dimanche 18 mars 2012 16:00

Mani en interview : "Je ne suis jamais repu de ce sentiment de m'être totalement exprimé"

Nouvelle recrue et de nouvel espoir des internautes de My Major Company, Mani dévoilait au mois de janvier son tout premier album "Heroes Of Today", somme de toutes ses expériences de globe-trotter et des influences du reste de sa bande. Car Mani, c'est un groupe, à voir sur scène pour faire "Bang Bang", le 19 mars à La Maroquinerie. Entre pop, rock et électro, Mani évolue dans un registre éclectique, surprenant et addictif. Rencontre.


Je voulais savoir si "Mani" est ton véritable prénom ou un nom de scène ? (Jonathan Hamard, journaliste)
Mani : C'est un nom de scène que j'ai choisi pour beaucoup de raisons. Notamment parce que j'ai un ami qui s'appelle Nima, et que je connais depuis qu'on est gosse. J'ai pris son nom à l'envers. Pour plein de raisons ce nom me semblait être une évidence.

Un nom qui recouvre également beaucoup de symboliques qui, j'ai cru comprendre, te caractérisent particulièrement bien.
Evidemment. Mani, ça vient d'un mantra tibétain qui dit "Om mani padme hum". C'est un mantra qui est censé amener la sérénité. Et comme je suis quelqu'un de survolté, j'ai souvent besoin de calmer le jeu. Mani, c'est un mot que l'on dit apaisant. En sanskrit aussi. J'ai également choisi Mani en référence au personnage de Manny dans "Scarface" : Manolo Manny Ribeira, le second couteau dans "Scarface", l'associé de Tony Montana. Et puis aussi parce que mon nom a impliqué le prénom : Hoffman. Ça terminait comme ça commençait. J'aimais bien le côté cyclique. Et toujours dans cette idée de symbolisme, le temps est pour nous linéaire mais, pour les Asiatiques, le temps est cyclique. Tout ce qui vient, advient, ré-advient, avec la loi des carmas… Le cycle, le rond... C'est un truc qui m'intéressait aussi. Et puis pour plein d'autres raisons ! (rires)

Pourtant, il n'y a que Mani qui apparait sur la pochette de l'album. Pour le coup, la redondance du son n'est pas.
Mani Hoffman, Mani, c'est le groupe. On a eu pas mal de phases avant de signer chez My Major Company. On a d'abord signé en Angleterre. C'est Toby Smith de Jamiroquai qui nous avait signés là-bas. Et à ce moment-là, on avait d'autres noms de groupes. On ne s'est pas appelé Mani tout de suite. Il y a eu The Wills, Les Roux... Mais ça ne nous plaisait pas. Puis on s'est dit que je faisais le lien par ma voix au sein de tous les univers qu'il y a sur notre album. On a un disque assez éclectique et je fais le lien entre nous tous qu'on soit dans de la funk, de la soul, du rock… Il y avait toujours une continuité même si les prods et les compos n'étaient pas les mêmes. Donc on s'est dit que cet album ce n'était pas Mani Hoffman mais Mani. Et puis il y a quelque chose qui nous semblait impactant dans Mani. C'est simple, il y avait quatre lettres. Ça se posait comme un bloc. C'est très très stable.

Le facteur humain est très important dans un projet musical.
Mani, c'est aussi un prophète. Te sens-tu prophète de ta génération ou même simplement au sein de ton groupe ?
Non. Bien-sûr que non.

Plus sérieusement, tu me parlais à l'instant du sanscrit et faisait référence à la culture asiatique. Tu as voyagé en Inde. Est-ce une expérience qui a été une étape majeure dans ton évolution en tant qu'artiste ?
Oui. C'est déterminant je dirais même. Ce voyage devait à l'origine durer quatre mois et, finalement, il a duré quatre ans. Sac à dos, je dormais à la belle étoile. C'était vraiment un voyage initiatique, comme une quête. J'adorais la littérature des seventies. Et j'aimais bien le rock des années 70 : Jimi Hendrix, les Beatles... J'aimais bien partir sur les routes, comme ça. Tu sais, ils ont tous eu leur période un peu hippie avant Woodstock ou après Woodstock. Ils ont tous eu leur période spirituelle. Et tous sont partis en Asie. Il y avait un peu de ça dans mon envie de partir en Inde. J'ai habité pendant très longtemps là-bas. Et tu retrouves dans mes chansons beaucoup de choses qui me sont arrivées pendant ce voyage. Mon voyage a eu tel effet dans ma vie personnelle qu'il a décidé de tout le reste. C'était un virage dans ma vie.



