lundi 25 mai 2009 0:00

Sofia Essaïdi en interview

Rencontre avec l'interprète de Cléopâtre dans le spectacle de Kamel Ouali, "Cléopâtre, La Dernière Reine D'Egypte", actuellement en tournée dans toute la France avec la troupe entière de la comédie musicale. Un gros défi technique et artistique.
Bonjour Sofia. C’était un rêve d’enfant d’incarner un personnage de comédie musicale ? (Thierry Baumann, journaliste)
Oui, c’était un rêve d’enfant, parce que j’ai toujours adoré chanter, danser, jouer la comédie, et je n’ai jamais su ce que je préférais. Un jour, je découvre une comédie musicale et je me rends compte qu’on a le droit de ne pas choisir et de faire les trois en même temps. C’est resté en tête. Je n’aurais jamais imaginé avoir un rôle aussi beau que Cléopâtre, c’est bien au delà de toutes mes espérances.

Je crois qu'adolescente vous avez le souvenir d'une comédie musicale en particulier, qui a marqué les esprits ?
J'ai un souvenir assez mignon, je crois que c'était "Les dix commandements" ou "Roméo & Juliette", je ne sais plus. J'étais dans la salle du Palais des Sports avec ma mère, j'habitais au Maroc, on venait en France pour voir les comédies musicales. On était dans la salle et j'ai eu une petite larme, je dis à ma mère « Je veux faire ça ». Et elle me dit « Tu y seras un jour ». Quelques années après j'y suis, c'est plutôt touchant comme souvenir.

Que reste-t-il en mémoire du casting de Cléopâtre ?
Ça n'a pas été simple... Le casting a été très long, un an et demi, j'ai dû passer peut être huit castings entre le chant, la danse et le théâtre. C'était très long parce qu'on n'avait jamais de date de fin. Tous les mois, les résultats devaient tomber le mois d'après... On était dans une éternelle attente. J'ai mis ma vie entre parenthèse pendant un an et demi, j'ai pris des cours, c'était très intéressant. Mais je n'ai pas travaillé vraiment. Heureusement j'avais le Maroc, je faisais souvent des concerts au Maroc. Mais en France, j'ai eu un gros stand by, qui m'a renforcé c'est sûr, mais qui m'a plongé dans une période de doute assez intense.

Kamel Ouali vous avait pressenti pour ce rôle, ce n'était pas encore validé parce qu'il y avait tout un casting pour voir si éventuellement, il y avait mieux... Mais non, finalement Sofia a été retenue. En même temps, il avait eu le temps de tester vos capacités pendant les primes de la Star Academy ? Il faisait faire beaucoup de choses ?
Je pense que Kamel avait des idées bien claires dans la tête mais c'était d'autres personnes qu'il fallait convaincre, tout le reste de la production, les producteurs qui ne me connaissaient pas vraiment, où n'avait pas d'atomes crochus par rapport au fait que je vienne de la Star Ac. Ça faisait deux personnes de la Star Ac dans le même projet, ça pouvait être compliqué. Il a fallu convaincre ces personnes là, ce qui a été difficile, et évidemment ne pas décevoir Kamel par rapport aux attentes qu'il avait de moi.

Il y a eu une implication personnelle au niveau du rôle, dans la musique, le texte, une implication totale par rapport au rôle ?
J'en suis très fière. Je suis arrivée dans le projet au tout début, j'ai eu le crédit de pouvoir m'intéresser aux textes, aux chansons, même aux costumes, parce qu'il se trouve que pendant le spectacle j'ai des chorégraphies assez difficiles ou des placements, des changements, je bouge énormément. Il a fallu qu'on s'entende vraiment bien avec Dominique Borg, ça a été un bonheur extrême de travailler avec elle. Il fallait qu'on s'accorde, pour que je sois à l'aise et qu'elle puisse travailler comme elle le voulait. Ça a été une vraie entente, un vrai travail d'équipe. Pour les textes aussi, quand on les chantait et que certains mots n'allaient pas, on retravaillait avec Lionel Florence et Patrick Guirao. Il y a vraiment eu un travail d'équipe, et ça a été essentiel pour qu'on puisse se sentir bien sur scène pendant un an.



