Crédits photo : Montage Purecharts Bestimage
« Aujourd'hui, on n'a plus le droit ni d'avoir faim, ni d'avoir froid ». Ces paroles, tous les Français les connaissent et elles n'ont jamais autant d'actualité. En pleine inflation, le président des Restos du coeur a tiré la sonnette d'alarme il y a quelques semaines. « C'est de pire en pire. (...) Les chiffres cette année sont encore en aggravation avec une hausse de 35% de repas supplémentaires servis par rapport à l'an dernier. (...) Très clairement, aujourd'hui, ce n'est plus tenable » a estimé Patrice Douret, déplorant la situation actuelle : « A ce rythme-là, si on ne fait rien, même les Restos du Coeur pourraient mettre la clé sous la porte d'ici trois ans ». Depuis, les artistes comme Julien Clerc, Patrick Bruel et Zazie se sont mobilisés, tandis que le gouvernement a annoncé un plan pour lutter contre la pauvreté. Alors que la nouvelle campagne des Restos du coeur se profile, Romain Colucci, le fils de Coluche, prend la parole tandis qu'il lance la 4ème saison de Radio Restos, une webradio solidaire.

"Sur le long terme, on attend des mesures"

« C'est vrai que grâce à la générosité des Français qui ne s'est jamais démentie, on va pouvoir éviter l'effet Titanic. J'aime bien le film, mais je n'ai pas envie que ça arrive aux Restos du coeur. On va pouvoir sauver le bilan » explique-t-il sur France Bleu, tout en précisant qu'il s'agit là d'« un sauvetage ponctuel » : « Sur le long terme, on attend des mesures pour l'association, de l'aide européenne. Pour les bénévoles on voudrait une petite aide fiscale pour que les bénévoles puissent défiscaliser leurs frais de déplacement ». Et il est inquiet sur l'état de la précarité en France : « Quand mon père a créé cette association en 1985, la première année, les Restos du coeur avaient distribué 8,5 millions de repas. Et à l'époque, c'était énorme. Aujourd'hui, on est à 170 millions de repas distribués sur la saison qui finit. C'est donc 20 fois plus ».

A LIRE - Les Enfoirés 2024 : on connaît le lieu et les dates de concerts du prochain spectacle

Quand les Restos du coeur ont été lancés sur les ondes d'Europe 1 en 1985, Romain Colucci avait 13 ans et il s'en souvient très bien. Même s'il n'avait pas du tout été mis au courant ! « J'en ai entendu parler dans la cour de récréation dans la semaine qui a suivi. (...) Les Restos du coeur, Michel (le prénom de Coluche) n'en avait parlé à personne. Il n'avait d’ailleurs pas prévenu Europe 1 qu'il allait faire cet appel à l'antenne en promettant "un peu de pub" aux marques qui feraient des dons... À la station, ils ont dû avoir les cheveux qui ont poussé à l'intérieur de la tête ! » se souvient le fils de Coluche auprès du Parisien, estimant qu'« aucun animateur ne pourrait faire ça aujourd'hui sans risquer sa place ». Il se rappelle d'ailleurs qu'« après l'ambiance a changé à la maison : il y avait des gens sérieux qui passaient, des CSP +, des retraités de l'agroalimentaire, de grandes entreprises... ».

"On ne peut plus mettre la poussière sous le tapis !"

Très impliqué au sein des Restos du coeur depuis cinq ans, et le décès de sa mère, Romain Colucci explique pourquoi il a tenu à s'investir et à prendre le relais. « J'ai vu l'énergie et le temps qu'ont consacrés mon père puis ma mère aux Restos, il n'était pas question de pratiquer la politique de la chaise vide. Quand je parle avec des bénévoles, beaucoup citent, comme motivation première, l'envie de reprendre l'action de Coluche, de Jean-Jacques Goldman ou de ma mère » explique-t-il, avant de s'en prendre directement à Emmanuel Macron : « On ne peut plus mettre la poussière sous le tapis ! En 2019, l'Insee comptait 9,2 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en France. Sans vouloir faire de politique, c'est la précarité qui a traversé la rue ». Une référence à la phrase du Président, « Je traverse la rue et je vous trouve un travail », en 2018. Avant de rappeler une chose importante : « Il n'y a pas de petit don, pas de petit bénévole. Il faut que les gens puissent manger assez copieusement et sainement tous les jours. Pour mon père, ce principe, qui a donné naissance aux Restos, c'était une évidence ».