lundi 16 mai 2011 15:35

Loane en interview

Alors que sort aujourd'hui son deuxième album, mystérieusement baptisé "Le lendemain", la chanteuse Loane revient sur son parcours depuis le succès d'estime rencontré par ''Jamais seule'' (2008). Rencontre avec une chanteuse tout en sensibilité, finesse et bonne humeur !


Tu as appelé ton album "Le lendemain". Que représentes le lendemain pour toi ? Pourquoi ce titre ?
J'ai choisi ce titre parce qu'il me parlait, ça parle du jour d'après, d'un retour sur les jours du passé. Il marque un point dans le temps, une étape qui suit. Un lendemain ça englobe énormément de choses, il y a plein de sens cachés... C'est une étape et un symbole. C'est aussi mon deuxième album donc un accomplissement qui s'est opéré le lendemain d'un travail, d'une pause. Et j'aime bien l'idée d'un lendemain ou l'on peut imaginer un milliard de choses. Comme par exemple la veille, j'étais dans une soirée, je me suis couchée tard et là je me réveille et j'ai pas les idées claires, ou encore le lendemain de LA rencontre, d'un truc génial. Il y a vraiment une notion d'aller de l'avant, une notion de découverte et d'inconnu... il y a plein de sens, chacun peut le prendre pour soi. C'est le jour d'après.

L'atmosphère de ton album est assez intimiste. J'ai lu que tu écrivais et composais toi-même tes morceaux. Parle nous d'une chanson comme Boby que j'ai bien aimée. Tu parlais à l'instant de lendemains de fêtes assez brumeux justement ! Qui est Boby, c'est toi ?

(rires) Oui je m'inspire forcément de ce que je vois. A un moment donné j'ai été actrice ou spectatrice de ce type de situation. Le personnage de Boby je m'en suis pas mal servi après dans le disque parce que c'est aussi ce que je connais. Mais e même temps, je l'ai détachée de moi parce que j'aime bien raconter l'histoire d'une autre fille. A ce moment-là il ne se passe vraiment que ça dans sa vie : elle n'a pas de taf, elle est toute seule et du coup elle sort... ça correspond vraiment à un moment de ma vie, tout comme cet album ! C'est un ressenti à un instant T, comme une photographie d'un moment, un polaroid des choses dont j'ai envie de parler. Parce que voilà, je suis trentenaire comme Boby donc tout ça je connais. Et puis, dans cette chanson, la solitude elle n'est pas triste. C'est juste l'histoire d'une nana qui vit sa vie avec tout ce qu'elle a envie de faire. Il y a pas mal d'artistes masculins qui n'hésitent pas à parler et chanter leur soirées, les sorties, les nanas, l'alcool etc. Et aujourd'hui les filles de
« Les filles d'aujourd'hui elles s'assument, bossent, font l'amour...Elles sont indépendantes et libres ! »
notre génération font pareil ! Elles ressemblent plus à plus Boby qu'à Sheila ! Les questions du style “Qu'est-ce que je vais faire à manger?” etc c'est révolu. Après il y a des morceaux plus légers sur l’album parce que c'est bien aussi d'être léger parfois. Mais celle-ci, comme d'autres, s'ancre plus dans le réel, dans la réalité des filles d'aujourd'hui. Elles vivent seules, elles s'assument, elles bossent, elles sortent, elles font l'amour, elles choisissent leur copain. Elles sont indépendantes et libres. Cet album est aussi à l'image de ça. La liberté qui a été prise dans le style et les couleurs musicales. Une liberté qui m'apporte quelque chose qui a un sens pour moi. Je ne voulais pas faire quelque chose d'attendu.

Justement ta musique est indéfinissable. Elle ressemble à de la pop, rappelle les chanteuses folk dans la voix, on entend aussi un peu d'electro...
C'est un mélange culturel musical, il y a plusieurs influences ! Des sons des années 80 avec les synthés, des musiques que j'aime écouter quand je sors, de la new wave, du disco et de l'électronique dans le sens des machines. Les machines sont vachement chaleureuses de par leur côté imparfait. Les synthés on a beau les régler ça bouge. Additionné à l’acoustique ça donne un mélange très coloré. Je n'avais pas envie de calculer les choses quand j'ai commencé cet album. J'ai listé les choses que j'aime et j'ai créé quelque chose au carrefour de toutes ces influences. C'était réellement une vraie envie, il n'y avait pas de calcul sinon je n'aurai jamais choisi ce chemin-là, je me serais ramassée.

