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lundi 08 novembre 2010 15:00

Jenifer en interview

A l'occasion de son retour en bacs avec son quatrième album intitulé "Appelle-moi Jen", nous étions les premiers à pouvoir poser nos questions à Jenifer. C'est dans un coquet appartement que la belle nous a donnés rendez-vous pour nous présenter son nouveau projet eighties et très dansant. Déjà promu par le single "Je danse", ce nouveau disque complète une palette déjà très étendue des directions artistiques que Jenifer emprunte depuis bientôt dix ans.
Tu sors ton quatrième album "Appelle-moi Jen" le 29 novembre. C’est un titre presque autobiographique. Bien que tes projets aient toujours été très personnels, doit-on penser que celui-ci l'est davantage ? (Jonathan Hamard, journaliste)
Jenifer : Mes albums sont à chaque fois très personnels. Ils fonctionnent selon moi, mon temps... et puis mon âge aussi. Et là, il y a du changement ! Le son y est encore plus affirmé. C’est le changement qui fait croire qu’il est plus personnel. Il l’est aujourd’hui parce qu’il correspond à mon état d’esprit actuel. Aujourd’hui, j’ai 28 ans et j’ai envie d’autre chose, de m’exprimer différemment. Je n’ai pas envie de chanter ce que j’ai chanté à mes 18 ans.

A 28 ans, tu n’« attends plus l’amour » comme tu l'attendais à 18 ans ?
Exactement. Je ne voulais pas parler d’amour sur cet album là, mais... évidemment je ne fais que parler d’amour ! (rires) Pourquoi je ne voulais pas aborder ce thème ? Je n’en sais rien. En tout cas, j’avais envie de changement. J’avais envie d’autre chose et finalement, je l’ai fait avec la musique. Je n’étais pas aussi attentive sur les textes à l'époque de mon premier album. Pour celui-ci, j’ai flashé sur des textes qu’on m’a présentée. J’en ai sélectionné quelques uns sans savoir qui les avaient écrits.

J’avais envie d’un album dansant

Ce sont donc 10 nouveaux titres qui changent radicalement au niveau des sonorités musicales. C’est le cas pour chacun de tes disques et cette fois-ci, tu t’es beaucoup inspirée de sons eighties et même disco. Une sensibilité particulière pour cette époque ?
J’avais envie d’un album dansant. Les années 80, ce n’est pas un univers qui m’attirait particulièrement. Il y a bien sûr des sonorités qui me plaisaient comme les Rita Mitsouko mais je n’ai pas d’affinité spéciale avec cette époque. J’écoutais davantage les années 60/70 où j’y trouve un côté un petit peu plus rock ou ethnique. Et puis, j’avais envie de faire un album davantage électro. J’avais envie de changer et que ce soit plus dansant pour la scène. J’avais envie de voir les têtes bouger et d’avoir un peu plus d’interactions avec mon public. J’ai pour cela fait les bonnes rencontres qui m’ont permise de faire ce son là. J’ai donc fait la rencontre de Pierre Guimard et Pierrick Devin qui se sont occupés de la réalisation. On a bossé tous les trois en studio pendant un mois et demi alors que le single "Je danse" était déjà en radio. C’était un pari assez fou car l’album était encore en cours de création. Tout s’est fait très naturellement : on s’est très bien entendu. Ils m’ont appris beaucoup de choses sur des instruments ou des sons que je ne connaissais pas du tout. J’ai appris en même temps que j’enregistrais l’album.

C’est une nouvelle équipe pour "Appelle-moi Jen" qui est associée à ta nouvelle image et ta musique. Mais c’est quelque chose d’inhérent à ta carrière. Chacun de tes albums correspond à une équipe différente. Tu m’as parlé de tes rencontres en ce qui concerne la production mais j’ai envie de parler des auteurs de ton disque. Là, on retrouve Pierre-Dominique Burgaud qui avait écrit pour "Le Soldat Rose", et aussi Jérôme Attal. Comment les as-tu choisis ?
En fait, mon directeur musical m’a proposé pas mal de textes. On a lu ensemble beaucoup de choses et j’ai fait une première présélection. J’en ai choisi une quarantaine et on est parti en Corse avec. On était en séminaire avec une équipe de compositeurs que j’avais choisie et qui correspondent à mes envies du moment. On est rentré de Corse avec une sélection de textes. En Corse, les compositeurs avec qui on travaillait ont pioché dans les textes un peu comme ça, sans avoir qui les avait écrits. Donc je ne savais pas qu’il y avait Pierre-Dominique Burgaud par exemple…