Tu as voyagé à droite à gauche, comme un globe-trotter. Faut-il voir dans l'album "Heroes Of Today" la somme des toutes les expériences que tu as vécues pendant tes différents voyages ?
Il y a de ça, oui. Mais Mani, avant tout, c'est la rencontre avec Antoine Le Guern. L'autre membre fondateur du groupe. Le clavier. Vraiment, le son Mani, c'est notre rencontre. C'est la naissance d'une amitié. Car pour lui comme pour moi le facteur humain est très important dans un projet musical. Ça va même peut-être au-delà de la musique. Nous sommes de très grands amis. On a beaucoup bossé ensemble. Mani est né à cette époque. Mais bien évidemment, l'album est aussi le fruit de toutes ces expériences humaines et artistiques que j'ai vécues auparavant.

De ton détour par l'Angleterre, il te reste beaucoup. Notamment des talents d'écrivains et de production.
De l'Angleterre, il me reste surtout "Starlight". J'ai beaucoup habité en Angleterre après le succès du titre parce que j'ai reçu énormément de demandes de producteurs. C'est là que j'ai rencontré Toby Smith avec qui je suis devenu très proche. On a écrit des choses pour moi et pour d'autres. J'ai aussi produit des choses beaucoup plus underground, plus spé. Toujours cette envie de se chercher, de trouver ses sons et sa voie. C'est vrai qu'à un moment donné tu poses ta voix sur des trucs dance et électro, et ça ne te permet pas de trouver ce que tu veux vraiment. Donc Mani c'est aussi un moment de ma carrière où, en tant que chanteur, j'ai envie de poser ma voix sur des choses plus down tempo, de varier les grooves, les textures et les harmonies. Mani, c'est ma naissance en tant qu'artiste. Malgré tout ça, j'ai quand même l'impression qu'entre la naissance de l'album et sa sortie, j'ai changé. Donc je ne suis jamais repu de ce sentiment de m'être totalement exprimé. En découle des frustrations.

Tu es en train de me dire que ton album ne correspond pas vraiment à ce que tu es aujourd'hui.
Pas vraiment. Je dirais que cet album est ce qui me correspond le plus d'entre tous ce que j'ai fait jusqu'à présent. Clairement. Mais j'ai l'impression de toujours être en mutation. J'ai envie de changé. J'ai toujours en moi cette envie de passer à autre chose. Je n'ai pas envie de m'arrêter. Si je ne crée pas dans la seconde quelque chose qui est en phase avec ce que je suis, j'ai l'impression que je m'effondre. Le processus de création, le vrai moment de liberté : c'est le moment où tu sors les mélodies, où t'improvises, où tu écris les textes. En fait, j'ai l'impression qu'une fois que tu es sorti de cette phase où tu racontes une histoire pour la première fois, où tu es encore plongé dedans, chaque chose te fait prendre conscience de nouvelles faiblesses et de nouveaux manques. Et tu veux sans cesse pouvoir les corriger.

Je ne suis jamais repu de ce sentiment de m'être totalement exprimé.
Ce qui explique certainement pourquoi tu as beaucoup travaillé pour d'autres avant d'écrire pour toi-même.
Il y a de ça ! Mais je dirais que je ne pensais pas à tout ce que je viens de te dire auparavant. Je pense que c'est cet album-là qui m'en a fait prendre conscience.

