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Que devient... Yannick de "Ces soirées-là" ?

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
A l'occasion du 30ème anniversaire du Top 50, Yannick a accepté de répondre aux questions de Pure Charts. Le rappeur est revenu sur son énorme tube "Ces soirées-là", ses procès avec ses maisons de disques, sa vision de l'industrie musicale, ainsi que sa nouvelle vie et son album à venir...
Crédits photo : Abaca
En un seul titre, Yannick a marqué plusieurs générations. "Ces soirées-là", détournement urbain et festif du standard "Cette année-là" de Claude François, a caracolé en tête du Top Singles au printemps 2000. Durant 15 semaines, la chanson s'est imposée en pole position du classement des meilleures ventes, à la surprise générale, s'écoulant à plus de 1,5 million d'exemplaires. D'autant que l'artiste français a fait ses classes au sein de la Mafia Trece, un collectif hip hop des années 90 qui a notamment collaboré avec Diam's.« Je refuse de m'attarder sur les chiffres car ils sont relatifs. Quand on voit ceux de Beyoncé ou d'un autre. Il y a toujours mieux que soi » a confié Yannick dans les coulisses de l'émission consacrée aux trente ans du Top 50 (M6). « C'est quelque chose de magique. Jamais, petit, je me disais que je serais au Top 50 » s'est souvenu le chanteur, le sourire aux lèvres.

"Ces soirées-là", c'est le reflet de ma bonne humeur
Pour lui, tout a commencé par provocation : « J'ai démarré ce qui est devenu ma carrière sans y penser. A l'époque, j'ai des amis qui chantent, je me moque d'eux car je trouve ça nul, ils me disent de faire mieux... Ça a commencé comme ça, c'était un jeu ». Après avoir connu le succès avec son groupe, le challenge a ensuite été de faire ses preuves en solo. Ce sera avec "J'aime ta maille", classé 23ème du Top Singles. Pour « rabattre le caquet de ceux qui ne croyaient pas (en lui) », Yannick a concocté "Ces soirées-là", un titre à son image : « Je voulais une musique qui soit le support de ma bonne humeur ». C'est un carton. Pourtant, malgré les apparences, rien n'a été simple pour Yannick. « Dans le rap français à l'époque, il n'y avait pas de musique rythmée, c'était presque pêché. Mettre des filles sur des refrains, ça ne se faisait pas. J'étais un extraterrestre ! » a confié l'artiste, aujourd'hui âgé de 35 ans, à Pure Charts. « Ça a beaucoup changé, en bien ! Même si aujourd'hui il y a beaucoup d'autotune » a-t-il ajouté.

Le succès change une vie... et le regard des gens
Si le succès paraît évident à l'heure actuelle, de nombreuses portes se sont fermées à l'époque. « On me disait "C'est sûr, ça va marcher !". Moi je n'étais convaincu de rien. Certaines maisons de disques et radios n'étaient pas convaincues non plus ! Des gens ont refusé le titre. Pour la petite histoire, M6 Interactions m'a dit "On ne croit pas en cette chanson" » a déclaré Yannick, qui a donc changé de label pour pouvoir rencontrer le succès avec "Ces soirées-là". « J'étais indifférent à ce refus car je n'avais aucune pression, j'avais mon groupe, j'étais à la fac, j'étais chez papa et maman à l'époque » s'est-il rappelé pour l'occasion.

Souvenez-vous de "Ces soirées-là" :



Le raz de marée de "Ces soirées-là" a commencé sans que Yannick ne se rende compte de l'ampleur du phénomène. Il a découvert que le titre passait à la radio par le biais d'un ami et a mis du temps avant de comprendre la réalité : « Des artistes reconnus me disaient "Félicitations, tu es en train de battre des records". Je n'étais au courant de rien du tout. Quand je voyais des gens s'affoler sur les ventes, je me disais "Oui mais j'ai déjà connu ça avec Mafia Trece, les gens qui s'emballent...". Je m'en suis rendu compte quand les gens me reconnaissaient dans la rue, quand on m'appelait par mon prénom, j'ai fait Drucker, Foucault... Ça change une vie. La mienne, celle de mes proches, le regard des gens ».