Et même pour David Verland ?
Si. Pour lui, je le savais mais pas les compositeurs. J’ai déjà travaillé avec mais c’est surtout un ami. Je tenais à ce qu’il participe à ce disque. Après, c’est vrai qu’il n’y a qu’un texte de lui sur l’album. Il le comprend très bien : les compositeurs ont préféré d’autres textes qui sonnent mieux sur la musique, en l’occurrence ceux de Pierre-Dominique Burgaud et Jérôme Attal. Mais ça reste un très bon ami. Pour reprendre, on rentrait donc de Corse pour écouter ce qu’on a fait et on a sélectionné. A ce moment, j'ai vu Pierrick Devin que je connaissais déjà car il avait travaillé sur mon premier album. On s’est retrouvé tout à fait par hasard. Je savais ce qu’il faisait car j’avais suivi sa carrière. Il fait parti du groupe Adam Kesher que j’aime vraiment beaucoup. Il a travaillé aussi avec Cassius. A la base c’est un bassiste et là, il se trouve que c’est lui qui a réalisé mon album. C’est le tout premier disque qu’il réalise : je suis très fière de l’avoir retrouvé et d’avoir mis sur ses épaules un projet important comme celui-là. On a vécu un super moment.

J’ai besoin de feeling avec les gens.
Il faut que je m’entende avec les personnes pour que ça marche.
Donc tu vois, je n’ai rencontré les auteurs que bien après. On était en studio avec les gars entrain de peaufiner les arrangements, de faire des ateliers coutures pour retrouver le son que l’on voulait sur ce disque. Ensuite, les auteurs se sont déplacés pour venir écouter le son et ont été très surpris d’entendre leurs textes sur cette musique-là. Ils n’étaient pas déçus mais charmés, tout comme moi qui ne regrette pas de les avoir choisis. J’aurais pu aussi trouver ces auteurs-là antipathiques et ça m’aurait ennuyée, au point même de changer les textes. Je suis un peu comme ça : j’ai besoin de feeling avec les gens. Il faut que je m’entende avec les personnes pour que ça marche. Pierre-Dominique Burgaud est quelqu’un de très intéressant. Concernant Jérôme Attal, je lisais ses bouquins et c’est une personne attachante et très sensible. David Verland, cela va de soi, c’est quelqu’un que j’aime profondément. Et puis après, on est parti tout de suite en mixage. Donc, pendant qu’on finissait d’enregistrer cet album-là, Pierrick s’occupait déjà de mixer les premiers titres.

Du coup, ça s’est précipité. L’album était-il prévu si tôt que ça finalement ?
En fait non. Dans la presse, on lisait beaucoup de conneries, comme d’habitude en ce qui me concerne. On raconte beaucoup de conneries à mon sujet mais j’ai l’habitude ! Peu importe… ils annonçaient des dates absolument fausses. Entre chaque tournée, j'ai toujours pris du temps. J’avais besoin de repos et de me ressourcer. Je ne suis pas une fille qui aime fonctionner mécaniquement. Et là, je l’ai senti : j’ai voulu passer à la vitesse supérieure parce que j’en avais besoin. J’avais envie de remonter sur scène, parce que cette année, j’ai vu pas mal de concerts qui m’ont redonnés envie de monter sur scène. Et puis, trop de repos tue le repos ! (rires)

Et les spectacles qui t’ont marquée cette année ?
Alors, ça n’a rien avoir avec la musique que je fais. Je suis allée voir "Stomp". Ils font des mimiques, ça danse bien. Ils font de la musique avec des bruitages… J’ai trouvé ça génial.

Tu parlais juste à l'instant du premier single "Je danse". Il a été écrit par Siméo…
… que je n’ai pas pu rencontrer. C’est le seul que je n’ai pas rencontré. Il devait passer au studio mais ça ne s’est pas fait. Il y a aussi Chat qui a travaillé sur "Je danse". C’est une pianiste extraordinaire. En fait, c’est toute l’équipe qui a travaillé sur "Je danse" que je dois rencontrer. Mais ça va se faire, on va se regrouper pour une petite fête.

