Allan Théo en interview

Il est aux années 90, ce que Juvet est aux années 70 ou Daho aux années 80 : une idole. Allan Théo a squatté, des années durant, les premières places du Top avec des tubes comme « Emmène-moi », « Lola » ou bien encore « Soñar ». Aujourd'hui, c'est Allan qui parle au nom de Théo, son nouveau groupe. L'album sort en mai dans toute la France et le son est plutôt... rock !<br> Charts In France a retrouvé Allan pour un tête à tête exclusif avec Théo, et lève à présent le voile ; vous me suivez toujours ?
CIF (Thierry Cadet, rédacteur) : Salut Allan ! Ca ne te dérange pas que je t'appelle Allan ?
Allan Théo : Evidemment que non ! Tu veux m'appeler comment ? (rires) Tu sais, même si aujourd'hui je mets en avant le nom du groupe Théo, je ne renie absolument rien de ce que j'ai pu faire auparavant... c'est une continuité, et puis tu penses bien que le jour où je vais refaire des télés, les animateurs vont inévitablement m'appeler Allan, c'est bien normal. »

CIF : Qu'as-tu fais depuis la fin des années 90 ?
AT : Déjà, j'ai sorti un deuxième album, « Soupir », disponible au Québec où ma carrière a continué quelques temps après « Vivre sans elle » et « J'aurai voulu te dire ». Et puis je me suis battu afin de me débarrasser d'un contrat qui me menottait (ndlr : comme beaucoup d'artistes, comme récemment Loïs Andréa ou Kareen Antonn). Tu sais, par la suite, chaque fois que je me présentais en maisons de disques, les DA voulaient que je resigne pour la même chose, du commercial, très commercial... et même si je ne crache pas dans la soupe, parce que c'est grâce à ces tubes si j'en suis là aujourd'hui, je veux à présent passer à autre chose. »

CIF : Comme ce nouvel album, « Théo », qui sonne résolument rock !
AT : Oui. Tu sais, ma mère écoutait de la soul, style Marvin Gaye, et mon père a toujours été fan de choses beaucoup plus underground, telles que The Doors ou The Clash. J'ai donc les deux cultures en moi, et ces dernières années, celle de mon père que j'avais complètement occultée est fortement ressortie, ce qui nous a rapproché d'ailleurs... Quant à moi, j'écoute beaucoup de groupes comme Placebo ou Linkin Park.

CIF : Comment ton père percevait-il à l'époque ta période commerciale ?
AT : Mon père et mon frère étaient contents pour moi mais ne cautionnaient pas forcément les titres comme « Lola » ou « Emmène-moi »... aujourd'hui par contre, je les surprends à écouter mon nouvel album (sourire). »

CIF : Tu en as écrit tous les textes, c'est nouveau pour toi cette réelle implication, non ?
AT : Aussi fortement oui. Mais déjà du temps de mon premier album, j'ai réussi à imposer des choses, comme des sonorités latines par exemple... même si je te l'accorde, ce fût difficile car j'étais considéré, au même titre que les boysband de l'époque, comme un produit.

CIF : Mais pourquoi avoir accepté de jouer le jeu ?
AT : Tu sais, c'est simple : je débarquais de Grenoble avec une formation de jazz avec moi, puis j'ai galéré pendant quelques années, avant de bosser chez Jacques Martin pour « Le monde est à vous ». De là, on vient me trouver et on me propose d'enregistrer un single. Dans ces cas-là, et après avoir enchaîné des petits boulots de merde, tu saisis ta chance... on dit qu'elle ne passe qu'une seule fois ! Le reste m'a complètement dépassé. Je me suis retrouvé du jour au lendemain sur tous les fronts : radios, presse, télés. « Emmène-moi » a démarré très vite et très fort. L'album qui a suivi a été fait en quelques mois. Tout s'est enchaîné sans que je puisse contrôler quoique ce soit.

CIF : As-tu gardé des contacts de cette étape de ta carrière ?
AT : Non. Tu sais, quand ça fonctionne tout le monde est à tes pieds mais quand ça marche un peu moins bien, il n'y a plus personne. Cela dit, de cette expérience j'ai beaucoup appris, je me suis enrichi, et aujourd'hui je ne suis plus dupe. Je reviens beaucoup plus fort qu'avant ; mais pour être honnête avec toi, je n'ai de toutes façons jamais été fan des soirées mondaines, même à la grande époque : me retrouver assis dans le carré VIP parmi des gens avec qui je n'ai aucune affinité, non merci ! Je ne peux pas faire semblant. Je préfère de loin une soirée avec mes potes, à refaire le monde autour d'un verre ! (sourire) La seule qui, à l'époque, ne faisait pas de ségrégation, c'était Carole Fredericks. Je n'oublierai jamais le jour où je me suis retrouvé sur une grosse émission de duos pour M6, et pour laquelle chacun devait faire un morceau avec un autre artiste. Personne n'a voulu chanter avec moi, sauf Carole. Elle m'a proposé « Savoir aimer » de Florent Pagny. Cette fille avait un cœur énorme, elle était vraie, très intelligente. Notre collaboration ne devait pas s'arrêter là, on avait des projets ensemble, mais elle est partie au Sénégal et n'est jamais revenue... (ému) Ce fût une grosse claque. »

CIF : Comment t'en es-tu sorti financièrement ensuite... ?
AT : C'était difficile, mais ayant participé à l'écriture de certains textes sur le premier album, j'ai eu la chance de vivre longtemps de mes royalties.

