mardi 19 avril 2011 18:00

Judith en interview

A l'occasion de la sortie de son premier album "Si l'on s'en souvient", la chanteuse Judith nous donnait rendez-vous afin de disserter sur son parcours et les raisons qui l'ont conduite à poursuivre ses études en parallèle de sa carrière musicale. Les idées au clair, le vernis tout juste sec, la chanteuse se prête au jeu de la confession et répond à toutes nos questions, même les plus irritantes... Cette jeune-femme a des rêves et sait ce quelle veut. Récit d'un entretien qui a produit quelques étincelles.


Quatre ans depuis la Star Academy. Pourquoi autant de temps entre ta sortie du château de TF1 et ce premier album ? (Jonathan Hamard)
Judith : Je pensais que la musique allait plus vite. En réalité, c'est quelque chose qui prend beaucoup de temps. Il fallu que je le comprenne. On part dans une direction avant de comprendre que ce n'est pas ce qu'on voulait. On tente autre chose, on retourne en arrière... Et puis, il faut trouver les bonnes personnes : trouver l'équipe qui correspondait à ce que je voulais. Tout ça prend beaucoup de temps.

N'aurais-tu pas également rencontré quelques problèmes avec Universal avec qui tu avais dans un premier temps signé ?
Non pas du tout ! Dans un premier temps, j'ai signé chez Universal. Ce sont mes changements d'orientation liés au temps qui passe qui font que ma volonté n'est plus la même. L'équipe avec laquelle j'ai signé n'étant plus la même, on ne s'accordait plus sur les directions artistiques. Et puis, je suis tombée chez Warner. Et heureusement !

Mercury, c'est le label de la Star Academy. Il y a Jenifer, Nolwenn Leroy... C'était pourtant plus simple pour toi d'y rester ?
C'était logique dans un premier temps que je travaille avec Mercury. Effectivement, comme tu le dis, c'est le label de la Star Academy. J'aurais donc eu ma place au sein de cette équipe. Ce qui s'est passé, c'est que le patron du label qui m'avait fait signer a changé, et nous avons donc souhaité partir. Mon éditeur Bamago n'avait plus les mêmes affinités avec cette nouvelle équipe de Mercury. Je suis donc restée sans maison de disques pendant un certain temps. Je n'avais à mes côtés que mon éditeur Bamago. Ce n'était pas important pour moi : je préférais terminer mon album avant de le présenter à une maison de disques. J'ai privilégié l'aspect artistique. Avec mon équipe, nous savions qu'il serait facile de trouver une maison de disques après. Nous nous sommes donc concentrés sur l'essentiel. Dès que l'album eut été terminé, dès que nous avons souhaité signer avec un label, nous avons démarché les maisons de disques. Mon arrivée chez Warner s'est donc faite tout naturellement et sans difficultés.

« Nous savions qu'il serait facile de trouver une maison de disques. »
Tu étais bien sûre de toi.
Oui. Tout s'est fait très rapidement, presque du jour au lendemain. Nous avons pris rendez-vous par téléphone, et le lendemain je signais. C'est un chance que tout se soit déroulé de cette manière : ça nous permet de rester dans une bonne dynamique. C'est important de garder tout le monde motivé. Quand je suis arrivée chez Warner, tout était déjà terminé. On a pu plancher sur le côté promo et marketing. Tout s'est déroulé vraiment rapidement. C'est vrai que le clip a pu être tourné tout de suite. Je suis passée en radio dans la foulée. Warner, ce n'est que la finalité.

Quatre ans, c'est donc le temps passé pour l'écriture de ton disque.
Oui, tout à fait. Je ne l'ai pas écrit d'une seule traite car j'avais mes études en parallèle. J'ai eu plusieurs phases d'écriture dont la première a commencé quand j'avais seize ans. J'ai rencontré Bamago qui sont également les fondateurs du site My Major Company. Nous avons tout de suite commencé à travailler à peine un mois après que je sois sortie de la Star Academy. Pendant toute cette phase, j'ai passé mon Bac et j'ai commencé la Fac. Il y a eu beaucoup de mouvement pendant cette période, tout simplement parce que j'ai moi-même changé. On était parti sur quelque chose de beaucoup plus Rn'B. Je me suis rendue compte que j'avais envie de guitare et de scène, ce qui ne correspondait plus à notre premier ébauche. Il a donc fallu recommencer quelque chose mais avec les mêmes chansons. En réalité, cet album est le fruit d'un long travail en plusieurs cycles.



