Salut Mickels, pour commencer, dans quel état te sens-tu au moment où ton single "Le Roi" est adressé aux radios (Thierry Cadet) ?
Mickels Réal : Je me sens absent (sourire). Ça ne m'appartient plus, je me sens comme si j'avais abandonné mon gosse, comme un papa peut l'être parfois au moment où son enfant prend son envol. C'est très troublant. En même temps, c'est enfin le début de plusieurs années de travail en sous-marin, avec le groupe, et je t'avoue que je suis content de passer petit à petit aux étapes suivantes.
Deux ans après ta victoire lors de l'ultime et huitième saison de "Star Academy", c'est long. Qu'as tu fait durant tout ce temps ?
J'ai travaillé ce concept avec mon groupe, Mars Avenue. Les quatre même musiciens qui formaient avec moi le groupe précédent,
Rive Despleen. Les chansons ont évolué, d'autres se sont ajoutées, mais l'histoire est la même, juste la continuité, avec la parenthèse Star Ac', évidemment très importante.
Pour quelles raisons ?
Déjà parce que j'ai appris beaucoup de choses, mais aussi parce que c'est grâce à cette émission que j'ai décroché un contrat en label, à l'heure où c'est de plus en plus difficile compte tenu de la crise du disque. Les avances que j'ai gagnées me permettent aussi de pouvoir faire uniquement de la musique, sans trop me soucier du côté financier, ni devoir prendre un travail à côté qui te court-circuite dans la création. C'est quand même un luxe non négligeable.
Penses-tu être attendu par les médias ?
Non pas du tout. Je n'imagine pas que les médias m'attendent spécialement, c'est probablement un processus de sauvegarde, une protection (sourire). Tu sais, que les gens m'aient oublié, même si j'ai encore pour certains l'image de la télé-réalité sur le front, j'en ai conscience, je ne suis pas dupe. Mais je crois que j'aime plutôt ça finalement, le fait d'arriver avec une démarche saine qui ne repose pas uniquement sur un passé médiatique. Je me présente finalement au public et aux médias, comme un artiste lamba.
De quoi traite ce premier single, "Le Roi" ?
"Le Roi", qui est la première chanson d'un des personnages du concept Mars Avenue, c'est l'histoire de quelqu'un qui se noie dans la drogue, essentiellement dans l'alcool concernant ce texte. Mais le parallèle avec d'autres addictions peut se faire très rapidement. En ce qui me concerne, je suis addict de ma passion pour la musique, ce qui m'a souvent joué des tours...
Lesquels par exemple ?
Mon métier me prend tout mon temps. Ça fait six ans que je ne suis pas parti en vacances, mais cette passion est encore plus qu'un métier pour moi, c'est aussi un choix de vie. Je ne vis que pour ça, et il me reste donc peu de temps et d'esprit à consacrer à autre chose, j'ai dû faire beaucoup de sacrifices dans ma vie personnelle. Dans un monde de drogues, quelles qu'elles soient, on pense toujours, à tort, qu'on a raison, et qu'on n'a pas besoin des autres. Mais on se trompe, on a besoin des autres. Je sais que parfois mon entourage en souffre, même s'il me soutient, et heureusement d'ailleurs car ce soutien m'est d'une très grande aide. Il faut dire aussi qu'à 27 ans, j'arrive doucement sur la trentaine, et je fais donc mes premiers bilans (sourire). Vivre de sa passion peut très vite s'avérer dangereux, car le risque de se retrouver seul à l'arrivée, est grand. C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, succès ou pas, j'ai besoin de savoir. J'ai besoin d'avoir les premiers retours, de tester la température, de passer les étapes, ce que je vis actuellement avec l'envoi en radios lundi dernier du premier single de Mars Avenue par exemple.
"Le Roi", est-il un pied de nez à tes détracteurs qui voyaient en toi quelqu'un d'arrogant lors de l'émission, histoire d'enfoncer volontairement un peu plus le clou ?
