GIMS

Crédits photo : Capture d'écran D8
L'image, terrible, est étalée en Une de la presse du monde entier. Celle du corps sans vie d'un petit enfant gisant sur une plage turque. Âgé de 3 ans, Aylan Kurdi est mort noyé suite au naufrage de deux bateaux remplis de migrants, qui tentaient de rallier l'Europe via l'île grecque de Kos après avoir fui la Syrie. Un drame qui a fait 12 morts, dont le petit Aylan, son frère Galip, 5 ans, et la mère des deux enfants, Rehan.

"Il ne saura jamais pourquoi"

Trois noms sur toutes les lèvres, qui rappellent avec douleur le triste sort que vivent des millions de migrants à l'heure actuelle. Invité ce matin de l'émission "Le Grand Huit" pour évoquer la sortie de son nouvel album "Mon coeur avait raison", Maître Gims a eu du mal à trouver les mots pour exprimer son désarroi. « C'est une image insoutenable mais en même temps c'est la réalité. C'est ce qu'il se passe. C'est un enfant mort sur une plage, un enfant qui ne devait même pas avoir 4 ans... Ça se passe de commentaire » a-t-il estimé, après avoir découvert la photo en loge.

Regardez Maitre Gims évoquer le drame d'Aylan au "Grand huit" :

"On a perdu quelque chose"

Issu de l'immigration, l'interprète de "J'me tire" s'est dit d'autant plus touché par le drame qu'il a lui-même connu une enfance difficile. « On a vécu dans les ghettos français. J'ai été placé à gauche à droite, tout comme mes quatorze frères et sœurs, puis j'ai erré de squat en squat, changé d'école une bonne quinzaine de fois. J'étais dans une situation terrible, sans stabilité ni domicile fixe jusqu'en 2008 » a-t-il décrit cette semaine à nos confrères de Gala. « On est encore dans cette situation où les gens cherchent à fuir quelque chose de terrible, comme moi j'ai pu le faire » a-t-il ajouté sur le plateau de D8, consterné qu'un enfant aussi jeune ait pu souffrir des atrocités commises dans son pays. « Cet enfant... Il n'avait pas conscience de ça, il suivait ses parents tout simplement. Aujourd'hui il est là et il ne saura jamais pourquoi », a déploré le chanteur, bouleversé derrière ses lunettes noires.

"J'ai chanté la misère"

L'inaction des pays occidentaux face à la situation des migrants, Maître Gims ne la comprend pas, pas plus que la curiosité morbide des médias. « On a perdu de la sincérité dans nos oeuvres. Je parle des journalistes, des chaînes d'infos... Est-ce qu'on est vraiment touché par cette photo ? Est-ce qu'on veut juste se précipiter sur l'image pour la voir ? Est-ce qu'on est vraiment mobilisé ? Est-ce qu'il y aura des actions après cela ? » s'est interrogé le rappeur, père de quatre enfants. Celui-ci estime qu'il est de son devoir d'évoquer ces problématiques à travers ses chansons. « J'ai chanté l'immigration, j'ai chanté la misère, j'ai chanté le ghetto, les sans-papiers... et je continuerai, parce que ce sont des choses qui existent encore et toujours » a-t-il conclu, révolté.