mardi 28 septembre 2010 0:00

Raphaël en interview

Dans les bacs depuis ce lundi 27 septembre, le cinquième opus de Raphaël est très certainement l’une des sorties musicales les plus attendues de cette fin d’année. Un brun expérimental et emprunt d'une époque révolue, "Pacific 231" nous fait partir à la découverte d’un artiste comblé et fier de sa carrière, qui aime surtout être là où on ne l’attend pas. Après avoir sillonné la France seul avec sa guitare et son piano, Raphaël nous livre au cours de cette interview sa vision du monde actuel qu’il développe au fil de ses treize nouvelles compositions.
Tu fais paraître ton cinquième album que tu as intitulé "Pacific 231". C’est un titre très imagé par rapport à ceux de tes précédents opus. Est-ce une référence à Arthur Honegger et à la locomotive américaine ? (Jonathan Hamard, rédacteur)
Raphaël :En fait, c’est purement esthétique. Il y a une chanson qui s’appelle "Locomotive" et la photo de la pochette de l’album est justement une locomotive. C’est une photo qui fait un peu science fiction, rétro-futuriste, et même anticipation. J’avais envie que la pochette aille dans ce sens là, de donner avec elle l’impression d’un film futuriste.

C’est justement un peu un voyage dans le temps cet album. Tu nous emmènes dans un train ?
Je vois plutôt cet album comme un reportage qui raconte l’histoire d’un type qui ne voyage pas mais qui raconte sa vie, la manière dont il l’a faite, et les sensations qu’il a quand il voit les gens qui se débattent dans leurs difficultés. Tu vois, c’est plus l’état d’un monde dans lequel on attend de voir combien de temps il va tenir avant de craquer. Cet homme y assiste et le vit.

Tu parles de temps et ce nouveau disque crée un rapport au temps particulier, tourné vers le passé. Je le perçois autant pour la musique dont le sonorités sont à la fois contemporaines et appartenant à une autre époque, mais aussi pour toute l’imagerie qui en découle.
Il y a sûrement un petit peu de cela. J’ai l’impression qu’on est dans le siècle naissant comme on a pu l’être au début du XXème siècle dans l’étonnement de la science, et aussi dans une certaine angoisse comme c’est dit dans la chanson "Locomotive". On a peur que la locomotive écrase le cerveau dans la boîte crânienne et, en même temps, on est fasciné par ce train qui va vite et qui va fort. C’est un environnement entre le futurisme et la peur de la science. Je crois que notre monde d'aujourd’hui est un peu là dedans : cette fascination par le progrès, par cette manière dont le monde change à une vitesse folle. Puis, en même temps, on a l’impression qu’on court quand même à notre perte parce que chaque génération agit avec violence sur son habitat. On a cette sensation que le monde peut être en danger d’une seconde à l’autre depuis la Guerre froide. Au-delà de ça, j’aime les vieilles machines, les vieux moteurs, les vieilles bagnoles, les veilles montres, tout ce genre de mécanique-là.

Une imagerie assez originale aussi pour les masques présents sur la pochette de "Pacific 231", que l’on retrouve également dans le clip du "Bar de l’hôtel".
On est justement dans cette impression rétro-futuriste : l’idée d’un monde qui serait celui d’aujourd’hui mais avec des conditions de vie différentes. Je l’ai voulu autant dans l’album que pour le visuel.

Visionnez le clip "Bar de l'hôtel" de Raphaël :


Cette atmosphère rétro-futuriste, la retrouvera-t-on sur ta prochaine tournée à partir de novembre prochain ?
Tout à fait !

Une tournée qui sera alors totalement différente de ta dernière série de concerts acoustiques donnée au premier semestre 2010. Tu as produit un album que tu as donc enregistré en même temps que cette tournée. Comment travaille-t-on en parallèle sur deux projets si différents ?
C’était très bizarre, étrange même. En fait, c’était le timing qui voulait ça car j’avais mis en chantier la tournée acoustique un an et demi auparavant et les choses se sont précipitées. J’avais enregistré la plupart des titres avant de partir en tournée et on a terminé le mixage juste après les derniers concerts.

Ce projet de tournée acoustique est inédit pour toi. Comment cette idée est-elle venue à maturité ?
C’est vrai qu’à l’époque on faisait la tournée des Zéniths. On arrivait tout juste à Nantes après avoir fait les îles. On savait qu’on avait vingt-cinq Zéniths qui nous attendaient, puis Bercy et le Forest National, à Bruxelles. C’était sympa, on était cinquante-cinq sur la route avec des gros camions. Ca me plaisait mais je sais que j’avais besoin de revenir à quelque chose de plus fondamental, à des plus petites salles comme des centres culturels. J’étais tout seul avec une guitare, une paire de bottes et un piano.