CIF : On murmure qu'Endemol serait venu te solliciter à l'époque de la première saison de « La Ferme »... ?
AT : C'est vrai. Mais j'ai refusé, c'était niet. Je ne voulais pas me retrouver dans un programme télé uniquement pour la notoriété et l'argent que cela m'aurait apportés. C'est fini tout ça. Je veux être en parfaite adéquation avec ce que je suis. Au final, on se retrouvera tous sur le même lit de mort alors...

CIF : On ne t'a jamais vu non plus apparaître au sein de certaines émissions télé dites « nostalgiques »...
AT : Style « Podium » ou autres... non. Ca ne m'intéresse pas de revenir incessamment chanter « Lola », j'ai autre chose à dire aujourd'hui. L'avenir est devant moi, pas derrière.

CIF : Le premier extrait de ton album, « J'ai pas demandé », parle de la liberté ou du manque de cette dernière... pas anodin, non ?
AT : (rires) A toi de lire les messages dans cette chanson ! Que chacun puisse se l'approprier à sa façon, voilà ce qui m'intéresse.

CIF : Ton album est signé sur un petit label, quels sont les radios qui te suivent aujourd'hui ?
AT : C'est trop juste pour faire un point maintenant. Mon label vient tout juste d'envoyer le single en radios, et l'album ne sort que le mois prochain. Concernant les gros réseaux, si nous les avons tant mieux, sinon je me recentre de toutes façons sur les webradios, les radios locales et les concerts. C'est ça qui m'intéresse aujourd'hui. Faire de la scène avec mon groupe ; nous avons, par ailleurs, quelques concerts très prochainement (ndlr : voir en bas de page).

CIF : Comment as-tu signé chez Bonzaï Music ?
AT : Le DA de Bonzaï, Bertrand Coqueugniot, était celui d'EMI à l'époque d'« Emmène-moi », voilà tout. L'histoire continue... il m'a fait confiance et je l'en remercie. Parce que je t'avoue que, lorsque j'envoyais mes maquettes aux gros labels sans mon nom, on me répondait ; dés que je disais qui je suis par contre, il n'y avait plus personne. Incroyable, non ? (rires) Nous avions cela dit un plan avec BMG et son DA Philippe Russo qui devait se concrétiser, mais au moment de signer, « Nouvelle Star » a révélé Steeve Estatof et la maison de disques, désirante de s'occuper de la carrière de Steeve, ne nous a finalement pas signé. Philippe s'est, cependant, occupé de la réalisation de « J'ai pas demandé » et de « Tout ce qu'on peut dire » sur l'album.

CIF : Justement, est-il difficile de se débarrasser d'une image comme celle que tu as depuis quelques années ?
AT : A la base, l'idée n'est pas de s'en débarrasser... si les gens pouvaient passer outre et m'accepter aujourd'hui tel que je suis, avec mon évolution, ça irait... mais ça n'est pas le cas ou difficilement. Je souhaite bon courage à tous les mecs qui sortent de la « Star Ac' » parce que leur problème sera le même que le mien... et c'est dommage je te l'accorde.

CIF : Tina Arena a fait les chœurs sur « J'ai pas demandé », comment s'est passée la rencontre ?
AT : C'était il y a deux ans. Tina a été une des premières à écouter les maquettes du dernier album et à m'encourager. De plus, n'étant pas en France dans les 90's, elle n'avait aucun appriori me concernant car elle ne connaissait pas le début de ma carrière ici.

CIF : Pourquoi remercier Marco Masini dans le livret de ton album ?
AT : Parce qu'il avait accepté d'enregistrer un duo avec moi, sur son tube « Perché Lo Fai », mais qui n'est finalement jamais sorti.

CIF : Allan, est-ce qu'il y a des fans des débuts qui te suivent encore aujourd'hui ?
AT : L'hystérie en moins, oui ! (rires) Il y a un noyau dur de fans de la première heure qui ont grandi mais qui sont toujours là et je les en remercie. Cela dit, les ados d'aujourd'hui ne connaissent pas « Emmène-moi », ils étaient trop jeunes. Le challenge est d'autant plus intéressant car je dois les conquérir ; et malgré les désillusions et les problèmes que j'ai pu rencontrer après le premier album, c'est une belle histoire finalement.

CIF : Merci Allan, on te souhaite le meilleur !
AT : Merci à toi.

Théo sera en concert le 30 avril au Café Gambetta (Paris 20) à 14h00 ; et le 19 mai au Café Montmartre (Paris 18) à 20h30.

-Pour plus d'infos : www.theo-group.com

Mise à jour
Allan Théo sera en interview le 12 mai 2006 entre 21h30 et 23h sur www.lyberty.org, et en simultané sur DBC et AdoLibre.

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