Non (rires). Et puis les gens qui me critiquent et s'éloignent de moi, je m'en fiche. Ils ont sûrement leurs raisons, bonnes ou mauvaises d'ailleurs, mais c'est grâce et avec ceux qui restent que je vais continuer l'aventure, en espérant en convaincre d'autres. Tu sais, au sein de l'émission, tout est décuplé, et tu sais aussi que l'image qu'elle donne de toi ne reflète pas toujours celle que tu es vraiment. C'est aussi pour ça que j'ai toujours dit que pour faire ce genre d'émissions, il faut savoir qui tu es avant d'entrer, sinon c'est mort. Et ce n'est souvent pas le cas malheureusement, car les candidats sont très jeunes. Ce qui m'a sauvé, c'est que j'avais déjà 25 ans, et un vécu derrière moi. Même si je t'assure que quand tu sors d'un truc pareil, tu es complètement chamboulé (sourire).
Si tu devais définir cet album en quelques mots ?
Je dirai que c'est une tentative de transmettre un message sur un laps de temps un peu plus long que sur une seule chanson. Je n'ai pas la plume assez habile pour faire passer un message sur seulement 3 minutes, et il n'y a bien que Léo Ferré et quelques autres, qui étaient ou sont capables de faire ça. Attention, je n'ai aucune prétention d'apprendre quoique ce soit à quiconque, mais quitte à faire un aussi beau métier, autant tenter d'apporter aussi un message autre que celui, brut, de la musique. Si je devais définir ce disque en quelques mots, alors il est à mi-chemin entre la sensualité, le romantisme et le gros son du rock de base.
A quel réalisateur avez-vous fait appel pour l'album ?
La réalisation du disque est de
Mitch Olivier. Et j'en profite d'ailleurs pour souligner que ce grand monsieur nous a été d'une très grande aide, et bien plus encore humainement parlant avec moi. Il s'est battu contre mon perfectionnisme, et en a cassé les angles. C'est un très beau début d'histoire professionnelle qu'on a vécu tous les deux. Je le considère d'ailleurs un peu comme un deuxième papa, et lui comme un fils.
Quelle part doit-on donner au côté autobiographique du concept Mars Avenue ? Si les biographies des protagonistes sont très romancées, Mike semble être très proche de Mickels, je me trompe ?
Effectivement il y a des similitudes au niveau des noms. Mais je me suis amusé (sourire). Alors oui, il y a peut-être une part de réalité car je me suis évidemment, consciemment ou inconsciemment, inspiré de choses que mes proches ou moi avons vécues.
As-tu écrit tous les textes de l'album ?
J'ai composé tout l'album et ai écrit tous les textes, sauf trois avec
Christophe Marie. Il y a également une chanson en anglais, écrite par
Marlène Schaff (ndlr : qui avait participé l'an dernier à l'émission "
Le grand lifting des tubes" sur TF6), car en anglais je n'ai clairement pas la plume pour le faire (sourire).
Deux ans pour mettre en place un projet de cette envergure, est-ce que ton label t'a laissé carte blanche ?
En fait, quand chez Mercury ils ont écouté les premières chansons, ils m'ont dit : «
Bon, on est loin de la Star Ac'» (rires). Ils ont été séduit, mais m'ont dit aussi qu'ils voyaient ce projet amené de manière conceptuelle. Je t'avoue qu'au début je n'ai pas très bien compris où ils voulaient en venir (sourire). Finalement, j'ai réfléchi, et les premières chansons en main, je me suis lancé dans l'écriture du scénario de Mars Avenue, un scénario obscure, très Lynchien, un réalisateur dont je suis fan. J'ai essayé d'y insérer clairement mes valeurs en filigrane, afin de les communiquer, c'est à dire le travail avec les autres, la patience, le partage...
Pourquoi être passé du nom de groupe Rive Despleen à Mars Avenue ?
J'ai dû batailler avec Mercury pour le nom (rires) ! Parce que même si j'ai plutôt été libre sur ce projet, très sincèrement, mon label n'aimait pas Rive Despleen, et finalement ce n'est pas plus mal. C'est vrai qu'il avait un petit côté pseudo-intello pas évident, qui ne convient pas au concept.
Qui sont donc les quatre autres membres de la formation ?
David Ozguler à la guitare, Erwan Jaffré à la basse, Clément Moraux à la batterie, et Karim Medjebeur aux claviers. Les cinq sont devenus Mike, Oz, R1, Clemo et Medj (sourire).