Cette tournée t’a donc apporté quelque chose par rapport à ce que tu pourrais produire aujourd’hui ?
Oui, tout à fait. Je pense que j’ai progressé en tant que guitariste. J’ai appris pas mal d’autres choses en tant que chanteur : j’ai progressé en qualité de chant notamment pour ce nouvel album "Pacific 231". Et puis peut-être qu’elle affectera la production du prochain album même si là, je ne sais pas encore comment.


Il y a donc un avant et un après tournée qui a influencé "Pacific 231", puisqu’il a été enregistré avant et mixé après ?
Oui, elle l’a quand même influencé un petit peu car il y a des chansons comme "Le patriote" que j’ai joué lors de cette tournée. J’ai voulu vérifier que le public comprenait l’humour de cette chanson. Il y en a d’autres comme "Je détruis tout" qui m’ont permis de tester ces nouvelles chansons.

Je te parlais d’un autre temps juste à l’instant, et au début du XXème en particulier. J’ai envie de te parler de "Ces amours-là", le dernier film de Claude Lelouch dans lequel tu incarnes Louis, l’amant d’une croqueuse d’hommes. C’était un souhait pour toi le cinéma ?
C’était surtout un hasard. Avec Lelouch, on s’est rencontré dans un restaurant et on m’a proposé ce rôle. J’ai été très touché, très heureux. Ensuite, on est parti en Roumanie comme une bande de copains. C’était passionnant de le voir travailler chaque jour et de voir son enthousiasme, son énergie et sa manière de déstabiliser avec tendresse les gens pour en quelque sorte trouver une vérité quelque part. J’ai adoré cette expérience.

Une grande première qui t’a apporté une nouvelle manière d’appréhender l’art aussi ?
Oui, même si je n’ai pas fait grand-chose. En fait, ça me dit quelque chose du lâché prise, de cesser de mettre à mort. Je crois que c’est important pour tout : ça dit quelque chose de la vie et pour la musique.

As-tu l’envie de réitérer l’expérience ?
Oui j’ai envie. Je ne peux évidemment pas tout jouer, mais du moment que le rôle s’y prête pourquoi pas. Toutefois, je n’ai pas encore vraiment de projet.

« On ne sait pas trop si je suis chanteur de charme ou musicien expérimental. »
Des projets tu en as eu déjà beaucoup puisque tu fêtes tes dix ans de carrière. Quel bilan tires-tu de ces dix dernières années, et notamment depuis "Caravane" ?
Et bien là, je me sens bien. Quand je vois ce que j’ai fait ces 5 dernières années, je trouve que j’ai fait quelque chose de bien. Je ne suis pas là pour me jeter des fleurs, ce n’est pas du tout mon genre, mais je trouve que j’ai quelque chose d’un peu à part. On ne sait pas trop si je suis un chanteur de charme ou un musicien expérimental sur cet album-là. Je trouve chez beaucoup de gens cette volonté de ne pas faire ce que l’on n’attend d’eux. J’aime bien tous mes disques et je commence à prendre du plaisir en voyant mes quatre-vingt chansons tout en me demandant lesquelles je vais choisir pour partir en tournée. Et puis, j’aime aussi aujourd’hui faire revivre des chansons obscures ou me les approprier différemment. Je suis content de mes cinq disques et des chansons que j’ai écrit pour d’autres.

Oui d’ailleurs, tu as participé au premier opus de Zaz en écrivant pour elle. Elle a été numéro 1 du Top Albums presque tout l’été. Comment voit-on ce succès quand on y a contribué ? Est-ce qu’il te donne envie d’écrire pour d’autres ?
C’était vraiment par le biais d’une amitié que tout s’est fait. C’est un ami d’enfance qui l’a fait signer et il m’a demandé de lui filer un petit coup de main. C’est une artiste de talent. La nana, elle chantait sans argent dans la rue sur la Place Du Tertre. Je suis donc venu avec quelques chansons et j’ai adoré son charisme, son authenticité et puis sa voix. Il y a aussi cette sensibilité tournée vers le passé qui m’a touché aussi. On a donc fait ce truc entre copains, j’ai d’ailleurs hébergé le batteur chez moi. On a fait tout ça sans savoir ni même se demander si ça allait marcher, si ça allait avoir de l’écho. Je me suis dit que si les gens avaient des yeux pour voir, ils verraient ce que j’ai vu dans les chansons. Et ça a été le cas !

La proximité et la spontanéité avec les personnes, ça a l’air important pour toi dans ta manière de travailler.
Oui, tout se fait dans la tendresse et c’est là qu’on fait ce qu’il y a de mieux. Sur la tournée et sur le disque, on partage tout ensemble. Je connais tous les mecs qui m’accompagnent depuis plus de cinq ans. Par exemple, je croise Vincent Delerm dans la rue, on se regarde sans dire un mot comme deux vieux combattants. Ca fait vingt ans que je suis dans la musique et tout se fait comme ça.

Merci Raphaël.
A bientôt !

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