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Evanescence (Amy Lee) en interview

Cinq ans déjà qu'Evanescence n'avait pas sorti d'album. Alors que le paysage musical a énormément changé, le groupe de rock, qui a connu de nombreuses mutations, est de retour cette semaine avec un nouvel opus. L'occasion pour Pure Charts de s'entretenir avec sa chanteuse Amy Lee et d'évoquer sa carrière, la tentation de l'aventure solo, la télé-réalité et le succès.
Crédits photo : DR
Bonjour Amy, te voilà de retour en promo ! (Charles Decant, journaliste)
Je fais ça depuis plus d'un mois et c'est très sympa. Le côté gloire et popularité, ce n'est pas vraiment la raison pour laquelle je fais tout ça, c'est juste ce qui vient avec. J'adore la musique. Mais c'est très agréable de revenir et d'avoir un historique. Je rencontre des journalistes et des fans dont je me souviens d'il y a sept ans ! Et puis je suis une musicienne expérimentée, je ne suis plus la petite nouvelle qui essaie de décrire qui elle est. Et puis tout le monde a l'air ravi qu'on revienne donc c'est vraiment une sensation géniale.

Il s'est passé énormément de choses depuis ton arrivée sur la scène internationale… Tu pourrais presque en écrire un livre !
(Rires) C'est exactement ce que je me disais hier, je devrais écrire un livre ! Je ne vais pas le faire… Mais peut-être que je devrais ! (Rires)

On n'avait pas prévu de revenir et j'étais contente de vivre ma petite vie.
Ca fait cinq ans déjà que le deuxième album d'Evanescence est sorti et la tournée s'est terminée il y a un bout de temps elle aussi… Pourquoi ça a pris si longtemps ?
Au début, on n'avait simplement pas prévu de revenir. J'étais contente de vivre ma petite vie pendant un moment, c'était vraiment agréable. Evanescence avait été le centre de ma vie depuis mon adolescence jusqu'à 25 ou 26 ans. Donc je me suis mariée et j'avais juste envie d'être mariée, de passer du temps avec mon mari, de travailler sur la maison, de m'occuper de mes chats, de jouer du piano - non pas parce que les gens voulaient que j'en joue mais parce que j'en avais envie. La musique, il faut qu'elle soit aimée. Je dois prendre mon temps pour l'apprécier et pour ne pas que ça ne soit que du boulot. Donc j'ai appris à jouer la harpe, c'était bon pour moi, pour mon cerveau. Mais j'adore la musique alors évidemment, je me suis remise à écrire de plus en plus et petit à petit, je me suis dit à nouveau qu'Evanescence était important pour moi, et c'est là qu'est revenue l'idée et l'envie de faire un album d'Evanescence.

Regardez le nouveau clip d'Evanescence, "What You Want" :


A un moment, à force de vivre une vie normale, tu as oublié que tu faisais partie d'un groupe qui avait vendu 20 millions d'albums ?
Oui, complètement ! Ce n'est pas une chose à laquelle je pensais chaque jour. Au fond de moi, je veux me rappeler que je suis juste Amy, pas "Amy Lee d'Evanescence". C'est agréable de se sentir normale.

Il s'est passé cinq ans entre les deux albums, il y a forcément une évolution… Comment la décrirais-tu ?
C'est difficile de décrire la musique. Je pense que la différence la plus sensible est dans le groupe. Nous sommes très unis, on a vraiment travaillé sur les chansons plus en tant que groupe, c'est ce qui était au coeur du travail avant tout, le groupe. Tout le monde était impliqué dans le processus créatif, ce qui était aussi une nouveauté pour nous. Je pense qu'on entend plus les instruments fonctionner ensemble. Tout est plus cohérent, plus uni. Bien sûr, il y a toute la production autour, les cordes, les choeurs, toute la programmation, mais au centre de tout ça, il y a le groupe.

