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Faudel en interview

Mangé par le show-biz, attiré par la politique, rongé par les états d'âme... Faudel est de retour plus fort et plus serein que jamais avec un nouvel album en arabe, "Bled Memory", reprenant les standards qui ont bercé son enfance et son adolescence : rencontre avec un jeune homme, heureux papa, de plus en plus sincère, “cash”, et ne manquant d'humour. Le chanteur sera en concert le 30 janvier prochain au Cabaret Sauvage, à Paris.
Bonjour Faudel, dans quel état d'esprit te sens-tu la semaine de la sortie de ton nouvel album, "Bled Memory", trois ans après le précédent "Mundial Corrida" (Top 6 en 2006). Penses-tu que le public et les médias t'attendent au tournant (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef adjoint) ?
Faudel : (rires) Déjà, si l'on m'attend au tournant, c'est simplement parce que je n'ai fait parler de moi, ces dernières années, qu'à travers la politique et mes problèmes personnels, relatés dans mon livre. Car musicalement, hormis le Best Of paru en 2008, mon dernier album studio remonte à seulement quatre ans. En 2006, j'ai vendu près de 200 000 copies de "Mundial Corrida" et "Mon pays" a été un tube classé n°1. Les médias ont tendance à l'oublier (sourire). Le public, lui, a toujours été là, il va, il vient, mais il est là. J'ai donné énormément de concerts, notamment l'an dernier, en langue arabe, aux Etats-Unis à Central Park, en Jordanie à Amman, en Syrie à Damas... des concerts payants qui ont réunis des milliers de personnes durant deux ou trois ans. Les médias français ne le savent pas ça... Il y a vraiment un public pour ce genre de musique, le raï. Et là bas, il n'y avait aucun problème d'image avec moi.

Il y a toute une culture musicale autour de ces chansons, qui est la mienne, comme un retour aux sources
C'est justement avec un album de raï que tu reviens, un retour aux sources avec les reprises des chansons qui ont jalonné ton parcours ?
C'est ça. J'ai longtemps hésité d'ailleurs, parce que je me suis dit : «Un album de reprises, comment je vais le vendre ?». Mais finalement c'est plus que ça, c'est un hommage. Beaucoup de ces chansons étaient écoutées à la maison, par ma grand-mère notamment, en vinyle ou sur magnéto cassettes (sourire). Elle font partie de mon enfance, de mon adolescence. J'avais envie de les dépoussiérer et de leur donner des arrangements un peu plus modernes. "Baïda mon amour", par exemple, le premier single issu du disque, est une chanson créée par Cheb Hasni, le Julio Iglesias du raï, un vrai crooner. Mais je reprends également Boutaïba S'ghir, Salim Hallali, Il y a toute une culture musicale autour de ces chansons, qui est la mienne, comme un retour aux sources : Les Etoiles du Raï, qui me faisaient rêver quand j'étais môme, le jazz raï avec des pointures hors-pairs, des solistes exceptionnels...

Visionnez Faudel en studio durant l'enregistrement :


Pourquoi ces chansons t'ont-elles autant marquées ?
Déjà elles font partie intégrante de ma culture, mais aussi j'aime les thèmes qu'elles abordent, tels que l'ivresse, le tabou, ou des choses plus coquines (sourire). "Baïda mon amour" par contre, je l'ai choisie parce qu'elle traite d'amour, de chagrin d'amour.

Là bas, il n'y avait aucun problème d'image avec moi
Tu en as adapté quelques unes également, notamment "Ya Zitouna", alors qu'il existait déjà un texte, pour quelles raisons ?
(rires) C'est simple et compliqué à la fois. Tu sais, concernant les textes qui - soit-disant appartiennent au domaine public, les droits sont moins protégés dans les pays du moyen-orient. Par exemple, quelquefois des types se présentent avec un texte, se renseignent si ce dernier a été déposé, et s'il ne l'est pas, le déposent à leur nom. C'est aussi simple que ça (sourire). De mon côté, comme j'ai voulu être honnête, et ne sachant pas très bien à qui reviendrait les bénéfices d'un texte choisi pour mon album - à la bonne ou à la mauvaise personne, alors j'ai adapté moi-même certaines chansons. Les déposer signées de mon nom devenait alors légitime.