Tu as donc été relativement libre à l'élaboration de ce disque, les musiciens sont tes amis, le concept est de toi, penses-tu que Mercury se soit dit : «On va le laisser faire pour avoir le meilleur de lui même» ?
Probablement (sourire). Et en même temps tant mieux, parce que je savais ce que je ne voulais surtout pas faire, et je n'aurais jamais pu défendre un projet qui ne me correspond pas. Là, le travail est familial, que ce soit avec mes musiciens, ou avec le réalisateur qui s'occupe des petites vidéos que je poste sur le Web par exemple, tout est simple et cohérent. Et je t'avoue qu'au niveau de la logistique c'est également beaucoup plus facile de déjà se connaître les uns les autres.
Je trouve que cet album, au delà de son côté rock, a quelque chose de très lyrique dans l'esprit.
C'est drôle parce que ce n'est pas la première fois qu'on me le dit. Et en même temps c'est logique, je suis fan de groupes tels que
Pink Floyd, Led Zeppelin ou Radiohead, qui ont ce côté lyrique.
Quelle est la part des chansons qui existaient avant ta participation à "Star Academy", et celle de celles qui ont été écrites et composées ensuite ?
"Le Roi" est une nouvelle par exemple. "Jeux d'enfants" aussi. Mais "La vie est belle" est une ancienne, je l'avais déjà jouée sur scène avec Rive Despleen. Je les ai d'ailleurs déjà toutes présentées sur scène, il y a un an, le 9 octobre 2009, à Charleville, la ville d'où je suis originaire. Cela me tenait vraiment à cur, et j'en garde un souvenir magnifique.
N'as-tu pas peur d'avoir le cul entre deux chaises avec cet album, trop rock pour les médias traditionnels, et trop Star Ac' pour les médias rock ?
J'en ai bien conscience, mais je reste persuadé qu'il faut avoir des objectifs à courts ou moyens termes, et aussi à longs termes.
Olivia Ruiz en reste le meilleur exemple, elle est arrivée avec un univers assez inattendu qui a dérouté sur le moment, mais qui a fini par payer (sourire). Le temps répondra à ta question.
Pourquoi avoir interprété la chanson "El' Tango" en janvier dernier dans l'émission "Les étoiles de la glisse" commentée par Nelson Monfort et Philippe Candeloro (voir sur ce lien), était-elle prévue en tant que premier single ?
En réalité, ce passage télé avec "El' Tango", qui est bien sur l'album mais dans une nouvelle version, a juste été pour moi l'occasion de sortir de ma cave, dans laquelle j'étais depuis un an et demi (rires) ! Je me suis arrêté de réfléchir à ce qu'il fallait faire, ne pas faire, et j'ai accepté. Maintenant je te l'accorde, le montage est très kitsch (rires). Mais je ne peux pas toujours faire la fine bouche, et c'était aussi une manière pour moi d'arrêter de me cacher. Le seul problème que j'ai eu avec ce passage télé, c'est qu'à la base mes musiciens devaient être avec moi dans ce magnifique décor (sourire), mais finalement pour plusieurs raisons, ils n'ont pas pu. Après, sans évidemment me comparer à lui, si je vois Thom Yorke (ndlr : Radiohead) dont je suis fan, dans une émission comme ça, je ne prête pas attention à l'émission.
Pourquoi ne pas avoir honoré ton rôle dans "Pastorale" au Théâtre du Châtelet, celui que tu avais décroché suite à une audition médiatisée durant "Star Academy" ?
Par manque de temps. Déjà c'était à quatre semaines de la fin de l'émission, et je ne savais pas si j'allais gagner ou pas. Il s'avère qu'ensuite, j'étais en plein enregistrement de l'album. Si je n'avais pas gagné, ça m'aurait plu de monter sur scène direct pour me vider la tête de cette aventure, mais là du coup, je ne pouvais pas faire les choses à moitié. Ce type de spectacle engendre de nombreuses répétitions, j'ai donc préféré décliner.
Comment va se présenter cet album de Mars Avenue sur scène ? Quelle formation auras-tu ?
