Crédits photo : Emma Picq / Bestimage
23 ans et déjà tout d'une grande. Zaho de Sagazan est incontestablement la sensation actuelle de la scène pop française, et tous les projecteurs sont braqués sur elle à l'occasion de la sortie de son premier album "La symphonie des éclairs", disponible depuis vendredi. En 13 titres, l'artiste nous entraîne dans un univers électro froid, où l'intimité se confronte à l'universel et où surnagent quelques titres somptueux à l'image de "Je rêve" ou "Les garçons". Vendredi dernier, la chanteuse au timbre de voix rauque était invitée de "Quotidien" et en a profité pour chanter "Tristesse", le single phare de l'album. Ce qui ne l'a pas empêchée d'être la cible de certains internautes sur Twitter. Quelques semaines après l'affaire des "nepo babies", elle s'est retrouvée accusée d'être une "fille de". Il est vrai, Zaho de Sagazan est la fille d'Olivier de Sagazan, artiste, peintre et sculpteur français né au Congo.



S'il se consacre principalement à la performance depuis le début des années 2000, Olivier de Sagazan a d'ores et déjà collaboré avec deux grands noms de la scène musicale française et internationale : FKA Twigs et... Mylène Farmer ! En effet, c'est en 2012 que la chanteuse rousse et l'artiste plasticien collaborent à l'occasion du clip "A l'ombre", premier single de l'album "Monkey Me". Dans la vidéo réalisée par Laurent Boutonnat, Mylène Farmer ainsi qu'Olivier de Sagazan apparaissent à l'écran et se recouvrent le visage avec de l'argile et des pigments colorés afin de se créer de nouveaux visages bien plus horrifiques et malaisants. Il s'agit là d'un clin d'oeil à "Transfiguration".

"Il fallait que Mylène accepte de jouer le jeu"

"Transfiguration" est l'oeuvre la plus connue d'Olivier de Sagazan, une performance donnée plus de 300 fois depuis 1998 durant laquelle il se recouvre, comme dans le clip, le visage avec de l'argile pour ainsi se transformer et devenir un autre. Une oeuvre qu'il décrit comme « une tentative de mettre à mal cette vision bornée et conformiste que l'on a de nous-mêmes et de notre visage » : « La défiguration en art est un processus créatif pour réactiver notre vision du réel et le voir comme quelque chose de fantastique, ce que notre accoutumance à la vie a tendance à nous faire oublier ». L'icône de la chanson française, admirative de son travail, l'a alors contacté mais ce dernier, dont l'art « est plutôt à l'opposé de l'esprit divertissant propre au showbiz », a hésité avant de dire oui.




Il a alors trouvé un compromis et proposé à Mylène Farmer de mêler leur deux univers. « Ce qui m'intéressait, c'était d'aller vers une vraie hybridation entre son monde et le mien. (...) Il fallait qu'il y ait une vraie cohérence dans l'ensemble du clip, que les danseurs soient eux aussi dans la boue, que Mylène accepte de jouer le jeu de se mettre de la terre sur le visage » expliquait-il à Styx Magazine en 2013. Joueuse, Mylène Farmer a accepté de se prêter à l'expérience et le résultat a visiblement contenté tout le monde... à une exception : « Les images sont superbes, et avec la musique, cela fonctionne bien. Je regrette juste cette mode qui fait que, pour j'imagine conserver l'attention du spectateur, il n'y ait jamais un plan qui dure plus de deux secondes. C'est assez consternant ! ». Et comme Olivier de Sagazan l'avoue, il aurait aimé aller plus loin si ça ne tenait qu'à lui : « Il reste que pour une star du show-biz, avoir accepté cette défiguration est assez admirable ». Cette première collaboration pourra-t-elle, à l'avenir, déboucher sur un rapprochement entre Zaho de Sagazan et Mylène Famer ? On lui souhaite !