Tu me parlais à l'instant tu titre "Starlight". Je suppose que tous les journalistes t'en ont parlé à un moment ou à un autre lors des entretiens que tu as pu donner. Est-ce que tu considères que c'est un atout ou un handicap pour la nouvelle orientation de ta carrière ?
Non, je ne pense pas. Ça a peut-être été un handicap pour moi au moment où le titre est sorti. Parce qu'il y a eu toute une polémique autour de ce titre…

D'ailleurs, pourrais-tu remettre les choses en ordre, être clair sur la manière dont le titre a été écrit et produit ?
C'est vrai qu'il y a eu une grosse confusion. Le label de Guillaume Atlan avait dit : "Mani est co-compositeur et co-interprète avec The Supermen Lovers". Alors, moi, je suis auteur et interprète. Je suis la voix, la mélodie et les textes. Pour beaucoup, c'est la plus grosse partie. Surtout pour un titre comme "Starlight" où c'est un sample. La musique repose beaucoup sur la mélodie. Mais c'était vraiment un travail qu'on a fait ensemble avec Guillaume. C'est un titre auquel je tiens beaucoup. J'ai beaucoup d'attachement pour lui. C'est pas comme si j'avais simplement posé ma voix dessus sans vraiment m'y intéresser. Il y a aussi une certaine forme de fierté. Ce titre m'a fait voyager dans le monde entier. Ça a vraiment été une ouverture pour moi.



Ce n'est pas évident de gérer une espèce de polémique comme il y a eu au sujet des crédits d'un titre qui est devenu un véritable tube planétaire.
Pour moi, il n'y avait pas de débat. Tout était clair. Pas par manque de rigueur, mais par manque de savoir-faire de ma part. Je n'aurais pas dû laisser faire et dire que Mani n'était pas co-compositeur mais co-auteur. Et c'est de là qu'est venue l'idée de "Mani simple chanteur". J'ai trouvé ça bizarre comme démarche. Et puis ce qui a aussi prêté à confusion, c'est le fait que The Supermen Lovers sorte un featuring comme premier titre. Son tout premier single, c'est un featuring ! Ça prête à confusion. Les gens m'ont présenté comme le chanteur de Supermen Lovers alors que je suis en featuring. Je ne comprends pas très bien le délire derrière tout ça. Quoi qu'il en soit, c'est un morceau avec lequel j'ai vécu beaucoup d'affect. J'ai passé des bons moments sur scène. Des grands moments. Dans "Starlight", je m'y reconnais encore parce que dans les textes il y a une sincérité. Il reste aussi pour moi le premier jet, le premier titre. Car en devenant professionnel quelque part, ça perverti la création.

Qu'entends-tu par "pervertir la création" ?
J'entends dire que plus tu te professionnalises, plus ton oreille devient sensible à tout ce qui se fait. Plus tu te mets au courant de ce qui fait ou non un titre efficace, plus tu es influencé.

En devenant professionnel, ça perverti la création.
Et tu ne crains pas pour la suite ? Tu ne crains pas que ton inspiration soit trop influencée par ce que tu peux entendre ici et là ?
J'essaie justement en ce moment de retrouver sur scène l'essentiel de ce pourquoi je fais de la musique. Avec le groupe Mani. Et ça nous permet d'exprimer de nouveau cet album qui sonne vraiment live. Sur ce disque, tout est fait maison. On a travaillé ensemble avec beaucoup de complicité.

