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dimanche 08 décembre 2019 12:31

Laurent Voulzy en interview : "Mes chansons font partie de la vie des gens"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
En pleine tournée des églises, Laurent Voulzy a publié ce vendredi le concert live au "Mont Saint-Michel" en CD et DVD. Pure Charts a rencontré l'artiste qui nous explique sa passion pour les cathédrales, se confie sur la nouvelle génération, son amitié avec Alain Souchon, et revient sur son incroyable carrière jalonnée de tubes comme "Rockollection". Rencontre !
Crédits photo : Julien Reynaud
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Vous sortez le live "Mont Saint-Michel", comment s'est déroulée l'organisation de ce concert tout particulier ?
C'est la cinquième année que je fais ce type de concert. Tout a commencé à la fin de la tournée "Lys & Love", en 2012, on a fait trois concerts dans des églises : la Basilique de St-Denis, l'Eglise Saint-Eustache à Paris et une autre près de Westminster à Londres. Ces trois concerts-là m'ont marqué grâce à l'ambiance. Certaines chansons collaient bien à ces endroits-là. Tout était un peu différent. Il y a un an et demi, on m'a proposé de refaire une tournée similaire et j'ai accepté sans hésiter parce que je voulais revivre cette expérience. A l'époque, on avait essayé de contacter le Mont Saint-Michel, parce que c'était un rêve pour moi de chanter là-bas, mais ils n'avaient pas répondu. Ça s'est débloqué cette année. Au niveau de l'organisation, c'est Xavier Bailly, un homme formidable, qui nous a ouvert les portes. Tout s'est bien passé grâce à lui. La logistique a été particulière : il y avait des tonnes de matériel à transporter, l'équipe de télé qui filmait... Il y a 400 marches à monter, mais finalement tout a été transporté par hélicoptère.

C'était important pour vous de jouer là-bas précisément ?
C'est un endroit tellement extraordinaire ! Comme on avait déjà fait la démarche d'aller y chanter, c'est l'aboutissement d'un rêve. On chante dans tous ces endroits extraordinaires, mais celui-là l'est encore plus à cause de sa position. C'est le Mont-Saint-Michel, le monde entier vient le voir. Je ne suis pas le seul à être attiré à cet endroit et c'était vraiment un rêve.

Ecoutez "Jeanne" de Laurent Voulzy :



]Comment vous est venue l'idée de vous produire dans les églises ?
Après l'album "Lys & Love", on nous a très vite proposé cette idée. La responsable de la programmation d'un festival de Saint-Denis nous a dit qu'elle avait écouté l'album et qu'il aurait sa place au sein de la Basilique St-Denis. C'était la première ouverture qu'on ait eu dans ce type de lieux. On a continué notre tournée, puis finalement, on a chanté à l'Eglise Saint-Eustache et à Londres. Cette idée vient de moi. Tout petit, j'étais attiré par l'histoire et le Moyen-âge. Ado, j'ai été très attiré par les cathédrales, j’adorais aller m'y promener. J'ai été très marqué par ces trois concerts dans ces lieux religieux. Un producteur a dû m'entendre et m'a proposé cette tournée que nous faisons actuellement. C'est spécial, ce n'est pas comme dans un Zénith. Il faut trouver le répertoire qui va avec. Je trouve que certaines chansons sont en harmonie avec ces lieux et il faut les réorchestrer.

Les gens chantent "Rockollection" comme si elle était sortie hier
Cette tournée, c'est aussi une façon d'aller dans des endroits où il n'y a pas forcément de salles de concerts ?
C'est formidable. A chaque concert, beaucoup viennent me remercier d'être venu dans leur ville. Il y a certains endroits où il n'y a pas beaucoup, voire aucune, salle. Les gens sont obligés de faire 50 ou 60 kilomètres pour aller voir un artiste qui leur plaît. Il y a toute une catégorie de personnes qui ne sont jamais venus me voir chanter.

C'est un choix voulu de ne pas chanter "Rockollection" sur cette tournée ?
Oui, par exemple. Parfois, j'en chante 20 secondes pour dire qu'Alain Souchon chante des chansons désespérantes et ça marque une opposition. C'est un choix de ne pas le faire, comme c'est un choix de choisir les chansons qui sont en harmonie avec le lieu, qui résonnent. Le lieu aide certaines chansons. Quand j'envoie certains morceaux, je sens que c'est cohérent. C'est ce que je recherche en priorité, de la cohérence.

Je ne tire pas de bilan, je préfère me concentrer sur l'avenir
"Rockollection" fête ses 42 ans : qu'est-ce que ça fait de voir cette chanson traverser le temps et devenir intergénérationnel ?
Je trouve ça mystérieux. Je suis de plus en plus impressionné. Les gens la chantent comme si elle était sortie hier. Il y a, à la fois, des gens qui l'ont connue quand ils étaient ados et d'autres jeunes qui la chantent et qui n'étaient pas nés à l'époque. C'est assez dingue, c'est une drôle de chose. On dirait qu'elle est encore d'actualité, que le public la chante comme si elle venait tout juste de sortir.

Il paraît que le titre n'a failli jamais voir le jour !
Il y a eu un problème avec les droits d'auteurs. Ils ont été bloqués car l'éditeur n'avait pas demandé l'autorisation et la maison de disques n'avait pas mentionné les citations sur la pochette. Tout de suite, les ayants-droits ont fait une procédure pour dire qu'on aurait dû mettre les citations sur la pochette, ce qui est vrai, d'ailleurs. Faute de la maison de disques et de l'éditeur, ça voulait dire droits bloqués. Au bout de trois ans, ça s'est arrangé.

