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Mylène Farmer singe les ombres avec son nouvel album "Monkey Me"

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Le neuvième album de Mylène Farmer s'intitule "Monkey Me", et fera comme ses prédécesseurs couler beaucoup d'encre. Défendu par le single "A l'ombre", il signe le retour de Laurent Boutonnat aux commandes, notamment en termes de composition, et joue sur la dualité d'une femme/enfant, d'une star heureuse et comblée mais à la fois "au bord du rebord".
Crédits photo : capture d'écran Pure Charts / clip A l'ombre
Deux ans après "Bleu noir", sur lequel on retrouve la patte de Moby, RedOne et Archive, Mylène Farmer revient avec un nouvel album aux sonorités très inspirées des années 80 et 90, réalisé avec Laurent Boutonnat, son complice de (presque) toujours. Le tandem, à qui l'on doit les mélodies entêtantes de "Pourvu qu'elles soient douces" et "Désenchantée", a su imposer une marque de fabrique toujours aussi contestée.

Et ce n'est pas avec "Monkey Me" que Mylène Farmer va changer la donne. Si l'artiste courait après la tendance avec "Bleu noir", et son tube "Oui mais… non", elle revient ici à ses premières amours : boîtes à rythmes et synthés eighties sur "A l'ombre", premier extrait dont l'accueil a été plus que mitigé, même parmi les fans. Le titre sonne également le retour d'une Mylène Farmer torturée, alors que son précédent disque laissait entrevoir une petite lumière au fond du tunnel. « Las de cette vie trop brève / On devient l'ombre de soi-même / L'âme est la lumière / Mais l'âme erre / Sur tous les chemins », chante l'artiste, annonçant la couleur d'un disque qui fait la part belle aux ombres de Mylène Farmer. Des ombres qu'on retrouve un peu partout, même dans l'instrumental "Nuit d'hiver", remix de la chanson "Chloé" présente sur son premier album "Cendres de lune" (1986).

L'ombre des années 80 plane donc sur "Monkey Me", qui débute avec un titre fort, "Elle a dit", potentiel prochain single traitant de la dualité qui habille l'univers de la chanteuse depuis ses débuts. Quelques gimmicks, des basses progressives sur un texte traitant de l'homosexualité féminine : « Elle a dit aussi le monde est tel / Que l'on fuit le bruit et les sarcasmes / Quoiqu'elle en dise / Elle aime une fille ». L'interprétation dans les aigus rappelle les premiers morceaux de la chanteuse, dont la voix se tord dans tous les sens, montant même très haut avec l'aide de subterfuges synthétiques. On aime.


Un album homogène fidèle aux codes farmeriens


Ce monde qu'elle peint dans le titre "Elle a dit", Mylène Farmer le voit courir à sa perte dans la chanson "Tu ne le dis pas" : « Mais où va le monde / Mais où est ma tombe / Un tout qui s'effondre ». Si beaucoup la penseront musicalement coincée dans les années 80 à l'écoute de cet album, la chanteuse livre des textes très actuels, même s'ils sont toujours sujets à de multiples interprétations. Plus directe dans "Je te dis tout", l'une des deux seules ballades de l'album, Mylène Farmer signe une déclaration d'amour comme rarement elle en avait chantée par le passé. L'artiste laisse également de côté les fioritures et le style littéraire dans "J'ai essayé de vivre", comme un message adressé à son public : « J'ai essayé de vivre / Donné ici un sens à ma vie / Moi j'ai tant voulu l'autre / Milliers d'âmes anonymes ». Idem pour "Ici bas", un titre que l'on ne se forcera pas à réécouter. Un peu comme "Love Dance", qui aurait pu être meilleur si Mylène Farmer ne chantait pas en anglais. Dommage, l'artiste aurait pu réaliser un sans-faute... Car l'ensemble est globalement très homogène et bien construit.

La chanson-titre "Monkey Me" sort du lot avec son refrain pop-rock et son pont au saxophone mêlé à des tintements de cloche. Un titre qui prouve que le tandem Farmer/Boutonnat sait encore livrer quelques diamants polis même après trente ans de carrière. Revenant une fois de plus sur cette sorte de schizophrénie qui anime ses pensées, la chanteuse révèle l'« animal » qui est en elle. La ballade "Quand" et "A force de" font partie des titres qui arriveront à capter l'attention, malgré une production datée pour le second, et avec lequel la chanteuse finit par conclure : « La force des rapides / Des vents qui se déchirent / Me donnent l'envie de vivre », comme pour rappeler que ses ombres ne l'emporteront pas...

Mylène Farmer continue de tracer sa route et referme la parenthèse "Bleu noir" en signant un neuvième album taillé pour la scène, fait de nombreuses références aux années 80 et 90, avec ses mots comme dans le son, en faisant le reflet d'une génération désenchantée. Un disque avant tout destiné aux fans.


Retrouvez l'actualité de Mylène Farmer sur le site non-officiel mylène.net.
Ecoutez et/ou téléchargez l'album "Monkey Me" de Mylène Farmer sur Pure Charts.

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