Stromae

Crédits photo : Polydor
Le retour de Stromae est loin de passer inaperçu. Après des retrouvailles placées sous une thématique social à travers "Santé", le chanteur belge a créé l'événement lorsqu'il a interprété son single "L'enfer" pendant le JT de 20 heures sur TF1 début janvier. Une chanson aux paroles très fortes sur ses « pensées suicidaires » qui a permis de libérer la parole sur le sujet. Si sa performance a suscité quelques critiques, Stromae a tenu à répondre aux mauvaises langues. « Pour la sortie du film "Le Marsupilami", Jamel Debbouze était venu sur le plateau du JT avec le personnage en réalité augmentée. Personne à l'époque n'avait trouvé à y redire. Je peux comprendre les critiques, les interrogations, car tout est mis en scène. Mais on a bien saisi que j'étais venu faire la promotion de mon disque. Il n'y a pas mort d'homme, c'est juste de la musique (...) Le journal de France 2 diffuse de la musique tous les dimanches, mais avec TF1 nous avons touché à une institution. C'est sûrement ce qui a déplu » déclare-t-il aujourd'hui à l'occasion d'une longue interview accordé à Télérama.

Une envie de "brouiller les pistes"

S'il fait la Une de l'hebdomadaire culturel, le chanteur belge profite de cette longue entrevue pour en dire un peu plus sur son nouvel album "Multitude", attendu le 4 mars prochain et d'ores et déjà assuré de battre des records de ventes. Et Stromae l'assure, ce disque lui ressemble plus qu'aucun autre : « Même s'il ne marche pas, ce disque me plaît, car il est comme je le voulais. Je peux me regarder dans une glace et être content, c'est le principal ». Pour confectionner les 12 chansons de "Multitude", l'interprète de "Papaoutai" a tenu à rassembler des sonorités du monde entier avec l'envie de « brouiller les pistes », mélangeant « un violon chinois avec de l'afro pop et des xylophones, un quatuor à cordes avec un clavecin sur une rythmique brésilienne ». Il avoue d'ailleurs avec humour avec eu la même idée que l'une des plus grosses popstars du moment : « J'avais même un titre, "Folklore", mais la chanteuse américaine Taylor Swift a eu la même idée avant moi, donc c'était fichu ! ».

Si "Racine carrée" mettait en avant des musicalités africaines, Stromae a jeté son dévolu sur des instruments asiatiques pour ce troisième disque : « J'ai découvert des tas d'instruments comme le khên, cette flûte semblable à un orgue en Asie du Sud-Est. Et bien sûr l'erhu, ce violon chinois qu'on connaît tous sans le nommer ». Thématiquement, Stromae s'apprête à retracer ses dernières années difficiles, lui qui a souffert d'un burn out après deux années épuisantes à enchaîner les promotions et les concerts. Avec "Multitude", celui qui sera le président d'honneur des Victoires de la Musique 2022 « évoque aussi les multiples personnages [qu'il] incarne dans [ses] chansons ». Par ailleurs, il « pense » et « espère » que son discours de tolérance sera entendu par le plus grand nombre, notamment grâce à la chanson "Riez" : « Quand j'écris "Riez", je ne décide pas de faire un morceau sur les inégalités, même s'il en est question. (…) Aujourd'hui, on cherche souvent à penser différemment pour le principe. C'est intéressant, mais cela peut conduire à la bêtise ».

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— Télérama (@Telerama) February 7, 2022

"Cet album c'est moi, mais pas tout à fait non plus"

Est-ce que la composition du disque "Multitude" l'a libéré ? « Plutôt soulagé de l'avoir terminé » nuance-t-il : « On n'est jamais à l'abri de moments de creux, évidemment. Je suis passé par une période compliquée, du surmenage, clairement ». L'artiste belge admet d'ailleurs ne pas être « dans une démarche ultra personnelle avec ce disque » : « Quand j'écoute d'autres artistes, je n'ai pas besoin de connaître leur vie, qu'ils me la racontent ne m'intéresse pas. En revanche, j'aime me reconnaître dans leurs textes. Je n'ai pas voulu faire un recueil de mémoires. Bien sûr, les thèmes se croisent avec ce que j'ai vécu. Cet album, c'est moi, mais pas tout à fait non plus ». Si son frère a participé à la composition des titres "Bonne journée" et "Mon amour", Stromae dit avoir eu beaucoup de discussions avec Orelsan : « On ne se voit pas souvent, mais on s'appelle quand on fait nos albums. (...) Nous avons en effet cette même échelle mondiale, ce regard qui va du global au local ».

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Après la sortie de cet album, Stromae partira donc en tournée mondiale et se produira aussi bien en France qu'à Coachella, à Amsterdam ou dans des festivals allemands, portugais, espagnols ou italiens. Le chanteur dit d'ailleurs avoir eu rapidement pour objectif de s'exporter à l'international : « Dès "Racine carrée" j'ai fait la démarche d'être entendu partout, et ça a marché (...) J'avais signé avec ma maison de disques pour être distribué dans le monde entier. Sans me comparer à Beyoncé ou Rihanna, je tenais à savoir quelle était sa stratégie pour y parvenir, car souvent tous les territoires ne sont pas vraiment "travaillés" ». Ce succès mondial, Stromae le voit « comme un défi, compliqué certes, mais pourquoi ne pas essayer ? » : « Si j'échoue ce ne sera pas un drame non plus. J'y vais avec plus de légèreté qu'avant ». D'ailleurs, il pense déjà à la suite de sa carrière, non sans humour : « Après trois albums à parler de choses tristes sur une musique entraînante, je me dis surtout que le prochain devra être non pas lisse, mais tout de même plus joyeux ! ». « Enfin, il ne sera pas non plus question de faire tourner les serviettes comme Patrick Sébastien... » nuance-t-il en guise de conclusion.