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Grand Corps Malade en interview

En deux albums, deux tournées et de nombreuses expériences, Grand Corps Malade a su s'imposer comme celui qui a démocratisé le Slam. Mis en musique, ses mots ont su toucher un public toujours plus nombreux. À l'occasion de la sortie de son premier DVD Live, l'artiste revient sur son parcours mais également sur son album "Enfant de la Ville" et sa passion pour la scène. Interview.
Bonjour Fabien. Après plus de 600.000 exemplaires vendus de ton premier album et deux Victoires de la Musique, avais-tu une pression particulière pour le deuxième opus (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
Grand Corps Malade : Je n’ai pas eu de pression particulière. Il y a certes une petite inquiétude, une certaine adrénaline à la sortie d’un album qui fait suite à deux Victoires de la Musique mais cela reste positif. J’ai continué à écrire des textes comme je sais le faire et de façon régulière.

Est-ce que "Du côté chance", premier single de l’album, est pour toi un moyen de remercier le public qui t’écoute mais qui répond aussi présent pour les concerts ?
Je voulais les remercier et leur dire comment j’avais vécu l’histoire.
J’ai vécu la première tournée comme un cadeau. Je le dois au public et j’ai reçu des accueils formidables, des ovations et c’est très touchant de voir les gens se lever à la fin de chaque concert pour applaudir chaleureusement. Je voulais les remercier et leur dire comment j’avais vécu l’histoire.

Retrouvez le clip "Du Côté Chance" :
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Découvert sur la première tournée, "L’Appartement" figure sur cet album. Avais-tu une volonté de faire un lien avec ce titre ?
Il y plusieurs liens. Je n’ai pas toujours fait "L’Appartement" sur cette deuxième tournée mais les gens me le demandaient donc je l’ai plus fait au fur et à mesure des concerts. Je faisais "Mental" a cappella sur la première tournée et on le retrouve en musique sur le deuxième album. Dans le premier album, je dis qu’il est 12h20 sur l’échelle de ma vie et dans le morceau "Du Côté Chance", il est 12h40 quand s’achève la tournée. Ce sont des passerelles.

On retrouve dans ce disque ton envie de mettre en mots et de faire vivre en musique le quotidien. D’où vient cette envie de réinventer ce que chacun d’entre nous connaît ?
L’une des multiples définitions du slam est la poésie du quotidien. Je m’y reconnais car j’aime observer et retranscrire des petites choses que l’on vit tous au quotidien.

On retrouve également "Comme une évidence" sur l’album et le DVD Live. Est-ce que l’écriture change quand on a justement trouvé son évidence ?
Je ne crois pas mais en tout cas, ce texte reste très particulier. Il faut trouver le bon équilibre entre se livrer et garder de la pudeur. Comme je le dis au début, c’est un exercice difficile et il ne faut pas se tromper.

Tu es moins optimiste sur "Pères et Mères". Comment as-tu eu l’idée de parler des relations plus ou moins heureuses entre deux parents ?
L’objectif était surtout de faire des jeux de mots. Je pars en effet dans tous les extrêmes possibles entre un père et une mère mais cela reste un texte rigolo.

Retrouvez le clip de "Comme Une Évidence" :
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Tu gardes confiance dans l’amour alors ?
Oui, tout va très bien. (Sourire)

On te sent assez nostalgique sur cet album et je pense notamment à "Rétroviseur" et "Quatre Saisons". Est-ce quelque chose de voulu ?
C'est une nostalgie bienveillante et souriante.
Je n’ai que 32 ans et il est vrai que je suis nostalgique, de ma vie d’il y a dix ans, de ma vie d’adolescent… C’est une nostalgie bienveillante et souriante car j’aime tout simplement me remémorer les moments passés en me disant que j’ai la chance d’avoir vécu de belles choses. Ce n’est en aucun cas une nostalgie qui me plombe le moral ou qui m’empêche d’avancer.

Est-ce difficile d’écrire des textes qui restent personnels mais que chacun peut ensuite s’approprier assez facilement ?
Je reconnais que ce n’est pas difficile pour moi car je pars de mon expérience personnelle et à peu de choses près, on vit tous la même chose. On a tous des galères, des histoires d’amour, des succès, des envies, des projets… En parlant de moi, je ne donne pas de détails uniquement personnels, je parle d’une situation qui m’appartient mais qui pourrait appartenir à tout le monde. Des gens viennent me dire qu’ils auraient pu écrire tel texte, qu’ils ont eu l’impression que je raconte leur vécu… C’est un des témoignages que j’entends le plus souvent et qui me fait le plus plaisir.

