Rika ZaraïVariete Francaise » Variété française
mardi 11 février 2020 16:05
Rika Zaraï, de retour sur scène, revient sur l'AVC qui l'a laissée "à moitié paralysée"
Pour la première fois depuis son AVC, il y a onze ans, Rika Zaraï a chanté sur scène lundi soir à Paris. Elle raconte comment à force de courage et d'espoir, le miracle s'est produit.
Crédits photo : Bestimage
Rika Zaraï est une survivante. Pour la première fois depuis son AVC en 2008, l'illustre artiste de 81 ans est remontée sur scène avec une émotion palpable. L'événement s'est produit lundi soir aux Folies Bergère à l'occasion de la Nuit de la déprime, soirée caritative organisée depuis 2013 par l'humoriste Raphaël Mezrahi. « La Nuit de la déprime, quel nom ! J'ai d'abord pensé que je n'étais pas la bonne personne pour y participer. Moi qui ai chanté la joie toute ma vie... J'ai enregistré mille chansons et je n'en ai pas une qui parle de déprime. À la rigueur, j'ai une chanson romantique, "Prague", et c'est celle-ci que j'ai choisie » explique-t-elle dans les colonnes du Parisien. Apparue en fauteuil roulant, la chanteuse a repris avec ses musiciens et la violoniste Anne Gravoin ce succès intemporel qu'elle chantait en 1966. Et reçu une longue standing ovation qui a fait jaillir des larmes au coin de ses yeux. « La scène, cela a toujours été plus important pour moi que les disques. L'émotion que l'on partage avec le public, c'est une vraie jouissance, c'est aussi beau que faire l'amour (...) Le public m'a tellement manqué » atteste-t-elle, si heureuse de ces retrouvailles. "Je n'ai jamais perdu l'espoir"Pour se préparer à cette performance qui a tout d'une revanche sur la vie, Rika Zaraï a travaillé le texte « pendant trois semaines » avant une répétition générale, en compagnie des « merveilleux musiciens » qui l'ont accompagnée le grand soir. « J'avais les poils des bras dressés tellement c'était émouvant. Mais en fait, cela fait onze ans que je prépare ce moment. Dès le surlendemain de mon AVC, j'ai commencé à travailler avec un orthophoniste pour retrouver la parole. J'étais à moitié paralysée, la moitié de ma langue était paralysée. C'était affreux. Bavarde comme je suis, je ne pouvais pas vivre comme ça » raconte l'interprète populaire de "Sans chemise sans pantalon", dont l'existence a basculé un soir de juin 2008 alors qu'elle se trouvait chez elle, avec son mari, et tentait d'éteindre une lumière. Cette épreuve, Rika Zaraï l'a surmontée à la force de sa détermination : « L'orthophoniste m'a donné deux mois et demi de son temps, trois fois par semaine. Tous les soirs, je faisais douze à quinze fois ses exercices, jusqu'au bout de mes forces. Je disais : toi, ma langue, je t'aurai ! Et je l'ai eue. Après deux mois et demi, j'étais la seule de ses patientes à avoir retrouvé la voix. Il n'avait jamais vu ça ». Si le chemin a été long et semé d'embûches, l'artiste israélienne a fait preuve d'un courage exemplaire en refusant de baisser les bras, même dans les moments les plus difficiles. « On m'a dit cent fois que je ne pourrais plus chanter, mais je n'ai jamais perdu l'espoir. Aujourd'hui, même si j'ai du mal à tenir debout longtemps, c'est surtout la mémoire qui m'inquiète, car elle a du mal à fixer les choses. Avant, je n'avais jamais besoin de prompteur. Ce soir, j'en avais un, au cas où. Mais je suis très heureuse parce que je n'en ai pas eu besoin (...) Ce soir, je suis certaine que je ne me suis pas trompée de métier » conclut la chanteuse, qui promet d'autres moments de partage à venir : « Après ce que j'ai ressenti, j'aimerais vite remonter sur scène ». |