"Je danse" est-il le morceau le plus représentatif de l’album selon toi, et s'est-il présenté comme une évidence pour en être le premier single ?
Alors, il s’est imposé comme une évidence... étant donné qu’on n’avait aucun titre à côté à sortir. Et puis, il est représentatif de la direction que je voulais donner à mon album. Pierrick travaillait dessus et je lui ai dit que c’était le titre référence de l’album. Après, on l’a envoyé aux radios et on a continué notre travail en studio. Du coup, ce n’est peut-être pas le plus représentatif.

"Je danse" s’est imposé comme une évidence.

Ce serait plutôt lequel ?
Je pense que c’est le morceau "A peine". Mais ça, c’est mon avis personnel. Il est néanmoins très cohérent avec "Je danse". On retrouve d’autres titres organiques que j’aime vraiment beaucoup comme "L’envers du paradis" et "Le risque". Les autres sont beaucoup plus dansants.



Comme "Les autocollants" que je trouve assez drôle...
Ah oui. Pour le coup, celle là, elle sonne vraiment très 80’s !

Les années 80 sont aussi très présentes dans l’image que tu renvoies autant dans le clip "Je danse" que sur la pochette d’"Appelle-moi Jen".
Oui, c’était évident d’allier le fond avec la forme. Je voulais bien sûr une cohérence. On a quelques clins d’œil notamment pour le stylisme et puis donc pour tout ce qui concerne les photos et le clip. J’ai travaillé avec Arthur King qui a su trouver ce qui correspondait à "Je danse". C’est un artiste assez complet et que j’aime beaucoup : il est DJ, graphiste… Il fait des clips aussi. Il a mélangé de la Super 8 et de la Snapshot pour mes photos.

Visionnez le clip "Je danse" :


Les années 80, c’est aussi un période marquée par le féminisme et la volonté d’indépendance des femmes. Tu imposes une nouvelle image glamour et sensuelle, celle d’une femme qui s’assume et cela se lit notamment dans tes textes.
Oui. J’aborde l’amour de manière différente. J’en ai toujours parlé mais c’est vrai que j’évolue. On pense différemment : c’est pareil pour tout le monde. Et puis il y a des choses dans la vie qui vous donnent un enseignement, qui font qu’on grandit. Il y a des réussites et des erreurs qui nous font appendre aussi.

Je joue aussi un personnage.

Toutefois, sur ce disque, tu définis l’amour un peu comme un bien consommable : les hommes sont un peu comme des autocollants...
Je joue aussi un personnage. Ce ne sont pas forcément des titres autobiographiques mais plutôt des petites parties de moi avec des gros traits caricaturés, comme des personnages que je pourrais être. En ce qui concerne "L’autocollant", je ne suis pas trop bien avec. Tout est dit dans le texte : un mec qui colle trop, qui est trop sur moi… Je ne suis pas de ce caractère-là. Je ne supporterais pas quelqu’un de collé en permanence à moi. Après, j’aborde l’amour sous différents angles. Je voulais que ça parle à des jeunes filles et à des jeunes hommes.

Jeune homme ou jeune fille. Je parlerais maintenant d'une jeune femme et d’un duo : "Le clash des brunes". Peut-on en savoir plus ?
Alors c’est moi qui en avais parlé et je me suis trop avancée. J’en ai parlé trop tôt. En fait, j’avais pensé à un duo : on avait un titre bien et un texte qui s’y prêtait. Simplement, la personne avec qui je veux le faire se concentre actuellement sur son projet à elle. Pour l’instant, il n’était pas cohérent avec les autres titres de l’album.

Elle est bien brune ?
Oui, elle est brune à moins qu’elle ne mette des perruques. Attention, révélation... ! Je préfère le sortir plus tard. Et non, on ne peut pas en savoir plus ! Bien tenté (rires) ! Je te dis ça mais c’est tout simplement parce que pour l’instant, je ne sais absolument pas si ça va se faire un jour. Donc, on verra plus tard.

C’est vrai qu’on ne t’a jamais vu en duo sur un de tes disques, mis à part avec Mario Barravecchia, "Je garde", sur ton premier album en 2001.
Pourtant j’aime bien les duos. J’en ai fait en télé ou sur scène, mais c’est vrai que je préfère attendre et ne pas le faire avec n’importe qui.