C'est un peu comme si je déposais "Au clair de la Lune" à mon nom, si personne ne l'a encore fait ?
Exactement ! C'est exactement ça ! J'ai devant moi le type qui a écrit "Au clair de la Lune" (rires) !

J'ai cru au Père-Noël
"Ya Zitouna" avait un texte français par contre, puisque Carlos l'avait déjà chanté en 1973 ("Ô Zitouna"). "Bambino" aussi, reprise par Dalida en 1958, puis arabisé par Lili Boniche, et popularisé ensuite à plusieurs reprises, notamment pour la pub "Bolino" dans les années 80 ou plus récemment au sein de la B.O du film "OSS 117"... sans oublier "Sidi H'bibi" reprise par Mano Negra, "Zina" par Raïna Raï...
Oui, il y a quelques chansons populaires que je voulais reprendre, "Bambino" en est une, évidemment.



"Dana Dana" est selon moi, un single évident, qu'en penses-tu ?
(sourire) On me le dit souvent. On verra bien. Cette chanson est chantée en duo avec la chanteuse Leïla Al Barrak. Elle a gagné l'équivalent de "Star Academy" au Maroc, une émission intitulée "Studio 2M". Là-bas, notre duo va faire l'objet d'un single, nous allons même proposer un clip. Alors, tu vois, tu ne t'es pas trompé de beaucoup, les choses devraient donc suivre en France... On croise les doigts (sourire).

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
J'étais au Concert de la Tolérance, et c'est le producteur du show - qui connaissait Leïla, qui m'a proposé de la rencontrer. Elle cherchait un interprète pour enregistrer un duo qui, finalement s'est retrouver sur le disque de chacun.

Disons qu'il y a eu un avant et un après Place de la Concorde
As-tu souffert de l'acharnement des médias à ton égard suite à ton soutien au Président de la République, Nicolas Sarkozy ?
Disons qu'il y a eu un avant et un après Place de la Concorde (sourire)... Mais, seulement une partie des médias m'a tourné le dos, pas tous les médias, de même concernant une partie de mon public qui n'a pas compris pourquoi je m'étais rapproché de Nicolas Sarkozy. Je vais te dire, je l'ai fait parce que je croyais à ses discours sur les gens de couleurs, au fait qu'il y en ait aussi de plus en plus au gouvernement. Je n'ai pas voulu rassembler les gens, jamais, j'ai juste donné mon soutien à un homme, beaucoup plus qu'à un parti d'ailleurs. Mais j'ai cru au Père-Noël.

Tu veux dire que tu as été déçu par l'homme ?
J'ai cru au Père-Noël, c'est tout. De toutes façons je ne veux plus jamais m'investir autant sur le sujet, j'ai trop morflé. Je n'ai pas compris l'engouement médiatique, j'ai été clairement utilisé, victime d'un système, et tout cela m'a complètement dépassé. Même si les préoccupations que j'avais sont toujours présentes, notamment au niveau de l'intégration sociale. Ou plutôt de l'acceptation sociale, ce que nous avons tous, toi et moi de la même manière : trouver sa place dans la société.

Et si c'était à refaire ?
Je resterai à ma place. L'important pour moi est la musique, et l'équilibre que j'ai trouvé auprès de ma femme et de mon fils.



J'étais au plus bas, en pleine dépression
L'autobiographie que tu as publiée en 2008, "Itinéraire d'un enfant de cité", a donc été une sorte de thérapie pour toi ?
Complètement. J'étais au plus bas, en pleine dépression, mais ce livre m'a permis de l'extérioriser, et finalement de la comprendre et de l'accepter aussi, afin de changer les choses, et d'avancer. Aujourd'hui je vais bien.

Jamais ma tournée n'a été annulée
Peux-tu revenir sur ta dernière tournée en France qui a été annulée ?
(rires) Je suis content que tu m'en parles. Jamais ma tournée n'a été annulée, pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait pas de tournée officielle de prévue. Je vais mettre les choses au clair. J'avais pourtant fait circuler une dépêche AFP à l'époque. Monsieur Jean-Claude Camus, chez qui j'étais à l'époque, n'a pas digéré le fait que je le quitte pour aller voir ailleurs. Si bien qu'il s'est simplement vengé, bassement, en faisant circuler cette rumeur. C'était très injuste de sa part. Aujourd'hui heureusement tout va bien, et j'ai un nouveau tourneur.