Les musiciens du groupe évidemment, mais Olivier Nusse, mon Directeur artistique chez Mercury, voudrait bien qu'on y porte le concept tout entier, et comme je suis déjà depuis quelques temps sur l'écriture d'un long-métrage pour le plaisir, avec une scénariste, je me dit que ce n'est pas une mauvaise idée. Si on devait faire un film, le concert serait un détail dans ce dernier, mais par contre grâce au live, on pourrait essayer d'en faire un court-métrage. On réfléchit actuellement à tout ça. On pense aussi à intégrer de la 3D, mais je ne peux pas t'en dire plus pour le moment (sourire)...
Découvrez le premier teaser du projet Mars Avenue :
Le player Dailymotion est en train de se charger...
Idem, j'imagine que le clip sera décliné de ce même concept ?
Oui. Vu que je vois ce projet comme une allégorie de la vie, tout va être en rapport avec ça, on s'y est appliqué, aujourd'hui on a un tapis de sol, et on doit conjuguer avec. J'aimerai bien d'ailleurs que le clip soit réalisé par mon ami qui réalise déjà les vidéos pour le groupe...
Y'a-t-il déjà des dates de concert de prévues ?
Non pas encore, c'est trop tôt. L'album devrait être en bacs en début d'année prochaine. Mais nous préparons cela dit un showcase à Paris pour la fin de l'année, afin d'y présenter notre disque.
Pour finir, qui revois-tu des candidats qui étaient avec toi sur la dernière promotion de l'émission, tu semblais très proche d'Edouard Privat, de Joanna Lagrave...
Avec Edouard on a vécu un réel début d'amitié, mais il est parti vivre en Afrique du Sud depuis quelques temps. Quant à Joanna, c'est vrai qu'on était complice. C'est un diamant brut cette fille, elle va grandir encore, personnellement et artistiquement, et je ne mâche pas mes mots si je te dit que je la considère comme l'une des meilleures chanteuses, toutes saisons confondues, avec aussi
Maureen Angot.
Alice Raucoules ? Gautier Reyz ?
On ne se voit plus non (sourire). Mais tu sais je n'ai jamais rien eu contre eux. Je n'ai pas apprécié le jeu qu'Alice tenait à la fin de l'aventure, je n'aime pas les gens qui jouent avec les sentiments. Quant à Gautier et moi, contrairement à ce qu'on pourrait penser, nous étions dans la même chambre d'hôtel avant d'entrer dans l'émission. J'ai découvert un garçon en manque de repères, ce qui s'explique par son histoire personnelle, évidemment ça laisse des stigmates. Il était comme un chien abandonné. Mais au fond, ce n'est pas quelqu'un de méchant. Il faut dire aussi qu'il y avait de grands écarts d'âge entre nous tous, et souvent un manque de maturité. Les uns ne voulaient pas entendre les conseils des autres, nous n'avions également pas le même parcours artistique. Tout ça est bien normal finalement (sourire).
Et côté profs ?
Côté profs, Dominique Martinelli va probablement travailler avec le groupe (sourire). Elle est coach scénique et elle m'a apporté le plus grand bien durant l'émission. Grâce à elle, et à Philippe Lelièvre avec le théâtre, j'ai beaucoup appris au niveau de la confiance en soi. Je n'oublie pas non plus
Jasmine Roy qui est un peu comme une grande soeur, idem pour Brice Davoli avec qui j'ai pu échanger beaucoup car c'est un vrai musicien. Enfin, sache que je suis amoureux d'Armande Altaï, je suis grand fan de cette femme. Elle a un parcours extraordinaire, et elle ne joue aucun jeu, elle est juste elle-même. Je me souviens avoir longuement parlé du groupe de rock progressif 60's belfortain Ange avec elle, c'était incroyable (rires) !
Iras-tu applaudir Joanna au sein du spectacle "Il était une fois Joe Dassin" dont elle fait partie, actuellement au Grand Rex de Paris ? De même qu'Armande Altaï à l'Alhambra, le 8 novembre prochain ?
J'aimerai bien oui.
Merci beaucoup Mickels, et bonne chance pour l'album de Mars Avenue.
Merci de ton soutien Thierry.