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The Young Professionals : "On ne cherche pas un quelconque moyen de satisfaire un public gay"

11 heures. Arrivée Tour Montparnasse. Ivri Lider et Johnny Golstein sont en pleine préparation dans un bureau totalement redécoré aux couleurs de l'album "9AM To 5PM – 5PM To Whenever". Assis devant un ordinateur comme standardiste, c'est Uriel Yekutiel qui nous reçoit, sourire au lèvres, visiblement excité par cette journée de promotion. Ils arrivent enfin, Ivri Lider et Johnny Golstein, pantalon de costume au dessus des chevilles et chemises cintrées. Les deux artistes semblent prêts à se dévoiler. Immersion dans une salle fermée avec les deux producteurs pour parler de leur premier album en duo, mais également de l'image qu'ils renvoient avec leur premier single "D.I.S.C.O".
Crédits photo : Ronin Akerman
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Pure Charts : Ma première question concerne votre rencontre. Vous avez tous les deux commencé une carrière en solo chacun de votre côté. Qu'est-ce qui a motivé votre collaboration et comment vous êtes-vous rencontrés ?
Ivri Lider : En fait, c'est Johnny Golstein qui m'a contacté il y a maintenant quatre ans. Il avait tout juste 17 ans et il était en train d'écrire un album. Il a planché dessus en tant que producteur. Il m'a envoyé quelques titres pour que je puisse écouter ce qu'il faisait. C'était très intéressant mais je n'ai rien pu faire dessus car j'étais déjà à l'œuvre sur d'autres projets. J'allais dans une toute autre direction… J'étais ailleurs. Il m'a de nouveau appelé un an plus tard. Il avait terminé son album et me proposait de faire quelque chose ensemble. Il m'a parlé de différents styles de musique, de différentes chansons et j'ai beaucoup aimé. J'ai tout de suite accroché à ce qu'il me faisait écouter. On s'est presque mis d'emblée à travailler sur un titre tous les deux. On voulait écrire notre musique. Pas la sienne associée à la mienne, ni l'inverse, mais notre musique. Au départ, nous étions simplement des musiciens qui travaillaient sur de la musique. Il n'y avait aucun projet de programmé. Mais l'année suivante, les choses sont devenues sérieuses. Nous avions déjà écrit douze chansons. Nous aimions vraiment ce que nous avions fait. L'idée innocente s'est transformée en un véritable projet. Nous étions tellement excités à l'idée de tout ce que nous avions fait durant cette année.
J'écoutais la chanson "D.I.S.C.O" dans ma chambre alors que je n'avais que six ans.

D'où est venue l'idée du nom The Young Professionals ?
Ivri Lider : "The Young Professionals", c'est la première chanson que nous avons écrit tous les deux. Mais ce n'est pas la seule raison de notre nom. Il renvoie à nos chansons, et plus particulièrement à nos textes. Dans nos titres, nous parlons à plusieurs reprises de jeunes gens qui vont travailler dans de très grandes villes comme New York par exemple. Leur travail est tellement important pour eux. C'est même ce qui compte le plus à leurs yeux et ce qui occupe la plus grande partie de leur temps. Nous avons écrit une chanson à propos de ce monde, à propos de la manière dont il tourne. C'est même l'un des problèmes de notre existence : la manière dont nous sommes conditionnés avec notre job. Nous avons pris conscience de la façon dont les choses fonctionnent, de voir ces personnes obnubilées par leur job. C'est dans cette génération de jeunes travailleurs que l'on a puisé l'inspiration pour nos chansons, et pour notre nom de groupe. Nous avons voulu montrer le pouvoir que peut avoir la fantaisie dans un bureau.

Et c'est la raison pour laquelle Johnny, Uriel et toi avez aménagé ce bureau pour illustrer votre propos.
Exactement. Tout a un sens.

The Young Professionals, c'est aussi vous ? Vous avez déjà fait vos preuves en solo mais votre groupe est encore relativement jeune.
Ivri Lider : C'est une question qui demande réflexion. Ce qu'il faut comprendre je crois, c'est aussi que nous aimons le commencement d'un projet. Nous aimons travailler sur quelque chose de nouveau, quand tout est encore à l'état embryonnaire. Autrement dit, nous aimons "les premières fois…".
Johnny Golstein : Nous n'avons jamais été dans un groupe auparavant. Ni Ivri ni moi. En cela, nous sommes des débutants dans ce domaine. The Young Professionals, c'est forcément quelque chose de nouveau et même un défi, j'ai envie de dire. Bien que nous ayons tous les deux beaucoup d'expérience du fait de nos carrières respectives.
Ivri Lider : C'est quelque chose de totalement différent.

