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mardi 21 avril 2009 0:00

Ophélie Winter en interview

Ophélie Winter revient avec un nouvel album "Resurrection" annoncé par le single "Affection" déjà plébiscité par le public. En pleine finalisation de cet opus qu'elle autoproduit, elle nous parle en toute franchise de ses nouvelles chansons, de ses choix artistiques, de sa vision du métier et de son parcours. Rencontre.
Bonjour Ophélie, tu es de retour après sept ans d’absence musicale. Pourquoi ce terme aussi fort de Résurrection (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
Ophélie Winter : Cela est né d’un délire il y a deux ans. J’avais 33 ans et j’ai fait un album qui finalement n’est pas sorti car j’ai depuis changé de style musical. Avec mes copains musiciens, on était parti dans l’idée Résurrection en se disant que ça fonctionne en français et en anglais.
« J’ai vraiment été dégoûtée du métier. »
On avait déjà imaginé la photo dans une ambiance mystique, avec une croix. L’idée et le thème me plaisaient vraiment. J’en ai parlé autour de moi et je l’ai certainement dit à quelqu’un qui l’a balancé sur Internet. Du coup, les gens attendaient l’album "Resurrection". J’ai changé d’orientation musicale mais le concept me plaît toujours autant. Cela correspond vraiment à ce que je ressens aujourd’hui. Je me sens neuve dans le sens où j’ai la même énergie qu’à mes 17 ans. J’ai retrouvé la passion, la volonté et cela est important car pendant un moment, j’ai vraiment été dégoûtée du métier.

Le premier extrait de l’album dont un clip est disponible est "Affection". Comment as-tu choisi cette chanson ?
J’ai contacté Wayne Beckford qui était déjà présent sur l’album "Explicit Lyrics". Il est le seul à me comprendre car je ne joue pas d’instruments et je fais tout sur Pro Tools. Je fais les instruments à la voix et Wayne sait exactement le son que je veux. Il a d’ailleurs signé chez Konvict à Atlanta donc il est vraiment passé dans les hautes sphères de la musique. Je l’ai appelé et il m’a envoyé dix morceaux que j’ai écoutés en boucle. "Affection" est la chanson que je rêvais de chanter. Je ne pensais pas qu’il allait me la donner car plusieurs personnes étaient dessus dont Toni Braxton et Lindsay Lohan. Pendant un mois, je l’ai saoulé, je l’ai appelé quasiment tous les jours. (Rires) Il m’a envoyé toutes les infos pour "Affection", je l’ai faite chez moi et il a approuvé. À son retour en France, nous l’avons enregistrée. Sur les dix titres qu’il m’a envoyés, je vais en retenir cinq ou six pour l’album mais "Affection" est vraiment celui que je prenais le plus de plaisir à écouter. J’avais très envie de le chanter.



Tu as parlé d’un album que tu as finalement mis de côté. Est-ce que tu envisages de le sortir plus tard ?
Je ne sais pas car il y a beaucoup de compositions que j’ai faites. Je ne suis jamais assez sûre de mes compos. Je préfère payer un titre quelques milliers d’euros en me disant, comme c’est cher, forcément c’est bien. (Rires) J’ai des oreilles mais le fait que ce soit des producteurs confirmés me rassure. Je préfère encore faire confiance à des mecs comme ça. Je ne sais pas encore ce que je vais mettre sur la version collector de l’album, il y a aura peut-être un ou deux titres que j’ai faits mais je ne vais pas les sortir en tant que tels dans "Resurrection".

L’album va t-il comprendre "Sunshine" et "Should of" ?
"Should of", non car c’est une chanson qui a vieilli et surtout quelqu’un s’est amusé à la mettre sur le net. Quand j’ai sorti "Affection", j’ai eu des plaintes de personnes qui ne comprenaient pas, qui me demandaient si je passais déjà à un nouveau single. "Should of" n’a jamais été un single. Le son qui a été mis sur Internet est une maquette, les voix ne sont pas finies, il manque des instruments et ce n’est pas mixé. Je ne sais pas qui l’a mis en ligne et pour ne pas avoir de mauvais souvenirs, je préfère ne pas m’attacher à cela.