Qu'avez-vous apporté sur les choses sur lesquelles vous êtes intervenue ?
J'ai juste demandé certaines petites choses par rapport à ce que j'allais faire sur scène. J'ai respecté complètement le travail de toutes les personnes qui ont travaillé sur ce projet, qui sont des multi professionnels, donc je n'avais pas grand-chose à dire sauf de prêcher pour ma paroisse et d'avoir des facilités pour ce que je fais sur scène. Je ne suis pas arrivée avec des croquis, en disant « Je veux ça et ça ». Jamais de la vie ! Quand le costume était fait, on en discutait, je disais « Je pense qu'il voudrait mieux l'ouvrir ici, le mettre sur le côté... ». Sur cette robe, on a mis énormément de temps pour trouver le système pour pouvoir la porter, parce qu'elle n'est pas du tout élastique, tout à fait rigide, elle était complètement moulante et j'ai 15 marches à descendre avec. C'était impossible. On ne pouvait pas l'ouvrir. Au bout d'un mois et demi on a trouvé. C'était vraiment un travail d'orfèvre, d'équipe, sur des petits détails qui allaient tout changer.

Toute la difficulté est d'être au timing, très synchro au niveau des scènes. Il y a du temps pour se changer ?
Moi je n'ai quasiment rien. Je suis pratiquement là une chanson sur deux donc j'ai une chanson à chaque fois pour changer de costume, de perruques, les emplacements des micros... j'ai deux spectacles, un sur scène, et un dans les coulisses. On est quatre autour de moi, c'est très agréable d'ailleurs, on rigole beaucoup parce qu'on est en speed. Une personne s'occupe des micros, pour enlever les boitiers, les mettre sur l'autre robe, parfois il faut passer des fils à l'intérieur de la robe, parfois à l'extérieur. Un coiffeur change ma perruque et deux habilleuses se débrouillent pour changer la tenue, les chaussures... On a trois minutes pour le faire.

Ca fait penser un peu à un stand de formule 1.
C'est exactement ça, j'arrive en courant et je repars en courant. C'est une belle expérience à avoir, parce que c'est une expérience de concentration extrême. Il y a une histoire, il faut rester dans l'histoire pendant tout le spectacle alors que j'en sors à chaque fois. A chaque fois que je sors de scène, je sors de l'histoire parce qu'on est dans les costumes. C'est un travail de concentration que de revenir tout le temps trois minutes après, dans l'histoire, concentrée, comme si j'étais juste sortie en attendant et que j'étais restée dans mon personnage. Au début, ça a été difficile et j'ai réussi à apprendre à rester dans mon personnage malgré tout ce qui peut se passer autour. C'est très fort.

Le personnage a évolué au fur et à mesure des représentations non ? Trois mois au Palais des Sports de Paris. Qu'est-ce qui a évolué le plus ?
Je considère que le premier mois de représentation a été un mois de répétition. Je vous dis que ça fait trois ans que nous préparons le projet mais bizarrement on a eu que deux mois de répétition effective, sur scène, avec les chorégraphies et la mise en scène. On n'a eu que deux mois, ce qui est excessivement court pour un projet aussi énorme. Quand j'ai commencé le spectacle, évidemment j'avais travaillé, on a composé un spectacle décent en public. Mais pendant un mois, j'ai eu l'impression de proposer d'autres choses, de chercher de nouvelles intonations, de nouvelles intentions, de nouvelles manières de proposer mon personnage, d'agir. Pendant un mois j'ai cherché et je cherche encore, ça varie encore et heureusement sinon je m'embêterais. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui j'ai une base, pendant un mois je cherchais. Je pense que le spectacle était quand même bien mais aujourd'hui il est beaucoup plus complet. J'aimerais que toutes les personnes qui l'ont vu au début de l'aventure reviennent maintenant. J'ai deux amies qui sont venues il y a un mois et demi, elle m'ont dit que ce n'était pas le même spectacle. Il faut revenir !