Tu définis le Slam comme une poésie du quotidien et en écoutant certaines de tes chansons, "Toucher l’Instant" sur le premier album, "La Nuit" sur le second par exemples, tu apparais comme un poète de l’instant. D’où vient cette fascination pour le côté impalpable et mystérieux du temps ?
On peut avoir un nouveau regard sur des choses qui nous sont devenues anodines. On connaît la nuit depuis toujours mais cela reste quelque chose d’assez fou. La Terre bascule sans que l’on s’en rende compte et on entre dans l’univers particulier de la nuit. Il est chargé de pleins de sens, de fantasmes et de peurs. Les rapports humains et la vision des choses sont aussi modifiés. Ce sont des choses qui peuvent sembler tellement évidentes que l’on y fait plus vraiment attention. J’aime écrire sur cela.

On retrouve "Saint-Denis" sur "Midi 20" et "Je Viens de Là" sur "Enfant de la Ville". Est-ce là aussi une façon de faire des passerelles tout en affirmant un attachement à Saint-Denis ?
J'avais l'impression qu'ils ne connaissaient pas du tout la banlieue.
Ce n’était pas une volonté là. Saint-Denis n’est pas pour moi un texte sur la banlieue. C’est une petite déclaration d’amour à ma ville, à l’endroit où j’ai grandi, à mon entourage proche. Pendant le premier album, les journalistes me posaient souvent des questions sur la banlieue. C’était même bizarre parfois car j’avais l’impression qu’ils ne connaissaient pas du tout la banlieue. "Je viens de là" a été en réaction à tout cela.

Retrouvez le clip de "Je Viens de Là" :
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As-tu envie d’être un porte-parole positif de la banlieue ?
Je ne me vois pas être un porte-parole positif car il n’y a pas que des choses positives. Je le dis d’ailleurs dans Je viens de là. Je reconnais ainsi qu’il y a de la misère, des arrachages de portables, de la délinquance… J’ai à cœur de donner une vision la plus réaliste possible et il n’y a pas non plus que des choses négatives. La banlieue souffre d’un déficit d’image tellement ancré dans la tête des gens qu’il me semble important, sans tomber dans l’angélisme, de mettre en avant les choses positives. Il y a de l’énergie, du caractère, des initiatives et je veux que les gens le sachent.

En côtoyant Arthur et Cauet, as-tu eu peur justement de te couper de la banlieue et de ses réalités ?
Cette question de rester ou non underground s'est posée.
(Rires) Il est vrai que j’ai eu envie d’en plaisanter dans ce titre "Underground" auquel tu fais référence. J’ai côtoyé quelques rappeurs où il y a ceux qui sont dans l’underground, d’autres qui sont plus commerciaux. J’ai un peu découvert la même chose dans le slam car il est à la base très underground, loin du star system et se pratique dans des petits bars. Je me suis retrouvé à faire des télés, des radios donc c’est une question que je me suis posé. J’ai toujours eu l’impression d’être à ma place, j’ai défendu mes textes, ma musique et j’en fais la promo. J’entends forcément des petites choses et cette question de rester ou non underground s’est posée, j’ai donc fait le choix de la traiter de manière humoristique.

Tu as sorti un inédit "Éducation Nationale". As-tu envie de continuer à écrire des textes plus engagés ?
Je n’en ai pas une envie absolue mais je ne vais pas non plus me restreindre. L’éducation nationale est un thème qui me tient à cœur. J’ai des potes qui sont profs, j’ai fait des interventions dans des écoles et j’ai vu des choses qui m’ont donné envie d’en parler. Je ne me suis pas forcé à le faire mais cela ne veut pas dire que j’aurai plus de textes engagés à l’avenir. Cela dépendra de ce que j’ai sur le cœur, j’écrirai toujours avec sincérité et si je parle d’un sujet, c’est vraiment que celui-ci m’a touché.

Retrouvez le clip d'"Éducation Nationale" :
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Tu avais participé au meeting de Ségolène Royal au Stade Charléty. Envisages-tu de soutenir d'autres combats politiques ?
Je me suis posé beaucoup de questions sur ce soutien.
Je me suis posé beaucoup de questions sur ce soutien. C’était un moment particulier entre les deux tours de la présidentielle. J’ai un sens civique très développé et j’avais envie de le faire. Malgré cela, j’avais une réserve car ce n’est pas quelque chose avec laquelle je me sens à l’aise. Je m’engage à ma façon, dans mon quotidien, dans ma ville, dans mes textes et je pense que je resterai légitime à faire cela. Je ne me sens pas légitime à soutenir des politiques, à leur serrer la main et je pense d’ailleurs qu’ils ne retirent aucune légitimité en affichant le soutien d’artistes. J’ai participé une fois à un concert, c’était un moment précis et certaines choses m’inquiétaient. J’ai soutenu Ségolène Royal à ce moment là mais je n’étais pas sûr de moi. On ne me reverra pas soutenir des politiques.

