Shakira

Crédits photo : Pochette de Shakira
Shakira est de retour avec le dixième album de sa carrière, simplement baptisé "Shakira". Alors qu'on aurait pu craindre un projet opportuniste, surfant sur la tendance dance, la Colombienne a eu envie d'authenticité. Elle prend même un risque en proposant un disque pensé principalement pour le marché américain, dans la continuité de "Oral Fixation". Ses deux précédents albums, "She Wolf" et "Sale El Sol", n'ayant pas passionné outre-Atlantique, Shakira profite de sa nouvelle popularité, acquise grâce à son rôle de coach dans "The Voice", afin de le reconquérir en musique. Pour démarrer son opération séduction, Shakira a fait appel à Rihanna sur "Can't Remember to Forget You", radiophonique à souhait, et vraisemblablement né en solo à l'origine. La version espagnole sonne d'ailleurs plus sincère.

Finalement, Rihanna apporte une touche caribéenne bienvenue et offre son statut de superstar à sa camarade pour l'aider à réussir son comeback. Si le succès du titre est plutôt mesuré jusqu'ici, Shakira n'a pas dit son dernier mot et possède encore plusieurs cartes à jouer. Rusée, l'artiste partage notamment une ballade pop-country avec Blake Shelton, très populaire aux Etats-Unis, sur "Medicine". Lumineux et accrocheur, il reste l'un des meilleurs titres du disque, et Shakira opte pour une interprétation tout en douceur. Rafraîchissant. Très pop sur l'ensemble de "Shakira.", la bombe ose marcher sur les plates-bandes de Taylor Swift, époque "Red", sur "The One Thing", LE single évident du disque. Impossible de ne pas succomber à sa mélodie musclée, balayée par un pont aux influences ragga et un final taillé pour la scène.

Les styles s'enchaînent, le rock en fil rouge

Sur le reste de l'album aussi, l'artiste, clairement épanouie et amoureuse, a eu envie de se faire plaisir, en enchaînant les univers, sans chercher une ligne directrice, même si les guitares sont très présentes ("Empire"). Un clin d'oeil à ses débuts ? Sans aucun doute. Élargissant son spectre, Shakira s'électrise sur "Chasing Shadows", bonus captivant co-signé par Sia, avec ses synthés 80's, fait souffler un vent de ska sur "Cut Me Deep" feat. Magic!, au final rock bouillonnant, et déclare sa flamme à Gérard Piqué dans "Spotlight", autre moment fort, co-produit par Greg Kurstin et très Avril Lavigne. Mère et "épouse", Shakira évoque souvent ses rôles, via des paroles parfois convenues, comme sur "23", qui se clôt par un gazouillis de son enfant, Milan. Malgré tout, sincère dans sa démarche, la chanteuse parvient à toucher.

Vous l'aurez compris, Shakira a mis de côté les hits planétaires à la "Hips Don't Lie" sur ce disque, et le soleil qui a inondé son précédent album "Sale El Sol" a disparu. Enfin presque. A l'approche de la Coupe du Monde, et pour espérer exploser à nouveau dans les charts, comme ce fut le cas avec "Waka Waka", Dr. Luke, Max Martin et Cirkut ont concocté "Dare (La La La)", nouveau single français utilisé dans un spot TV Activia. Quelle déception ! Les "la la la" ne suffisent pas à rendre la piste fédératrice, totalement hors sujet et plombée par des passages électro indigestes.