Pendant toutes ces représentations, y-a-t-il eu des surprises?
On a eu plein de galères techniques. Avec Marc Antoine, j'en ai une extraordinaire, a un moment donné, je vole et je suis donc attachée avec un harnais par deux fils. Je vole pendant tout le truc, lui est parterre, je le rejoins à la fin et me décroche. On a une scène de comédie, tragique, c'est très fort. Je décroche le premier, le deuxième, mais il y avait un fil parasite que je ne pouvais pas couper, j'étais complètement attachée, on n'y arrivait pas. On commence la scène, on a plein de déplacements. Moi j'étais encore accrochée, lui arrive, il me pousse, il faut qu'on trouve un moyen, il revient une deuxième fois et n'y arrive pas. Toute la salle était avec nous, en plus c'est une scène tragique, on avait changé tous les déplacements, le texte, parce qu'on était paumé. Je le pousse, en pensant « Laisse moi, je fais toute la scène ici, je vais me débrouiller ». Il m'a tué, il a été excellent. Il est revenu une troisième fois alors que je l'avais poussé deux fois. Il est revenu une troisième fois avec son air de Marc Antoine, d'homme viril, c'était extraordinaire. Je ne sais pas comment il a fait, c'était un fil qui ne se coupait pas, il s'est débrouillé et l'a arraché. Toute la salle a applaudit, ils étaient avec nous, en haleine. Des petits moments comme ça que j'adore, parce que ça réinvente le spectacle complètement. On arrive à 90 dates, on a fait le spectacle 90 fois, quand quelque chose change une fois, ça fait du bien.

Et ce n’est pas fini ! Y-a-t-il une appréhension pour la tournée ? Techniquement, quand on est tous les soirs au même endroit, c’est une chose, quand on se déplace s’en est une autre…
J’ai une totale confiance en les techniciens qui eux s’occupent de ça. On a finalement juste à arriver, à répéter le jour même et à être sur scène le soir. Finalement, ceux qui vont vraiment souffrir sont les techniciens, je pense à eux très forts, parce que juste pour une tête, il y a besoin de trois semi remorques, il va y avoir vraiment beaucoup de choses à trimballer. Ce sont eux qui vont morfler ! J’ai confiance. Il va y avoir une salle à découvrir chaque soir, un public qui vous attend. On a eu un public formidable à Paris, qui nous a accueillis merveilleusement bien. En province, il y a une demande un peu plus forte parce qu’il y a moins de spectacles en province qu’à Paris. Il y a donc une vraie attente et on a tous très envie d’aller rencontrer le public de province.




Est-ce qu'il y a des réactions qui vous ont surprises par rapport au personnage de Cléopâtre ?
L'idée était d'incarner une période de l'histoire mais que ça raisonne au présent dans les chansons. Oui, je pense que Kamel a réussi à faire ça, il s'est attaché à la vraie histoire. Évidemment on raconte 22 ans de l'histoire en deux heures, c'est très difficile, donc il faut broder, s'adapter par rapport à ce qu'on offre. C'est le côté historique. Il y a aussi des codes qu'on a laissés, la coupe de Cléopâtre, la frange... Des petits codes inconscients qu'on a tous en nous et qu'on a envie de revoir. J'ai envie de voir la coupe, du faste. Il a réussi avec les chorégraphies et les chansons à mettre tout ça dans un bain plutôt moderne et actuel, c'était sa vraie envie. Il avait envie de mixer l'antique et le moderne, et il a réussi. On a d'un coup en plein milieu du spectacle un ballet de momie sur une musique house, avec un ballet noir et blanc, juste après on a quelque chose de très oriental. Il a vraiment voulu mixer pour que le spectacle soit très riche. Il a réussi.
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Pour écouter et/ou télécharger l'album de la comédie musicale, cliquez sur ce lien.

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