IndochineVariete Francaise » Rock Français
mardi 27 janvier 2009 0:00
Indochine en interview
Le groupe Indochine publiera le 9 mars prochain un nouvel album et remontera sur scène à l'occasion d'une grande tournée qui passera par le Stade de France le 26 juin 2010 ! Les fans du groupe peuvent d'ores et déjà réserver leurs places. Une tournée qui passera à travers la France, mais aussi la Belgique et la Suisse. Nicola Sirkis et Oli de Sat ont répondu à nos questions à propos de cette série de concerts, et lèvent le voile sur certains détails...
Vous êtes en pleine répétition après avoir enregistré lalbum quelques mois avant sa sortie. Pourquoi répétez-vous tellement en amont avant les concerts ? (Bertrand Dicale, journaliste)
Nicola Sirkis - Cest la première fois. Cest un service quon se rend. Il sagit de ne pas travailler dans la précipitation et le stress. Cest un album plus difficile à faire sur scène que dautres. Les morceaux sont musicalement radicalement différents les uns des autres. Il y a des morceaux acoustiques, il faut bien gérer les petits détails. Au lieu dattendre patiemment chez soi la sortie de lalbum, on a commencé à travailler. Lidée de commencer à travailler tout de suite fait quon nenchainera pas deux mois de répétition avec le stress de la première date. On commence par étape. On sest dit que cette fois ci, on allait faire trois périodes de répétition tous les deux mois. Cest une façon de travailler plus relax. En plus, on a besoin davoir une idée très précise de ce quon voudrait faire pour cette tournée en octobre, par rapport à linfrastructure quil va y avoir. Il ny a pas de mise en scène mais des images vidéo. Comme dhabitude, on se décide toujours au dernier moment. Là, on donne le temps aux gens qui travaillent avec nous de faire des images, de travailler. Il y a un gros travail déclairage, de son et dimage sur deux ou trois morceaux. Donc il faut sy prendre un peu à lavance. Ça devient sérieux, avec les dates qui arrivent. On y va un peu plus professionnellement. Vous avez annoncé que vous alliez finir votre tournée au Stade de France. Est-ce que cela a conditionné lécriture et larrangement des morceaux, de se dire que le cadre dans lequel vous allez jouer est encore plus vaste que les précédents ? Nicola Sirkis - Je ne sais pas si on sest posé la question. On a dû se décider pendant lécriture. Oli de Sat - Non, ça na pas eu dinfluence. Le Stade de France est une date de concert et non pas une date de fin de quoique ce soit. Ce nest pas un but pour lalbum ou pour le groupe. On essaie de prendre ça comme un concert. Lécriture de lalbum sest faite pendant un an et demi. Nicolas a eu lidée du Stade de France en fin décriture. Lalbum était déjà bien avancé. On na pas du tout calculé les compositions ou les arrangements par rapport au stade. Heureusement. Nicola Sirkis - Par contre, avant de les écrire, on sait celles qui seront faciles à faire live et celles qui ne le seront pas. On sait comment ça pourrait fonctionner. Javais ça dans la tête pendant toute lécriture mais ce sont deux choses différentes, deux choix différents. A la sortie de lalbum « Alice & June », vous aviez dit assez clairement quil nétait pas impossible que la tournée qui allait suivre cet album soit la dernière tournée dIndochine. Quest-ce qui fait que vous reveniez sur scène, que vous fassiez une grosse tournée ? Est-ce la tournée de « Alice & June » qui vous a donné lenvie de continuer à faire de la scène ? Nicola Sirkis - Cest largent. On a besoin de vivre ! (rires). A chaque début de tournée, jai énormément dangoisses. Je ne sais pas si je vais arriver à la finir. Je vois toutes les dates qui sajoutent, le nombre de personnes qui vont y être et jai limpression de ne pas pouvoir y faire face, physiquement, moralement Je me donne toujours une porte de sortie. Mais cest vrai que la tournée de « Alice & June » a été une de nos plus belles. La plus belle quon nest jamais réalisée, de tous les points de vue, avec léquipe qui nous entourait, les images, le public Sortant du succès monstrueux de « Paradise », on ne sattendait pas du tout à ça. Ça nous a donné une énergie positive. Javais dit la même chose au début de la tournée « Paradise », quon ne ferait peut être plus de grande tournée comme ça. Finalement, en début de tournée, on part en se disant quil va falloir tenir. A la fin, alors quon est beaucoup plus fatigués, on a envie dy retourner tout le temps. Cest comme une drogue. Mais on na pas joué depuis deux ans. Ça nous a donné le temps de réfléchir. Sur cette tournée, cest la première fois que je dis que ça ne sera pas la dernière. Cest plutôt mauvais signe quelque part. Je déconne ! Vous annoncez une tournée dans les grandes salles et le Stade de France. Vous avez pris goût au gigantisme et vous nimaginez plus de jouer dans des petites salles ? Nicola Sirkis - On a terminé la tournée « Alice & June » par cinq petites salles, à lépoque de la sortie du DVD. On a joué dans des salles de mille personnes. On na aucun favoritisme sur les grandes ou les petites choses. Je pense quil y aura des concerts éparses, quon va essayer de monter dans des salles plus petites. Ce qui est toujours intéressant, cest de passer de grandes dimensions à des petites. Mais on na pas un goût du gigantisme. Un goût du risque oui. Le goût de sapercevoir et de voir quun groupe français peut