Lady Gaga

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Elle n'a eu besoin de personne, ni de Beyoncé ni de Diplo ou Tony Bennett, pour prouver qu'elle était encore l'une des meilleures popstars au monde. Hier soir, Lady Gaga a fait le grand saut dans le vide - littéralement - pour régaler les millions de spectateurs présents dans l'antre bouillante du NRG Stadium de Houston et derrière leur poste de télévision. Avec un sens inné du spectacle et de la démesure, la chanteuse de 31 ans a fait étinceler son répertoire pop. "Poker Face", "Telephone", "Juste Dance", "Bad Romance"... La foule a eu droit à un festival de tubes et même à un moment empreint d'émotion au piano, avec une performance sublime de "Million Reasons". Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont d'ailleurs souligné la portée symbolique d'un geste a priori anodin fait par Lady Gaga à la toute fin de la chanson, lorsqu'elle chante, sur un fil, « Why don't you stay ? » : elle a enlacé une jeune femme noire.

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Des choix et une attestation

On aurait pu y voir une simple accolade d'une star complice avec ses fans, si Donald Trump ne venait pas de défrayer la chronique avec son décret anti-immigration et si Lady Gaga n'avait pas discrètement semé des messages politiques tout au long de sa prestation. Rembobinons au début. Perchée sur le toit du NGR Stadium, la chanteuse ne choisit pas de lancer les hostilités avec l'une de ses chansons... mais avec un mash-up de "God Bless America" et du titre "This Land Is Your Land" de Woody Guthrie. Une chanson folk emblématique chantée à la première personne dont les paroles d'origine évoquent... « un grand mur très haut ». Vous avez saisi la référence ?Dans la foulée, Lady Gaga reprend un extrait du Serment d'allégeance au drapeau américain : « One Nation under God, indivisible, with liberty and justice for all ». Des mots rappelant que l'unité du pays est primordiale, alors que les Etats-Unis apparaissent plus divisés que jamais depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.

"Je crois en l'égalité"

Il y a ensuite, et c'est le message le plus évident, l'interprétation de "Born This Way". Son hymne LGBT militant pour le droit à la différence, Lady Gaga en a fait l'un des moments-clés de son spectacle. En regardant de plus près la vingtaine de danseurs qui l'accompagnent sur ce tableau énergique, on distingue une population cosmopolite : des hommes, des femmes, des noirs, des blancs, des blondes, des brunes. "Des gens comme vous et moi" semble dire la popstar. Avant le Super Bowl, lors d'une conférence de presse, Lady Gaga avait prévenu qu'elle n'édulcorerait pas le message de tolérance qu'elle défend avec fierté depuis ses débuts en 2008 : « Les seules déclarations que je ferai durant mon spectacle à la mi-temps sont celles que j'ai faites de manière constante durant toute ma carrière. Je crois en une passion pour le rassemblement, je crois en l'égalité et dans le fait que l'état d'esprit de ce pays est un message d'amour, de compassion et de gentillesse ».

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Sur "Million Reasons" ensuite, Lady Gaga étreint donc et prie une femme noire de « rester » à ses côtés... et aux Etats-Unis. Puis, dans son final ébouriffant sur "Bad Romance", le public brandit des bâtons de lumière. C'est joli, c'est vrai, et puis ça permet au sponsor Pepsi d'afficher ses couleurs bleues et rouges. Mais face à Lady Gaga, la porte-parole des opprimés, celle qui croit en un monde où l'ouverture d'esprit et la fraternité ne sont pas des vains mots, la vague humaine se transforme en marée aux couleurs de l'arc-en-ciel... et donc à celles du drapeau gay. On pourra dire ce qu'on veut de la prestation de Lady Gaga, on pourra aimer ou non ses chansons, apprécier ou non la mise en scène, mais on ne pourra jamais taxer son discours d'opportuniste puisque même lors du Super Bowl, la plus grande scène au monde, la chanteuse américaine a défendu ses convictions. Sur des talons aiguilles mais le poing levé.