Pour fêter comme il se doit ses dix ans de carrière, Aldebert nous invite à redécouvrir son univers qu'il qualifie volontiers d' "onirique" et plein de rêves. Pour l'occasion, Aldebert propose l'album "J'ai 10 ans", promu par le titre "Les larmes de crocodile", qui compile plusieurs morceaux déjà existants mais revus et corrigés, ainsi que quelques titres enregistrés en live et trois inédits. La magie pourrait à nouveau opérer lors de la tournée anniversaire qui reprend au mois d'octobre avec le "Cirque Plume".
Tu fais paraître un album anniversaire pour fêter tes dix ans de carrière. Cest pour toi et loccasion de se replonger dans tes souvenirs, tes expériences de scène, et de te remémorer les échanges avec le public. (Jonathan Hamard, rédacteur) Aldebert : Avant tout, ce nest pas un album bilan. Lidée, cétait de proposer un album anniversaire qui ne serait pas un Best-Of car ça na aucun intérêt de proposer les mêmes titres sans nouveautés. Là, il y a des nouvelles chansons et aussi des nouveautés. On a repris des titres quon a revisités en version jazz manouche et même électro. Et puis, on a des titres enregistrés en live qui sont issus de la tournée "Jai 10 ans", un spectacle crée au début de lannée 2010.
Ce nest pas un bilan, mais tu te remémores des évènements et des faits qui se sont passés pendant ces dix années. Quels sont ceux qui tont marqué ?
Je crois que ce que jai envie de garder, ce sont des moments de vie particuliers, les rencontres, mais aussi des anecdotes de scène, des fous rires, des moments de stresse. Dans ce métier, il y a autant de bons moments que de moments dattente et de doute. En parcourant les photos de lalbum, jai beaucoup de moments qui reviennent. En même temps, avec léquipe, il y a eu ce truc surprenant qui sest produit : se dire que ça fait déjà dix ans quon chante alors quon a limpression davoir commencé la semaine dernière. Déjà dix ans, cest lhistoire de marquer le coup et puis une manière dannoncer la suite, là ou il y a plein de projets qui arrivent. On a voulu montrer que pendant toutes ces années, on sest fait plaisir et quon voulait aussi encore se faire plaisir.
Cette idée dalbum conceptuel est née dune concertation ou cest ton choix personnel ?
Moi, je voulais effectivement un album anniversaire. Jy ai mis ce que je nai jamais pu mettre sur un autre album. Par exemple, ça fait longtemps que je voulais jouer de la musique jazz manouche. Cétait aussi loccasion de ressortir les vieux morceaux comme "Le manège", qui est lun des premiers titres à avoir tourné dans les bars au départ. Cétait aussi pour partir dans des directions un peu dingues comme l'électro, en faisant aussi un clin dil à ma région natale par un morceau qui est une espèce de version parodique du terroir. Cest une version un peu à la Michael Youn, un peu sketch.
Je suis toujours un peu tête en lair, dans des projections.
Dessus, on retrouve linédit "Les larmes de crocodile", un titre assez personnel où tu parles de toi, où tu définis ton uvre et lartiste que tu es. A lécoute de ce morceau, jai envie de te demander de qui et de quoi penses tu être le héros ?
Je suis toujours un peu tête en lair, dans des projections. Cest un reproche quon me fait souvent. Je ne sais pas si je suis le héros de quelquun, mais jai beaucoup de héros dans les personnages et dans les thèmes que jai envie dexploiter. Je ne me sens pas du tout être un héros. Bien au contraire, je me sens plus attaché à des personnages anti héros. Mais cest vrai que, comme tu le dis, je me déshabille un peu dans ce titre parce que la chanson parle de ce décalage quil peut y avoir entre ce métier que je vois comme une aventure et la vie normale. Ce nest pas exactement comme une quête mais cest quelque chose dun peu bizarre, un peu surréaliste. Du coup, il y a tout le côté onirique qui me plait beaucoup : il y a une vraie cassure avec la vie normale et ce nest pas facile de mêler les deux. Pour ma part, jai vraiment beaucoup de mal.
Découvrez le Teaser de l'album et de la tournée "J'ai 10 ans" :
2010, cest aussi loccasion pour toi de remonter sur scène, là où tu tes fait connaitre il y a dix ans. Tu proposes un spectacle un peu particulier en collaboration avec le "Cirque Plume".
Il y a une mise en scène avec le scénographe du Bernard Kudlak. Lui, à lécoute des morceaux du répertoire quon a choisi pour le spectacle, il y a mis sa touche. Il a intégré quatre artistes circassiens, des acrobates et des comédiens pour créer un spectacle autour de ces chansons là.
il y a bien un visuel associé au cirque qui se joue sur scène ?
Oui. Moi-même je vais vraiment dans lélément « cirque ». Je ne fais pas beaucoup dacrobaties mais javais ce fantasme dintégrer quelque chose comme ça sur scène, ce côté festif. Et puis le cirque, ce nest pas très éloigné de mon univers non plus. Je viens de la Bande Dessinée : on peut le voir dans ma façon décrire, dans la caricature et les personnages. Cétait donc aussi logique de travailler comme ça.