Quelle est la meilleure chanson du disque ?
C'est impossible de répondre à cette question ! Je les aime toutes, elles sont toutes différentes.

Et quelle est la pire ?
(Rires) Il n'y a pas de pire chanson ! Ce sont les 16 meilleures chansons sur 30 qu'on a enregistrées. On les aimait toutes, ça a été très dur de choisir.

Le dernier titre de l'album, "Swimming Home", ne ressemble à rien d'autre sur l'album. C'était une expérimentation ?
C'est vrai que cette chanson est à part entière. Elle est l'exemple parfait de ce que j'écrivais dans ma phase un peu plus expérimentale ces dernières années. C'est le titre le plus ancien sur l'album. Mais même si l'instrumentation est différente, l'atmosphère colle tout à fait à Evanescence.

Écoutez le titre "Swimming Home" d'Evanescence :


J'ai écrit beaucoup de chansons qui ne correspon-dent pas à Evanescence et que j'ai gardées.
C'est assez difficile en ce moment d'être un groupe, en particulier un groupe de rock. Quand on écoute "Swimming Home" on se dit que tu aurais pu faire un album solo, différent d'Evanescence…
Je le ferai peut-être un jour ! J'ai beaucoup de chansons qui ne correspondent pas forcément à Evanescence, ou tout du moins à l'album que je voulais qu'on fasse. Je me concentrerai à nouveau sur ces chansons, je compte bien en finir quelques unes. Je ne sais pas ce que ça voudra dire à ce moment-là : une nouvelle direction pour Evanescence, un album solo… Mais ces chansons comptent pour moi.

Il y a eu énormément de changements dans le groupe, des membres sont partis, d'autres les ont remplacés. De ton côté tu as fait quelques expérimentations en solo ou avec d'autres artistes… Pourquoi ne t'es-tu jamais vraiment lancée en solo ?
Je suis ouverte à l'idée. Mais j'aime écrire sans avoir un plan. Et quand j'ai commencé à écrire il y a deux ans, rétrospectivement je me rends compte que certains titres étaient pour le groupe et d'autres pour moi. A un moment, je me suis retrouvée à un carrefour : soit on faisait un nouvel album d'Evanescence et on se concentrait sur le groupe - ce dont j'avais vraiment envie - soit je faisais un truc en solo plus bizarre, plus expérimental… Mais ça faisait déjà tellement longtemps, j'avais déjà expérimentée tant… Et le groupe était là, ils étaient prêts et je les aime tant. Et puis à l'intérieur de moi, je ressentais de nouveau des sentiments forts et violents. J'avais besoin du groupe.

Justement, il y a un son Evanescence, que tu pourrais aussi t'approprier en solo, mais la marque "Amy Lee" est je crois plus malléable que la marque "Evanescence", si on raisonne en termes marketing. Tu aurais pu faire ton album rock puis expérimenter…
Oui, c'est vrai, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. On a déjà vendu énormément de disques et on a rencontré le succès. Et j'espère qu'on en aura encore. Mais ce n'est pas le but. Le but, c'est d'avoir une connexion avec les gens qui soit plus profonde que d'avoir une conversation. La musique a le pouvoir d'exprimer des choses qu'on ne peut pas simplement dire avec des mots. C'est ça que j'aime dans ce que je fais. J'aime faire de la musique et je sais qu'il faut que je sois honnête avec la musique et avec moi-même. Je pense que beaucoup de gens - et je ne dis pas que c'est mal - mais ils font de la musique comme un boulot. Mais pour moi, ça me guérit. Je ne veux pas abandonner cette honnêteté et me concentrer sur les ventes de disques, l'industrie, la pression… Parce qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, c'est impossible. Au bout du compte, quelqu'un sera toujours mécontent et il faut donc être sûr que toi tu es content. Mais je ne suis pas sûr que ce serait plus facile de me "brander"…

Je suis ouverte à toutes les opportunités, dont une carrière en solo.
Je pense que tu aurais plus de liberté en termes musicaux…
Oui, je vois ce que tu veux dire. Mais j'ai l'esprit ouvert, je suis ouverte à d'autres opportunités, me lancer en solo, assurer la bande originale d'un film, ça m'a toujours intéressée. Mais pour l'instant, ce qui m'intéresse, c'est Evanescence.

