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Stromae : deux figurantes de son clip "Fils de joie" dénoncent leurs conditions de travail

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Stromae est dans la tourmente. Une danseuse et une figurante de son dernier clip "Fils de joie" dénoncent des conditions de tournage très compliquées. Elles pointent du du doigt une faible rémunération, des gaufres pour seul déjeuner et des scènes filmées par des températures glaciales. Le chanteur n'a pas encore répondu.
Crédits photo : Lydie Bonhomme
Leur a-t-il fait vivre "L'enfer" ? Depuis une semaine, Stromae crée l'événement avec son nouvel album "Multitude", enfin disponible, neuf ans après le raz-de-marée "Racine carrée", et ses 5 millions de ventes mondiales. Mais le maestro bluffe aussi son monde avec le superbe clip de "Fils de joie" dans lequel il rend hommage à une travailleuse du sexe dans un univers militaire. Résultat : la vidéo frôle les 5 millions de vues depuis sa mise en ligne lundi soir. Un succès unanime ? Pas vraiment ! Car aujourd'hui, deux figurantes sortent du silence pour dénoncer les conditions de travail durant le tournage du clip, qui a eu lieu au parc du Cinquantenaire à Bruxelles les 21 et 22 janvier derniers. Déjà la semaine dernière, une danseuse ayant participé à la vidéo "Fils de joie" avait publié une longue lettre sur Facebook pour exprimer son dégoût : « Toi qui défends des valeurs de justice sociale, pourquoi avoir choisi Abyssal Production qui ne semble même pas se préoccuper de rémunérer décemment les travailleur.euses de la culture ? Est-ce vraiment cohérent ? ».

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Des conditions militaires


Elle y dénonce avoir été payée 150 euros pour 5 jours de travail, « répétitions, essayage et tournage en extérieur » précise-t-elle, avec une organisation à la dernière minute : « Contrats, conditions et charges de travail révélées après le résultat du casting. Mail de planning reçu la nuit ou en dernière minute. Mépris et manque de professionnalisme de la part de l’organisation et des chorégraphes pour les danseur.euses. Sans parler des gaufres en guise de catering... ». Des propos qu'elle réitère aujourd'hui au micro de nos confrères belges de RTBF : « On connaissait les jours de tournage, mais pas les jours de répétition. Donc pour quelqu'un qui travaille - il y avait des profs, il y avait un peu de tout… - c'était très incertain de savoir comment s'organiser pour cette semaine : "Est-ce que je vais devoir annuler des cours ?" etc... ». La danseuse, dont le nom n'est pas rendu public, déplore avoir perçu un cachet dérisoire pour tant de travail : « Au départ, il s'agissait d'un projet rémunéré et quand on a appris qu'il s'agissait de 150 euros pour les cinq jours, on était déjà un peu engagé dans le projet. (...) On attendait une rémunération. Pour moi, une rémunération, c'est un contrat de travail, ce n'est pas un défraiement. Si on veut offrir 150 euros pour un tel travail, c'est ok dans certains cas. Si le projet fait appel au bénévolat, alors là, oui ».

"C'est tout à fait irrecevable"


Egalement interrogée par RTBF, une figurante du clip "Fils de joie" nommée Céline dénonce elle aussi un tournage « extrêmement difficile ». Si elle a été payée 60 euros par jour, elle décrit des journées allant de 6 heures du matin à 17 heures. Le tout par des températures glaciales : « Le souci, c'est quand on se rend compte de ce que ça demande en termes de temps, de disponibilité, d'énergie, et là, en l’occurrence, de condition physique, puisque le tournage s'est déroulé au mois de janvier et qu'il faisait à peu près 1 degré mais ressenti moins 2, sachant qu'on ne bougeait pas. Ça veut dire qu'on reste sur des scènes le temps que les caméras passent, en tant que public on était statique ».



Ni Stromae ni la société Abyssal Production n'ont encore réagi, mais Pierre Dherte monte au créneau. Le président de l'Union des Artistes, parle de « conditions qui ne sont pas des conditions financières décentes, ni même recevables, acceptables d'emploi artistique mais de simple défraiement ». Pour lui, l'organisation autour de ce clip « ne rentre pas dans les normes réglementaires » et évoque également un tarif « bien évidemment en dessous du salaire journalier légal en vigueur ». « C'est tout à fait irrecevable » conclut-il.
Pour en savoir plus, visitez stromae.net, ou sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Multitude" de Stromae sur Pure Charts.

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