Serge Lama

Crédits photo : Abaca
Les fans vont devoir se faire une raison. À 78 ans, après plus de cinq décennies à chanter "Les p'tites femmes de Pigalle", "D'aventures en aventures" et "Je suis malade" aux quatre coins de la France, Serge Lama ne remontera plus sur scène. Avec « beaucoup d'émotion et de tristesse », l'artiste avait annoncé en février dernier l'annulation de sa tournée d'adieu, déjà reportée deux fois, en raison de la crise sanitaire. Mais pas seulement : sa santé se détériore et il dit aujourd'hui ne plus se sentir capable d'assumer physiquement le rythme qu'impose une tournée. « Ce n'est pas que je n'ai pas envie mais j'ai peur. Je marche très difficilement. Lors de la dernière, je me suis cassé la figure plusieurs fois. Il fallait voir derrière moi Luana [ndlr : son épouse] s'évanouir. Les tournées, ce n'est plus dans mes capacités. Je suis trop fragile : ma jambe gauche, c'est de pire en pire, et la droite porte mon corps depuis l'accident il y a 55 ans... Ce serait le combat de trop » explique dans un entretien accordé au Parisien celui qui publie en librairies l'ouvrage "Ma vie, mes plus grandes chansons illustrées par mes peintres préférés", où le public peut redécouvrir la poésie de ses plus beaux textes entre des oeuvres de Matisse, Renoir, Picasso et Klimt.

"Ce temps est fini, j'ai assez donné"

S'il n'exclut pas de proposer « une soirée d'adieux à l'Olympia » pour fermer définitivement cette page, Serge Lama se veut franc avec ceux qui l'ont aimé et accompagné depuis le début de sa carrière en 1964, du temps où il se produisait avec Edith Piaf au cabaret L'Écluse à Paris. « Repartir sur les routes, me dresser sur les podiums, balancer mes grands bras, ce temps est fini. Mes chansons me demandent trop physiquement. J'ai pu aller à fond la caisse en tournée jusqu'à 70 ans, ce qui est déjà formidable. La scène, j'ai assez donné. J'ai fait jusqu'à 307 concerts en 1976 ! » tient-il à rappeler, la tête pleine de souvenirs mais résolu.

Pour faire des adieux en bonne et due forme, le chanteur planche actuellement sur un ultime album. « Je vais en enregistrer un nouveau au printemps prochain, avec une sortie prévue dans un an. Ça m'amuse. En fin de carrière, j'avais envie de refaire un disque dans l'esprit de mon disque rouge, celui qui a marqué ma vie ["Je suis malade", sorti en 1973]. Que des tubes, comme Bruel avec "Alors regarde". À l'époque, Jean-Claude Petit était aux manettes et aux arrangements. Je lui ai fait écouter mes nouvelles chansons, il a été impressionné par certaines et il a accepté, lui si difficile à convaincre. On va essayer de refaire la pochette avec ma tête d'aujourd'hui » glisse-t-il avec enthousiasme dans les pages du quotidien. Un projet qu'il considère comme son « chant de cygne ». « Quoique, je peux en faire encore un autre » renchérit malicieusement l'icône.

"L'écriture, j'aime toujours ça"

La nouvelle ravira sans doute ses admirateurs, Serge Lama signera l'intégralité des textes de ce prochain disque. « Les musiques sont de deux fidèles complices, Marie-Paule Belle et Sergio Tomassi, et de nouveaux compositeurs, Augustin Charnet, Davide Esposito… Coïncidence, j'ai aussi deux textes qui sortent en ce moment sur les albums de Gérard Lenorman et Florent Pagny » indique le musicien. D'ailleurs, sa collaboration avec l'actuel coach de "The Voice All Stars" cache une anecdote amusante : « La chanson s'appelle "L'avenir". Florent a demandé à Calogero, qui en a fait la musique : "Mais qui est le jeune mec idéaliste qui a écrit ça ?". Quand on lui a dit que c'était moi, ça l'a fait bien rire ! ». S'il n'aura plus le loisir de connaître ce frisson qui parcourt tous les artistes avant leur entrée sur scène, Serge Lama ne veut pas renoncer à l'écriture, sa passion première. « J'aime toujours ça. Tous les jours, j'écris à ma jeune épouse un texte d'amour. Je l'écris la nuit sur mon smartphone et elle le trouve sur le sien le matin » explique-t-il affectueusement, avant de conclure : « C'est agréable, cela me pousse à faire travailler mon imaginaire, ce qui reste de mon esprit ». Rendez-vous l'année prochaine, donc !