Crédits photo : Abaca
Une "Multitude" de paramètres a changé entre les neuf ans qui se sont écoulés depuis la sortie de "Racine carrée" en 2013 et l'arrivée du nouvel album de Stromae, programmée le 4 mars prochain. Si le chanteur bénéficiait déjà d'une grosse cote dans la profession et avait obtenu un succès populaire avec "Alors on danse", personne n'aurait pu prédire l'impact des météorites "Papaoutai" et "Formidable" sur la carrière du Belge, devenu l'épicentre d'un phénomène musical ayant fait voler en éclats les records (deux millions de ventes en France) et les barrières à l'international. Son dernier single "Santé" a eu l'honneur d'un live au célèbre "Tonight Show" de Jimmy Fallon, aux Etats-Unis, et "L'enfer" s'est offert une interprétation surprise en plein JT de TF1. Mais ce n'est pas tout : Stromae s'est marié et est devenu papa d'un petit garçon, âgé de trois ans. « Ma vie a changé depuis la naissance de notre fils et mes journées sont franchement banales : 8 heures-17 heures au travail et je rentre chez moi » confesse-t-il dans une interview fleuve accordée à Télérama. Si un « léger stress se profile » à mesure que le jour J approche, Stromae est plutôt serein : « Même s'il ne marche pas, ce disque me plaît, car il est comme je le voulais. Je peux me regarder dans une glace et être content, c'est le principal ».



Cette quiétude, le chanteur de 36 ans l'a trouvée après avoir frôlé le pire. La prise d'un traitement préventif contre le paludisme, dans le cadre d'une tournée sur le continent africain en 2015, a entrainé de graves effets secondaires ayant handicapé son quotidien. Crises d'angoisse, dépression, « pensées suicidaires », stress... Stromae le dit, il revient aujourd'hui de loin avec cet album. « On n'est jamais à l'abri de moments de creux, évidemment. Je suis passé par une période compliquée, du surmenage, clairement. Libéré ? Plutôt soulagé de l'avoir terminé » indique le musicien, qui se dit "Invaincu" sur la première piste du projet : « Je voulais surtout rappeler une chose importante, que chacun peut se dire : "Je suis en vie, donc invaincu". C'est simple, mais c'est déjà beaucoup ».

"On travaille avec de la robotique, de l'animation 3D"

Ses retrouvailles avec le public auront lieu le 22 février pour trois concerts à Bruxelles, Paris et Amsterdam pensés comme des « avant-premières », avant une série de festivals (Rock en Seine, Eurockéennes, Vieilles Charrues et même Coachella aux Etats-Unis) et une grande tournée internationale en 2023, avec deux dates événements à Paris La Défense Arena. Forcément, l'interprète de "Tous les mêmes" se sait attendu au tournant. « Je ne suis pas monté sur scène depuis longtemps. On travaille avec de la robotique, de l'animation 3D comme Pixar ou DreamWorks. C'est un spectacle ambitieux, mais mon inquiétude reste le trou de mémoire pour les paroles. Chacun ses phobies... » glisse-t-il avec humour, en annonçant « de la mise en scène » et « de la gestuelle ». « Mais moins de danse pure et dure » précise-t-il : « J'ai envie d'en profiter davantage et d'être moins sur les rotules à la fin du show. Le précédent était très éprouvant et je n'ai plus le même corps : j'aurais bientôt 37 ans ».

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"J'y vais avec plus de légèreté qu'avant"

Moins foufou donc, mais pas moins ambitieux. Avec l'album "Multitude" et cette tournée à venir, la mission que s'est fixée Stromae reste la même : conquérir le monde ! « Je le vois donc comme un défi, compliqué certes, mais pourquoi ne pas essayer ? Si j'échoue ce ne sera pas un drame non plus. J'y vais avec plus de légèreté qu'avant. Ma vie ne tourne pas autour de cette ambition. De toute façon, après 17 heures je rentre à la maison » s'amuse à rappeler le chanteur, qui a appris à « lever le pied » : « Je veux me concentrer sur le plaisir maintenant. Je ne m'acharne plus sur le moindre détail que personne ne verra. Cela devenait parfois ridicule. Avoir de l'ambition est louable, sauf qu'à vouloir faire toujours plus, on ne surprend plus ». « Il faut savoir étonner dans la simplicité » conclut-il. Comme cette performance au 20 heures de TF1, qui restera, malgré les critiques, un grand moment de télévision, sobre et sincère.