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"Look What You Made Me Do" de Taylor Swift : analyse d'un clip truffé de références

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Avec son clip événement "Look What You Made Me Do", Taylor Swift fait trembler la planète pop. De ses inimitiés avec Kanye West ou Katy Perry à ses tacles contre la presse, la popstar sort les griffes et multiplie les références, y compris à sa carrière. Examen des preuves.


Pour son grand retour, Taylor Swift frappe fort, très fort. Si fort qu'elle vient d'écraser le record historique de vues sur YouTube que détenait jusque-là Adele avec son tube "Hello". Dévoilé durant les MTV Video Music Awards, le clip de "Look What You Made Me Do" en a comptabilisé 38,9 millions en un jour ! Un raz-de-marée qui s'explique par les allures de tragédie grecque, avec son lot de complots et de trahisons, que revêt cette chanson et la vidéo qui l'accompagne, réalisée par Joseph Kahn. La chanteuse américaine a beau affirmer durant sa chanson qu'elle n'est pas là pour le « drama » mais pour le « karma », elle fait voler en éclats ses résolutions en s'en prenant subtilement (ou non) à ses ennemis (la liste est longue : Kanye West, Katy Perry, Kim Kardashian, Calvin Harris...) en se positionnant à la fois dans le rôle de la victime et de la méchante. Car chaque plan a été minutieusement pensé pour orchestrer sa vengeance mais le clip comprend plusieurs niveaux de lecture. Taylor Swift multiple ainsi des références à d'autres popstars, à sa propre carrière et à ceux qui auraient mieux fait de ne pas réveiller le serpent en elle...



Après avoir survolé un cimetière formant les initiales "TS", les corbeaux qui ouvrent le clip nous plongent dans un décor cauchemardesque où le zombie de Taylor Swift surgit de terre. L'ambiance horrifique, renforcée par l'orage et les éclairs aveuglants, et le maquillage de la popstar sont un clin d'oeil évident au "Thriller" de Michael Jackson mais ce sont les petits détails qui intriguent. Taylor Swift porte exactement la même robe bleue pâle qu'elle arborait dans le clip fantastique de "Out of The Woods", qui avait clos l'ère "1989". Et aviez-vous remarqué que la pierre tombale qui borde la sienne sur la gauche portait le nom de Nils Sjoberg ? Exact : c'est le pseudonyme sous lequel Taytay a secrètement co-écrit "This Is What You Came For" de Calvin Harris, son ancien petit ami, avant de révéler l'affaire dans les médias. Ce qui n'avait guère plu à l'intéressé, lequel avait accusé son ex de vouloir « trouver quelqu'un à enterrer ». Hum hum. La séquence s'achève sur un dernier clin d'oeil à son passé, puisque c'est dans sa tenue du Met Gala en 2014 qu'elle repose.



Second tableau, plusieurs victimes. Lovée dans une baignoire remplie de diamants et de pierres précieuses, avec une bague en forme de serpent enroulée autour de ses doigts, Taylor Swift endosse le rôle de la garce richissime. Le rouge à lèvres écarlate, le gros plan et les bijoux rappellent l'univers glamour de son clip "Blank Space" mais l'ensemble pourrait sournoisement évoquer le braquage orchestré contre Kim Kardashian à Paris en octobre 2016. La starlette de télé-réalité, épouse de Kanye West, avait été menacée d'une arme et ligotée dans une baignoire tandis que ses agresseurs lui avaient dérobé des bijoux à plusieurs millions d'euros... Pour rappel, Kim Kardashian s'en était pris quelques mois plus tôt à Taylor Swift lors de son bras de fer avec Kanye West à propos de la chanson "Famous". Kim avait enregistré à son insu un appel du rappeur à la chanteuse puis l'avait dévoilé à la terre entière, ce qui avait valu à TayTay le charmant surnom de "snake".