Découvrez "Rien de commun", premier extrait du nouvel album de Loane "Le lendemain" :
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Pourquoi ?
Parce que ce n'est pas “bankable”, c'est plutôt une folie de me dire : “je suis mon envie et ce qui a du sens pour moi”. Mais l'art c'est aussi ça, c'est la liberté de choisir où on va et ce qu'on a
« Autant suivre ses propres règles, il y a plus de chance d'être heureux. »
envie de faire. C'est ce qu'il y a de plus beau cette indépendance de la pensée de l’artiste. On ne sait pas trop quand on commence où est-ce qu'on va atterrir, c'est comme dans un laboratoire. Avec les co-réalisateurs en studio on a expérimenté des trucs, essayé des choses, testé les alchimies entre les mots, les sons, et au final on voit ce que ça donne. Mais le chemin pour en arriver là était génial à parcourir, ça a du sens, et ça me parle. J’espère aussi que cet espèce de mix, il y aura d'autres personnes comme moi à qui ça plaira. C'est entre de la chanson et de l'expérience. Il n'y a plus de règles dans ce domaine parce que la manière de consommer de la musique a changé. Suivre des règles serait fou alors autant suivre les siennes, il y a plus de chance d'être heureux.

Tu as une formation de pianiste au Conservatoire et on l'entend en particulier sur des titres comme "Le goût des autres". Tu as fait aussi du théâtre. Ça te sert dans la musique ?
Oui j'avais fait du piano quelques temps quand j'étais gamine et ça m'a servi. Il y a beaucoup de clavier sur l'album. Par exemple dans la chanson ''Les châteaux hollandais'', le clavier est très présent. J'ai aussi fait un peu de théâtre au lycée. J'en ferai bien un peu plus pour mieux gérer l'exposition médiatique. Je suis une personne assez “fragile”. J'aimerai bien apprendre à mieux gérer cet aspect de mon métier d'artiste... (sourire)

Mais c'est bien de conserver ce côté fragile...

Oui mais parfois je perds mes moyens. En fait la scène n'était pas un but en soi quand j'ai commencé. J'ai abordé la musique comme si il n'y avait rien d'autre que je puisse faire. Ni par flemme ni parce que je ne savais rien faire d'autre attention ! Je bosse quand même depuis
« La musique ne m'a pas laissé le choix : il n'y avait rien d'autre que je puisse faire ! »
que j'ai 17 ans et la musique aussi c'est du boulot ! Parfois je rêvasse en me disant que ce serait pas mal si j'avais un boulot moins prenant et des horaires fixes, un travail où, quand tu fermes la porte, tu oublies tout et tu passes à autre chose. Ça doit être génial de pouvoir dire stop. Moi, la musique ne m'a pas laissé le choix ! Alors c'est vrai que tout le côté “exposition” ce n'était pas un but. Disons que c'est un passage obligé, je le fais pour défendre mon projet mais le principal c'est que j'ai fait ma musique. S'exposer je crois que c'est un autre métier. Le truc en plus, le fait de s'adresser à un public, de répondre à des attentes parfois fantasmées, de poser... c'est plus un boulot d'acteur ça ! C'est pas pour les chanteurs.



En plus des mélodies très travaillées au piano, on sent que tu as apporté une importance particulière aux textes...
Moi j'ai l'impression que dans mes textes il y a des niveaux, des paliers. Pour certains, je suis vraiment descendue dans la cave, loin, loin, chercher des émotions ! Et pour d'autres je suis restée au niveau du jardin on va dire. "L'impossible abîme" va plus loin que par exemple "Adieu tristes sourires", où la vraiment il fait beau, on est dans le jardin ... "Les châteaux hollandais" aussi, qui revient sur le passé, sur des souvenirs, des images, c'est un peu plus sérieux. C'est comme parmi les chanteurs français, il y a de supers auteurs, alors j'ai essayé d'apporter cette finesse dans l'écriture et de me dépasser. Il y a parfois un côté très naïf que j'adore retrouver dans les années 80 : Eli et Jacno, Françoise Hardy, qui a de magnifiques textes, Lio... J'adore ça, les textes très épurés avec une voix qui est parfois à la limite de la
« J'aime le côté robot des boîtes à rythme opposé à une voix pleine d'émotions, à la limite de la justesse. »
justesse parce qu'elle porte tellement d'émotions, avec une naïveté qui est touchante! Et derrière, la musique est orchestrée avec des boîtes à rythmes, il y a un côté robot et de l'autre, on n'a que le cœur qui bat, en gros tous les défauts de l'être humain ! Une personne qui s'exprime mal, qui veut exprimer des sentiments mais qui n'arrive pas à développer et à sortir plus de deux phrases, tout ça c'est hyper humain ! J'aime bien le mélange des deux : le côté imparfait avec des prods derrière qui paraissent froides mais qui sont bien vivantes, c'est organique ! Donc même les chansons plus légères je les aime aussi car elles renferment peut-être une vraie volonté de ne pas aller plus loin...

