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jeudi 26 août 2010 0:00

M. Pokora en interview

M. Pokora, révélé au grand public en 2003, dévoile cette semaine dans les bacs, son déjà quatrième et nouvel album, "Mise à jour". Le chanteur revient sur son parcours, son aventure américaine, mais se livre aussi sur des thèmes plus personnels, avec beaucoup de sincérité. Rencontre avec un garçon touchant, et passionné, qui est à l'honneur d'un reportage lui étant consacré sur NRJ12, et sera sur la scène de l'Olympia, le 21 décembre prochain.
Salut Matt, très heureux de te rencontrer afin de pouvoir évoquer avec toi ce, déjà, quatrième et nouvel album, en sept ans : "Mise à jour". Un retour à la langue de Molière, après ta parenthèse avec la production américaine de Timbaland, sur l'opus "MP3" (Top 7 en 2007). Comment te sens-tu la semaine de la parution de ton disque dans les bacs (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef adjoint) ?
M. Pokora : Salut Thierry ! Serein (sourire). Je suis heureux car les retours sont très positifs. Les premiers résultats de ventes sont bons, mais les critiques aussi, ce qui me touche beaucoup.

Après plusieurs écoutes, je scinderai cet album en deux parties, le côté club avec des textes peu forts de sens, et de très jolies ballades avec des textes moins ludiques, bien plus profonds, et pour moi, bien plus intéressants. Pourquoi ne pas s'atteler à mettre plus encore en avant, Matthieu ? Celui qui se cache derrière M. Pokora.
(sourire) C'est bien que tu abordes cette problématique. Et je vais même te dire, c'est souvent ce qui revient à l'écoute de ce disque. "Comme un soldat" ou "En attendant la fin" - cette dernière est notamment la plus belle chanson qu'on m'ait offert de chanter depuis le début de ma carrière, sont souvent soulignées par les journalistes. Mais le tempo se prête à la profondeur des textes. C'est toujours le soucis que j'ai avec les morceaux qui bougent. Comment faire sonner un texte, ou un thème, plus aboutis, moins ludiques, sur des titres clubs ? C'est très difficile. Parfois même, tu peux plus facilement tomber dans le ridicule ou le niais, en écrivant profond sur une musique club, c'est paradoxal je te l'accorde, mais c'est une réalité. C'est la raison pour laquelle "1, 2, 3", "Elle veut jouer", "Toutes sexy" ou "Gogo Danseuse", sont évidemment à prendre au second degré.

Privilégies-tu donc plus le son que le sens ?
Sur ces morceaux là oui. Mais pas sur les autres, tu viens de m'en parler, les ballades ont plus de fond. Et j'assume pleinement ces deux facettes.

Que penses-tu par exemple de Stromae, qui arrive à faire sonner un texte non vide de sens, sur un morceau up-tempo ?
Stromae c'est autre chose. Lui, il parle plutôt, c'est une autre démarche. La façon dont il pose, permet plus de raconter une histoire. J'aime bien Stromae, "Alors on danse" est d'ailleurs arrivé jusqu'aux oreilles de Timbaland et de son équipe, et j'ai mis les managements en relation.

Timbaland ? Je veux lui envoyer l'album Deluxe avec les versions anglaises. Il sera beaucoup plus réactif
La production et la réalisation réussies de ce nouvel album, prouvent définitivement qu'une production américaine n'est pas indispensable aujourd'hui. Qu'en penses-tu ?
Elle ne l'est plus c'est vrai. Il fût un temps où les américains avaient plutôt le monopole, c'est aussi pour cette raison que mon travail avec Timbaland est tombé à point nommé, et ce fût génial d'expériences et de résultats, parce que je suis très fier de l'album "MP3". Aujourd'hui, c'est aussi en Europe que ça se passe, les allemands, les suédois, et les français même - notamment Astroboyz dont Tom Grégoire et P.A Melki ont travaillé sur quelques morceaux de ce nouveau projet, sont très forts eux aussi. Ils deviennent incontournables.