Mais ce n'est pas tout : les plans en vue du dessus rappellent également un passage furtif du clip "This Is How We Do" de Katy Perry, que Taylor Swift considère comme son « ennemie jurée » depuis une sombre histoire de vol de danseurs. Les plus attentifs auront également reconnu le billet de dollar posé à coté d'elle dans son bain. Il n'y en a qu'un seul et celui-ci ne figure pas sur tous les plans, preuve qu'il a été ajouté en post-production à la dernière minute. Taylor Swift a remporté son procès contre David Mueller, coupable d'agression sexuelle sur elle en 2013, le 14 août dernier... et reçu un dollar symbolique en dommages et intérêts.



Reine des serpents, une symbolique omniprésente durant toute la vidéo, une Taylor Swift toute de rouge vêtue (la couleur du sang, de la colère, de la destruction) se fait littéralement servir le thé par l'une de ses vipères. L'expression "spill the tea" est employée dans la langue de Shakespeare pour parler de commérages, l'équivalent de notre "cracher le morceau"... Sur son trône doré, l'inscription "Et Tu Brute" est visible. Tirée de la tragédie "Julius Caesar" de William Shakespeare justement, cette citation est celle que prononce Jules César lorsqu'il est poignardé à mort et se rend compte que Brutus, le fils de sa maîtresse et l'un de ses plus proches généraux, en est l'un des instigateurs. La phrase peut aussi être repérée sur les colonnes du palais.



Se glissant dans le costume de la célébrité destroy, Taylor Swift adresse ensuite un message bien senti aux paparazzis qui la pourchassent sans arrêt - comme Lady Gaga en son temps. Victime d'un accident de la route au volant d'un bolide, la popstar est mitraillée par les photographes mais aucun ne lui vient en aide. L'ombre de Lady Diana n'est pas loin... La boisson qui vole à travers l'habitacle lorsqu'elle percute le lampadaire est un clin d'oeil au running gag « Starbucks lovers » sur "Blank Space". On notera que son chiffre fétiche, le 13, orne le coup du guépard domestique assis sagement sur le côté passager ("Roar" ?) et que la chanteuse arbore une coupe de cheveux très inspirée dans les récents choix capillaires de Katy Perry. Et tiens, dans sa main, ne serait-ce pas un Grammy Award qu'elle brandit avec fierté ? Etrange, l'interprète de "Bon Appétit" n'en a jamais reçu ! Un peu plus tard dans le clip, Taylor Swift fait exploser sa voiture à distance et condamne les paparazzis à une mort dans les flammes. Le message est clair. L'artiste se balance ensuite innocemment dans une cage à la "Can't Be Tamed" de Miley Cyrus, avec un tatouage de serpent sur la cuisse.



La société qu'elle braque dans la séquence suivante ? "Stream co.", une référence assez explicite au conflit qui l'a opposée à Apple Music en 2015 concernant la faible rémunération des artistes avec le streaming. Avec sa force de frappe médiatique, Taylor Swift avait obtenu gain de cause et fait plier l'entreprise la plus puissante au monde. Mais certaines mauvaises langues ont avancé qu'elle ne cherchait là qu'à courir après l'argent. Elle se fait donc passer pour une criminelle à la Harley Quinn (la batte), entourée d'autres voleuses dissimulées sous un masque de chat. Une référence à l'accrochage qu'elle avait eu avec une journaliste lors des Grammy Awards en 2015, qui lui avait demandé avec quel homme elle comptait rentrer ce soir ? « Je ne vais rentrer avec aucun homme, je vais sortir avec mes amis et rentrer à la maison avec mes chats » avait-elle froidement répliqué. Le pull "Blind For Love" qu'elle porte ici renvoie à cette réputation de "croqueuses d'hommes" après ses romances avec Harry Styles, Jake Gyllenhaal ou Calvin Harris.





