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Patrick Fiori en interview

A l'occasion de la parution de son premier album enregistré en public "L'instinct masculin live", nous avons rencontré Patrick Fiori afin de faire le point sur sa déjà longue carrière, popularisée il y a treize ans par le succès de "Belle", issu de la comédie musicale "Notre-Dame de Paris".
Crédits photo : Photo by Nicolas Genin/ABACAPRESS.COM
Bonjour Patrick, ton dernier album "L'instinct masculin" (Top 3 en 2010) s'est vendu à près de 180 000 copies, ce qui au sein d'un marché du disque en berne est un vrai succès, en as-tu conscience (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef adjoint) ?
Patrick Fiori : (sourire) Ecoute, je ne suis pas accroc aux chiffres, même si je sais que c'est important parce que je suis signé en maison de disques, et que c'est une manière aussi de motiver les équipes, de me dire que le boulot a été bien fait et que l'album est bon, mais c'est vrai que c'est un bon résultat. Je sais aussi que le DVD est n°1 des ventes, ça fait plaisir, même si je sais aussi qu'il y a encore tellement de choses à venir, de chansons, de tournées... Je n'ai qu'une envie c'est de chanter, je me languis d'être sur scène. Ça fait trois semaines que je ne chante pas, et si je ne chante plus, je vais voir un PSY (sourire).

Est-ce vital ?
Non, je ne dirais pas vital car ce qui est vital pour moi, c'est ma famille. Mais c'est important, très important. C'est ma thérapie. Monter sur scène, aller voir les gens, les voir se régaler, et c'est vraiment le cas sur la tournée "L'instinct masculin".

C'est vrai que le clip live de "A la vie !" représente fort bien cette communion, cette incroyable énergie. Tu donnes vraiment l'impression d'être dans ton élément.
Oui, mais j'ai tout fait pour y être. J'ai surtout beaucoup, beaucoup, beaucoup bossé.

Visionnez le clip de Patrick Fiori, "A la vie !" :


C'est ça qui me plait, une vitesse de croisière
Ce qui est impressionnant, c'est que si tu n'as jamais vendu un million d'un de tes albums, comme peuvent l'avoir réalisé Grégoire, Christophe Maé, Patrick Bruel ou même ton ex-comparse de "Notre-Dame de Paris", Garou, avec "Seul" en 2000, tu as toujours vendu sur la longueur...
Et c'est pour moi le plus important. Je crois que la carrière d'un artiste doit l'être sur toute une vie. Pour moi, c'est sur cette vie là. Après, je ne sais pas ce qui va se passer (sourire)... Mais c'est ça qui me plait, une vitesse de croisière. Ça passe les tempêtes, si tu accélères trop fort, tu peux te faire perturber...

Quel regard portes-tu sur tes débuts ? Notamment au sein du télé-crochet de Léon Zitrone "Les habits du dimanche" à la fin des années 80 ?
(rires) Je me souviens de papa qui était là, qui veillait au cas où (sourire)... mais sans jamais m'embêter. Et je garde surtout une expérience très très forte. Je crois que la construction de ma carrière et le succès dont tu parlais tout à l'heure, viennent de là. Ces moments importants m'ont basculé jeune dans un monde d'adultes. J'essayais de faire de la musique simplement, je n'ai jamais rien fait pour être le meilleur... je chante c'est tout. Je suis comme ça. C'est après que tu te rends compte que cette attitude a son importance à des moments, et te différencie de certaines personnes. Cette émission m'aura aussi permis de rencontrer Dalida, Léon Zitrone bien sûr, et puis d'autres artistes que je croise toujours aujourd'hui, Serge Lama, Francis Cabrel... (sourire). C'était très fort. Une très belle école.

Et "Mama Corsica" (Top 40 en 1993), une chanson avec laquelle tu termines 4ème pour la France à l'Eurovision ?
(rires) Aïe ! (silence).

