Quentin MosimannTechno, Electro, Dance » Dance, Clubbing, Techno
dimanche 03 avril 2011 19:00
Quentin Mosimann & Sheryfa Luna en interview
Ils ont créé la surprise en se rejoignant non pas pour un simple duo, mais un featuring électro : Quentin Mosimann aux platines et Sheryfa Luna devant le micro sur le titre "All Alone (In This World)". L'occasion pour eux de prendre un nouveau départ ensemble, et en solo, avec le label USM. L'occasion aussi de revenir sur leurs récents échecs motivés par des critiques exagérément virulentes. Rencontre avec ce couple de choc !
Première question pour toi (Sheryfa), comme tu peux t'en douter, c'est de savoir si tu vas mieux... (Jonathan Hamard, journaliste) Sheryfa Luna : Oui, tout va très bien. Aujourd'hui, je prendrai soin de ma santé avant tout autre chose. Je suis prête pour repartir en promo, c'est pour cette raison que je suis devant toi aujourd'hui. Devant moi, oui, mais différente je dirais. Tu augures un nouveau look qui n'est pas sans me rappeler celui de Rihanna dans le clip "Who's That Chick" en featuring de David Guetta. S.L : Oui, tout change ! Je suis flattée de ta comparaison. L'inspiration vient évidemment de cette artiste qui est aujourd'hui incontournable. Elle est partout et devient une référence pour des millions de femmes à travers le monde. En revanche, Quentin, tu ne ressembles pas véritablement à David Guetta. Par contre, tu es désormais comme lui, aux platines. Un retour aux sources ? Quentin Mosimann : Je reprends effectivement une activité que j'ai commencé très jeune. A 15 ans, j'écrivais mes premiers titres électro, et deux ans plus tard j'étais déjà diffusé sur Fun Radio de manière illégale. J'en rigole maintenant mais c'est vrai que j'étais mineur lorsque j'ai signé mes contrats avec la SACEM en me faisant passer pour quelqu'un qui était déjà majeur. J'ai sorti quelques "prod" qui sont passées sur quelques radios. A l'époque, nous étions contents de ce petit peu. Entre temps, il y a eu l'émission, un album, un deuxième... et j'en reviens aujourd'hui à ma passion première qui est d'être DJ et de produire de la musique électronique. Tu irais jusqu'à renier tes deux albums ? Q.M : Non, absolument pas. Le premier album était déjà annonciateur de ce qui se passe aujourd'hui. Il comporte un côté jazz et un côté électro. La seule différence, c'est qu'aujourd'hui j'ai grandi et que je sais exactement ce que je veux. C'est lorsque je me suis retrouvé à Miami que j'ai compris ce que je recherchais. J'ai la conviction de mon art : je veux de l'électro, de la house et des clubs. Le déclic, c'est mon passage à l'étranger. C'est lorsque je me suis retrouvé à Miami, devant 5 000 personnes, que j'ai compris ce que je recherchais. Il y a un vrai paradoxe : c'est très agréable de se retrouver à l'Olympia, de partir en tournée. Sauf qu'à un moment donné, lorsque j'ai découvert la relation que je pouvais avoir lors d'une prestation devant ma table de mixage, j'ai découvert une toute autre chose. C'est totalement différent, sur scène, il faut se pousser dans ses retranchements pour partager quelque chose avec le public. Lors d'un set, c'est dès le premier titre que tu partages avec ton public. Et puis, ce n'est pas seulement deux heures de prestation : tu vis une nuit entière avec les mêmes personnes au rythme d'une musique commune.Tu es en tournée jusqu'à cet été. Est ce que c'est envisageable que Sheryfa t'accompagne sur scène et dans les clubs ? Q.M : Pourquoi pas ! S.L : Nous avons déjà des plateaux programmés ensemble. Après, le rejoindre sur scène et dans les clubs, ce n'est pas encore prévu. Mais je t'avoue que je ne suis pas du tout contre cette idée qui pourrait être sympa. Merci de ta très bonne idée, on y pensera. Ce featuring est une vraie surprise. Personne ne s'y attendait. Comment l'idée est-elle née ? Quand la rencontre s'est-elle produite ? Q.M : Tout s'est fait en l'espace de trois mois. Tout a été très rapide. S.L : En réalité, on se connaissait depuis quelques années avec Quentin. L'idée vient du jeu "DJ Hero". Quentin était aux platines et moi je chantais. Nous avions trouvé le concept assez intéressant. Le soir, Quentin nous invite