Shy'm

Crédits photo : Arthur Delloye
Shy'm continue sur sa lancée en ouvrant l'été avec un nouvel album. Toujours au rythme d'un disque tous les deux ans, celle qui se faisait remarquer dans sa robe Franck Sorbier lors de la montée des marches aux NRJ Music Awards 2012, où elle avait triomphé en tant qu'artiste féminine francophone de l'année, revient avec un "Caméléon". C'est l'intitulé de son nouvel opus aux couleurs du pop art d'Andy Warhol et à la tonalité résolument tendance. Shy'm vire sa cuti et délaisse totalement le son R&B qui l'avait fait connaître en 2006 avec "Femme de couleur". Un son inexistant sur les onze titres de "Caméléon". Quelques teintes rappelleront cependant aux premiers initiés comment l'artiste a commencé. Et pourtant, on ne peut pas dire que Shy'm ait renouvelé son équipe, continuant à confier l'écriture des textes à K-Maro, qui signe aussi un bon nombre des productions.

Davantage dans la continuité du précédent opus "Prendre l'air" que des premiers disques "Mes fantaisies" et "Reflets", "Caméléon" est un renouvellement pour Shy'm. Elle change de peau mais reste la même. L'artiste continue de parler d'elle et de ses attentes, de ce qu'elle vit et d'espoir. D'amour, thème inévitable, il est également question dans les chansons "En plein cœur" et "On se fout de nous". Constat d'échec, "On se fout de nous" est un titre midtempo qui a le potentiel pour devenir le deuxième single et ainsi faire suite au très déroutant "Et alors !". Un morceau qui ouvre "Caméléon" et n'annonce en rien ses couleurs puisqu'il est l'un des deux seuls titres dance. C'est au niveau du texte qu'il représente en revanche le mieux la mutation de Shy'm : « Je n'aime pas les protocoles / Les idées fixes / Les "copier coller" / Et Alors, mais qu'est-ce-que ça te fait / Si j'ose les nœuds pap / Et les Derby garconnes decalées ». La chanteuse joue sur les contrastes, l'ambiguïté, mais ose. Détachée des critiques, l'interprète de "Victoire" réussit à surprendre avec ce morceau qui a finalement le don d'être addictif là où "#ShimiSoldiers" est plus difficile à rentrer en tête. Hommage à ses fans qui l'ont soutenue depuis le début, cette deuxième piste dance particulièrement produite étouffe la voix de Shy'm.

Un point en moins alors que des efforts avaient été faits sur "Prendre l'air". Un constat valable pour la presque totalité des titres car même les ballades ne laissent pas une grande place aux vocalises. Retouchée, la voix de Shy'm perd en qualité et pourrait davantage être mise en valeur. C'est là la faiblesse de ce quatrième album alors que l'artiste a su démontrer lors de la première partie de sa tournée qu'elle avait des capacités vocales et un timbre singulier. Idem pour les textes où Shy'm perd en qualité sur certains titres comme "Contrôle", mais qui n'ont pas à rougir s'ils sont comparés à la production du moment. La chanson éponyme est sans doute le titre le plus personnel, et là aussi un hypothétique extrait. Contrairement à son prédécesseur, dont la majorité des titres auraient pu faire office de single, "Caméléon" manque de titres à fort potentiel radiophonique.

Il n'en reste pas moins que l'album est fait pour tourner en boucle cet été et taillé pour la scène. Il est le reflet d'une phase que Shy'm traverse depuis que sa popularité s'est accrue avec le succès de son précédent disque, d'une première tournée, d'une consécration aux NRJ Music Awards et de sa victoire à "Danse avec les Stars".