Visionnez le clip de Patrick Fiori, "Mama Corsica" (1993) :


Tu seras présent sur le prochain album de Gérard Lenorman, en duo sur "Les matins d'hiver", sais-tu qu'il a lui aussi représenté l'Hexagone au Grand Prix Eurovision, cinq ans avant toi, en 1988 ?
(il chante) “Chanteur de charme, c'est beau c'est grand c'est merveilleux, chanteur de charme...”. Je me souviens de tout. Gérard Lenorman a bercé mon adolescence.

J'y ai vécu à la fois l'enfer et mes plus grands bonheurs
Pourquoi avoir choisi de chanter avec lui "Les matins d'hiver" ?
Parce que c'est une chanson que j'aurais aimé écrire. J'aurais aimé la composer aussi. Cette chanson c'est mon enfance, même si pour moi ce serait plutôt des matins de soleil parce que je suis originaire du Sud de la France, mais c'est un peu ça. Ce sont ces odeurs de craie, de bois, y'a une atmosphère, quelque chose de fort. Quand elle est sortie, je l'ai prise pour moi, je me suis dit “c'est ma chanson” (sourire). J'avais l'impression qu'il la chantait pour moi. L'invitation sur son disque est magnifique. J'en suis super fier.

Pour en revenir à ton DVD live, l'émotion est palpable, tu chantes au Dôme de Marseille. Y'a-t-il une réelle différence entre le public parisien et le public marseillais ?
Oui, mais ce n'est pas une différence d'envie ou d'accueil. C'est juste que comme c'est la ville qui m'a vu naitre, j'y ai vécu à la fois l'enfer et mes plus grands bonheur. Alors forcément c'est fort.

C'est une ville que tu as chantée aussi.
Bien sûr (sourire). Y'a une appartenance quelque part, même si on n'appartient à personne. Qu'on soit normand, basque, corse ou marseillais, y'a toujours ce truc en plus quand tu reviens chanter dans ta ville... comme un supplément d'âme.

Découvrez le nouveau clip live de Patrick Fiori, "Dieu qu'elle était belle" :


Tu es en quelque sorte l'enfant du pays, non ?
Oui, mais c'est au delà de ça. J'ai un profond respect pour les gens qui m'ont accompagné, qui m'ont aidé. Ceux de la première heure sont là-bas, et le sont encore aujourd'hui. J'avais une pression supplémentaire à Marseille, j'étais à la fois terrifié et heureux.

Je fais très attention à ce que je dis, à ce que je fais...
As-tu peur de décevoir ?
Toujours. Ça c'est journalier la peur de décevoir. Je fais très attention à ce que je dis, à ce que je fais... mais c'est naturel. Je suis un garçon plutôt bien élevé (sourire). C'est mon héritage. Mes parents nous ont donné ça, à tous.

Au risque de passer pour un garçon trop lisse peut-être...
J'ai cette image du garçon poli, qui ne dit jamais du mal de personne, mais en même temps je n'ai pas été éduqué autrement. J'ai été éduqué de manière plutôt franche et droite.

"Prends-moi", je trouve que le titre est terriblement nul...
Concernant le tracklisting de cette tournée, je me rends compte que n'y figurent pas deux de tes premiers succès, "Elle est" (Top 9 en 1999) et "J'en ai mis du temps" (Top 38 en 1999). Pour quelles raisons ?
"J'en ai mis du temps" était sur la tournée précédente. "Elle est" c'est vrai que ça fait un moment que j'ai laissé cette chanson, mais tu sais tout se dépoussière... alors pourquoi pas sur la prochaine tournée ? Là c'est vrai qu'il y a "Juste une raison encore" qui n'a pas eu un grand succès, "Marlène" non plus... J'étais persuadé qu'il y avait des chansons plus fortes que "Elle est", mais si c'est à la demande générale d'une seule personne, alors je peux faire un effort (rires).