Encore une fois, tu reviens à cette notion de groupe. C'est d'autant plus surprenant que l'image véhiculée n'est absolument pas celle d'un groupe quand on parle de Mani.
Dans le clip "Bang Bang", on voit un peu le groupe. Mais c'est vraiment suggéré, je te l'accorde. C'était une envie commune de faire ainsi. On s'est posé pour se demander si on se présentait en groupe ou en mettant Mani en pointe de la flèche. Et les gens qui s'intéressent le découvriront en venant nous voir sur scène. C'est vrai qu'on a mis ma tête en avant parce qu'on se disait aussi que c'est ma voix qui fait le lien entre tout le monde. Ça représente bien l'album tel qu'il est aussi, un projet de frontman plutôt qu'un projet de groupe. C'était beaucoup plus acoustique en live dans un premier temps. C'est le réalisateur de notre album qui a si je puis dire boosté nos morceaux pour faire ce qu'ils sont aujourd'hui. Mais c'est vrai que comparé ce que Mani était au début à ce que Mani est aujourd'hui, c'est beaucoup moins lisible. La scène c'est essentiel. Et les gens doivent venir nous voir pour vraiment se rendre compte de qui l'on est. Cet album qui est très produit prend vie sur scène, parce que c'est là qu'on retrouve véritablement l'univers de chacun d'entre nous, nos sensibilités. Je ne sais pas si tu as vu, mais tu peux trouver des covers sur Internet. On a tourné des petites vidéos où l'on voit chacun de nous, ce qui présente d'une certaine façon les différentes facettes de Mani.

Regardez le clip "Bang Bang" de Mani :


Doit-on également comprendre que l'album "Heroes Of Today" est pour toi un besoin de reconnaissance ?
Je pense qu'au départ tous les albums vont dans cette direction. Ils participent dans le fond à un besoin de reconnaissance. Quand tu puises au fond de toi comme on l'a fait, c'est aussi dans le but d'essayer de toucher quelqu'un, d'être compris.
Sur ce disque, tout est fait maison.


Parce ce que tu as œuvré dans l'ombre, tu es célèbre sans vraiment l'être. Et là tu es placé sur le devant de la scène. C'est comme un aboutissement ?
Au fond, avant j'étais plus une machine à chanter et à composer. Désormais, j'évolue plus dans la démarche d'être un artiste entier. J'essaie de proposer un projet cohérent. Parce qu'un titre ne te permet pas d'exprimer tout ce que tu as besoin et envie de dire. Il faut un album entier. Et celui-là exprime déjà une palette plus large.

Tu t'es entouré d'une belle équipe pour le mixage et la production. Là aussi ce sont des rencontres dues au hasard ou ce sont des personnes que tu es allé chercher ?
Thierry F, c'est quelqu'un avec qui l'un de mes amis travaillait. Et c'est quelqu'un d'extraordinaire. C'est vraiment quelqu'un de bon. Il est au clavier, ingé son, bassiste, batteur... Et en plus c'est un virtuose ! Thierry F, c'est un nom à retenir car il va faire mal dans les années à venir. Toutes les décisions ont été prises collégialement. Toujours, c'est très important. Et en ce qui concerne Veronica Ferraro, c'est une ingé son assez connue qui a réalisé le dernier album de Guetta. C'est l'une des seules, si ce n'est la seule ingé son, à être connue internationalement. Elle a été nommée aux Grammy Awards. C'est une vraie tueuse. Elle a une oreille. Elle a le son. C'est notre manager qui nous l'a dégotée.

Premier titre écrit à treize ans. Ado, tu savais déjà ce que tu voulais faire de ta vie ?
Mon premier titre, c'était quelque chose d'écrit un peu comme ça, sans prétention. Je l'ai fait avec un pote qui l'est toujours au bout de vingt ans. On travaille toujours ensemble. Quand j'étais ado, je chantais un peu tout et n'importe quoi. Il avait entendu ma voix et m'a proposé d'enregistrer en studio. Et pour l'anecdote, la première fois que j'ai enregistré un titre, c'était dans un studio où ils ont plutôt l'habitude de voir des chanteurs de hard rock et de métal. T'imagines bien la tête quand ils ont vu débarquer deux petites miniatures de treize ans pour enregistrer de la variété. C'était mignon. J'ai eu ma voix sur cassette. Sur cassette (rires) ! Donc, oui la musique est une passion que j'ai depuis tout petit. Mais c'est après "Starlight" que j'ai décidé que ça deviendrait mon métier. Parce qu'avant je n'imaginais pas que ce soit possible.

Pour en savoir plus, visitez mymajorcompany.com/artistes/mani, ou son Facebook officiel.
Ecoutez et/ou téléchargez l'album "Heroes Of Today" de Mani sur Pure Charts.

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