Tu parles de fantasme et denvie. Comment peut-on monter et articuler un spectacle comme celui-là ?
Jétais assez fan du "Cirque Plume" : je lavais déjà vu à plusieurs reprises et jaime cet univers là. Jai dabord rencontré Bernard Kudlak à qui jai proposé dêtre le metteur en scène de cette tournée. Il a invité les circassiens pour monter le spectacle. Cest une rencontre en fait, tout simplement. Ce qui est difficile, cest de créer une fusion entre les chansons et le cirque. Il faut éviter lécueil, le cliché du concert des numéros de cirque sans quil y ait déchanges avec les chansons. Il y a pour cela une histoire, un véritable scénario qui retrace les dix ans de carrière.
Comme pour beaucoup dartistes, et pour toi en particulier car tu as débuté sur scène, cest très important de fêter dix ans de carrière avec le public plutôt quavec un simple album ?
Oui, il le fallait ! Je viens de la scène et je continue à avancer dans cette direction là. Cétait effectivement pour moi plus important encore de fêter tout ça sur scène.
Dailleurs, tu seras pour la première fois de ta carrière au Zénith de Paris le 20 novembre. Tu appréhendes ?
Oui, bien sûr. Je me demande quand même si je ne stresse pas moins que pour lOlympia. En fait, je stresse à toutes les occasions. Tu vois, même quand je joue à la fin dun repas dans ma belle famille, avec des gens que je connais bien, ça me stresse toujours, presque plus peut-être que de jouer devant dix milles personnes. Cest vrai quon ne fera pas dix milles personnes au Zénith. Il ny a pas déchelle du stresse selon la taille de la scène.
Dans le cadre de ta tournée, tu passeras au "Festival des Nuits de Champagne" à Troyes à la fin du mois doctobre. Tu parlais de configuration de spectacle. Celle des "Nuits de Champagne" est particulière.
Jaime bien ce festival là car le principe est quun invité choisit lui-même les amis quil souhaite voir, que ce soit des artistes dunivers différents mais qui, au final, ont toujours un lien avec lui. En loccurrence, cest Louis Chedid (NDLR : linvité dhonneur du "Festival des Nuits de Champagne" cette année). Et Louis Chedid, dans mes dix ans, cest une rencontre très importante parce que javais fait sa première partie dans le Nord. On ne sest pas beaucoup vu, seulement deux fois je crois. Et puis, pour mon premier Olympia, je lavais invité pour un duo en 2005. Cest un moment qui compte dans mes dix ans. Et du coup, de commencer la tournée avec les "Nuits de Champagne", cest quelque chose de fort.
Tu as évoqué des projets il y a quelques minutes. Pourrais-tu en esquisser les grandes lignes ?
Oui, bien sûr. Il y aura un prochain album qui sera un peu plus adulte et qui, en terme décriture, est quasi terminé. Une quinzaine de titres en sont au stade du "guitare voix". Ils ne sont donc pas encore arrangés du tout. Et puis, jai aussi le projet dun éventuel "Enfantillages 2" avec, comme pour le premier, un collectif dartistes.
Dans ce métier là, on ne sait jamais ce qui va se passer.
Ces sont des projets à plutôt court terme, non ?
Oui, mais dans ce métier là, on ne sait jamais ce qui va se passer. La tournée "Jai 10 ans" durera jusquà Noël, mais on aimerait la prolonger jusquaux festivals dété. Si ça plait, on continue, sinon, on rebondit sur autre chose. Je ne sais pas trop ce qui peut se passer mais je sais que là jai encore plein denvies et plein de projets.
Dix ans cest plutôt une passerelle ou un trampoline pour toi alors ?
Oui cest une étape avant de poursuivre autre chose.
Tu parles d "Enfantillages". Cest un disque pour les enfants mais autant pour les adultes au final.
Oui. Ce nétait pas tant jeune public que ça. A lOlympia, on avait autant dadultes que denfants qui se sont sentis concernés.
Et dautre part, tu fais des albums pour adultes comme tu le dis. Tu te définis à ce sujet comme un « adulescent ». Pourrais-tu me définir ce concept ?
Il y a quelques années, il y a eu un phénomène où des adultes de trente ans écoutaient lintégral de Casimir.
Ce nest pas très flatteur pour toi alors
Oui, mais ce nest pas ce côté là qui mintéresse. Je nai pas envie de rester un enfant dans un corps dadulte. Simplement, jai envie de garder les bons côtés de lenfance et de ladolescence. A savoir, dans lenfance, ce qui me plait beaucoup cest limaginaire, la spontanéité, le naturel et lenthousiasme quon peut perdre en devenant adulte. Cest pour ça que je suis très attaché à cette période là. Ladolescence, cest aussi les traumatismes et le changement. Je ne veux pas dire quaprès il ne se passe plus rien, mais jai envie décrire la vie à tous les âges et pour tous les âges. Pour "Enfantillages", je ne minfantilise pas mais jai envie de rester dans ce côté enfant, un peu rêveur. Ca ne mempêche pas pour autant davoir des responsabilités, de travailler avec une équipe et de prendre la direction sur des projets professionnels. Jai simplement encore besoin de cette énergie là.
Alors je te laisse te remettre au travail Alderbert.
Merci à toi.
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