Sheila

Crédits photo : C. Boulmé
Vous serez à l'Olympia les 21, 22 et 23 septembre pour fêter vos cinquante ans de carrière… (Steven BELLERY, journaliste)
Sheila : Mes cinq fois dix ans, je préfère dire !

Vous réalisez avoir tant d'années de carrière derrière vous ?
Pas du tout. Pour moi c'est un nouveau spectacle qui arrive. Je sais qu'il a une grosse importance… Mais je ne vois pas le temps passer. Dans ma tête je n'ai même pas l'impression d'avoir 50 ans (elle en aura 66 en août, NDLR) alors chanter pendant 50 ans, non ! Je ne me rends absolument pas compte et je ne veux pas y penser. L'âge ce sont les autres qui vous le donne. On ne se voit pas avancer dans le temps. On ne se voit pas vieillir, c'est pour ça que de temps en temps il faut faire un peu attention. Sinon, moi j'ai vingt ans dans ma tête !

Ça veut dire que ce spectacle n'aura pas une saveur différente des autres pour vous ? De celui de 2007, votre dernier show à l'Olympia ?
Si il sera différent, je vais dire des choses différentes, je vais avoir une nouvelle équipe à mes côtés. Je ne vais pas l'aborder comme cela parce que sinon émotionnellement c'est trop fort. Il y a des fois je ne peux pas gérer les émotions. Je vais l'aborder comme un spectacle nouveau avec tout ce que cela comporte : de joies, de bonheurs, d'angoisses, ect. Mais je ne vais pas penser à l'âge, peut-être que je réaliserai le soir de la première mais je ne veux pas y penser sinon on se met des angoisses supplémentaires.

Mais c'était tout de même impensable de ne pas fêter un tel anniversaire ?
Il y a un moment on s'est dit, on ne le fait pas, on ne va pas le faire tous les dix ans… Et un matin, après une nuit de sommeil, j'ai dit non ça n'est pas possible. Je me connais en 2013, je m'en serais voulu toute ma vie de ne pas l'avoir fait. Donc on s'est dit on le fait. Soyons fous, lâchons-nous.

Pourquoi pas le 13 novembre alors, jour de sortie de votre tout premier 45 tours ?
Non je voulais le faire au mois de décembre mais l'Olympia étant une salle très très prise on n'a pas eu beaucoup de choix…

Justement, pourquoi l'Olympia ?
C'est ma salle fétiche, j'y ai chanté de nombreuses fois, j'y ai fêté mes quarante ans de carrières, mes adieux, mon retour. J'aime les ondes ici…

Vous vous rappelez de votre premier Olympia ?
Oui c'était en 1989 ! Et mon premier Olympia, c'était pour venir annoncer que je partais, c'est quand même très original, j'ai jamais fait les choses comme tout le monde… Dans mon idée, ça n'était pas de partir définitivement. C'était de partir du domaine du disque, enfin on ne va pas refaire l'histoire. Mais je me suis arrêtée huit ans. Ça m'a permis de me reposer, de réfléchir, de recharger mes accus, de faire un bilan et puis de me redonner l'énergie pour être encore là en 2012 pour fêter l'anniversaire qu'on va faire…

Est-ce qu'il y a un moment dans ces cinquante ans de carrière que vous retenez plus qu'un autre ?
Je ne peux pas trier un moment parce que sur une si belle période il y a énormément de moments. Par exemple, les débuts, les premières tournées, la rencontre avec les américains, ma rencontre avec Yves Martin (son producteur et époux, NDLR) c'est sur une vie, on ne peut pas choisir. C'est une vie très intense, j'ai eu l'impression d'en vivre au moins trois ou quatre en même temps, tout est démultiplié quand on vit sous les projecteurs et le regard des gens. Mais c'est une vie qui a été enrichissante.

Vous me disiez tout à l'heure "Si je ne l'avais pas fait cet anniversaire, je l'aurais regretté". Vous en avez des regrets ?
On en a toujours mais j'en ai très peu. Le plus gros c'est de ne pas avoir fait de scène pendant vingt ans. C'était un très mauvais choix du producteur que j'avais à l'époque. Et surtout, il m'a enlevé des émotions et des plaisirs. Faire de la scène dans les années 70, inutile de vous dire que c'était la folie. Mais c'est pas grave puisque le seul avantage que j'en tire c'est qu'aujourd'hui, à l'âge que j'ai, je ne suis pas usée, je suis neuve encore, j'ai le même engouement que si j'avais vingt ans. Je n'ai pas fait cinquante fois les mêmes villes, donc c'est bien, c'est un avantage.

