Patrick Fiori

Crédits photo : Bestimage
Un seul mot d'ordre, la générosité ! Patrick Fiori proposait le 14 novembre dernier son premier concert virtuel diffusé en direct par visioconférence depuis la scène de l'Apollo Théâtre, situé à Paris. Une soirée "comme à la maison" qui a marqué ses retrouvailles particulières avec le public, dans un contexte sanitaire empêchant la reprise des tournées. « Ce rendez-vous là peut exister au travers de la technologie : profitons-en. Profitons-en pour se faire plaisir un moment, pour s'accompagner encore un peu, pour grandir et être heureux le temps d'un concert. Ce sera une première pour le public et pour moi, une histoire tout nouvelle qu'on vivra ensemble » a confié le chanteur au micro de Pure Charts, souhaitant par le biais de cet événement se montrer solidaire avec ses amis musiciens, contraints au chômage technique depuis le début de l'épidémie : « Si cette idée-là fonctionne, peut-être que ça sera une manière provisoire de faire vivre les intermittents du spectacle ».

"C'est du cousu-main, de l'orfèvrerie"

Pour Patrick Fiori, qui a « monté ce projet en 24 heures », trouver le moyen de maintenir le contact avec son public faisait sens, lui qui met la fraternité à l'honneur dans son nouvel album "Un air de famille". « C'est quand on décide de s'unir qu'on devient plus fort. Que ce soit en famille, en amitié ou en amour, les liens humains sont ce qui nous constitue. Plus je grandis, plus je m'aperçois que ma famille à moi est la même que celle des autres. On a rien de commun mais tout de pareil. On a tout de différent mais on est les mêmes. Il y a toujours des histoires de famille dans le coeur des gens, des sentiments, du bonheur, des vagues qui se répercutent de génération en génération, des souvenirs qui se transmettent comme une photo qui se dépose sur la table » atteste l'interprète de "J'y vais", duo avec Florent Pagny qui cartonne.

Et parmi les titres que renferme le disque se trouve "Nous ne le savions pas". Une chanson poignante évoquant avec des mots très justes la crise sanitaire que vous vivons, et qui a été écrite par nul autre que Jean-Jacques Goldman. « Cette chanson, je ne m'y attendais pas. Prendre ce thème de l'épidémie, du virus, pour en faire une chanson n'est pas une simple. Il y a des milliers de chansons qui vont naître sur ce sujet, des séries entières, des films. Il faut soigner les gens d'une manière artistique. Quand j'ai reçu cette chanson-là, j'ai compris. J'ai tout compris. Pourquoi c'était important de parler, non pas du coronavirus, mais de ce que ça nous fait vivre et endurer. Pour moi, il n'y a qu'un mec qui pouvait le faire. Ce que je ne savais pas, c'est qu'il allait me le faire chanter » raconte Patrick Fiori, qui a eu le sentiment que son grand ami lui « prêtait cette chanson » où il est question d'un « monde presque oublié », « sans crainte ni gants » où les « grand-mères embrassaient les enfants ». Très touché de ce cadeau, le musicien projette déjà de la défendre par le biais d'un clip : « Elle a une place très particulière dans cet album. Et va avoir une vie très particulière aussi, je peux vous le dire. Je vais réfléchir à la bonne idée pour accompagner cette chanson, elle mérite un écrin particulier. Avec Jean-Jacques, ça fait presque 18 ans qu'on collabore ensemble. A chaque fois c'est du cousu-main. Là, c'est de l'orfèvrerie ».

Ecoutez "Nous ne le savions pas" :

"L'amitié de Jean-Jacques est précieuse"

Patrick Fiori aime le dire et le souligner. A ses yeux, la fidélité n'est pas un vain mot : « J'aime chanter, j'aime être utile et j'aime défendre ce qu'on me prête. L'amitié que l'on se porte avec Jean-Jacques est précieuse (...) On fait de la musique, mais on ne fait pas que de la musique. Il y a la vie. C'est fort, c'est puissant ». D'ailleurs, l'artiste et coach de "The Voice" se souvient comme si c'était hier de leur première rencontre... qui s'est d'abord faite sur papier ! « A l'époque de mes 19 ans, j'avais envoyé 400 ou 500 lettres à tous les producteurs, artistes, chaînes de télé et maisons de disques. Ca m'avait coûté une fortune en timbres ! Vous savez quoi ? La seule réponse que j'ai reçue, c'était celle de Jean-Jacques Goldman. C'est dingue. J'ai encore la lettre, je la garde précieusement ! A l'époque il bossait pour Céline Dion, Khaled...Il m'a dit non mais il m'a expliqué pourquoi, en me disant : "J'espère que vous trouvez des auteurs-compositeurs à la hauteur de votre voix" » se remémore-t-il avec tendresse.

Un rêve qui s'était finalement réalisé bien des années plus tard, lorsqu'en plein tourbillon "Notre-Dame de Paris", Patrick Fiori et Jean-Jacques Goldman s'étaient retrouvés sur le spectacle des Enfoirés, au profit des Restos du coeur : « Comme il savait que je voulais travailler avec mais que je n'allais pas oser, comme plein de gens peuvent être pétrifiés devant un mec comme lui, il s'est approché de moi et il m'a tendu un petit papier arraché d'une table avec son numéro dessus ». Depuis, les deux hommes ne se sont plus jamais quittés, pour le plus grand bonheur du public.