réussir à faire ça. Ce qui ma poussé à faire le Stade, cétait de me dire que notre public mérite de nous voir dans une arène pareille, que ce nest pas réservé à des groupes anglo-saxons ultra médiatisés ou à quelques artistes français ultra médiatisés. On peut aussi réussir à faire une autre voie. Ça a lair de fonctionner, en imposant un prix pas cher pour les places, en faisant plein de choses. Ça veut dire quil ny a pas les gagnants et les perdants. On arrive toujours à provoquer. Economiquement, comment arrivez-vous à imposer et à maintenir un prix des places si bas alors que tout le monde sait que le prix des places de concert senvole ces dernières années ? Nicola Sirkis - On décide de gagner moins dargent. Nos équipes techniques sont payées au même prix que celles des autres artistes. Mais on nest pas là pour sacheter un yacht de plus. Déjà on nen a pas. Ce nest pas le but dIndochine que de senrichir en faisant de la musique. Cest vrai que ceux qui pratiquent un prix des places plus cher, alors que notre production nest pas du tout au rabais, ont un autre but, un but économique. Nous nous navons pas de but économique. Notre premier but est le plaisir. On parle depuis vos premiers tubes du public dIndochine comme dun public particulier, qui sest renouvelé entièrement sans doute plusieurs fois. Quest-ce que ce public a de si particulier ? Nicola Sirkis - En ayant vu beaucoup de concerts, même si on est mal placés, je trouve que cest un public passionné comme jen ai rarement vu. Passionné au sens noble du terme. Ils ne sont pas hystériques. Oli de Sat - Je me souviens que dans les années 90, avant de rentrer dans Indochine, jétais fan du groupe. Médiatiquement, le groupe était au creux de la vague. Dans les salles, il y avait une effervescence, une communion avec le public qui était bien là. Le public a toujours suivi, soutenu et défendu le groupe dune façon assez inexplicable. Je trouve ce rapport étrange, quand on voit que le premier rang est là quasiment sur toutes les dates. Ils font du covoiturage pour nous suivre partout. Ils prennent leurs vacances en fonction des dates de concert. Cest une histoire passionnelle assez inexplicable. Je pense que ça vient un peu forcément du groupe. Cest un des rares groupes qui respecte son public. On va se bagarrer pour avoir des places de concert pas excessives, on a une déontologie vis-à-vis de la musique et des médias. Je pense que depuis le temps le public a compris ça et se sent attaché à ce groupe. On a souvent parlé de la fin dIndochine, que ce disque là ou le suivant serait le dernier. Il y a toute une mythologie de la fin dIndochine, quasiment depuis vos débuts. Est-ce difficile à vivre dêtre toujours le phnix, annoncé en fin de carrière à chaque album et de renaitre à chaque fois de ses cendres ? Nicola Sirkis - Cest rigolo. On est quand même plus proche de la fin que du début. On nest pas en début de carrière. Je me rappelle de certains commentaires du premier album, « Le début de la fin » Maintenant, cest « Est-ce quils vont vraiment arrêter ? ». Je ne mimaginais pas être là au bout de trente ans. Ça sest fait irrationnellement. Cest toujours plus intéressant dêtre un outsider plutôt que dêtre le succès annoncé ou confirmé. Vous avez dit une ou deux fois que vous rêviez darrêter la musique et de disparaitre dune certaine manière, comme Salinger. Cest toujours un fantasme ? Nicola Sirkis - Cest toujours un fantasme très réalisable. Si jy arrive, je préférerais être un vieil écrivain quun vieux chanteur. Un vieux chanteur, cest toujours un peu pathétique. Mais est-ce quon peut trouver les Stones pathétiques ? Ils font toujours du rock à 60 ans passés. Il y a du pour et du contre. Je ne sais pas. Pour linstant, jarrive encore à me regarder dans la glace. Jattends le moment où je me dirais quil faut que je marrête. Jai toujours trouvé ça pathétique dêtre un vieux chanteur. Vous posez nus sur votre affiche. Avez-vous limpression que la musique peut encore choquer, être encore dangereuse ? La vôtre en particulier ? Nicola Sirkis - La nôtre, je ne sais pas. Oui et non. Le but quand on sest mis à poil sur cette affiche nétait pas de choquer. En France, en démocratie, on voulait montrer quon allait faire le Stade de France sans artifice. Cest à la scène comme à la ville. On na pas besoin dun concept, de dire que cest notre dernière tournée, que je vais très mal, que je suis écrasé contre le sol. On voulait dire « Restons simple, et on peut arriver à faire le Stade de France ». Cest aussi un hommage à un photographe américain. Maintenant, la musique peut toujours véhiculer des choses. Sur chaque album, on peut balancer des trucs qui resteront. On peut se permettre çà. On a la chance davoir la liberté dexpression et cette liberté dexpression est communicative. On ne va pas se gêner de temps en temps. Quune chanson comme « Troisième sexe » reste toujours dactualité aujourdhui alors quelle a été écrite il y a vingt ans, cest toujours intéressant. On a sa petite fierté par rapport à çà. Elle naura rien changé au monde, au niveau de lhomophobie, mais elle restera quand même. Pour découvrir toutes les dates de la tournée d'Indochine et réserver vos places, cliquez sur ce lien. Pour accéder à la fiche d'Indochine sur Charts in France, cliquez ici. Podcast
29/08/2020
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