Il est vrai qu’il y avait eu "Sunshine" avec une vidéo en extérieur, "Should of" avec un son qui n’était pas fini et du coup, le public a été surpris avec le sentiment que cela ne correspondait pas à ce que tu es capable de faire.
En effet, j’avais fait une petite prestation avec "Sunshine" pour la Patrouille de France pendant l’été dernier et une vidéo amateur s’est retrouvée sur le net. C’est vrai que les gens ont été surpris et je le comprends car il s’agissait de captations en extérieur, de maquettes. Ce n’était pas destiné à se retrouver sur le net et à être diffusé.

Tu as rassuré le public avec "Affection". Le clip qui l’accompagne fait penser à celui de Madonna "Justify my love". Est-ce une référence voulue ?
Ce n’était pas voulu. Il est vrai que les premiers commentaires que j’ai eus me disaient cela. J’étais très flattée. L’idée m’est venue sur mon lit, à New-York, en réfléchissant à la façon dont je voulais faire le clip. J’écoutais le titre et j’ai commencé à me filmer. J’ai bien aimé l’idée et le résultat. J’ai ainsi appelé Fabrice Laffont qui est un ami et qui a réalisé le clip. À la base, je voulais être habillée et je suis d’ailleurs arrivée sur le tournage avec une valise énorme de fringues. J’ai commencé à la déballer dans l’hôtel où nous avons filmé. J’étais en lingerie pour me changer et Fabrice m’a dit de rester ainsi. C’était vraiment le déclic de l’artiste. (Rires) C’est ensuite moi qui ait remonté le clip et je trouvais qu’il y avait trop de corps. J’ai donc resserré sur le visage. Au début, c’était carrément chaud. (Rires)

Découvrez le clip "Affection" d'Ophélie Winter :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Le résultat est un clip classe, sobre avec un joli travail sur les contrastes.
Il est élégant mais il n’est pas chaud. Le concept n’était pas de se montrer à poil, je voulais juste que les gens me voient dans une vérité. Je ne suis pas beaucoup maquillée, je suis légèrement bronzée car je revenais de vacances.

Est-ce que tu appréhendes le fait que certains peuvent à tort se limiter à l’image physique que tu mets d’ailleurs en valeur dans ce clip ?
Franchement, cela m’est vraiment égal. Il y a un autre clip qui va arriver prochainement et qui sera complètement différent. Si on pense à ce que les gens pensent, on ne fait plus rien. Je viens de faire la version française d’"Affection" issue d’un concours d’auteurs que j’ai lancé sur Internet. J’ai passé quatre jours à enregistrer cinquante textes. Dans tout cela, j’ai pris celui qui me semblait le mieux. J’ai cependant modifié le refrain et cela donne "J’ai besoin d’affection". Si je pensais à ce que les gens disent, je n’aurais jamais écrit cela. Il y en a qui vont se dire “Ah, Ophélie Winter a besoin d’affection, Ophélie Winter est en lingerie.” Avec moi, c’est permanent, il y en a toujours qui auront des trucs à dire.



La plupart des albums en anglais d’artistes francophones ont connu des succès plus ou moins relatifs. Est-ce quelque chose à laquelle tu as pensée ?
J’y pense car comme je suis productrice, c’est mon argent donc je préfère en rentrer pour pouvoir en ressortir plus. Cependant, je n’ai pas fait "Affection" en français pour que les radios le diffusent plus ou en me disant que j’allais en vendre plus en France. J’ai l’habitude de cette biculture. Je vis entre New-York et Paris et depuis le début, j’ai fait un album français, un album anglais. L’inverse me paraîtrait choquant car j’ai besoin de faire les deux. Avec Internet, en faisant une sortie digitale, ce ne serait pas vraiment logique pour moi de ne pas faire un album en anglais. C’est une sortie mondiale donc il faut quand même que les gens comprennent ce que je dise. Il y a déjà eu plus d’un million de clics sur le clip donc c’est énorme. En ce qui concerne les chiffres de ventes, je ne les ai même pas demandés. Je ne veux pas que cela altère mon choix musical.

Pourquoi as-tu fait le choix de t’autoproduire ?
Cela permet de faire pleins de délires comme par exemple de faire douze pochettes pour un single. Je dirais ça à une maison de disques, ils deviendraient dingues. Je m’entendrais dire que ça va coûter cher, que ça va faire de la confusion…
« J’ai connu les années d’or de la musique. »
Ils ont toujours des arguments pour ne pas faire des choses un peu funky. De plus, c’est une période très difficile, les plans sociaux s’enchaînent dans les maisons de disques et des gens se font malheureusement virer. Ils ont donc d’autres choses à s’occuper que de savoir ce que pense l’artiste. Ce n’est vraiment plus comme avant. En ce qui me concerne, j’ai connu les années d’or de la musique. Je n’avais pas envie d’attendre si un mec sache s’il restait à son poste ou pas et s’il allait produire mon album. Il n’y a que moi qui ait suffisamment confiance en moi pour le faire donc je le fais.

