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mercredi 13 août 2008 0:00

M. Pokora en interview

Avec son nouvel album, "MP3", M. Pokora prouve que l’ambition est une valeur saine et peut mener à des projets de qualité. De l’histoire de ce disque, à sa carrière internationale, en passant par sa prochaine tournée, le performer français a répondu en toute franchise à nos questions. Rencontre.
Bonjour Matt, une première question sur ton nouvel album, "MP3", qui me semble inévitable : pourquoi avoir été chercher Timbaland (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
M. Pokora : C’est déjà quelqu’un qui a influencé ma musique avant même que je ne travaille avec lui. C’est vraiment un artiste et un producteur qui me faisait rêver avec ce qu’il a fait pour Aaliyah, pour Missy Elliott... Il avait une vraie originalité en apportant sa touche tribale, indienne, dans ses sons. Pour moi, Timbaland a toujours été le roi du rythme, il a toujours su soulever un morceau uniquement en y mettant le bon rythme. La rencontre grâce à Nelly Furtado et son staff m’a permise de le rencontrer personnellement par la suite, puis de travailler avec lui.

Quelles sont tes vraies ambitions pour ce disque... ?
Déjà, de passer un cap musicalement parlant et donc de me faire encore plus plaisir, d’enlever le frein à main. J’ai fait des choses qui ont fonctionné en France et je me suis dit que j’aimerais bien tenter le challenge de l’international.

Tu as été N°3 en Finlande, n°12 au Japon... Quel est ton sentiment par rapport à ces premiers succès à l’étranger ?
C’est très positif. Il y a aussi le Mexique où j'étais 5ème, la Suède 15ème... C’est vraiment le challenge de m’exporter à l’international et de me demander ce que je peux faire en dehors des frontières francophones qui m'a excité. Je voulais savoir si j’en étais capable et l’anglais est la langue adéquate pour le faire. J’avais vu avec les albums précédents que je ne pouvais pas le faire avec le français. Et puis au-delà de tout ça, il y avait également un rêve qui est celui de voyager avec ma musique.

Tu as beaucoup travaillé aux États-Unis pour ce disque. Vers quelle période comptes-tu y promouvoir l'album ?
Il y a déjà eu de très bons retours à New-York justement, et des radios, des journalistes, ont appelé EMI aux Etats-Unis en leur demandant de se bouger pour moi (sourire) ! Ils ont ainsi sollicité ma maison de disques en France afin de commencer la promo vers la fin de l’été. Cela va donc vraiment s’activer à l’automne.

Pour continuer de parler de l’exportation de ta musique, je t’ai récemment vu dans un show allemand réputé qui est “Le Dôme”. Sprichst du ein bisschen Deutsch ?
Ya, ich spreche Deutsch ein bisschen. Guten Tag, danke schon, Auf Wiedersehen... (rires). De plus, j’ai appris un peu l’allemand quand j’étais à l’école à Strasbourg. Comme j’étais près de la frontière, il fallait que je l’apprenne évidemment.

Concernant tes récentes prestations télévisées en France mais aussi en Allemagne notamment, tu portes un keffieh (ndlr : ou keffié, de l'arabe كوفية, kūfīyä, est la coiffe traditionnelle des paysans et des Bédouins. Il permettait de distinguer les citadins des ruraux. Aujourd'hui, le keffieh est porté par toute la population arabe de la péninsule arabique, d'Irak, de Jordanie et de Syrie. Il est devenu l'emblème des Palestiniens). Ce choix a t-il une signification particulière pour toi ?
C’est en fait quelque chose que j’avais envie de mettre. Les danseurs en ont également et je voulais ainsi que nous ayons notre petit signe sur scène.

Il ne faut donc pas y donner une quelconque signification au-delà de l’aspect vestimentaire ?
Ce n’est pas du tout engagé, on se l’ait juste approprié à notre façon. Il ne faut pas y chercher de message religieux ou politique. C’est juste un choix que l’on a fait avec les danseurs pour avoir notre identité, développer un style bien à nous. Il est vrai que beaucoup de gens m’en ont parlé et notamment des journalistes de mode par exemple. J’ai récemment fait une interview pour "Cosmopolitan" en Allemagne et ils m’ont également interrogé sur ce choix vestimentaire...

En France, tu le portais notamment lors de ton excellent "Trabendo Session". Tu as d’ailleurs su faire découvrir en live des versions très intéressantes des titres de ton dernier album. Comment as-tu préparé l'émission ?
Nous avons réadapté les morceaux et nous nous sommes vraiment concentrés sur les sons, sur les arrangements... C’est vraiment une énergie dans laquelle j’aime aller et je le découvre de plus en plus. J’ai fait un show case en Finlande avec la même formation qu’au Trabendo, musiciens et choristes. Nous avons fait ça dans un club interdit aux moins de 18 ans, c’était le concept de la soirée et il y avait un public de 1 200 personnes ! Ils ont vraiment aimé. À l’heure actuelle, j’ai vraiment le sentiment d’évoluer beaucoup musicalement.

