Red Hot Chili Peppers

Il aura fallu attendre cinq longues années avant de pouvoir se réjouir du retour des Red Hot Chili Peppers. Après le succès du double album "Stadium Arcadium", c'est aujourd'hui que "I'm With You", dixième album studio des californiens, déboule dans les bacs. Un album sous le signe du virage musical puisque John Frusciante, considéré comme LE guitariste des Red Hot (plusieurs se sont en effet succédé au cours des 27 années d'existence du groupe), après avoir jeté l'éponge, est remplacé Josh Klinghoffer. De plus, Anthony Kiedis l'annonçait lors d'une interview précédant la sortie de ce nouvel opus, « la grande différence pour cet album, c'est que Flea [Mickael, bassiste du groupe, NDLR] a repris son piano, et donc au lieu d'arriver avec des idées vraiment cool pour la guitare basse, il venait avec des idées vraiment cool pour le piano ». Une nouvelle qui ne faisait pas l'unanimité auprès des fans du groupe outre-Atlantique, qui déploraient l'abandon de la basse en faveur du piano. Et le verdict qui s'impose à l'écoute de "I'm With You", c'est qu'ils n'avaient pas forcément tort...

Dès les premières minutes de "I'm With You", une question se fait force dans notre esprit : « Qu'est-il arrivé à Anthony Kiédis ? ». Lui qui excellait dans "Give It Away", "Californication", "Aeroplane" ou encore "Snow (Hey Oh)", lui dont la voix portait tant d'émotions dans "Under The Bridge", pour ne citer que les titres les plus connus, semble comme éteint. John Frusciante se serait-il fait la malle avec la totalité du quotient créatif du groupe ? Tout au long des 14 titres qui composent l'album, on ne peut s’empêcher de relever la très (trop) faible présence de la guitare électrique, encore plus celle de la basse. Les Red Hot livrent ici un album bien trop mélodique, s'approchant plus de la pop que du rock. A l'heure où de jeunes pousses bourrées de talent comme les Arctic Monkeys, The Strokes ou encore Cage The Elephant s'imposent comme préfigurant le renouveau de la scène musicale rock, il va sans dire que l'on attendait mieux que cet opus en demi-teinte de la part de ceux qui ont toujours fait office de piliers du genre.



"I'm With You" pourrait être divisé en deux parties. La première, plutôt insipide, laisse présager du pire pour la suite. Que dire de "Monarchy Of Roses" qui ouvre le bal, suivi de "Factory Of Faith", "Ethiopia", "Look Around" ? On sent l'effort derrière les mélodies, on devine l'idée, le résultat souhaité, la tentative, mais il manque un ingrédient pour que la recette prenne. La ballade "Brendan's Death Song" se laisse écouter mais fait figure de lot de consolation. On comprend le choix de single "The Adventures Of Raindance Maggie", morceau parmi les plus pêchus du disque, qui marque un tournant également dans l'écoute. Kiédis semble se ranimer sur "Did I Let You Know", "Happiness Loves Company", "Even You Brutus" et l'énergique "Goodbye Hooray", qui n'est pas sans rappeler la grande époque "Californication", et sauve les meubles. On fait en revanche volontairement l'impasse sur "Police Station", trop décevant.

Au final, on en ressort avec l'impression d'assister au crépuscule d'un groupe de légende, qui aura quoiqu'on en dise, vendu près de 70 millions d'albums selon les estimations faites, depuis le début de sa carrière ! « I'm With You », déclarent-ils en titre de l'album. Certes, mais cette fois-ci, le public, lui, sera-t-il au rendez-vous ?