mon équipe et moi pour nous faire écouter ce qu'il préparait. Il avait déjà travaillé un morceau que j'ai tout de suite adoré. Je me suis dit qu'on pouvait enregistrer quelques voix à l'improviste. Le soir même, nous avions une première maquette que nous voulions présenter à notre label respectif. Ce titre figurera sur un album ? Q.M : Sur le prochain album de chacun de nous deux. On ne sait pas trop comment ça va se passer, à savoir lequel des deux publiera son album avant l'autre. Peut-être que Sheryfa trouvera les bonnes chansons avant moi. En ce qui me concerne, je pense que mon prochain disque ne sera pas là avant la fin de l'année, voire le début de l'année prochaine. Le milieu électro dans lequel j'évolue ne permet pas de véritablement prévoir la parution d'un album : en quelques mois, un titre peu devenir "old" et retomber aussi vite. Écoutez "All Alone (est-ce qu'un jour)" de Quentin Mosimann feat. Sheryfa Luna : On sait donc que ton prochain disque fera la part belle à l'électro. En revanche, qu'en est-il pour toi Sheryfa ? Ce nouveau single est-il annonciateur d'un virage artistique ? S.L : Oui, totalement. Ce n'est pas du tout une parenthèse. Ce single annonce un virage artistique pour moi avec une tendance électro et dance. C'est comme une seconde vie : on l'appelle la "S2" : la "Sheryfa Luna 2". J'ai envie de changement, de produire quelque chose qui bouge un peu plus et qui contraste avec mes trois premiers albums. Bien sûr, on retrouvera l'influence urbaine qui m'est chère. Je me dirige vers quelque chose de positif et plus optimiste. Est-il envisageable que toi, Quentin, tu collabores avec Sheryfa pour son prochain disque ? Q.M : Oui, c'est même envisageable et envisagé. De là à te dire que je produirais le prochain album de Sheryfa... Ce serait bien sûr intéressant de poursuivre notre collaboration mais il faut également que Sheryfa aille se nourrir d'autres artistes, qu'elle découvre d'autres manière d'appréhender l'électro. Si je peux lui faire une ou deux chansons, ce serait avec grand plaisir. On peut faire un chouette bilan des artistes qui sont sortis de la télé-réalité. Autre point commun qui vous réunit : la télé-réalité. L'un vient de la "Star Academy", l'autre de "Pop Star". A l'heure de faire le bilan, puisque l'on fête les dix ans de la télé-réalité, quel serait le vôte ?S.L : Le bilan est plutôt pas mal. On peut faire un chouette bilan des artistes qui sont sortis de la télé-réalité. Il y en a énormément : Nolwenn Leroy, Jenifer, Amel Bent. C'est un coup de pouce pour beaucoup de personnes qui bénéficient de cette belle expérience qui permet à des artistes de développer leur talent. Q.M : C'est un tremplin exceptionnel pour nous. On se retrouve du jour au lendemain devant des millions de spectateurs. On va avoir l'opportunité de montrer notre travail et notre talent. Et ça, c'est quelque chose d'important pour un artiste. Je tire donc un excellent bilan de cette expérience. C'est pareil pour ceux qui n'ont pas cartonné. Même s'ils ne sont plus devant la caméra, ils font ce qu'ils aiment. S.L : Il faut aussi différencier les émissions qui donnent à des personnes qui n'ont pas forcément de talent la chance de goûter au succès. Ils sont propulsés sur le devant de la scène parce qu'ils le voulaient. Mais leur succès est éphémère. Après, la chute est d'autant plus rude. C'est peut-être là le point négatif de la télé-réalité. Et "X-Factor" : c'est le successeur de "Nouvelle Star". Mieux ou moins bien selon vous ? Q.M : C'est une émission qui est vraiment bien parce que c'est authentique. Ce n'est pas de la télé-réalité. Même si c'est monté façon M6, on ne peut pas tricher. Ils pourront mettre tous les effets qu'ils veulent, quand le candidat chantera devant le public, c'est son talent qui sera évalué. S.L : C'est effectivement un très bon exercice : c'est du live avec des musiciens. Chaque émission a ses défauts et ses qualités. Ce qui est bien pour "X-Factor", et qui était déjà le cas avec la "Star Academy", c'est que les candidats chantent en live. Ils ont répété et savent comment on travaille pour préparer un plateau TV. A "Pop Star", on répétait seulement. Nous étions