Tu parles de scène. Tu pars l’année prochaine pour une tournée d’un an qui débutera à Paris au Trianon les 19 et 20 mai.
Je pense qu’elle durera en effet un peu plus d’un an. Pour l’instant, on va faire des grands théâtres. Et puis, on verra comme ça évolue. Là, on est dans la partie promo. C’est ce que j’aime le moins, désolé. C’est assez délicat : si je chante c’est parce que je n’aime pas trop parler. Je dois le faire si je veux être entendue. Mais je suis très contente de le faire car si je fais des interviews, c’est plutôt bon signe. J’ai surtout vraiment hâte d’être sur scène, d’autant que j’ai fait la sublime rencontre de Cyril Houplain qui est metteur en scène. Je voulais faire de la mise en scène pour ces concerts. C’est tout nouveau pour moi et complètement cohérent avec la musique. Il y aura des interactions avec le public et des décors particuliers qui créeront un vrai jeu de scène.

Cyril Houplain a lui aussi travaillé sur "Le Soldat Rose". C’est un hasard ou c’est parce que tu as vu le spectacle et que tu as été séduite ?
Oui, j’ai adoré "Le Soldat Rose". C’est vrai qu’en voyant le spectacle, l’idée de travailler avec eux m’a traversée l’esprit. Seulement, la rencontre avec Cyril Houplain s’est un peu faite par hasard. Il a eu vent de mon travail, s’est déplacé pour écouter ma musique et il m’a dit « banco ». Du coup, il s’est lancé dans la mise en scène de mon spectacle.

Je me demande si je ne préfèrerais pas les théâtres aux Zéniths.
C’est la conception de ton spectacle qui nécessite une configuration en théâtre plutôt que dans des grandes salles comme des Zéniths ?
En fait, c’est moi qui avais mal fait les choses lors de ma dernière tournée. J’avais commencé par faire des Zéniths et j’ai fini par des théâtres. Ce qui finalement n’est pas tout à fait logique car je suis plus à l’aise de commencer différemment. Et je me demande si je ne préfèrerais pas les théâtres aux Zéniths. Il y a plus d’âme et de proximité. J’ai l’impression que les gens s’évadent plus quand on est plus proche. Il y a plus d’échanges avec le public dans les petites salles. Maintenant, c’est très excitant de chanter dans une grande salle. Si tu me proposes un Bercy, je ne vais pas cracher dessus. On adaptera la chose en fonction. Ce que je veux dire, c'est qu'après, c’est à toi d’établir les choses pour que l’interaction avec le public se fasse. Mais là, j’avais envie de retourner dans des théâtres avec une mise en scène et des décors.

Tu pourrais ensuite adapter ce spectacle à de plus grandes salles ?
Pour l’instant, on se concentre sur ce qu’on a là. On verra si on en a l’envie et si ça se passe bien. Mais c’est vrai que c'est dans un coin de nos têtes.

Si ta tournée dure un an, elle se terminera en 2012. Tu fêteras alors tes dix ans de carrière. Quel bilan tires-tu de tout ce que tu as fait ?
Si j’arrive à fêter mes dix ans de scène en concert, ce sera un très beau cadeau. Je pense que je m’éclate bien et que j’ai beaucoup de chance de faire ce que je fais.

Je souhaitais terminer en te demandant si tu suis un peu la carrière de tes consœurs de la "Star Academy", qui elles aussi suivent une direction musicale qui leur est propre ?
Je ne suis pas la carrière de chacun individuellement. Après, si je tombe dessus, je vais regarder parce que je les aime vraiment beaucoup. Elodie Frégé, c’est quelqu’un que j’aime beaucoup et j'espère qu’elle aura un succès à la hauteur de son talent. Olivia cartonne et j’aime également ce qu’elle fait, bien qu’on ait des univers très différents.

Merci Jenifer.
Merci à toi !

Pour en savoir plus, visitez son site officiel jenifer.com.fr, suivez aussi Jenifer sur son Facebook ou encore via sa newsletter.
Ecoutez la discographie de Jenifer sur Charts in France.
Regardez la vidéo du making-of du clip "Je danse" :

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