Tu penses qu'on perd un peu de vue justement le fait que la musique doit être au centre de tout ? Avec les télé-crochets qui se multiplient aux Etats-Unis, on parle d'abord de marketabilité, de gloire et de ventes que de création musicale à proprement parler…
Je pense que c'est vrai et que la télé-réalité est un peu responsable oui. Tout ce drama, toutes les merdes personnelles des gens. Moi, je veux en tirer plus que ça, pour moi, l'art c'est plus que ça. L'époque est difficile pour la musique parce qu'elle essaie de trouver son chemin à travers la technologie. Aujourd'hui, tout le monde est obnubilé par les contenus, ils veulent voir le making of avant d'écouter le disque. Ils veulent tout savoir sur ta vie privée, c'est ce que je vois quand j'allume la télé.



Il y a beaucoup de merdes sans message à la télé et à la radio aujourd'hui.
Maintenant, quand tu veux revenir avec un nouvel album, tu fais d'abord une émission de télé-réalité qui te suit dans ton come-back…
(Rires) Oui exactement ! Il faut montrer le drama de ma vie et à quel point c'est difficile… Pour moi c'est tellement bizarre, tout ça est personnel. La musique est tellement personnelle mais elle a un sens, elle veut dire quelque chose. Mais il y a beaucoup de merdes qui n'ont aucun sens et aucun message à la télé et à la radio aujourd'hui. Mais je crois qu'on va trouver notre chemin. Je pense que les gens sont plus intelligents que ce que croient ceux qui font les programmes télé. Je pense que les gens veulent plus, et je crois que le rock va revenir.

L'une des demandes qu'on a eues avant cette interview est de se concentrer sur la musique et de ne pas te poser de questions sur ta vie personnelle. On n'avait pas prévu de poser cette question, mais…
Oh mais je suis heureuse ! Je suis mariée, tout va bien, parles-en autant que tu veux !

Tu penses qu'il est important justement de conserver un peu de mystère autour de l'artiste - là aussi quelque chose qu'on a tendance à oublier à l'ère de Twitter ?
Je ne sais pas si c'est nécessaire d'avoir ce mystère autour de l'artiste. Mais c'est mon style. Pour moi il faut toujours se concentrer avant tout sur la musique. C'est comme ça que j'utilise Twitter, moi, en disant des choses qui seront intéressantes pour les fans. Pas "je mange de la pizza" ! (Rires)

On parlait de l'industrie musicale tout à l'heure. Cette année, Adele est dans le top 5 américain depuis huit mois et elle n'a même pas encore vu 4 millions d'albums. S'il était sorti en 2003, comme ton album "Fallen", elle en aurait sûrement vendu deux à trois fois plus. Comment, de ton côté, mesures-tu le succès ? Les ventes de billets de concert ? Les vues sur YouTube ?
Peut-être que c'est ça oui, les vues sur YouTube. J'adore l'album d'Adèle, d'ailleurs. Ca me rend très heureuse que quelque chose de vraiment bon - elle est incroyablement talentueuse - ait pu atteindre le grand public. C'est rare, je suis très fière d'elle. Mais pour en revenir au succès, je pense que c'est devenu impossible. On ne peut plus compter, faire des additions de chiffres. C'est une question bizarre en fait ! C'est toi qui devrais me le dire, tu es journaliste ! Comment dois-je mesurer mon succès ?? Je ne sais pas… Je vois mes fans qui me parlent sur Twitter du monde entier et je sais qu'ils sont là et qu'ils sont prêts pour nous. Ca me rend heureuse !
Toute l'actualité du groupe sur leur site internet officiel et leur page Facebook.

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