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Stromae en interview

Avec le tube "Alors on danse", Stromae est entré directement n°1 des ventes de singles en France (et en Allemagne). Son titre passe en boucle dans les clubs et sur les ondes : un début fracassant, mais qui se cache derrière ce carton ? Nous l’avons rencontré, pour parler de son album à paraitre, de ses influences, et de sa vision de la musique et du hip-hop. Entretien.
Bonjour Stromae ! Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ? (Anto Filippi, rédacteur)
Bien sûr ! Je m’appelle Stromae, je viens de Belgique. J’ai 25 ans et suis auteur, compositeur et interprète.

Des filles nues et des voitures ? Ce n’est pas que ça le hip-hop !
Comment as-tu démarré ta carrière ?
Au début, j’ai commencé en tant que percussionniste. J’ai vite arrêté le solfège car ça me soulait... Ensuite, on m’a envoyé en internat, et j’ai commencé à rapper avec un de mes amis, Jean Didier. On a fait notre petit groupe, qui s’appelait "Suspicion", sorti un premier clip, que j’avais co-réalisé. J’ai sorti mon premier maxi quatre titres, dont le titre était : "Faut qu’t’arrête le rap...". De mon côté, je me suis orienté vers des études de cinéma. J’ai évolué, toujours dans le rap, avec des instrus assez classiques, mais j’ai changé de style vestimentaire pour me démarquer. De là est né en 2007 le maxi quatre titres "Juste un cerveau, un flow, un fond et un mic", très simple et très court (rires). Je critiquais le rap en posant sur des instrus très américaines. Je trouve que ce qui arrive des Etats-Unis, c’est un peu ça : des instrus qui sonnent hyper bien, mais un fond bizarre. Des filles nues et des voitures ? Ce n’est pas que ça le hip-hop !

Découvrez le clip des débuts de Stromae, "Faut qu’t’arrête le rap… "



Tu as composé des morceaux pour Kery James, Anggun ou Melissa M. Comment as-tu été amené à travailler pour d’autres ?
J’ai commencé à composer de plus en plus, puis j’ai fait écouter mon travail à "Street Fabulous", un collectif belge, qui a été intéressé par mon travail. On m’a passé du matériel, j’ai signé avec "Kilomaître" et c’est comme ça que j’ai vraiment commencé à composer pour d’autres artistes. Je me disais qu’il y avait plus de place en tant que beatmaker, qu’en tant que rappeur. Je savais que j’allais venir avec quelque chose de différent, mais pas exactement avec quoi. Ce sont ces compositions qui m’ont permis de me lancer.

L’influence du rap mais aussi de l’électro… Comment définirais-tu ta musique ?
Il y a quatre grands points. Non, trois, j’ai oublié le dernier ! Tout d’abord le hip hop, même si beaucoup de personnes sont tombées dans des gros clichés que je n’aime pas. Je le reconnais, j’ai des influences hip hop, comme P-Diddy par exemple. Puis l’électro, très 90’s et newbeat. Un jour, on m’a dit que la pire des décennies musicales, était celle des années 90 (oui, j’assume !), mais pour moi justement c’est l’inverse. On rejette ce dont on a abusé. On manquait de recul. Le dernier élément : la chanson, avec Brel ou Nougaro, et la Motown.

Tu es dans une case à part donc...
Je fais du hip-hop sur de l’électro. Je ne suis pas le premier. Si ça pouvait être ma case, j’en serai ravi !

Quelle a été ta réaction en apprenant que "Alors on danse" était numéro 1 du Top Singles aussi bien en digital qu’en physique ?
Intérieurement tu cries très fort : « Merci Beaucoup ! ». J’assume entièrement ce morceau. J’ai fait des instrus pour Melissa M, que je n’aurais pas pu défendre, en tant qu’interprète. Je suis très heureux ! Je savais que le morceau serait sur mon album. Ça me rassure. Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu depuis le début.