Et "Prends-moi" ?
(rires) Alors là c'est un peu plus compliqué "Prends-moi", déjà je trouve que le titre est terriblement nul...

Ambigu aussi...
(sourire) Oui, mais la chanson est jolie. Ce n'est pas moi qui ai décidé du titre de cette chanson à l'époque... (ironique) je m'en veux beaucoup (sourire). Mais bon, y'avait un con pour la chanter aussi, c'était moi (rires).

Visionnez le clip de Patrick Fiori, "Prends-moi" (1998) :


Que devient "Stéphanie" ?
(sourire) Ah "Stéphanie" c'était une super chanson, avec des arrangements modernes pour l'époque. Mais tout ça c'est du passé... mon Dieu chaque fois que j'ai ce genre de questions, ça me... (ému).

Avec qui chantes-tu "Quatre mots sur un piano" sur scène ?
Avec Patrick Hampartzoumian, qui est ingénieur du son, réalisateur, batteur, chanteur, c'est un chef d'orchestre, il sait tout faire ! C'est avec lui parce que déjà je trouve qu'il chante “grave” bien, et que c'est juste un temple de gentillesse. Il y a aussi André Hampartzoumian, qui est guitariste. Et c'est étonnant parce qu'on est tous corses arméniens sur la tournée, et c'est le hasard, je n'ai pas choisi. Sur scène, il n'y a pas de voix féminine sur cette chanson.

Que devient Christine Ricol qui chantait "Quatre mots sur un piano" (Top 1 en 2007) avec Jean-Jacques Goldman et toi ?
Christine Ricol est du côté de Corte, elle continue ses activités dans le mannequinat à droite à gauche, de partout dans le monde.



C'est mon beau-frère Gégé qui a trouvé Christine Ricol
Sortant de nulle part, elle a un destin incroyable, se retrouvant du jour en lendemain n°1 du Top aux côtés de vous deux...
J'ai surtout cru qu'on n'allait jamais la trouver. Avec Jean-Jacques, on savait qu'il nous fallait une voix féminine, mais on ne l'avait pas. Et puis c'est mon beau-frère Gégé qui a trouvé Christine Ricol. Elle n'avait pratiquement jamais chanté. Elle est arrivée en studio, elle a fait trois prises et on a mangé des croissants, parce qu'on était content (sourire).

Savait-elle qu'il s'agissait de la version définitive ?
Non, elle ne savait pas (sourire), elle pensait qu'il s'agissait d'un essai, mais c'est ce qui fait aussi que c'est réussi je crois. Elle n'avait pas d'enjeu, elle est dans la retenue vocale, car on lui a demandé plutôt de déchanter, même si c'est une fille qui sait vraiment chanter. Elle est posée, c'est exactement la personne qu'il nous fallait. Quand je l'ai enregistré avec elle, Jean-Jacques n'était pas là, mais je lui ai de suite envoyé ses prises, il m'a dit “dis-lui qu'on la garde”. Merci !

Visionnez le clip de Fiori/Goldman/Ricol, "Quatre mots sur un piano" (2007) :


Ce qui est amusant c'est qu'il s'agit de ton second n°1, après "Belle" en 1998, qui était aussi un trio...
(sourire) C'est vrai. Mais j'aime bien partager une chanson, déjà ça repose, on chante pas tout (sourire)...

Tu partages aussi "Je viendrai te chercher" avec Johnny Hallyday.
Oui, Johnny. Je chantais déjà Johnny quand j'avais 5 ans (sourire).

Qui est Anne Etchegoyen, avec qui tu as enregistré une chanson sur son album ?
C'est une chanteuse basque, une demande qui est arrivée par Michael Jones. Je me suis penché sur son univers et j'ai beaucoup aimé. J'ai donc accepté de chanter en duo avec elle sur son disque, et je l'ai même invité en concert à venir chanter avec moi "Pachamama", moitié espagnol, moitié corse.