Tu sembles vraiment détachée par rapport à l’industrie musicale.
Je veux de l’humain et je ne veux pas refaire de la musique pour faire un truc plastique. Je ne suis pas comme ça. Pendant un moment, je l’ai été. J’étais devenue formatée maison de disques avec une armée de coiffeurs, de maquilleurs et de stylistes dés que l’on fait une télé. Je n’accorde plus d’importance à cela. Il faut être normal tout simplement.

Quelle est l’équipe qui t’a entourée pour "Resurrection" ?
Nous ne sommes pas beaucoup en fait. Il y a Wayne Backford, mon frère Mickaël, une excellente songwriter Kalenna Harper qui travaille également pour Puff Daddy et qui a également signé chez Konvict et les Galaxy Girls qui m’ont fait deux morceaux hip-hop.

Que va contenir cet album en terme de sons, de thèmes, d’orientations musicales ?
Je ne peux pas dire pour les thèmes car je n’ai pas encore fini les textes en français. C’est pop, électro, RNB et un peu de hip-hop. Je ne veux pas de carcan musical. À la base, je n’aime pas trop la house et je me suis surprise à en écouter dans ma voiture. J’ai fait un remix house d’Affection qui est vraiment orienté clubs. Je suis vraiment ouverte à toutes les musiques.

Cet album ne sera disponible que sur le net ou envisages-tu une sortie physique ?
J’ai eu pas mal de messages de personnes qui veulent acheter le disque en physique et qui me disent que le MP3 les gonfle. Personnellement, je n’aime pas trop télécharger donc je les comprends. Je vais en faire fabriquer et je suis en train d’installer un bulletin de précommande sur mon site officiel. Par contre, je ne peux pas les presser au fur et à mesure donc je vais attendre qu’il y en ait mille, je presserai et ainsi de suite.

« Avant, je ne voulais que faire de l’argent ! »
Penses-tu que le net ne représente que des avantages pour la diffusion de la musique ?
Il ne faut pas oublier le fait que des personnes ne sont pas habituées à télécharger. Mon but dans la musique n’est pas spécialement de faire de l’argent. C’est d’essayer de ne pas trop en perdre et surtout de diffuser ma musique. Avant, je ne voulais que faire de l’argent, c’était une obsession. (Rires)

Cette aventure est un lourd engagement financier en tant que productrice ?
Pour l’instant, oui et ce n’est pas fini. Faire trois albums avec des photos dans tous les sens, des calendriers numériques etc., ça coûte super cher.

La démarche est ambitieuse, le résultat est réussi.
Si avec ça, les gens ne comprennent pas que je suis passionnée par mon travail, ils ne le comprendront jamais.

Une année importante dans ta carrière, 1996, tu es nommée en tant que Révélation de l’année aux Victoires de la Musique et tu étais d’ailleurs favorite. Une inconnue remporte le trophée, créant ainsi un véritable tollé et remettant en cause l’organisation de la cérémonie.
Je m’en rappelle très bien. C’était la nana du producteur et elle a eu la Victoire. Cela a été écrit partout. Elle n’avait rien fait, aucun support single et elle chantait "Show must go on" aux Victoires de la musique en France. C’était n’importe quoi. Je n’ai vraiment pas eu de chance. J’avais vendu 500.000 singles et j’étais en effet favorite. L’année où j’aurais pu l’avoir, voilà ce qui s’est passé.

Comment l’as-tu vécu ?
J’avais ouvert la cérémonie et j’étais flippée. Franchement, cela m’est égal d’avoir une statue sur ma cheminée, surtout que je n’ai pas de cheminée. (Rires) Cependant, c’est vrai que c’est agréable que les gens du métier reconnaissent également le travail que l’on fait.