Visionnez le clip de M. Pokora feat. Timbaland, "Dangerous" (2008) :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Tu as donc gardé contact avec Timbaland et son équipe ?
Bien sûr ! Comme je viens de te le raconter, avec l'exemple de Stromae.

Qu'a pensé Timbaland de cet opus, "Mise à jour" ?
Il ne l'a pas encore écouté, parce que je veux lui envoyer l'album Deluxe, celui contient les versions anglaises des morceaux. Il sera, comme tu le penses bien, beaucoup plus réactif à la fluidité et au sens des mots (sourire).

Est-ce que cet album pourrait paraitre à l'international, en tout cas dans les pays qui ont bien accueilli "MP3", notamment l'Allemagne ou la Pologne ?
Tout à fait, mais dans sa version anglaise. L'Allemagne, la Pologne, mais aussi la Finlande, la Suède, l'Espagne, ou le Mexique, devrait bénéficier de cette sortie. On est en train de travailler dessus avec mon label.

Etant en duo avec la chanteuse hollandaise Eva Simons sur "Mr & Mrs Smith", son pays natal pourrait-il voir paraitre le single ?
Oui (sourire), on y réfléchit évidemment.

Visionnez le clip de Eva Simons, "Silly Boy" (2009) :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Comment s'est déroulée la rencontre avec cette jeune femme, lauréate d'ailleurs du "Popstars" local en Hollande, au sein du groupe Raffish, comment l'as-tu connue ?
En réalité, elle travaillait dans l'un des studios voisins du mien. J'avais déjà eu vent de son nom, car souviens toi il y a quelques mois, la démo de son single "Silly Boy" avait leaké et créé le buzz sur le Web, laissant planer le doute comme étant le nouveau Lady GaGa, en duo avec Rihanna (sourire)... Nous avons sympathisé, et elle m'a demandé de lui faire écouter ce que j'enregistrais. C'était "Mr & Mrs Smith", qui n'était pas prévu comme étant un duo au départ. Il me manquait d'ailleurs une partie de la chanson, qui était vide jusqu'au refrain. De là, elle l'écoute, et elle part en freestyle devant moi. J'ai adoré, et je lui ai proposé d'en faire un duo. Simplement.



C'est en tout cas, pour ma part, avec "1, 2, 3", l'un des évidents prochains singles issus de l'album.
Merci beaucoup, tu n'es pas le seul à le penser (sourire)...

Combien de temps a duré la genèse de ce disque ?
Après la fin de l'exploitation de "MP3", j'ai d'abord pris quelques mois pour me reposer. Puis, en été 2009 les premiers sons sont arrivés, et j'ai commencé à écrire les premiers textes, en novembre dernier. Toutes les chansons sont donc nouvelles, et proviennent de l'après-"MP3".

J'ai tout entendu sur mon compte ces dernières années... Cette “mise à jour” était donc nécessaire. Ce disque est un pied de nez à ceux qui disaient que c'était fini
On s'en rend évidemment compte dans certains thèmes évoqués, notamment dans "Mise à jour"...
Oui, je crois que le titre ce cet album ne pouvait pas plus coller à mon ressenti du moment. Tu sais, j'ai tout entendu sur mon compte ces dernières années... On a parlé à tort et à travers de ma vie amoureuse, de ma sexualité, mais je me suis toujours efforcé de protéger ma vie privée. Ce qui prouve bien que j'ai réussi, puisqu'elle suscite des interrogations. On a dit aussi que j'étais fini artistiquement, que c'était la fin, et ce dès la parution du premier single en anglais "Dangerous" - qui est quand même entré n°1 en France il y a trois ans, et s'est classé aux premières places dans certains pays européens. Cette “mise à jour” était donc nécessaire.



