents comme nous, il y a un écart d'âge qui est très important. Il y a un écart dans les genres en France qui est aussi très fort. Je ne sais pas si on peut synthétiser tous ces artistes dans l'expression "scène pop". En revanche, il y a réellement un mouvement d'artistes et de groupes qui chantent en anglais comme Lescop ou La Femme, très influencés par la musique des années 80. Cette compilation, c'est comme une photo à un moment donné ce ce qui se passe en France. Mais il n'y a pas forcément de lien si ce n'est qu'on est Français. On fait de la pop. Et la pop, c'est quelque chose de très large.

Quoi qu'il en soit, cette compilation regroupe, à quelques exceptions près, des artistes dont l'exposition médiatique est limitée. C'est votre cas, mais aussi celui de Juveniles, The Shoes, St-Michel... Leurs titres comme les vôtres sont très peu diffusés en radio. Pareil pour les clips. Pensez-vous qu'il faille taper du poing sur la table pour que les médias vous diffusent davantage ?
Non. Il y a des artistes comme Lou Doillon qui marchent fort que je crois. En ce qui concerne Woodkid, sa notoriété n'est plus à faire. Il a réalisé des clips pour des artistes très populaires comme Katy Perry. Sa musique est présentée de telle manière pour qu'elle devienne populaire et mainstream. A contrario, on retrouve sur cette compil une musique plus en marge de ce qui passe à la radio. On est dans quelque chose de plus indé. Ce ne sont peut-être que des a priori. C'est peut-être simplement une question de manière dont la musique est présentée. Je pense que c'est assez compliqué pour avoir à y répondre comme ça. Il faut prendre beaucoup de paramètres en compte. La scène pop présente sur cette compil est quand même constituée de jeunes groupes. C'est normal qu'ils ne soient pas encore très populaires. Il faut le temps qu'ils se fassent connaître. En ce qui nous concerne, on est un groupe qui chante en anglais. C'est donc plus difficile de passer à la radio.

L'histoire des quotas, moi ça ne me parle pas trop !
Il est vrai qu'il existe en France des quotas. Il doit y avoir un pourcentage minimum de titres chantés en français qui passent sur les ondes. On fait figure d'exception dans le monde avec cette loi des quotas. Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est une bonne chose ? Ce n'est pas réducteur, d'une certaine manière ?
Je ne sais pas. Si j'étais programmateur radio, je sais que je me moquerais de savoir qui chante et dans quel langue est interprété un morceau tant qu'il est bon. L'histoire des quotas, moi ça ne me parle pas trop ! On ne pense pas à toutes ces choses-là quand on crée notre musique.

Vous venez de Reims, comme d'autres groupes et artistes artisans de la musique électronique en France, Yuksek et Brodinski pour les plus connus. Comment expliquez-vous cette émergence d'artistes rémois ?
C'est vrai qu'on en parle depuis deux ou trois ans. Plus précisément depuis que Yuksek a sorti son premier disque. Je sais en tout cas que pour nous, ce sont des gens comme The Shoes, qui eux aussi sont de Reims, qui nous ont donné envie d'y croire. Il y a toujours eu beaucoup de musiciens à Reims, mais c'était très amateur. Là, c'est l'effet boule de neige. Il y a eu un déclic avec les premiers succès de ces artistes-là. D'autres comme nous se sont dits qu'ils pouvaient y arriver et percer dans le milieu. Le succès de Yuksek, ça nous a donné des ailes.
Pour en savoir plus, visitez le site internet et la page Facebook du groupe.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de The Bewitched Hands sur Pure Charts.

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