Au milieu des années 90, tu es celle qui apporte le RNB en France. Depuis, les chanteuses sur ce créneau sont très présentes et je pense notamment à Amel Bent, Sheryfa Luna… Quel regard portes-tu sur elles ?
Je trouve ça très bien. Toutes les chansons sont un peu similaires, faites sur le même modèle et c’est le problème des formats radios en France. Il y a une demande et les producteurs la suivent. Amel Bent a une voix fabuleuse. Sheryfa Luna a des chansons très efficaces. Je trouve juste qu’elles se ressemblent toutes un peu. Je préfère quelqu’un qui chante moins bien mais qui a une identité vocale marquée. Les empreintes vocales me plaisent. J’aime quand on fait une prise d’un coup qu’il y ait des notes différentes. Le blues et le jazz ne sont pas toujours justes et c’est ça qui est également intéressant. Il y a des aspérités qui donnent du relief à une chanson.

Que penses-tu du succès de Sheryfa Luna dont tu as contribué à la découverte ?
Si peu. Popstars est un truc assez bizarre. J’aimais beaucoup Hadja et je pensais qu’elle pouvait gagner. J’aimais bien Sheryfa mais elle faisait trop Diam’s. Au moment où il s’en occupait, Benjamin Chulvanij a bien fait son travail car il lui a fait enregistrer des chansons pop. Cela lui a permis de se différencier de Diam’s. Je suis fière d’elle mais ce n’est pas moi qui l’ai aidé à quoi que ce soit. Je l’ai vu évoluer.

Pendant un moment, tu as fait beaucoup de choses, de la musique, du cinéma, de la télévision et même des livres d’astrologie. As-tu eu le sentiment d’en avoir fait trop sur une période et que cela ait dérouté le public ?
« Je n’ai pas fait de stratégie de come back... »
Je l’étais moi-même. J’étais un produit et quand on a un succès en tant que tel, les gens viennent proposer des produits dérivés. Il y a de l’argent à la clef, de la visibilité. Même quand l’argent n’est pas important, je me dis que ça peut être sympa pour le public. J’ai le grand cœur avant le porte-monnaie. C’est vrai que ça peut être déroutant pour le public et c’est la raison pour laquelle je reviens en me positionnant en tant que chanteuse. Je n’ai pas fait de stratégie de come back, je sors un disque et je verrai ce qu’il se passe.

Est-ce que les épreuves que tu as traversées ont changé ta vision des choses, de la vie ?
Oui et c’est pour ça que je suis bien désormais. J’ai frôlé la mort, j’ai été malade pendant deux ans, j’ai fait des conneries. Ce qui ne tue pas rend plus fort, ce n’est pas qu’une phrase de comptoir, je l’ai vraiment vécu. Je suis en adéquation avec moi-même et je ne me laisse plus envahir par des futilités. Je ne veux plus me laisser polluer.

En parlant de se laisser polluer, es-tu touchée par la façon dont la presse people utilise ton image ?
Cela me touche à chaque fois et encore aujourd’hui. On ne peut rien y faire. J’ai eu l’outrecuidance de penser que l’on pouvait la gérer mais on ne gère rien du tout avec ces médias. Avec le net, c’est encore pire. Il n’y a plus d’intimité.

Malgré ces sept ans d’absence musicale, tu es restée une personne populaire. Est-ce que ce soutien du public t’a aidé, t’a apporté de l’énergie dans des moments difficiles ?
Oui car pendant longtemps, je n’étais pas bien. Quand je sortais, les gens étaient gentils, agréables, inquiets. Ma famille est vraiment le public et ce n’est pas qu’une phrase d’artiste. J’ai vraiment senti du réconfort de la part de leur part. C’est aussi pour cela que je sors ce disque en digital car cela permet une grande visibilité. Ceux qui aiment, aiment et ceux qui n’aiment pas, trouveront du temps pour me critiquer et ça les occupera.

Quel message aimerais tu transmettre au public et aux internautes ?
Un message de paix et d’amour. Je suis en promo mais je ne suis pas là pour faire de la promo dans mon message aux gens. J’ai envie qu’ils aillent bien. Nous sommes dans une période de crise et on en parle trop. Les titres des journaux sont beaucoup sur ça. On nous conditionne pour être malheureux. Heureusement, le printemps arrive. Que les gens sourient, il n’y a rien de grave. Le principal est d’avoir la santé. Tant qu’on l'a, il faut en profiter et être heureux.

Merci Ophélie pour cette interview.
Merci à toi.
Pour en savoir plus, visitez le site officiel, ou son Myspace officiel.
Pour écouter et/ou télécharger "Affection", cliquez sur ce lien.
Pour écouter et/ou télécharger la discographie d'Ophélie Winter, cliquez sur ce lien.

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