Dans le plan suivant, Taylor Swift répond aux critiques l'accusant de favoriser une image idéale et biaisée de la femme en s'entourant de son célèbre "squad" de célébrités comme Gigi Hadid, Karlie Kloss, Cara Delevingne, Selena Gomez ou Hailee Steinfeld. Chacune est présente dans le clip "Bad Blood", auquel les motos font référence tandis que la veste de cuir cloutée de Taylor rappelle celle de Lady Gaga dans "Telephone". Accoutrement SM et fouet en main, la popstar incarne juste après une dominatrice qui maintient ses "sujets" robotisés dans la peur. La presse a souvent qualifié Taylor Swift de manipulatrice... Elle lui donne raison, pour mieux s'en moquer.



Taylor Swift est-elle une diva tyrannique qui martyrise ses employés ? Alors que beaucoup accusent la popstar d'avoir recopié les codes du clip "Formation" de Beyoncé dans cette scène, l'ex-star de la country glisse dans ce tableau chorégraphié un (énième) tacle à l'encontre des médias à travers le haut "I Love TS" de ses danseurs. Le 4 juillet 2016, son petit ami de l'époque, l'acteur Tom Hiddleston, avait été photographié à la mer avec un t-shirt blanc portant la même inscription. Selon ses détracteurs, la chanteuse l'aurait forcé à mettre ce vêtement. Evidemment.





Au sommet d'une pyramide humaine composée d'anciennes versions d'elle-même, un plan déjà vu dans le clip "All The Lovers" de Kylie Minogue, "Dark Taylor" (la même qui apparaît sur la pochette de son nouvel album "Reputation" avec ses cheveux mouillées) semble plus froide que jamais. Les références pullulent à foison ! En quelques secondes, Taylor balaie toute sa carrière : on aperçoit furtivement les Taylor des tournées "Fearless" et "Red", la danseuse étoile de "Shake It Off", la nunuche romantique de "You Belong With Me", frappée par la botte de sa couverture pour "Vogue" en avril 2016, le chemisier rouge à pois de "We Are Never Ever Getting Back Together"... En clair, l'ancienne Taylor est officiellement « morte ». Et la nouvelle a dû écraser tous ses doubles pour (re)naître.



Les trente dernières secondes du clip de "Look What You Made Me Do" sont un véritable régal. Alors qu'une Taylor (la vraie, celle qui observe tous les personnages qu'elle s'est créés au fil du temps ?) découpe l'aile d'un avion où est inscrit "TS6" - le petit surnom que donnent les Swifties à son nouvel opus, 14 Taylor Swift sont alignées sur le tarmac. S'ensuit un échange bourré d'auto-dérision qui permet à la popstar de tordre magistralement le cou à tout ce qu'on dit sur elle.

Ainsi, le personnage de "You Belong With Me" et son t-shirt portant les signatures de ses véritables amis (Selena Gomez, Ed Sheeran, Blake Lively et Ryan Reynolds...), se fait lyncher par Zombie Taylor parce qu'elle affiche un air surpris - ce qu'on a parfois reproché à Taylor Swift lors des cérémonies de récompenses. La Taytay tyrannique emploie ensuite le mot interdit "bitch" - en référence au « I made that bitch famous » de Kanye West - ce qui en irrite une autre. Enervée par la politesse de Taylor période "Fearless" (les bouclettes), la Taylor de l'ère "Red" lui intime d'arrêter « de jouer la victime. ENCORE ». La Taylor bling-bling prend ensuite des photos pour « conserver des preuves » ("receipts")... terme utilisé après l'épisode de l'appel de Kanye West et Kim Kardashian mais aussi Katy Perry dans sa chanson "Swish Swish". Enfin, la Taylor portant la tenue des MTV MVA's 2008 (l'origine de son clash avec Kanye West) enfonce le clou. « I would very much like to be excluded from this narrative » clame-t-elle, ce qui est précisément ce qu'avait dit Taylor Swift après son altercation avec le couple Kanye/Kim l'été dernier. Un bon « Shut up » collectif, rideau noir et hop, vous obtenez-là l'un des clips les plus féroces et inspirés de la décennie !

Retrouvez Taylor Swift sur son site internet officiel et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez "1989", le dernier album de Taylor Swift sur Pure Charts.

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