« Entre 16 et 20 ans, c'est la période à laquelle on se cherche dans la vie. »
Ton premier single "Fais passer le mot" avait déjà été publié en 2008. Il est le témoin de ton évolution compte tenu de la nouvelle version que l'on peut entendre sur cet album.
Oui, nous avions publié deux singles : "Fais passer le mot" et "J'ai pas appris". Le premier avait été diffusé sur un Skyblog, un peu comme ça... Et puis, finalement, j'ai opté pour quelque chose de plus pop. J'ai eu de nouvelles envies. Mais c'est normal : entre 16 et 20 ans, c'est la période à laquelle on se cherche dans la vie. C'est pareil en musique. On fait des choix, on en fait d'autres... Et puis on revient dessus jusqu'à se déterminer complètement. Je ne pense pas m'être trouvée définitivement à 20 ans, mais je suis en phase. C'est sûr que mon album me ressemble aujourd'hui. Il est véritablement ce que je voulais communiquer au public.

C'est aussi un risque de revenir deux ans après avec la même chanson mais arrangée différemment.
Je vais te répondre très simplement : le single est déjà sorti mais on ne peut pas dire que tout le monde soit adepte de Skyblog. Tout le monde n'a pas entendu la première version. Dans le cas contraire, j'ai des personnes qui sont venues me voir en différenciant clairement les deux versions du titre. Certains préfèrent la première, d'autres la seconde. Je ne pense pas que ce choix me soit préjudiciable.

Regardez le clip "Fais passer le mot" de Judith :


Les paroles restent les mêmes : « Je sais qu'on est nombreux à savoir ce qu'on veut ». En es-tu réellement persuadée alors que beaucoup de la jeune génération se disent perdus ? Ils passent leur Bac et se retrouvent complètement pommés dans une formation qui ne les intéresse pas.
En général, quand on a un rêve, des idées dans la tête, on n'en démord pas. Quand on est jeune, on a la fougue. Pour ma part, quand je me fixe un but, je vais jusqu'au bout des actions pour le réaliser. C'est ma philosophie. Les grand discours, ce n'est pas la même chose. Il ne faut pas tout mélanger. Le système français est assez particulier : nous passons notre Bac et devons d'emblée choisir une filière sans avoir réellement gouté à aucune matière. Bien sûr qu'il y a des loupés. On peut choisir une filière et se rendre compte que ce n'est pas ce qu'on espérait. Je suis en droit. Je vois énormément de personnes autour de moi qui rêvaient de faire du droit depuis tout petit et qui, une fois à la Fac, se rendent compte que ce n'est pas ce qu'elles voulaient faire. Je pense que c'est naturel de se tromper, d'imaginer une finalité sans envisager les difficultés qui nous empêchent d'y accéder. Se tromper n'est pas synonyme de «Je ne sais pas ce que je veux. ». Ce que je veux dire par là, c'est que nos perceptions de ce qu'on veut peuvent être tout simplement erronées. On recommence !



Tu parles de nos rêves. Quels sont ceux de ta génération selon toi ?
« Nous avons peut-être aussi l'envie de rendre fier de nous notre pays. »
On peut avoir des rêves de réussite et d'ascension sociale. On peut espérer rendre fier nos parents en réussissant notre parcours. Je suis petite fille d'immigrés. Mon grand-père était chauffeur de taxi et ma grand-mère est encore aujourd'hui couturière. J'aimerais leur montrer de quoi je suis capable. A plus grande échelle, je dirais que nous, ma génération, nous avons peut-être aussi l'envie de rendre fier notre pays en démontrant que nous sommes prêts à nous acquitter de nos futures tâches.

Et pour y parvenir, il faut des armes. Tu dis pourtant ne pas disposer de ces armes nécessaires pour arriver à ton but. Quels moyens existent pour «faire passer le mot» ?
Cette phrase symbolise tous les bâtons verbaux qu'on a pu me mettre dans les roues. Quand on rêve un peu plus haut que la moyenne, quand on a un rêve qui paraît inaccessible, les gens sont rationnels et voudraient nous voir atterrir. « Tu n'as pas les armes », c'est simplement « tu rêves un peu trop » ou « tu n'as pas les moyens de tes ambitions ».

Quels sont ceux qui t'ont mis des bâtons dans les roues ?
C'est un entourage proche qui est terre à terre et qui connait les réalités de la vie. Me voyant comme une petite fille qui rêve, ce sont des personnes qui ne veulent pas me voir déçue de m'envoler peut-être un peu trop haut. C'est le sujet de cette chanson : on n'a pas forcément conscience de toutes les difficultés que l'on peut rencontrer en chemin, mais le principal est de rêver jusqu'au bout.