Découvrez "Catch Me If You Can" lors du "Trabendo Session" :
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Parlons de la suite de la promotion donnée à l’album, pourquoi avoir fait le choix de proposer le single "Sur ma route" en France, après "They Talk Sh#it About Me" ?
Pour la France, nous avons en effet choisi "Sur ma route" car cela manquait au public français de m’entendre chanter dans notre langue. C’est d’ailleurs pour ça que j’avais préparé deux titres en français, qui ne sont pas sur le pressage international de "MP3", car je savais que j’en sortirais probablement un en single en France. Pour l’international, il y a un décalage d’un single et le deuxième extrait est donc "Catch Me If You Can" pour les autres pays. La suite se fera avec la version anglaise de "Sur ma route" et qui a pour titre "Through The Eyes"...

"Through The Eyes" est un titre à part sur l’album, il est d’ailleurs un des plus particuliers du disque. La musique, le texte ne sont pas sans rappeler "We Are The World" de Michael Jackson. As-tu volontairement été dans cette direction pour ce morceau ?
C’est carrément une de mes influences en fait car c’est le premier artiste qui m’a fait rêver. "We Are The World" et tout ce genre de chansons avec les chorales, le piano, les violons... sont selon moi très forts émotionnellement. Ce sont en plus des morceaux très fédérateurs. C’est aussi le but de "Through The Eyes" qui est ainsi “Jacksonien” dans le sens où j’ai voulu parler des enfants, de la misère, mais surtout de la nécessité de voir l’état du monde à travers les yeux d’un enfant. La version française "Sur ma route" parle un peu de mon histoire mais également de l’histoire de beaucoup de jeunes en France. C’est un texte sur le divorce et je dis au final que je n’en veux pas à mes parents. Nous avons continué à avancer et cela fait de moi ce que je suis devenu. Je sais qu’il y a beaucoup de jeunes qui vivent dans des familles où le divorce est présent et ils vivent ce que moi aussi j’ai vécu.

Comment as-tu travaillé pour réaliser ce titre ?
Je l’ai composé et j’ai fait toutes les lignes de chant. Nous avons passé énormément de temps en studio et c’était la première fois par exemple que j’avais de vrais violons, de vraies cordes sur un de mes morceaux. Nous sommes allés le réaliser à Londres. Selon moi, c’est ma plus belle balade. Je suis vraiment fier de ce morceau.

As-tu eu peur avec ce disque en anglais de dérouter une partie de ton public français ?
Je le pense en effet et on sait aussi que les français achètent beaucoup français. C’est certainement plus difficile pour un artiste français qui a commencé en français de passer à l’anglais. Ce qui m’importe avant tout est de faire plaisir, de me faire plaisir, et de pouvoir m’endormir serein en ayant le bonheur de réaliser mes rêves. Après, je n’oublie surtout pas la France et je tiens à faire le plus de promo ici malgré la grosse promo qui m’attend à l’étranger. J’ai toujours donné la priorité à la France et il y a aussi la tournée qui arrive. D’ailleurs, cette tournée est française avant tout.

Et quel regard portes-tu sur les ventes de ton album qui sont moins importantes que ce que l'on aurait pu escompter avec une telle production et association que sont celles de Timbaland (Justin Timberlake, Nelly Furtado, Madonna...) ?
Il est vrai qu’à l’heure actuelle, j’ai vendu moins d’exemplaires de cet album que du précédent. Mais il faut aussi avoir conscience du fait que ça ne fait que cinq mois que le disque est sorti, qu’il est quand même disque d’or et qu’il est trop tôt pour se prononcer définitivement. Je trouve qu’il faut laisser du temps au temps, je n’ai que 22 ans et j’ai encore une marge de progression. Je n’ai pas fini d’évoluer. Ce disque est simplement une étape dans mon parcours, et si c’est reculer pour mieux avancer ensuite, alors je l’accepte sans problème.

Tu vas aussi faire découvrir cet album sur scène. Que prépares-tu pour cette tournée ?
Il y aura tout ce que j’ai toujours aimé. J’ai envie de faire un grand show avec des danseurs. Nous allons aussi rajouter des musiciens et des choristes par rapport à la tournée précédente. Il y aura vraiment un très bon son live. Comme nous en parlions par rapport à l’album, je mûris également par rapport au live et j’ai besoin de plus encore m’exprimer sur scène. Il y aura des écrans géants, mais surtout des tableaux et des univers très différents. Je veux qu’en repartant du concert, les spectateurs aient eu l’impression d’avoir vu quatre ou cinq artistes différents.

