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mercredi 29 février 2012 15:54
Paul McCartney : "Kisses on the Bottom", un Macca tout miel
Par
Guillaume JOFFROY
| Rédacteur
Just married, un bouquet entre les mains, pris en photo une fois encore par sa fille Mary, Paul McCartney vient conter fleurette avec Kisses on the Bottom, un langoureux album de reprises de grands standards jazz américains des années 1920 à 1950. Intimiste, un peu paresseux, agréablement caressant.
Crédits photo : DR
69 ans, le bel âge pour jouer les jeunes premiers. Jeune (re)marié, Paul McCartney se donne des airs de tendre jouvenceau et croone amoureusement tout en savourant sa madeleine : en relisant le Great American Songbook pour Kisses on the Bottom, il revisite ses souvenirs denfance et câline enfin ces classiques que son père Jim, membre d'un jazz band, passait et chantait à la maison, qui influencèrent plus tard ses propres compositions.« Cela fait des années que je voulais reprendre quelques-unes des chansons que la génération de mes parents chantait au Nouvel An Mais on a essayé de le faire dune manière légèrement différente, et en choisissant des chansons qui ne soient pas celles, fameuses, que tout le monde reprend. » Le florilège nen reste pas moins très "classique" et reconnaissable. Dans le lot, deux chansons inédites signées Macca : Only Our Hearts, ballade sentimentale old school difficilement discernable des reprises qui lentourent, sans réel grand attrait sinon linvitation faite à lexpressif harmonica de Stevie Wonder, et My Valentine, qui avait fait de la tendresse le maître-mot de Kisses on the Bottom deux mois avant sa sortie en février 2012. Inspirée en 2009 par sa romance avec la New-Yorkaise Nancy Shevell et jouée en ouverture du bal de leur mariage le 9 octobre 2011, cette ode douce-amère suavement habitée par la guitare dEric Clapton se démarque nettement de lensemble, notamment du fait de la tonalité mineure et bluesy très émouvante des couplets (« What if it rains / We didnt care / She said that some day soon / The sun will gonna shine / And she was right / This love of mine/My Valentine »), que vient ensoleiller un refrain euphorique dextase amoureuse, maculé de harpe. Love, love, love, le cur de lalbum. Car, malgré le côté très cheeky du titre Kisses on the Bottom, emprunté aux paroles du standard de Fats Weller I'm Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter (1935) qui ouvre le bal, lambiance y est très respectable, la douceur primant sur la passion, linsouciance prévalant sur limpertinence. Le tempo est volontiers largo, la contrebasse est reine et sereine, les brosses sont de sortie à la batterie, les violons ninterviennent quen nappes langoureuses, les solos se font caresses, et Paul McCartney lâche exceptionnellement sa guitare (sauf sur Get Yourself Another Fool et The Inch Worm) pour se concentrer sur lintensité amoureuse de son chant : tout est luxe, calme et volupté. Elaboré avec la somptueuse Diana Krall, des jazzmen de renom et le producteur vétéran (75 ans) Tommy LiPuma (Barbra Streisand, Miles Davis, Al Jarreau, Natalie Cole, George Benson), Kisses on the Bottom revendique son côté cosy, intimiste, easy listening :« Cest un album très tendre, très intime, à écouter chez soi en rentrant du travail, avec un verre de vin ou une tasse de thé. ». Crédits photo : DR Le fringant presque septuagénaire minaude demblée, susurre presque, sur I'm Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter (1935), morceau emblématique de la Renaissance de Harlem. Sans la datation du répertoire quil reprend, on serait bien en peine dattribuer cette voix fraîche et juvénile à un chanteur cumulant 55 ans de carrière ! Une voix caressante qui protège et berce sur Home (When Shadows Fall) - chanson de 1931 quavait popularisée Sam Cooke dans les années 1960 -, qui semble réciter précieusement une poésie fleurie sur Doux et velouté, avec quelques accents acidulés. More I Cannot Wish You, qui sélève délicatement à la gloire de lamour (The Glory of Love, Benny Goodman 1936). Un autre beau témoignage est la reprise par Paul McCartney du tendrissime Always (1925), cadeau de mariage dIrving Berlin à sa femme. Doux et velouté, Kisses on the Bottom prendra heureusement quelques accents acidulés : outre le titre douverture, le facétieux Its only a paper moon (1933), linsoucieux My Very Good Friend the Milkman et ses sifflotements, et, surtout, linénarrable Ac-Cent-Tchu-Ate the Positive (1944) de Johnny Mercer, hélas revisité sans trop de zèle. Un goût de trop peu, ressenti également à lécoute de Get Yourself Another Fool, qui peine à contre-balancer quelques reprises un peu pesantes, telles Bye bye blackbird excessivement alanguie, limite bâille-bâille, ou The Inch Worm, un grand classique de la jeunesse auquel se prête une chorale denfants, qui manque de vitalité. Pas de jouvence, mais on peut tout pardonner à un Paul McCartney fleur bleue."Kisses on the Bottom", parenthèse intime et nostalgique dans sa discographie, est un album fait par amour, parfait pour lamour. Elégant, câlin et parfaitement smooth, il assume de bout en bout ses arrangements easy listening. Toutefois, du souffle, mais pas de flamme : il y manque une pincée de ce piment de lamour quest la passion.
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