Il y a un duo avec Lenny Kravitz sur ton album, "Save Us". D'où est venue cette envie de faire un duo ensemble? Ce morceau lui ressemble beaucoup dans les sonorités, il a participé à sa composition ?

Pas du tout, mais cette chanson lui allait parfaitement bien. C'est une chanson qui à la base était écrite pour moi seule. Quand je lui ai dit « Lenny vient la chanter avec moi », tout de suite il a été d'accord. Il l'avait déjà entendue et d'ailleurs, il suivait de près l'élaboration de l'album, venait me voir en studio, écoutait les mixs avec moi... Ça m'a fait du bien d'avoir quelqu'un avec ce recul et cette expérience à mes côtés, d'être épaulée par quelqu'un qui ne me voulait que du bien. Ça m'a aussi confortée dans mes choix, le fait d'être soutenue par une personne de son talent. C'est marrant parce qu'il est la première personne à qui j'avais fait écouter ce morceau il y a deux ans, quand je l'ai écrit.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Je l'ai rencontré après un concert. Comme on était tous les deux chez EMI on s'est croisés en backstage et petit à petit on est devenu amis. C'est un ami qui m'est très cher et une belle personne.

Si cette chanson ne lui était pas destinée à la base, pourquoi l'avoir écrite en anglais ?
J'avais envie de mettre de l'anglais dans l'album car je voulais m'ouvrir des portes, autant dans les prods que pour les paroles, ouvrir des portes pour les lendemains justement (rires).

A part ce titre, tous les autres sont en français. Pourtant tu as largement le potentiel pour une carrière internationale, de par ta voix, ta musique. Ça te tente alors ?
J'aimerais bien chanter de plus en plus en anglais oui, ça fait partie des ouvertures possibles dans mes prochains projets. Parce que même au niveau des sonorités que j'aime, elles ne correspondent pas forcément à ce qu'on attend de la chanson française. Peut-être que je reviendrais aussi à plus d'acoustique... Mais l'anglais collerais peut-être plus à ce que j'aimerais faire à l'avenir, c'est un projet qui existe, qui pourrait être mis en branle... il est dans les tiroirs !

Tu as été révélée au Printemps de Bourges en 2008...
C'était bien Bourges, c'était touchant, j'ai joué dans une petite chapelle, c'était hyper beau de jouer comme ça au piano avec les guitaristes.



Tu as tourné pendant deux ans après ton premier album "Jamais seule". Qu'est-ce que cette expérience t'as apporté de plus pour "Le lendemain", ça t'a changée ?
Oui j'ai évolué un peu, je me suis enrichie de l'expérience de la scène par rapport au public et encore... je n'arrive toujours pas à calculer ce que je vais dire, je saute sans filet dans l'arène
« Si tu veux bouger dans ton pantalon, viens à mon concert ! »
! Il n'y a jamais vraiment d'acquis en fait. Je n'ai pas de mise en scène particulière. C'est pour ça que j'aime aussi des chansons un peu plus up tempo. "Le lendemain" je ne l'ai pas écrit en me disant je vais mettre des morceaux up tempo pour la scène, mais ça fait quand même partie d'un tout auquel j'avais pensé. Donc maintenant on est toujours quatre sur scène, mais au lieu d'avoir un guitariste j'ai un clavier, et moi je suis debout un peu plus en avant sur la scène. On a changé la configuration, on pratique on teste, on verra...

Tu seras en concert à la Boule Noire le 26 mai. Qu'est-ce que tu dirais à quelqu'un qui n'a jamais écouté ta musique pour l'inciter à venir te découvrir sur scène ?
Je lui dirais … c'est difficile de se définir ! « Si tu veux bouger dans ton pantalon, viens à la Boule Noire » ! Non je sais pas ! « A la Boule Noire ce que je voudrais te dire... heu »... Je vais peut-être m'en sortir avec ça :« tiens prend mon flyer » ! (rires)
(elle le relit) Trois ans après mon premier album... (rires) Viens écouter mon concert (rires)

Un dernier mot ?
Oui on avait parlé de Lenny, mais il y a aussi Christophe que je tenais à citer qui a posé ses voix sur le dernier morceau. Je l'ai rencontré il n’y a pas longtemps et je lui ai proposé un duo mais il ne voulait pas. Après avoir écouté l'album, il a eu un coup de cœur sur "L'impossible abîme" et du coup il a fait des cœurs dessus. Depuis c'est quelqu'un que j'aime beaucoup, c'est un mec super lui aussi, quelqu'un de bienveillant, une très belle rencontre.
Pour en savoir plus sur Loane, visitez www.loane-lesite.fr ou son Facebook officiel.
Revisionnez le clip de "Jamais seule", extrait de l'album éponyme de Loane (2008) :

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