Où que nous soyons passés, nous avons essayé de capter l'esprit d'une culture
L'album terminé, quels enseignement tirez-vous de cette collaboration ? Qu'est-ce qui est plus difficile ou plus simple lorsqu'on travaille à deux ?
Ivri Lider : Je pense que nous sommes assez contents du résultat. Nous avons beaucoup aimé travaillé sur ce projet tous les deux. Nous avons appris des choses l'un de l'autre. C'est totalement différent de travailler sur un album à deux car nous ne sommes plus le centre d'intérêt de tout. Tout ne tourne pas autour de nous mais autour de ce disque. Un groupe, c'est beaucoup d'échanges avec un collaborateur mais aussi avec une équipe. La création est stimulée dans tous les domaines.

Vous venez tous les deux d'Israël, vous chantez en anglais, et votre premier single est un sample d'une chanson d'un groupe français : "D.I.S.C.O." d'Ottawan. TYP, c'est un groupe au croisement des cultures ?
Ivri Lider : Je pense, oui. Je crois aussi que nous avons beaucoup été influencés par la musique que nous écoutions dès notre plus jeune âge. Nous avons écouté beaucoup de musique anglaise, américaine et française. Ottawan, je connaissais déjà. J'écoutais la chanson "D.I.S.C.O." dans ma chambre alors que je n'avais que six ans. J'ai grandi en écoutant de la musique dans ma chambre en fin de compte. C'est une chance d'avoir eu l'occasion d'écouter cette musique. Mais nous sommes aussi très attachés à la culture du Moyen-Orient que l'on peut également entendre sur notre album. Alors oui, nous chantons sur de la musique d'Europe, d'Amérique, de nos régions, et même d'Afrique… Notre disque rassemble ces différentes cultures. Notre musique se veut éclectique parce qu'elle est aussi faite pour tout le monde.

Il est vrai qu'on peut entendre ici et là des sonorités venant du Proche et du Moyen-Orient. Est-ce pour vous une manière de rappeler d'où vous venez ?
Ivri Lider : Géographiquement, oui. Nous venons d'Israël. Nous avons grandi là-bas. Et puis, il y a aussi nos origines en termes de parenté. Par exemple, mon père écoutait beaucoup de musique classique. J'ai grandi en écoutant du jazz et beaucoup de piano. C'est la même chose pour Johnny. Il a même joué du jazz. Ce sont toutes ces influences-là que l'on retrouve aussi sur notre premier album. Où que nous soyons passés, nous avons essayé de capter un maximum l'esprit d'une culture. C'est aussi pour ça que l'on retrouve différentes influences sur notre disque.



On parle de lieu, j'ai envie de parler de la ville de Berlin. Sur votre album, il y a une chanson qui s'intitule "Fuck Off Berlin". Qu'est-ce qui vous séduit dans cette capitale ?
Ivri Lider : Nous aimons beaucoup Berlin tous les deux. Elle fait partie de nos villes préférées. D'une certaine manière, elle nous rappelle Tel Aviv. Nous avons cette sensation de nous sentir totalement libres dans cette ville. Ce fut aussi une grande source d'inspiration pour nous. Culturellement, c'est une ville vraiment intéressante pour nous, et ce à plus d'un titre. "Fuck Off Berlin" c'est une sorte d'hommage à la capitale parce que c'est là que nous aimons nous retrouver pour boire un verre dans un bar. C'est à ça que la ville se prête le mieux. Les Berlinois sortent beaucoup pour se retrouver entre eux dans les bars.

Notre musique se veut éclectique
Et Paris ?
Ivri Lider : Nous aimons aussi beaucoup Paris. J'y étais déjà passé lorsque j'avais quatorze ans.
Johnny Golstein : C'est une belle ville où l'on aime bien déambuler surtout. C'est davantage pour son architecture qu'elle est intéressante.