Tu déclares d'ailleurs dans le texte du morceau : «je suis réactivé». Etais-tu donc véritablement “désactivé” ?
Evidemment ! Sachant qu'en plus, j'étais à l'étranger quand toutes ces choses ont été dites sur mon compte dans les médias français. Je n'étais plus connecté avec la France, je n'étais pas là pour y répondre... Aujourd'hui, ce disque est un pied de nez à ceux qui disaient que c'était fini. Je suis bel et bien de retour, après quand même deux ans et demi entre mes deux derniers albums. Je crois aussi que c'est maintenant que j'aurais pu appeler ce disque comme le single, paru il y a quatre ans (Top 6 en 2006) : "De retour" (rires).

Je ne suis pas revanchard, mais je n'oublie pas, et je sais exactement qui est qui.
L'opus "Mise à jour" reçoit en effet un très bel accueil, selon les premiers résultats (#3 sur iTunes, #2 sur Virginmega, mais aussi physiquement #2 chez Auchan, #3 chez Virgin Megastore...), et dans les médias également... es-tu reçu par ces mêmes journalistes qui avaient descendu ton album international ?
(sourire) Souvent oui. Mais tu sais, c'est ce métier qui veut ça, je le sais maintenant que je le connais sous toutes ses facettes. Je ne suis pas revanchard, mais je n'oublie pas, c'est tout ; et je sais exactement qui est qui. C'est par exemple un réel plaisir de faire une interview avec toi Thierry, car avec Charts in France, tu m'as toujours soutenu. Je suis souvent venu lire les articles sur le site. Si le premier single, "Juste une photo de toi", a mis du temps à démarrer, aujourd'hui, il s'avère être le second titre de ma carrière à atteindre autant d'Airplay radios, après "Elle me contrôle" (Top 6 en 2005), il y a cinq ans (ndlr : voir le clip en fin d'article). Mon premier album n'était entré que 39ème du Top il y a six ans. J'ai donc fait mieux depuis avec les suivants, ce qui est rare car c'est souvent plutôt l'inverse. C'est une petite fierté personnelle (sourire).

Visionnez le nouveau clip de M. Pokora, "Juste une photo de toi" (2010) :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Dans "Comme un soldat", tu évoques ton grand-père atteint de la maladie d'Alzheimer, et qui comptait beaucoup pour toi. Je t'ai vu très ému dans le reportage qui t'est consacré sur NRJ12, quand tu as évoqué sa disparition (ndlr : visionnez la bande-annonce en fin d'article).
Je le suis toujours quand je parle de lui, et les circonstances de ce reportage ont faites que je me suis laissé déborder par les émotions. Mais en même temps, j'avais dit à la journaliste qui l'a réalisé, que j'étais prêt à évoquer tous les thèmes, ce que j'ai fait. Après sept ans de carrière, cela m'était nécessaire.

De montrer que derrière le performer se cache quelqu'un d'humain et de sensible ?
Oui. Tu sais, concernant mon grand-père, il est quelqu'un qui a beaucoup compté pour moi. Quand j'étais petit, il s'est beaucoup occupé de moi, et puis la maladie l'a emporté. Alzheimer est vraiment terrifiant.

Alzheimer est vraiment terrifiant. Aujourd'hui qu'il est au ciel, c'est moi qui reste sur le champ de bataille, qui doit continuer le combat, et avancer.
Pourquoi fais-tu le parallèle entre ton grand-père et la guerre dans ce morceau ? Un thème que tu soulignais déjà dans "Mal de guerre", sur ton second album, co-écrit avec Jérôme Lucas aka Brûlant. Pour quelles raisons ?
Mon grand-père était militaire. Il a fait la guerre d'Indochine. C'est étonnant que tu m'amènes à ça parce que je n'en avais jamais parlé (silence). Quand j'étais petit, mon grand-père avait un petit tableau avec toutes ses médailles. Il me prenait sur ses genoux, et il m'expliquait l'histoire de chacune d'elles. Aujourd'hui qu'il est au ciel, c'est moi qui reste sur le champ de bataille, qui doit continuer le combat, et avancer.





Crois-tu que tes blessures expliquent ta détermination ?
Probablement.

Es-tu croyant ?
Oui.