Visionnez le clip "Alors on danse" de Stromae :


"Alors on danse" est un morceau triste.
Sur un morceau comme "Up Saw Liz", tu critiques le fait qu’on adore des chansons sans en comprendre les paroles. Mais en même temps, est-ce que les allemands qui achètent ton single et te font entrer numéro un des ventes comprennent ce que tu dis ?
Je reste dans mon utopie totale. Ils comprennent grâce au clip ! Je n’ai pas fait un clip avec des meufs à poil et des saxophones … Si j’avais fait ça, les gens se seraient dit : « Voici un Pitbull français… Ou Belge en vérité ! » (rires). J’ai recadré avec ce clip, plus social, un peu dans l’idée de l’émission "Striptease". Ce morceau raconte la vraie vie, le clip reflète un message. On n’est pas dans un clip sur fond rose avec des filles qui boivent du champagne au bord d’une piscine. Tous les jours il faut travailler, et on tente d’oublier en boîte de nuit. C’est ce que j’ai vu et vécu. D’ailleurs, pour l’anecdote, en soirée avec des potes, un de mes amis était vraiment très très mal…(rires) "Alors on danse" dans une version pas tout à fait aboutie tournait derrière. C’était exactement les mots qui décrivaient ce moment. A la fin du clip, ce n’est pas un coma éthylique, c’est un coma causé par la vie. C’est un morceau triste finalement, mais avec un peu d’espoir et d’ironie car on tente d’oublier.

Découvrez le clip du titre "Up Saw Liz (n'importe quoi)" :


J’ai peur que les gens me considèrent comme un one shot.
En quoi consistent "les leçons de Stromae" ?
Il s’agit d’un mythomane, professeur, qui se prend pour un donneur de leçons. C’est un délire, très second degré, mais aussi pour montrer le travail que je fais en amont.

Pour voir les leçons de Stromae, cliquez sur ce lien.

Tu as envie de te différencier des autres ?
Ma plus grosse crainte est de tomber dans un cliché.

Pour quand est prévu l’album ? Peux-tu nous en dire plus sur ce qu’il contiendra ?
J’ai déjà bien avancé ! Il me manque encore deux ou trois titres. L’album est prévu pour mai ou juin. Il s’appellera sûrement "Cheese", toujours sur la thématique d’"Alors on danse". Une base un peu schizophrène, double discours, comme le fait de danser sur des choses graves. Ça a un rapport avec les photos d’enfance, quand on nous demandait de sourire, de faire "cheese". Problème ou pas tu dois faire "cheese". J’ai peur que les gens me considèrent comme un one shot, sans manquer de respect, comme un Helmut Fritz. Je fais de la musique, je divertis, mais je ne suis pas totalement dans le délire et le rire.

Quels seront les grands thèmes ?
La religion, mes influences humaines, etc. Il y a « peu de livres, mes des tas de proses ; peu de pays mais des tas de roses ». (NDLR : paroles d'un titre de l’album). Dans la tête des gens, électro rime avec « pas de cerveau », et c’est dommage ! Ce n’est pas ce que je fais.

Quel est ton rapport à la scène ?
J’ai arrêté de me produire dans les clubs. On a fait beaucoup de showcases, mais pas de concert. J’y pense beaucoup. Je vais intégrer des leçons, un truc très minimal, venir avec un fond blanc très design et des mannequins blancs comme musiciens. Globalement je voudrais "électroniser" le live.

As-tu déjà une idée du prochain single ?
J’hésite entre "Te Quiero (je l’aime à mort)" et "House'llelujah". Pour te donner un aperçu des paroles : « J’ai prié dieu pendant des heures, on m’a dit qu’il est trop vieux pour tous nos cœurs, qu’il est trop riche pour écouter nos pauvres cœurs, qu’il est trop pris, qu’il est homme, qu’il est femme, qu’il est hétéro, qu’il est gay, qu'il est chanteur, qu'il est DJ... Bénie soit la musique et House'llelujah ».

Aurais-tu pour finir, un message pour les internautes qui te soutiennent ?
Et bien merci à vous tous. Sans vous je ne serai pas là. Un grand, grand merci et à la prochaine leçon, comme j’ai l’habitude de le dire.

Pour en savoir plus, visitez stromae.net, ou son MySpace officiel.
Pour écouter et/ou télécharger les singles de Stromae, cliquez sur ce lien.

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