"Ce soir, c'est notre anniversaire". C'est le nom de votre prochain tour de chant. Vous incluez le public dans le nom de ce concert…
Oui c'est une phrase d'une de mes prochaines chansons écrites pour mon public… Un titre qui s'appelle "J'avais envie de vous revoir" dans laquelle il y a une phrase qui dit "ce soir, c'est notre anniversaire". Vraiment je pense que si tant d'années après je suis là sur c'est scène c'est grâce à un gros nous…

Vous préparez un récital inédit. Avez-vous déjà des idées ?
Ce sera complètement nouveau. Il va faire deux heures quinze je pense. Je ne chanterai que des chansons que je n'ai jamais chantées. On a été les chercher au milieu des cinq ou six cents chansons que j'ai en réserve. Il y a une troupe avec de nouvelles personnes, bien sûr il y a aura de la danse. C'est complètement une création. Il y aura au milieu de tout cela six nouvelles chansons…

Ça veut dire qu'on n'entendra pas de tubes ?
Vous n'entendrez que des tubes. C'est là qu'on voit que j'ai eu beaucoup de chances dans ma vie, que j'ai chanté beaucoup de chansons que tout le monde connait. Venez avec vos parents, vous allez voir… (rires). Ça n'est pas parce qu'on ne chante pas "L'école est finie" ou "Les rois mages" qu'on ne chante pas de tubes.

Six chansons inédites, ça veut dire que vous préparez un nouvel album ?
Oui il sortira fin août début septembre, avant l'Olympia j'espère. Et vous entendrez donc des titres inédits sur scène.

Ce sera votre vingt-neuvième album studio. Avec qui ?
Avec plein de jeunes qui ont beaucoup de talent, qui m'ont écrit des chansons dont je suis très très fière. Ils me voient dans certaines choses que je n'aurais pas osé, et c'est bien vu… Il y a un moment il faut laisser le regard des autres car moi je n'ai pas de recul. Quand je vois ce que ces gamins m'ont envoyé comme texte, je me dis que j'ai bien fait de continuer !

Contrairement à tout le monde votre été sera donc studieux…
Je ne prends pas de vacances, peut-être début octobre mais j'ai du travail. Mais vous savez quoi ? Ca me donne de l'énergie !

A vous entendre, on est loin d'imaginer que "L'école est finie"…
Pour le moment non, je n'ai pas eu mes témoignages de satisfaction, mes bons points, et pour le moment je n'ai pas envie de m'arrêter non.

Si je dis le mot "retraite", ça vous inspire quoi ?
J'y suis déjà depuis quelques années normalement, mais moi la retraite je ne sais pas ce que c'est. Je ne serai jamais à la retraite. Pour moi, c'est la mort du petit cheval comme on dit.

Votre enthousiasme est intact…
Évidemment. Sinon il ne faut pas faire ce métier, il faut faire autre chose. Maintenant, j'ai la possibilité aussi de rester chez moi et de planter des fleurs. Tant que ma santé me le permet et que je peux le faire, je chante, c'est la meilleure des vitamines.

Vous en prenez justement des vitamines pour garder la forme ?
C'est d'abord dans la tête, si on ne se lève pas en disant houlala j'ai mal là et bien le corps suit ce qu'on lui demande de faire et si on l'entretient c'est comme une jolie voiture. Votre voiture vous pouvez la garder ad vitam æternam si elle est bien entretenue. Moi je danse, je fais du sport, j'ai une vie saine, je vis à la campagne, je profite et je mange sainement. C'est tout.

Est-ce qu'après ces trois Olympia, il y aura une tournée en France ?
Mais je l'espère ! Pour le moment, je ne peux pas vous en parler. Mais j'espère bien. Si on fait un spectacle pareil et qu'il n'y a pas de tournée derrière, je préfère me casser le pied (rires).

Vous êtes l'une des rares artistes françaises à être connue dans de nombreux pays à l'étranger. Ça vous ferait plaisir de fêter cet anniversaire à Buenos Aires ou à New York ?
J'adore les voyages, c'est ce qui me tient en forme. Donc évidemment si on me le propose, je prends ma valise – qui est toujours faite d'ailleurs – et je pars ! Le seul problème c'est que je ne voyage pas avec un pied de micro, je viens avec plein de monde, j'aime bien les gros spectacles. Je ne voyage pas seule, je trouve cela triste.