Regrettes-tu cette participation ?
Je n’ai aucun regret et je suis content de l’avoir fait. Je tiens à préciser que cela s’est fait entre les deux tours car j’ai été contacté par plusieurs Partis avec ces élections présidentielles, dont le Parti Socialiste. Je n’avais pas envie de les soutenir à ce moment là et j’ai été très clair avec eux. Ils m’ont recontacté entre les deux tours et malgré ma réserve, j’y suis allé.

Que retiens-tu de ta récente collaboration avec Calogero sur "L’Ombre et la Lumière" ?
Calogero est un incroyable compositeur.
Je n’en retiens que du positif. Ce fut une très belle collaboration. Il m’a appelé en me disant qu’il voulait me faire écouter une musique, j’ai écrit dessus et nous avons enregistré le duo. Cela m’a permis de passer sur les radios musicales, de toucher un autre public et c’est aussi une belle collaboration avec Calogero. C’est un incroyable compositeur, un grand mélodiste. Il m’a beaucoup impressionné musicalement. On prend beaucoup de plaisir à faire vivre ce titre sur scène. Il est venu sur mes concerts parisiens et je l’ai rejoint sur quelques Zéniths.

As-tu déjà réfléchi au troisième album ?
J’ai déjà une bonne dizaine de textes que j’aimerais mettre sur un prochain album. Je n’ai pas encore réfléchi à la musique et cela sera encore quelque chose d’important. Je veux aussi continuer à évoluer musicalement.

Quel regard portes-tu sur l’émulsion de la scène Slam ?
Elle me fait très plaisir. Je ne sais pas du tout ce que vont devenir les artistes qui font du Slam en musique, des tournées… Je ne sais pas comment cela va évoluer, si cela va retomber, s’il va y en avoir d’autres mais en tout cas, je pense que le Slam a cappella, dans des petits bars, où tout le monde peut participer a connu une évolution incroyable depuis cinq ans et a encore de très beaux jours devant lui.

Est-ce que le fait d’avoir instrumentalisé le Slam était pour toi un moyen de le démocratiser ou en tout cas, de le rendre plus accessible ?
Je suis un slammeur qui a eu un projet musical.
Ce n’était pas le but. J’ai toujours fait la différence entre les deux et je continue d’ailleurs à faire du Slam a cappella. Je suis un slammeur qui a eu un projet musical et j’ai ainsi eu l’occasion de travailler avec des musiciens. C’est plus en parlant du Slam et en l’expliquant que j’ai voulu le démocratiser. Je conseille d’ailleurs aux gens d’aller voir des slammeurs dans des petits bars et sur des scènes ouvertes.

Que proposes-tu sur scène et sur ce premier DVD Live ?
Je suis avec quatre musiciens, piano, guitare, percus et basse. C’est un mélange des titres de deux albums plus quelques inédits. Il y a des morceaux graves, durs et d’autres plus légers. Musicalement, il y a des moments intimistes et d’autres plus dynamique. Nous avons beaucoup tourné et le show est bien rôdé. Sur le DVD, on retrouve ce spectacle avec quelques surprises en plus. Il y a notamment Calogero, d’autres invités musicaux, des instruments supplémentaires…

Découvrez un teaser du DVD Live de Grand Corps Malade :
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As-tu des projets parallèles ?
J'espère sortir le troisième album fin 2010.
J’ai quelques propositions mais rien de concret pour le moment. J’aimerais bien écrire pour d’autres. Il y aura des choses l’année prochaine. Je continue la tournée sinon puis je vais travailler sur le prochain album. J'espère le sortir fin 2010.

Quel message aimerais-tu transmettre au public et aux internautes ?
Merci. Si je suis toujours là, si avec mes musiciens et mon équipe, j’ai fait plus de cent dates sur cette même tournée, c’est grâce au public. Les gens répondent présents, j’ai toujours un bel accueil donc je les en remercie.

Merci Fabien pour ta gentillesse et ta disponibilité.
Merci, cela m'a fait plaisir.
Pour en savoir plus, visitez grandcorpsmalade.com/ ou son MySpace officiel.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Pour écouter et/ou télécharger l'album "Enfant de la Ville" de Grand Corps Malade, cliquez sur ce lien.
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