Le succès entraîne de nouveaux amis et la jalousie
« Mon seul souci c'était que je voulais que ça ne change rien dans ma vie. Après, oui, il y a des entrées d'argent qui sont conséquentes, il y a plus de concerts, d'invitations, de nouveaux amis, de jalousie... Plus de tout ! Mais je l'ai toujours bien vécu » a assuré Yannick, qui souhaite aujourd'hui privilégier le bonheur au succès, quitte à être en marge. « Aujourd'hui, quand je me balade dans la rue, on dirait que je suis en promo. Les gens m'arrêtent, me demandent des interviews, quand je reviens... Il y a un lien qui a l'air profond. Je trouve insultant quand les maisons de disques me disent "Il y a un capital sympathie, il faut surfer dessus". Mais moi je ne suis pas dans le calcul. Je ne veux pas être un autre » a-t-il confié au passage. D'autant que Yannick a toujours eu du mal avec les codes : « Enregistrer un album, ce n'est pas naturel. Faire le commerce du disque, pareil. Ce que j'aime, c'est la scène. J'ai compris avec le temps que c'est le meilleur moyen pour diffuser ton message ». C'est pour cette raison qu'il a accepté de participer à "La tournée des Années 90 - Génération Dance Machine" en 2011, aux côtés de Larusso, Corona ou les Worlds Apart.

Je ne suis l'esclave de personne, je ne me prostitue pas
Yannick, qui a créé son propre label, a révélé être toujours en train de peaufiner son prochain album. Avec l'aide d'une maison de disques ? « Je suis quelqu'un d'ouvert. Je ne suis pas contre les maisons de disques. Ils peuvent avoir des idées plus efficaces que les miennes. C'est un confort. Mais je ne veux pas être otage. Je me suis libéré de maisons de disques par des procès. J'en parle aujourd'hui alors que je n'en parlais pas à l'époque. J'ai dit stop. Je ne suis l'esclave de personne, je préfère m'arrêter, je ne me prostitue pas ». Il a assuré ne pas vouloir se battre pour avoir un contrat : « Ce n'est pas le Graal ». Pour renouer avec le succès, que les fans n'attendent pas de sa part un quelconque opportunisme calculé. « Je ne suis pas du genre à faire le featuring avec la personne du moment parce que la maison de disques dit qu'il faut les mettre ensemble. Mon parcours est cohérent. J'ai toujours chanté avec des gens que j'appréciais » a juré celui qui a tenté un comeback en 2009 avec "Vous".

Prévu pour l'année prochaine, soit 15 ans après la sortie de "C'est ça qu'on aime", l'album emmènera Yannick dans des directions qu'il n'avait jamais abordées. Mais l'artiste, qui a confié vivre toujours de la musique grâce à des galas, les invitations sur les plateaux de télévision et des prestations dans des discothèques, n'a aucune pression : « Il n'y a pas d'urgence ». En attendant, Yannick continue de chanter son tube. Sans lassitude ? « Pas du tout. Ça pourrait l'être pour quelqu'un qui est obnubilé par la carrière... Ce serait ingrat de refuser les invitations pour chanter "Ces soirées-là". C'est un kiff, on m'appelle et on me paie pour faire un truc que j'aime » a indiqué le rappeur, dont la priorité reste le live. « J'aime faire de la scène, que les gens me disent ce qu'ils pensent. Que ça vienne pas d'un directeur artistique qui a décidé que c'était ce titre et pas un autre. Je n'ai jamais compris ça... ».

J'ai refusé "Ice Show". "DALS" ? Pourquoi pas ?
Ces dernières années, régulièrement sollicité pour « des émissions, des duos », Yannick aurait pu revenir sous les projecteurs, mais il a toujours refusé, malgré des cachets parfois intéressants. « On m'a proposé de participer à "Ice Show". Faire une compétition, ce n'est pas trop mon délire. Ça peut être marrant mais bon... ». Et "Danse avec les stars" ? « Pourquoi pas, ce n'est pas dégradant. Je ne suis pas contre le concept mais le terme "star" me dérange un peu » a-t-il confié. « Je ne veux pas m'embarquer dans des trucs et qu'on me dise ensuite que je l'ai fait juste pour l'oseille. On a tous besoin d'argent pour vivre mais je préfère me serrer la ceinture, laisser passer telle et telle émission. Après je fais une date et je suis refais ». Le plus important pour lui ? « Etre bien dans ma vie personnelle et après professionnelle ».

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