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lundi 19 avril 2021 13:28

Streaming : ABBA et Vianney appellent à changer le modèle de rémunération "injuste"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Faut-il changer le système de rémunération des artistes du streaming ? Face à la réticence des maisons de disques, plusieurs figures de la musique dont Björn Ulvaeus d'ABBA et Vianney lancent un appel pour une meilleure répartition.
Crédits photo : Montage Pure Charts / Bestimage
Une révolution est en marche dans l'industrie musicale. La Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (Cisac) présidée par Björn Ulvaeus, membre fondateur du groupe mythique suédois ABBA, milite pour une meilleure répartition des revenus issus du streaming, en écho à la demande de plus en plus persistante des auteurs-compositeurs. Dans une tribune du Monde parue en octobre 2020, 15.000 artistes dénonçaient le modèle actuel dit "market centric" qui favorise l'effet de masse : sur Spotify ou Deezer, l'argent tiré d'un abonnement à 9,99 euros est mis dans un pot commun puis redistribué aux artistes les plus écoutés sur ces plateformes. « Si j'écoute chaque mois 20 fois les Beatles et que la fille de mon voisin, ado et fan de Justin Bieber, l'écoute 5 000 fois, le pauvre Paul McCartney ne touchera quasiment rien de mon abonnement » résume Björn Ulvaeus dans les colonnes du Parisien, qui consacre une grande enquête aux revenus du streaming.



"Nous perdons beaucoup de talents"


En France, l'Administration des droits des artistes et musiciens interprètes (Adami) évalue que pour un abonnement à 9,99 euros sur Spotify, seuls « 46 centimes sont à partager entre tous les artistes de la plateforme ». Ainsi, selon une étude européenne, 90% des artistes perçoivent moins de 1.000 euros par an des services numériques. Pour Björn Ulvaeus, le système "user centric" est plus juste : « Chacun rémunère l'artiste qu'il écoute. Cela aiderait beaucoup de musiciens, comme ces jazzmen qui ont des milliers de fans qui les suivent partout, mais ne génèrent pas forcément des milliers d'écoutes ». Problème ? Les labels et les maisons de disques ne l'entendent pas de cette oreille. « Notre priorité est de faire émerger des nouveaux artistes », explique Romain Vivien, directeur général chez Believe en France : « Si [le système] fait apparaître des inégalités, il faut le corriger, mais pas pour un système qui en créerait d'autres. Les études montrent que le "user centric" favoriserait dans les grandes lignes la pop internationale et les vieux albums, au détriment des artistes locaux et de la nouveauté ».

Le fondateur d'ABBA estime qu'il est essentiel de trouver un compromis : « Les maisons de disques, qui ont moins de frais qu'avant, notamment en fabrication et packaging, devraient donner un peu plus aux artistes. Même si c'est difficile, il faut que notre industrie se mette autour d'une table, discute et change le système. Nous perdons beaucoup de talents à cause de lui ». Certaines entreprises sont déjà passées à l'action. La plateforme Soundcloud est la première plateforme à passer au système "user centric" en ce mois d'avril, un changement dont bénéficieront plus de 100.000 musiciens indépendants.



"Il nous faut faire cet effort" estime Vianney


Même les principaux bénéficiaires du système actuel sont favorables à une plus juste rémunération. C'est notamment le cas de Vianney, pour qui la France, « si précurseur sur les questions de droits d'auteur », doit « s'emparer du sujet ». « [Il faut] ambitionner d'inspirer au monde un modèle plus juste. Pour cela, il faudrait déjà que les majors et autres acteurs du disque prennent le sujet à bras-le-corps. Et, bien entendu, je rêve que mes copains artistes, qui bénéficient de ce système autant que moi fassent aussi entendre leur voix. Il nous faut faire cet effort, au nom de tous ces projets plus alternatifs qui génèrent un certain flux mais n'en retirent aucun bénéfice » note l'interprète de "Beau-papa", conscient de faire partie des « privilégiés » : « Cela ne m'empêche pas de penser qu'il n'est pas équitable et mette en péril la diversité. C'est peut-être d'ailleurs ma position de gagnant qui me pousse à défendre les perdants ».

Avec sa voix, il fait partie des rares artistes populaires à dénoncer un modèle « injuste » : « J'aime l'idée qu'un abonné qui dépense 10 euros par mois pour écouter Neil Young ou Jeanne Added ne se retrouve pas à financer Jul ou Vianney, qu'il n'a même pas écoutés ! Lorsque je demande une baguette à ma boulangère, je trouve normal que l'euro que je lui donne ne revienne pas à la boulangerie d'à côté ». « Le principe du "user centric" me paraît plus équitable et logique » conclut le coach de "The Voice", espérant que sa démarche soit entendue. La plateforme française Deezer se dit prête à franchir le cap en cas d'accords avec les majors, afin de « favoriser la diversité ».

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