Vous vous rappelez de la première fois que vous l'avez entendu ?
J'étais en voiture, j'accompagnais Alain Souchon à la guitare pour un de ses concerts. On était à une porte au nord de Paris. Dans la voiture, j'entends quelqu'un qui disait à la radio "on vient de recevoir ce disque, ça va être le tube de l'été". Ils n'ont pas eu tort mais j'étais tellement ému parce que j'avais plusieurs disques avant qui n'avaient pas eu de succès.

Ecoutez "Belle-Île-en-Mer, Marie-Galante" de Laurent Voulzy :



"Le soleil donne", "Le coeur grenadine", "Le pouvoir des fleurs"... Quel bilan tirez-vous de votre carrière ?
Que j'ai eu de la chance de rencontrer Alain, une chance miraculeuse. Tous les deux en se rencontrant, on a eu plus de succès. On a fait des chansons qui font un peu partie de la vie des gens. Après, je n'y pense jamais. On a eu de la chance, c'est formidable et je ne peux pas le nier mais je n'en tire pas de bilan. Ce qui m'intéresse, c'est de vivre l'instant présent et de penser à ce que je vais faire à l'avenir.

Alain Souchon, à chaque fois, il m'étonne
Vous avez écrit "Irene", une chanson pour le nouvel album d'Alain Souchon. Comment expliquez-vous ces plus de 40 ans de complicité et d'amitié ?
On s'entend bien, on est très différents. Alain est rapide, je suis lent ; il a une tendance à vivre à la fois dans le passé et dans le futur, j'ai plus une tendance à vivre dans le présent. Il a une vision triste du monde qui n'est pas la mienne mais je la trouve tout à fait pertinente, très intéressante et très vraie. J'ai une vision avec un peu plus d'espoir. On s'apporte des choses différentes, il est fort dans les textes, à chaque fois il m'étonne. Et j'espère l'étonner aussi. A chaque fois, on est contents de se retrouver, on a des sujets de conversations à bâtons rompus sur n'importe quoi et on a des goûts communs pour les balades, la campagne, la nature. On ne se fait pas de cadeaux, on essaie d'être honnête le plus possible. Tout ça fait qu'à l'arrivée, on ne se contente pas d'un truc rapidement fait. On va tout le temps le plus loin possible.

Vous aimeriez refaire un disque ensemble ?
Pourquoi pas, mais pour l'instant non. Je suis dans mon actualité avec les concerts et une pièce musicale que je suis en train d'écrire. Alain est avec sa tournée. Après on verra, je ne peux pas absolument dire non mais je ne peux pas dire oui maintenant.

Dans ma maison de disques, on était 15 artistes, il y en a 3 qui ont perduré
Quels sont vos prochains projets ? On parle d'une comédie musicale sur Jeanne d'Arc...
On est en train de l'écrire avec Franck Ferrand et Pierre-Dominique Burgaud. On n'a pas encore de date, je me méfie des dates que je donne et je me méfie de moi-même.

Vous travaillez sur un nouvel album ?
Pour l'instant, non. Je travaille que sur ma propre tournée. En même temps, j'ai crée un label qui s'appelle Manor. La première signature du label est Suzane Grimm, on travaille là-dessus, sur l'avancement d'un album.

Ecoutez "Le soleil donne" de Laurent Voulzy :



Qui vous intéresse dans la nouvelle génération ?
J'aime bien Cats on Trees ou Christine and the Queens... Je ne connais malheureusement pas tout. Il y en a certainement d'autres qui me plaisent, mais je ne me rappelle pas des noms. Tant que je ne les ai pas entendus dix fois ou qu'on ne me l'a pas dit, je ne connais pas les noms (rires).

Je ne me lasse pas de la musique
Pensez-vous qu'il est plus difficile d'être un artiste aujourd'hui qu'à l'époque de vos débuts ?
Je ne me rends absolument pas compte. J'ai souvenir qu'il y a des tas de gens qui faisaient des disques il y a 30-40 ans mais qui n'ont jamais marché. Dans ma maison de disques, on était 15 artistes, il y en a seulement trois qui ont perduré. Aujourd'hui, on peut enregistrer très facilement, même chez soi avec un bon ordinateur et un bon micro. Il y a pléthore d'enregistrements, mais il faut se démarquer là-dedans et tirer son épingle du jeu, c'est la grande question. Je me demande si c'est plus dur ou pas. Le marché est différent. Avant on faisait des disques qui se vendaient plus, maintenant on peut se poser économiquement la question de savoir comment les artistes peuvent gagner leur vie. Avant, il n'y avait pas non plus tant d'artistes que ça. Sur le nombre de disques qui ont été fait, il n'y en n'a pas tant que ça qui vendaient beaucoup. Vous arriviez en été dans le bureau des programmateurs, il y avait d'énormes piles de disques et la plupart, vous ne les avez jamais entendu.

Vous songez, parfois, à la fin de votre carrière ?
Je n'y pense pas beaucoup. Vu mon âge, je sais que je ne vais pas faire ça encore 30 ans. C'est une chose à laquelle je ne pense pas. Mais je ne me lasse pas de la musique, j'adore ! En plus pour cette tournée j'ai une équipe superbe. C'est une très très belle aventure. Après, quand est-ce que je vais arrêter ? Je ne sais pas ! Pour l'instant, je continue.
Pour en savoir plus, visitez laurentvoulzy.com et son Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie de Laurent Voulzy sur Pure Charts.

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