Sur votre disque, on retrouve en plus de samples une reprise. Vous avez choisi "Video Games" de Lana Del Rey. Le titre a été totalement réarrangé. Qu'est-ce que vous inspire cette chanson ?
Ivri Lider : C'est surtout le succès de la vidéo qui nous a impressionnés. Dès la première écoute, nous avons aimé le titre. Et nous voulions proposer la première version alternative. Dès la première écoute, je me souviens que nous avions immédiatement imaginé la chanson dans un autre style. Non pas que la version originale ne nous plaise pas. Au contraire. C'est juste qu'elle nous a beaucoup inspirés. On trouvait que c'était une chanson très rock dans l'âme. Il fallait en faire une version uptempo. Nous nous sommes mis au travail tout de suite. Ça nous a pris d'un coup. Il fallait en faire un titre dance. En réalité, c'est nous en tant que producteurs qui nous sommes exprimés sur cette reprise. Nous avons voulu essayer tout ce qu'il était possible de faire avec un titre comme celui-là car on sentait qu'il avait un vrai potentiel.
Johnny Golstein : The Young Professionals, c'est une identité et une dualité. "Video Games" nous représente bien.
Ivri Lider : C'est la même chose pour le titre d'Ottawan. C'est tellement intéressant de reprendre un titre ancien pour lui donner une nouvelle vie. Ce n'est pas une simple reprise. C'est une nouvelle vision. C'est quelque chose de différent.

Ecoutez la reprise du titre "Video Games" de Lana Del Rey par TYP :


Autre particularité de votre album "9AM to 5PM – 5PM to Whenever", c'est que chacun des titres a été pensé comme un moment de la journée. Chacune des pistes reflète une activité correspondant à une heure précise. Quelle est votre heure référence à chacun d'entre vous ?
Johnny Golstein : 9 heures. Du matin bien sûr. Pour la simple et bonne raison que c'est le début de la journée et que l'on doit penser à tout ce que l'on va pouvoir faire. C'est là que l'on sait si la journée sera bonne ou pas.
Ivri Lider : Mais il y a beaucoup d'autres moments de la journée qui nous plaisent. Comme 21 heures ou 1 heure du matin par exemple. Mais, globalement, nous aimons tous les deux la matinée. Parce que c'est là que nous travaillons. C'est là que nous sommes productifs. Si c'est un jour normal. Parce que s'il y a eu un concert la veille, la journée commence beaucoup plus tard. Mais je pense que… 11 heures du matin est l'heure que j'affectionne particulièrement. On est encore dans l'excitation du travail entamé plus tôt et on commence à rencontrer des gens.

Regardez le clip "D.I.S.C.O." du groupe The Young Professionals :



Hormis pour votre musique, vous êtes connus pour n'avoir jamais caché votre homosexualité en Israël. Et dans le clip du single "D.I.S.C.O", vous avez invité Uriel Yekutiel, habillé en femme. Vous considérez-vous comme un exemple ou un messager pour la communauté gay ?
Ivri Lider : Tu sais, le fait que Johnny et Uriel soient gays ne veut pas dire que notre musique soit destinée uniquement pour les gays. Il y a aussi une mixité au sein de notre équipe. C'est notre identité qui apporte une perception singulière, et donc associée à l'homosexualité, de notre musique. Uriel n'est pas tout à fait une drag queen. Il apporte quelque chose de nouveau et c'est très intéressant pour nous.

C'est un marché pour vous aussi. La musique d'artistes gays peut plaire davantage à un public gay.
Ivri Lider : Mais c'est tout à fait compréhensif. Dans le monde de la pop, les titres sont aussi particulièrement ciblés. Si nous faisons un titre pour les gays, nous ne le cachons pas et nous en ferons la promotion avec l'image qui convient. En l'occurrence, "D.I.S.C.O." plaît aux gays. Nos chansons sont assez simples et directes. On ne va pas tourner autour du pot où y aller par quatre chemins. On ne se pose pas la question de savoir si c'est une chanson pour les gays ou non. On l'écrit comme on la pense, tout simplement. Mais en aucun cas ce n'est une stratégie pour toucher un public en particulier. On ne cherche pas un quelconque moyen de satisfaire un public gay parce ce que nous sommes gays. Nous faisons la musique qui nous plaît et qui nous parle.
Toute l'actualité de The Young Profesionals sur son site internet officiel.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de The Young Professionals sur Pure Charts.

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