Crédits photo : W9
Mylène Farmer fascine les Français depuis près de 40 ans et la sortie de son premier single "Maman a tort". Discrète, mystérieuse et très protectrice sur sa vie privée, la star, à l'aura intacte comme le prouve l'énorme succès de sa tournée "Nevermore" (plus de 550.000 tickets vendus), demeure une "énigme" pour de nombreux spécialistes et fans. Un cas d'école qu'un documentaire inédit diffusé ce soir à 21h05 sur W9 va étudier en détails, en retraçant le fil d'une carrière placée, si on devait la résumer en un mot, sous le signe de la provocation. Subversive et irrévérencieuse (ses interviews d'époque sont des pépites !), la chanteuse ayant pris son nom en référence à une actrice hollywoodienne au destin tragique a dynamité les codes du paysage musical en mars 1986 avec la sortie de "Libertine", son premier grand tube populaire.

"On ne voit plus qu'elle"

Personne n'a évidemment oublié les paroles de ce refrain culte, où une Mylène Farmer plus mutine et libérée que jamais scande « Je, je suis libertine. Je suis une catin ». Pour Benjamin Biolay, qui était âgé de 13 ans à l'époque, le choc est total. « Ça, c'est des souvenirs géniaux ! Des enfants plus jeunes qui chantaient cette chanson sans comprendre le mot "catin", c'était vraiment très bien vu » analyse le rockeur dans le documentaire "L'énigme Mylène Farmer", alors fasciné par le court-métrage de 11 minutes réalisé par Laurent Boutonnat, qui avait coûté la bagatelle de 500.000 francs. Dans ce petit bijou de cinéma, l'interprète de "Regrets" avec Jean-Louis Murat campe une courtisane du XVIIIe siècle intrépide qui défie les conventions en s'habillant comme un homme pour pratiquer les duels au pistolet, avant de leur faire tourner la tête en s'attirant la jalousie des autres femmes. Sexe, amour, violence, passion... Pour l'artiste, qui apparaît entièrement nue dans le clip, le scandale devient synonyme d'immense succès. « J'ai aimé la démarche de punk. Déjà, se foutre à poil, c'est un truc vraiment punk ! C'est Iggy Pop qui faisait ça le plus et quand les femmes le font, ça fait un effet encore plus disruptif » estime Benjamin Biolay.



Si "Libertine" tient une place à part dans la légende de Mylène Farmer, c'est aussi parce qu'il s'agit de la première fois où elle s'affiche avec sa chevelure rousse, qui deviendra sa signature. « Ce qui va toucher, c'est la couleur de cheveux. Soudain, elle devient rousse. On ne voit plus qu'elle. Ça éclaircit son visage, ça donne un côté un peu plus charnel, plus feu » se souvient le journaliste Eric Jean-Jean, alors fasciné. Pour Benjamin Biolay, "Libertine" impose définitivement Mylène Farmer comme une artiste unique : « Quand on voit le clip, on ne peut pas ne pas être face à une évidence. Il y a un côté "Quoi qu'il en coûte, on va aller au bout de notre idée, on va faire un espèce de long-métrage, des trucs fous". Et j'imagine que tout le monde est catastrophé dans les bureaux ». Intemporel et culte !