Avec lequel tu donneras un concert le 30 janvier prochain au Cabaret Sauvage à Paris ?
Oui. Je le prévois à l'oriental, un peu comme au temps des concerts réalisés pour "1, 2, 3 Soleils" (Top 4 en 1999), notamment avec des cordes, mais en formation réduite. Je veux quelque chose de très acoustique, et de plus, la salle s'y prête parfaitement.

Concernant "1, 2, 3 Soleils', pourrais-tu confirmer ou infirmer la rumeur, selon laquelle, Cheb Mami aurait chanté "Parisien du Nord" (Top en 1999) en duo avec Kamel d'Alliance Ethnik, scandant «Comme ça, vous m'avez trahi comme ça...», et s'adressant ainsi à Rachid Taha, Khaled et toi parce que vous ne lui aviez pas proposé de rejoindre le concept...
C'est complètement faux. Je mets donc fin ce jour à la rumeur (sourire).

Revois-tu régulièrement Rachid Taha, Khaled... ?
Oui bien sûr ! J'ai encore vu récemment Khaled qui m'a accueilli les bras ouverts, et Rachid de temps en temps aussi. Je sais qu'il vient de publier un nouvel album.

Chanteras-tu tes anciens tubes au Cabaret Sauvage ?
Bien sûr ! Je ne peux pas faire l'impasse sur "Tellement N'Brick" (Top 14 en 1998), "La main dans la main" (Top 21 en 2001), "Je veux vivre" (Top 6 en 2003), ou "Mon pays" (Top 1 en 2006). Mon public veut les entendre ! Une fois, même en Guadeloupe et au Liban, notamment à Beyrouth, une dame est venue me trouver à la fin du concert et m'a dit : «Pourquoi vous n'avez pas chanté "Je veux vivre" ?». Incroyable !

Visionnez le clip de Faudel, "Mon pays" (2006) :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Justement, le dernier disque que ton label ait proposé au public, est un Best Of, un album qui s'est peu vendu, comment l'expliques-tu ?
Il s'est quand même vendu à près de 60 000 copies ! Et j'en profite d'ailleurs pour souligner que Laurent Guéneau et Nicolas Gautier, qui m'ont découvert et signé en 1997, me soutiennent toujours et me font confiance. C'est très important pour moi.

Mon single "J'ai chaud" : quelle merde !
Ce qui est peu, comparé à ceux de Vanessa Paradis, Grégory Lemarchal ou Jean Ferrat dernièrement. Et le single inédit "J'ai chaud" n'aura pas marqué les esprits...
C'est normal, quelle merde (rires) ! A la base il y avait un texte sur l'écologie, et on a fait l'erreur de le changer. Si bien qu'on s'est retrouvé avec une chanson hybride, sans véritable âme, et de plus, il a plu tout l'été (rires) !

Je te sens de plus en plus “cash”, je me trompe ?
Non. On n'a plus de temps à perdre.

Penses-tu avoir été victime de ta sincérité ? Ton engagement politique exposé au grand jour, ton livre-confessions que certains n'ont pas hésité à utiliser comme bâton pour te battre...
Si tu le dis (sourire)...

L'important pour moi est la musique, et l'équilibre que j'ai trouvé auprès de ma femme et de mon fils
Concernant le cinéma, as-tu des projets? Ton dernier film remonte à 2004 avec "Bab el web", réalisé par Merzak Allouache, je me souviens aussi t'avoir vu dans "Le battement d'ailes du papillon" de Laurent Firode, aux côtés d'Audrey Tautou, en 2000...
(ému) Ah, quel beau film... Je n'ai pas de projet particulier, mais je vais m'y remettre parce que j'ai un nouvel agent. Et je vais même te faire une confidence, j'aimerai beaucoup me tourner vers la comédie.

Pour finir, douze ans après "Tellement N'Brick", quel regard portes-tu sur le chemin parcouru ?
Je referais musicalement exactement la même chose, je n'ai ni remords, ni regrets. Pour le reste (sourire)...

Merci Faudel de ta franchise.
Merci à toi Thierry et à Charts in France.
Pour en savoir plus, visitez faudel.artistes.universalmusic.fr.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Pour écouter et/ou télécharger le nouvel album de Faudel, "Bled Memory", cliquez sur ce lien.
Visionnez le clip de Faudel, "Tellement N'Brick" (1998) :

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