Dans le morceau "En attendant la fin", que tu définies comme étant sans doute l'une des plus beaux textes qu'il t'ait été donné de chanter - écrit par Tyron Carter, tu déclares : «quand je vois maman perdre ses pétales, on s'en remet à Dieu sur son lit d'hôpital». Pour quelles raisons ?
C'est un double sens. Déjà, cette chanson a été écrite par Tyron, et il y évoque en effet sa mère. Pour moi, c'est tout ce rapport à la peur et à la perte de l'espoir, qui est évoqué. En l'occurrence face à la maladie, mais aussi face à une multitude d'autres difficultés. Chacun peut se la faire sienne, pour ses propres raisons. Il ne faut pas oublier que beaucoup de gens ne croient en rien, mais s'en remettent finalement à la religion, en dernier recours (sourire).



Tyron Carter fait partie de ta bande rapprochée, Leslie aussi - qui a co-écrit et co-composé avec toi, le texte écologique de "Sauvons ce qu'il nous reste", mais comment as-tu rencontré Wayne Beckford, présent lui aussi sur le disque ?
J'étais en promo en Finlande et en Suède, et c'est là qu'on a été présenté. Nous avons sympathisé, et c'est par email que nous avons commencé à bosser sur l'instru de "1, 2, 3". Ensuite, j'en ai écrit le texte, et Wayne a réalisé le titre en studio.

On dirait que les collaborations ont été simples à réaliser pour toi, que ce soit avec Eva Simons ou avec Wayne Beckford (qui sera notamment au Festival Rock en Seine, le 29 août prochain)...
C'est à dire que la parution de "MP3" au sein de différents labels européens d'EMI facilite les choses aujourd'hui. Gee Futuristic en Allemagne m'a beaucoup aidé sur certaines connections par exemple, les belges The Bionix également...

Les titres que tu écris sont-ils la plupart du temps autobiographiques ?
La plupart du temps, mais pas toujours. Parfois j'évoque les situations de potes qui m'entourent. "Juste une photo de toi" ne l'est pas par exemple.

Et "Né pour toi" ?
Celle-ci l'est oui (silence).



Où es-tu de tes propres productions ? Tu avais notamment produit le premier album de Tyron Carter, "Hold-Up" (Top 121 en 2007) ?
Avec Tyron, c'était plus du management que de la prod. J'ai un nouveau projet, très éloigné de mon univers, un jeune gars parisien dans un style soul acoustique, mais tu ne m'en voudras pas de ne pas t'en dire plus, il a beaucoup de talent, je ne veux surtout pas qu'on me le pique (rires) !

Pour finir Matt, évoquons la scène avec l'Olympia, où tu te produiras le 21 décembre prochain. Même si nous aurons le temps d'en reparler, comment envisages-tu la part faite à ce nouvel album, aux précédents, les musiciens qui t'accompagneront, etc. ?
Il me reste encore un peu de temps en effet, et nous allons commencer à y penser sérieusement dès l'automne. Mais en gros, la part du nouvel album sera importante évidemment, avec aussi d'anciens morceaux. Des musiciens, il y en a d'ailleurs déjà sur le disque, au delà des programmations, notamment David Naulin et Philippe Morel aux violons, Damien Bec à l'alto, ou Jérémy Bourré au violoncelle.

Nous verrons donc. Tu as toujours eu des musiciens sur scène, je me souviens d'une session acoustique, assis sur le bord de la scène de Paris-Bercy, il y a deux ans. Un joli moment.
Merci.

Merci à toi Matt, de ta sincérité et de ta gentillesse.
A bientôt Thierry.

Pour en savoir plus, visitez mpokora.com, ou son MySpace officiel.
Pour écouter et/ou télécharger le nouvel album de M. Pokora, "Mise à jour", cliquez sur ce lien.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Visionnez la bande-annonce du reportage sur M. Pokora (NRJ12) :


Visionnez le clip de M. Pokora, "Elle me contrôle" (2005) :

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