directement confrontés à un jury et le public ne donnait pas son avis. C'était différent et nous manquions surement de l'expérience de la scène. Je sens que tu as beaucoup plus de mal, toi, Quentin, à évoquer ton expérience de la télé-réalité, contrairement à Sheryfa. Q.M : Je crois que c'est légitime dans le sens où "Pop Star" a une meilleure image que la "Star Academy". Je pense également que ce n'est pas un terrain sur lequel il faut aller. Pourquoi ? Q.M : Pour moi, c'était une excellente expérience. Mais il faut tout de même se rappeler qu'on était dans le salon des gens 24 heures sur 24. Il y a ce côté télé-réalité qui me rend aujourd'hui hermétique à ce genre de programme. Je ne renie pas pour autant cette expérience. Ce qui a fait aussi ma force, c'est que je n'ai pas critiqué l'émission par la suite. Maintenant, une nouvelle histoire commence et je n'ai plus envie de revenir là dessus. Ça fait deux ans que je vis autre chose : je me suis exporté à l'étranger. On pourra critiquer mon uvre mais jamais l'entrain que j'y ai mis. Autant l'un que l'autre, votre dernier album n'a pas rencontré le succès escompté. Autre point commun qui vous relie : vous êtes autant adulés que critiqués. Il n'y a pas de demi-mesure en ce qui vous concerne. N'avez-vous pas peur que votre association soit l'objet d'une surenchère dans la critique ?S.L : Je tiens tout d'abord à dire que je n'ai absolument pas été affectée par les critiques que j'ai pu lire me concernant. Je suis très fière de mon dernier album : j'ai beaucoup travaillé sur ce disque et je reste persuadée, en le réécoutant encore aujourd'hui, que c'est un très bon album. Ce qui s'est passé, c'est que je n'ai pas bénéficié d'aide médiatique comme pour mes deux précédents disques. Mais ce n'est pas grave : il y a eu tellement de critiques. Je sais qu'aujourd'hui le label USM me donne une nouvelle chance d'aller dans la direction où je voulais aller. Tout ça ne me pose pas de problème : je fais les choses avec le cur. On pourra critiquer mon uvre mais jamais l'entrain que j'y ai mis. Q.M : Pour ma part, je ne lis pas les critiques. Je sais très bien ce qui se dit, mais je ne préfère pas le regarder. Je n'ai pas envie d'être affecté. En sortant de la "Star Academy", mon premier réflexe a été de lire les commentaires qui ont été écrits sur moi. S.L : Sur Internet, les critiques sont infondées. Par exemple, tu vas voir quelqu'un écrire : « Je n'aime pas sa dernière chanson », et quelque va rétorquer : « Je ne l'aime pas parce qu'elle a eu un môme à 18 ans ». Je ne comprends pas pourquoi on parle de la vie privée des gens alors que ça n'a rien à voir avec la chanson. Du coup, tu n'as plus envie d'aller voir les commentaires sur Internet. Ce sont des gens qui n'ont pas de vie et qui passent leur temps à pourrir un artiste. Une fois qu'ils l'ont suffisamment pourri, ils s'en prennent à un autre. Là où la critique devient intéressante, c'est quand les médias donnent leur avis. Si on remarque un avis négatif une première fois, puis une deuxième etc... Là on peut se poser des questions parce qu'il y a de véritables arguments et une opinion sincère qui ne touche que l'uvre et pas l'artiste. Les critiques doivent être là pour faire avancer. Si elles sont justifiées, je les lis avec attention car elles ne pourront que me servir pour me futurs projets. Ce sont des gens qui n'ont pas de vie et qui passent leur temps à pourrir un artiste. Q.M : Nous navons pas eu le soutien commun escompté par notre maison de disques sur nos précédents albums. Ce dont on se rend compte assez rapidement, cest que dans lindustrie du disque, tout est question de business. Tout serait beau, tout serait rose : tu y croirais presque à un moment. Quand tu vends : tu es le meilleur. Si tu ne vends plus : on te dit au revoir, tu nes plus mon ami. Je ne veux pas briser le rêve. Désormais, je me contrefous de tout çà : je ne fais plus ma musique pour le type qui va maquetter mon titre. Je ne parle plus des conditions de vente de mon titre mais des conditions artistiques de sa création. Le reste ne mintéresse plus du tout. Après, si çà doit marcher tant mieux, il y a des gens qui sont là pour