Parlons également de tes autres activités. Tu travailles toujours avec Tyron Carter dont tu as produit le premier album, "Hold-up", sur ton propre label ?
Je travaille toujours avec lui en effet. Il a aussi participé à un match pour mon association aujourd’hui (sourire).

Son premier opus, qui a lui aussi de bons titres, n’a pas eu le succès espéré. Comment l’expliques-tu ?
Dans notre équipe, nous sommes dans une influence américaine et il est vrai que l’on oublie parfois de mettre cette touche française qui plaît aux gens ici. C’est un rappeur qui a du flow, une bonne énergie positive. Il vient de sortir son street album et cette fois, on ne veut pas brûler les étapes et on va y aller pas à pas. On monte le projet petit à petit et c’est aussi pour cela qu’il bosse sur un nouvel album avec notamment la présence de Akon.

Concernant son premier album, la pochette était un peu déroutante, non ? Qu’en penses-tu ?
(sourire) La recherche d’identité fait aussi partie de nos nouveaux projets. On a conscience d’être tout nouveau. On se demande comment ne pas trop rentrer dans du “gangsta” parce que ça n’en est pas, et comment ne pas rentrer dans du simple R'n'b, car ça n’en est pas non plus... Concernant la pochette, on voulait juste faire de l’autodérision et de l'humour (sourire)... On a repris le terme du hold-up, mais en montrant qu’en fait, ça n’en est pas un. L’autodérision et le recul sur ce milieu musical étaient aussi le but de ce visuel.

On murmure qu'un autre français, Kamini, va travailler avec un producteur américain en la présence de Dr Dre (Eminem...). Quel regard portes-tu sur cette éventuelle collaboration ?
Franchement, c’est super cool pour lui. J’espère qu’ils vont faire de bons sons ensemble.

Penses-tu l’avoir inspiré pour se lancer dans une quelconque collaboration américaine ?
Je ne sais pas mais sincèrement, si j’ai pu ouvrir des portes avec ces collaborations et montré que rien n’était impossible, alors j’en suis ravi. J’écouterai le résultat de leur travail parce que par rapport à ce que Kamini a fait sur son premier disque, ce sera intéressant de découvrir ce qu’il fait avec Dr Dre.

En ce qui te concerne, certains médias continuent à te comparer à Justin Timberlake. C’est plutôt quelque chose qui te flatte ou qui t’agace ?
Ça peut être flatteur, comme ça peut aussi être péjoratif de temps en temps... Il est vrai que l’on me compare à lui mais si j’avais été black, on m’aurait comparé à Usher. Il ne faut surtout pas oublier d’ailleurs que je m’inspire bien plus de Michael Jackson que de Justin Timberlake. Quand je chante, quand je danse, quand je fais des performances, que je mets telle ou telle tenue, je m’inspire avant tout de Michael Jackson. Il était là avant nous et il m’a donné envie de faire ce métier. Par rapport à Justin Timberlake, on a des influences communes, mais je veux surtout faire ma propre musique.

Tu vas aussi te lancer dans le cinéma en participant au film "Le gang du marais". Qu’en est-il de ce projet ?
Pour l’instant, il n’y a rien de très avancé sur ce film. Je suis partant, l’équipe du film est partante, mais il faut attendre que les choses concrètes se mettent en place.

Pour finir cette interview, quel message aimerais-tu transmettre à ton public et aux lecteurs de Charts in France ?
Merci pour leur soutien, leur présence et je leur donne rendez-vous sur la tournée : les retrouver me tient très à cœur. Ce sera deux heures de show, de musique et je leur promets que ce seront de très bons concerts. Je les invite aussi à rester connectés à Charts in France pour avoir des infos supplémentaires... Je voudrais d'ailleurs finir cette interview par le fait que je suis très sensible à la façon dont vous parlez et dont vous défendez mon projet sur ce site. Je vais régulièrement voir ce qui s'écrit par ci par là sur le net, et il y a souvent des articles de toi et de Thierry Cadet. Cela me fait sincèrement plaisir et ça me touche. Merci de comprendre et de sentir mon travail.

Merci Matt pour ta gentillesse et ta disponibilité.
Merci à toi, ça m’a fait plaisir de faire cette interview.

Pour réserver vos places pour la tournée de M. Pokora, cliquez ici.
Pour écouter et/télécharger le nouvel album de M. Pokora, "MP3", cliquez sur ce lien.
Découvrez le clip du dernier single international de M. Pokora, "Catch Me If You Can" :
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