Pourtant, tu fais partie de la « génération sacrifiée » comme l'on dit souvent.
Je n'ai pas une vision négative de ma génération. Pour chaque génération, il y en a qui réussissent et d'autres non. Je ne me suis pas réellement penchée sur la question. Peut-être que je devrais, je l'avoue. En revanche, j'entends rester une chanteuse et je ne souhaite pas tenir un discours sociologique ni politique trop engagé. Je ne pense pas que ce soit mon rôle.

Je suis d'avis contraire. Je pense que l'artiste est une voix...
...Oui, c'est une voix pour s'exprimer mais il y a des limites à ne pas dépasser. Pour ma part, je n'ai que 20 ans. Je fais mon apprentissage de la vie petit à petit. Je ne prétends pas donner de leçons aux gens. Peut-être qu'avec le temps ça viendra, mais je ne sais pas si c'est très agréable de recevoir des leçons de la part d'un artiste.

« Je ne prétends pas donner de leçons aux gens. »
Donc, tu préfères parler d'amour. Un thème récurrent mais des sons différents d'un titre à l'autre.
C'était mon envie. J'écoute des choses vraiment différentes. Je n'avais pas envie d'un album monocorde. Je peux écouter Beyoncé et Zazie à la suite. J'avais envie qu'on perçoive ces différentes facettes de ma personnalité qui me représentent toutes aussi bien. Je voulais quelque chose d'hétéroclite. Le résultat est là : de "Fais passer le mot" à "Te passe pas de moi", c'est selon moi représentatif de l'éventail des sons que l'on peut trouver sur mon premier album.

Pour ce disque, exit l'ancienne équipe. Tu as trouvé de nouveaux compositeurs et producteurs.
Pour cet album, j'ai collaboré avec Franck Autier. Il a réalisé les deux premiers albums de Grégoire. Il y a aussi les trois fondateurs du site My Major Company qui ne se sont pas impliqués dans la production mais davantage dans l'aspect artistique des choses. J'ai à mes côtes Kerredine Soltani pour "Fais passer le mot", qui est d'ailleurs à l'origine de la chanteuse Zaz. Ça n'a donc plus rien à voir avec les anciennes personnes avec lesquelles je travaillais il y a trois ans. On me parlait de collaborations avec La Fouine, Passi...



Ce concept de My Major Company, tu le trouves séduisant ?
Oui, c'est sûr que c'est intéressant. Je suis quand même très attachée aux bonnes vieilles méthodes à l'ancienne. Pour moi, rien ne remplace une maison de disques. En revanche, je trouve que c'est génial de donner l'opportunité à des internautes de financer des artistes. C'est un concept extrêmement moderne et innovant.

La scène fait-elle partie de ton projet ?
Complètement. Dans un projet, la scène vient après la publication d'un album...

Pas forcément.
En tout cas, dans mon projet, ça arrivera après. C'est en discussion, mais ce n'est pas encore décidé. Je pense que ça arrivera. C'est la finalité, le but ultime pour moi.

« Je trouve que c'est génial de donner l'opportunité à des internautes de financer des artistes. »
La scène, c'est quelque chose que tu as pu appréhender lors de ta participation à la Star Academy.
Oui, un peu, mais la scène de la télé n'est pas la scène dans la vraie vie. Il n'y a pas de caméras et la relation avec le public est directe.

C'est une bonne école la Star Academy ?
Elle aurait pu être une bonne école si elle avait été une vraie école ! En l'occurrence, c'est avant tout une émission de télévision avant d'être une école. Ce n'est pas en quatre mois que l'on fait des progrès. C'est néanmoins une bonne expérience de ce qu'est la télévision et l'articulation avec les médias.

Il y a quand même des artistes qui aujourd'hui ont un grand succès, et en partie grâce à la Star Academy. Nolwenn Leroy par exemple.
Je ne pense que ce soit lié à son apprentissage à la Star Academy. Je pense que c'est davantage lié à ce qu'elle est, à ce qu'elle a appris avant et après la Star Academy.

Pour terminer, je voulais savoir si tu ne penses pas que concilier tes études et le métier de chanteuse sera de plus en plus difficile avec le temps ?
Bien sûr que si. Les études prennent pas mal de temps, la musique aussi. Mais tant que ce sera possible, je continuerai à maintenir mes deux activités.

Toute l'actualité de Judith sur son site internet officiel.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Si l'on s'en souvient" de Judith.
Regardez le clip "Te passe pas de moi" de Judith :

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