promouvoir le titre. Ils sont là pour ça et ils le font bien mieux que moi. S.L : Je dirais pour ma part que je ne crois pas du tout au hasard. Je suis une personne très croyante. Je me dis que si demain tout doit sarrêter, cest que cétait écrit. Jestime que jai tout de même eu un beau parcours : jai sorti trois albums qui se sont quand même bien vendus. Le premier a été double-disque de platine, le deuxième disque de platine et le troisième disque dor. Être disque dor aujourdhui, sans promo, je trouve que cest quand même respectable contrairement à des artistes qui vont être massivement diffusés à la télévision et sur les radios. Pour moi, cest une victoire : si le projet avait vraiment été nul, il naurait pas été disque dor. Je me réconforte en me disant que si le projet avait été travaillé, il aurait eu davantage de succès. La vie et le temps nous dira ce quil se passera pour tous les deux. On continuera à faire notre travail avec le cur. Je me dis que si tout doit sarrêter demain, cest que cétait écrit. Q.M : Jajouterai aussi que dêtre allé à létranger a été salvateur pour moi. En France, à force dêtre critiqué, on se pose des questions. Daller jouer sur dautres scènes dans plusieurs des plus grands clubs du monde est aussi une forme de réconfort. On se dit quon peut être reconnu pour son travail ailleurs que dans notre pays. Le public ne triche pas : sans promo, jai réussi à remplir deux fois lOlympia
S.L : De nos jours, on ne peut plus se fier aux ventes de disques. Peut-être que jai vendu 50 000 disques, mais qui sait combien de fois il a été téléchargé de manière illégale. Peut-être quun million de personnes ont mon album en France. On peut être ultra populaire et ne pas vendre beaucoup de disques de manière « officielle ». Je men rends compte tous les jours : les gens aiment ce quon fait et nous encourage à continuer. Q.M : A titre dexemple, Martin Solveig fait partie des DJ les plus en vus depuis plusieurs années et ne doit pas vendre des milliers de disques en France. Pourtant, il est très demandé et très populaire. Tu peux aussi vendre énormément et disposer dune très grande notoriété. Regarde Tryo par exemple. On ne les voit pas et ils vendent beaucoup de disques. Cest un paradoxe dont on pourrait parler encore des heures tant les exemples sont nombreux. Jai eu lintelligence daller chez USM qui est spécialisé dans lélectro. Pourquoi êtes-vous restés chez Universal alors ?S.L : Alors attention ! Je suis née à Universal et, quoi quil arrive, jy resterai. Je suis très bien chez eux. Cest une simple question de label. Je suis restée en bonne entente avec Mercury. Cest simplement que nous nétions pas daccord sur la tournure que les choses ont prises. Jai eu lintelligence daller chez USM qui est spécialisé dans lélectro. Ils croient vraiment en mon nouveau projet et sont très concentrés dessus. Je pense quon sest retrouvé à Mercury au milieu de piles de projets comme celui de Jenifer ou Calogero. Et là, forcément, on nétait pas été prioritaire. On nous a fait passer après. Alors que chez USM, ils ont moins de projets en main, mais les traitent avec plus de soin. Là, on fait un vrai développement sur lartiste. Le projet est plus réfléchi. Q.M : Mercury, cest plus de trente artistes très importants. Comment voulez-vous quune attachée de presse aille en radio pour présenter Rihanna, Justin Bieber, et parler de nous deux ensuite. Cest aussi compréhensible de voir quils ne peuvent pas nous caser quelque part. S.L : Nous sommes à laise, cest familial. On travail de gaieté de cur avec USM. Je trouve ça génial. Et bientôt le clip Q.M : avec beaucoup de choses inattendues. Comme tout ce qui touche à cette rencontre finalement Q.M : Effectivement. Cest ça qui est beau dans ce projet.
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06/04/2014
- A l'occasion de la diffusion du documentaire "Change Your Mind" retraçant son parcours, Quentin Mosimann a accepté de se confier sans langue de bois à Pure Charts. L'occasion d'évoquer son album "The 8 Deadly Sins", sa percée dans le monde de la nuit, l'étiquette "Star Academy", ses relations conflictuelle...
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