Ecoutez le duo entre Patrick Fiori et Anne Etchegoyen, "Pachamama" :


J'avais envie pour Greg
Pourquoi avoir enchainé les deux chansons écrites avec Julie Zenatti, "Si je m'en sors", et "Le lien" offert à Grégory Lemarchal ?
Déjà parce que je trouve que ce sont deux jolies chansons. Mais tu sais, je ne voulais pas faire de piano/voix sur cette tournée, je suis pris de panique. Je fais n'importe quoi parce que j'ai beaucoup le trac. Si je les enchaine, c'est aussi pour dire aux gens qu'à part recevoir les chansons des autres, je peux aussi les écrire ou les co-écrire, comme un grand (sourire). J'avais envie aussi pour Greg (ému). Je ne savais pas qu'on pouvait écrire une chanson comme je l'ai fait avec Julie sur "Si je m'en sors", et je ne savais pas que Grégory Lemarchal allait nous quitter si vite, pour ces deux raisons là, je les ai liées.

Tu as collaboré avec d'autres artistes aussi en co-écriture ?
Oui, il y a eu Lara Fabian, Tina Arena, Liane Foly, Mimi Mathy, Patricia Kaas, Pierrick Lilliu... et je suis en train d'écrire actuellement pour quelqu'un...

Pour qui ?
Et non je ne peux pas te dire, tu sais on ne sait jamais... et puis je comprends aussi très bien qu'un artiste puisse être sensible à une chanson, et ne plus l'être. Il va falloir que j'écrive pour moi aussi...



Mais comment sais-tu ça ? Personne ne sait ça...
Que deviennent des chansons telles que "A genoux", "Je te prie de me croire", "La moitié d'un hiver"... ?
Oh c'est magnifique ça, mais comment sais-tu ça ? Personne ne sait ça (dubitatif)... Elles font partie d'un catalogue d'éditions. Ce sont des chansons qui sont là, mais qui n'ont pas encore trouvé leurs interprètes. Je ne pense pas que ce soit moi, mais l'avenir me dira peut-être le contraire... (sourire).

Quelle est la chanson de Jean-Jacques Goldman que tu aurais aimé écrire ?
"Là-bas". En duo avec... Tina Arena (sourire).

Tu chantes "Diabolo in me" sur scène, mais parle-moi de ton duo avec Zucchero, au titre provisoire "L'écho des dimanches"...
Ça y est c'est enregistré. J'écoute Zucchero depuis que j'ai 18 ans, et cette idée de chanter en duo avec lui ne m'a jamais quittée. Là j'en ai eu l'opportunité car ils ont décidé de chercher un artiste français. Et je peux vous dire que... “accrochez-vous” (sourire). C'est un grand monsieur parce qu'il est là. En studio il est simple, mais il est là, bien présent, impliqué.

Les problèmes avec Charles Talar ? Quels problèmes ?
Concernant les concerts avec les plus belles chansons de "Notre-Dame de Paris" de décembre prochain, deux mots sur les problèmes avec Charles Talar ?
Quels problèmes ? Il y a deux choses : la production de la comédie musicale d'un côté, et les artistes qui vont venir chanter les chansons de "Notre-Dame" de l'autre. Alors s'il y a pu avoir des tensions, ce n'est pas du tout du côté artistique, jamais. S'il s'est passé des choses côté production, nous n'y sommes pour rien. Les trois concerts auront bien lieu en décembre à Paris-Bercy, et nous les artistes on n'a jamais été concernés.

Pour finir, tu as le bonjour de Mickael Miro.
Merci beaucoup ! Je suis grand amateur de Mickael Miro (sourire).

Merci Patrick !
Merci à toi Thierry, à bientôt.

Crédits photo : Photo Robert FAGES/ABACAPRESS.COM
Pour en savoir plus, visitez patrickfiori.net, ou le Facebook officiel de Patrick Fiori.
Écoutez et/ou téléchargez le dernier album de Patrick Fiori, "L'instinct masculin live".
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