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Yannick Noah victime de racisme : son témoignage dans le docu "Noirs en France"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Diffusé hier soir sur France 2, le documentaire choc "Noirs en France" traitait de la question du racisme dans notre société, témoignages à l'appui. Ex-champion de tennis, le chanteur Yannick Noah a raconté face caméra les discriminations dont il a été victime au début de sa carrière : "J'étais le petit noir".
Crédits photo : France 2
France 2 consacrait hier en prime-time une soirée spéciale concernant le racisme avec la diffusion du documentaire "Noirs en France", suivi d'un débat animé par Julian Bugier. Dans ce film réalisé par Aurélia Perreau et raconté par l'écrivain Alain Mabanckou, des Français noirs de tous âges et de tous horizons ont livré leur témoignage, face caméra, des discriminations auxquelles ils ont fait face et font encore face aujourd'hui dans la société, abordant à travers leurs histoires, touchantes et parfois difficiles, la question des stéréotypes, de la diversité et de la représentation. Ancien joueur vedette de l'équipe de France de tennis, Yannick Noah a remonté le temps pour se remémorer ses premiers pas sur les courts, lorsqu'il a quitté le Cameroun où il vivait depuis son enfance pour suivre une filière sport-étude à Nice. « Mon premier souvenir d'enfant noir, c'est quand je suis arrivé en pension. J'étais le seul non-blanc de toute la pension. Je suis devenu Bamboula au bout de quelques minutes. Et là tout d'un coup, je me suis dit : "Je suis noir" » s'est-il remémoré depuis les gradins de Roland-Garros.

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"J'étais différent"


A l'époque, le sportif devenu chanteur à succès est confronté quotidiennement à sa différence. « En sport-étude, au bahut, j'étais différent. Dans toutes les classes, c'était toujours la même situation et ça me plaisait d'être différent » explique Yannick Noah, qui voyait alors fuser les remarques désobligeantes sur son dos lorsqu'il s'entraînait à taper dans la balle : « Tu joues contre le petit noir », « Contre qui je vais jouer ? Le petit noir qui est là-bas »... Pourquoi un tel manque de diversité ? Pour Maboula Soumahoro, maître de conférences à l'université de Tours, le sujet est intrinsèquement lié à la classe sociale. « Le football, c'est un sport populaire (...) avec un seul terrain vous pouvez faire jouer 22 personnes. Le tennis, c'est un sport cher en termes d'infrastructures » avance-t-elle.

VIDEO - Racisme : Yannick Noah dénonce le "silence" des sportifs blancs

"J'ai rencontré mon héros à 11 ans"


En quête de repères, le jeune Yannick Noah prend pour modèle un tennisman américain, où la société est davantage multiculturelle. « Mon modèle c'était Arthur Ashe, un joueur de tennis noir américain. Il a été numéro un mondial, c'était mon héros » raconte l'artiste de 61 ans, qui se mettait même à imiter son apparence : « J'avais vraiment envie de lui ressembler, j'essayais de marcher comme lui, il était très digne ». Et l'interprète de "Saga Africa" a eu la chance de rencontrer son « héros » lorsqu'il avait 11 ans : « Il est venu faire une tournée au Cameroun et j'ai pu le voir pour de vrai. Il m'a tendu la main et ça a bouleversé ma vie ». Yannick Noah a alors eu la chance d'échanger quelques balles avec le célèbre joueur de tennis, impressionné par ses capacités. « Arthur était halluciné de voir un môme qui jouait comme ça dans ce bled pommé. (...) On a joué une dizaine de minutes, et après il m'a filé sa raquette, je dormais avec. C'était le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait. Le lendemain, il m'a signé un poster et a marqué : "Pour Yannick, j'espère que je te verrai un jour à Wimbledon » se souvient-il, ému. Sept ans plus tard, en 1978, Arthur Ashe et Yannick Noah jouaient en double sur le court central de Wimbledon, à Londres. « D'où la force de l'inspiration, l'importance d'avoir des modèles, des modèles qui ne te déçoivent pas » a-t-il ajouté sur France 2.



"Je voulais prouver que le petit noir, il a gagné"


Yannick Noah a évidemment conscience du symbole qu'il a représenté durant sa carrière de tennisman, notamment grâce à sa victoire à Roland Garros le 5 juin 1983. « Ce n'était pas que je jouais un rôle, c'est que j'avais un rôle. Je ne représentais pas juste Yannick, je représentais aussi tous les blacks qui ne jouaient pas au tennis. Ce n'est pas quelque chose que j'ai demandé, ça m'est tombé dessus » atteste-il dans le documentaire, fier d'avoir fait de son identité une force motrice pour lui permettre de réaliser ses rêves : « J'avais envie de montrer que j'allais être le premier à le faire, et prouver que le petit noir il a gagné ».
Pour en savoir plus, visitez yannicknoah.com et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez le dernier album de Yannick Noah, "Bonheur indigo".

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